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EAN : 9782266002301
Pocket (09/09/1998)
3.72/5   67 notes
Résumé :
Au même moment, on les prend pour des heures comme les autres et, après coup seulement, on s'aperçoit que c'était des heures exceptionnelles, on s'acharne à en reconstituer le fil perdu, à en remettre bout à bout les minutes éparses.

Pourquoi, ce soir-là, Maloin était-il parti de chez de mauvaise humeur? On avait diné à sept heures, comme d'habitude. Il y avait des harengs grillés, puisque c'était la saison. Ernest, le gamin, avait mangé proprement.>Voir plus
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Louis Maloin est aiguilleur de nuit à Dieppe. Depuis son poste, il est témoin d'un crime : un homme qui vient d'arriver d'Angleterre en frappe un autre qui tombe à l'eau entrainant une valise avec lui. Maloin ne dit rien et récupère la valise : elle contient une forte somme en livres sterling…

Il y a bien un crime et une enquête dans ce roman, elle pourrait être menée par Maigret car elle correspond bien au genre de crimes qui occupent le commissaire, de plus le décor, un port de mer, est un lieu qu'affectionnait Simenon qui y a souvent placé l'intrigue de ses romans y compris celle d'un certain nombre de "Maigret".

Mais c'est bien d'un drame qu'il s'agit, le drame de deux hommes, Maloin et Brown -l'homme de Londres du titre-, deux destins qui se croisent dans cette affaire de meurtre et d'argent volé.

Dans ce roman de 1933, Simenon a déjà intégré ce qui sera sa manière pendant plusieurs décennies : des personnages simples, presque insignifiants confrontés à une situation qui va révéler leur personnalité.
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Un roman qu'on est tenté de qualifier d'intime parce que l'histoire se déroule en fait dans la tête de deux hommes. de l'un, le lecteur ignorera jusqu'au bout ce qu'il a pensé. Tout au mieux pourra-t-il se vanter d'avoir de temps à autre supposé que ... Mais il ne sera jamais sûr de ses suppositions . de l'autre au contraire, il saura la moindre pensée, les mauvaises, les sournoises comme les bonnes, les généreuses. Ce qui lui permettra de se faire un portrait extrêmement juste de Maloin, l'un des tristes héros de cette histoire lamentable, qui finit si mal alors que, peut-être, si le premier homme avait par exemple grimpé les marches de l'échelle menant à la cage de verre de l'aiguilleur maritime quand il a compris que la valise qu'il recherchait avec tant d'ardeur ne pouvait se trouver que là, avec l'aiguilleur ... et si le second, l'aiguilleur justement, Maloin, s'était décidé à rendre la valise à cet homme au visage de clown triste qui, visiblement, en avait un tel besoin ...

Seulement voilà, ni l'un ni l'autre n'ont fait le pas décisif en temps utile. Et quand Maloin se décide, il est trop tard. Les nerfs de celui qu'il n'a cessé d'appeler "l'homme de Londres", puis Brown, craquent et il agresse Maloin qui vient pourtant l'aider. Alors, d'instinct, l'aiguilleur se défend et frappe, frappe ... Et voilà : Brown, le clown triste, l'acrobate de génie, qui ne savait pas dire non à Teddy, son mauvais ange, mais avait pourtant trouvé le courage, par une nuit de brume, de l'expédier d'un bon coup de poing dans la Manche, sous les yeux mêmes d'un Maloin qui n'était à son poste que par hasard, Brown, l'Escroc bien connu de Scotland Yard, Brown est étendu raide, les yeux ouverts sur l'Eternité - Brown est mort.

Maloin n'hésite pas sur ce qu'il a à faire : se livrer, bien sûr. Mais avant cela, il range tout autour de lui, dans la petite cabane où Brown avait trouvé refuge, juste en face de chez l'aiguilleur et où celui-ci, apprenant par sa fille Henriette, terrorisée, que quelqu'un s'y cachait et rapprochant deux et deux, avait pensé un temps le laisser mourir de faim. Et puis il ferme doucement les paupières du mort. Maloin est un homme d'ordre et tout ceci n'aurait pas dû arriver. Il a eu le tort de laisser faire, de s'emporter : il doit remettre tout en ordre.

Ah ! Pourquoi y avait-il eu cette satanée valise, bourrée à ras-bord de banknotes ? Pourquoi y avait-il eu ce milieu honnête mais si humble dont sortait Maloin, et ce beau-frère que son épouse, Jeanne, admirait tant parce qu'il avait une meilleure situation, parce qu'il avait une auto, parce que ... Cet argent, dans la valise encore humide, ces livres anglaises changées en bons et solides francs de l'époque, eussent fait de Maloin et de sa famille des gens vraiment riches et respectables - comme le beau-frère, sinon plus. Mais le Diable devait passer par là ... Et puis, Brown n'avait jamais eu de chance ... Et puis ...

Et puis, c'était le Destin, ce Destin dont Simenon se sert parfois pour nous raconter des intrigues d'une noirceur singulièrement profonde.

En langage familier, on dirait, de l'histoire de Maloin et de Brown, de l'aiguilleur et de l'escroc, que c'est "la faute à pas de chance". Car, l'un comme l'autre, ils ont essayé de se joindre, de se parler et si quelque chose ne les avait arrêtés ou détournés de leur chemin à un moment bien précis, ils y seraient parvenus, Maloin ne serait pas devenu un meurtrier et Brown, qui sait, aurait pu repasser la Manche et rejoindre sa femme et ses deux enfants.

L'action se situe à Dieppe, en plein hiver, avec le vent froid qui vient du Nord ou de l'Est, le givre qui se forme au matin, les étrilles qui crapahutent dans les sables, auprès de la cabane. Scotland Yard, en la personne de l'inspecteur Molisson, débarque et ne tarde pas à retrouver le cadavre de Teddy. Mais pas la valise, évidemment - cette valise que Maloin a récupérée presque immédiatement après le crime et enfermée dans son casier personnel d'employé du chemin de fer maritime, dans son bureau, la fameuse "cage de verre" qui domine le port jour et nuit et dont on voit tout, y compris un homme en pousser un autre à la mer, et la valise ou un paquet qui s'échappe à ce moment et tombe elle aussi, et l'assassin qui s'enfuit ... Parce que l'assassin ne sait pas que, tant que la marée sera basse, on pourra récupérer cette valise dont Maloin se demande d'ailleurs ce qu'elle contient. C'est presque la curiosité plus que le lucre qui le pousse à aller voir. Mais après, bien sûr, une fois la valise ouverte ...

Scotland Yard n'est pas le seul à débarquer. Arrivent dans la foulée deux personnages secondaires dont l'un va se révéler particulièrement ignoble. Il s'agit des Mitchel, le père (un vieillard) et la fille (qui ressemble à une poupée anglaise), ceux à qui la somme contenue dans la valise a été volée. C'était en principe la recette du "Palladium", un music-hall que tenait le père et où avait d'ailleurs jadis débuté Brown - mais il y a bien plus dans la valise que les 5 000 livres dont il parle. Si Mitchel Père se comporte relativement correctement, sa fille, elle, ne trouve rien de mieux que de joindre l'épouse de Brown et de convaincre la malheureuse de venir à Dieppe afin d'y rechercher son mari, lequel, assurément, ne pourra que se laisser toucher par sa présence et ses supplications. Il sortira enfin de son repaire, il rendra l'argent ... et après, Miss Mitchel s'en fout complètement.

Les scènes qui font intervenir la petite poupée anglaise et Mrs Brown comptent parmi les plus écoeurantes que Simenon ait jamais restituées dans un roman. J'ai pensé, je l'avoue, mais dans un autre contexte, à "L'Ombre Chinoise." A ceci près - et c'est très important - que la folie n'explique pas le comportement infâme de Miss Mitchel.

A bien y réfléchir, cependant, je pense que "L'Homme de Londres" est à réserver aux seuls inconditionnels de Simenon et aussi aux adeptes des huis-clos. Parce que, malgré tous ceux qui s'affairent dans leur sillage, qui rient, questionnent, se mettent en colère, se promènent ou simplement badaudent et flânent autour d'eux, Maloin et Brown sont seuls. Ce sont, foncièrement, deux solitaires. Deux solitaires qui auraient pu se comprendre et s'apprécier. Deux solitaires qui se sont ratés. Et leur tragédie est la tragédie de deux solitaires. C'est un genre de romans que tout le monde n'apprécie pas et c'est, certainement, l'un des plus psychologiques de Simenon mais sans Maigret. le liant que met l'humanité du commissaire dans ce genre d'intrigues est ici inexistant. Et cela peut dérouter certains. Quoi qu'il en soit, "L'Homme de Londres" reste l'une des meilleures analyses psychologiques qu'ait faites Simenon - et aussi l'une des plus noires. ;o)
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Un excellent Simenon, avec une atmosphère lourde et poisseuse dans un petit port normand. du Simenon typique, avec un personnage d'une effrayante banalité, brusquement plongé dans une tourmente qui lui tombe dessus, dans laquelle il se débat comme il peut, avant de commettre l'irréparable, presque par mégarde. L'engrenage d'un destin qui bascule parce que la personne se trouve par malchance au mauvais endroit au mauvais moment.

J'en profite pour signaler la remarquable adaptation de ce Simenon par le cinéaste hongrois Béla Tarr en 2007. Je l'ai visionnée 3 fois depuis sa sortie tant ce film fascine par sa lenteur et- son atmosphère. Tourné en noir et blanc pour des raisons esthétiques et rendre au mieux l'atmosphère simenonesque, d'une lenteur voulue comme pour pénétrer dans le mental des personnages, ce film vaut le détour pour ceux capables d'en apprécier la beauté formelle et le réalisme cru.

Une critique ici pour ceux que ça intéresse :
https://www.critikat.com/actualite-cine/critique/l-homme-de-londres/

Hélas (rien n'est jamais parfait), ce fil a un défaut. Désireux de tourner dans la langue du roman (le Français), Béla Tarr a décidé de doubler ses acteurs en Français et ce parti pris se révèle une petite catastrophe (pour nous francophones en tout cas). Seul l'inspecteur Morisson rend parfaitement bien à ce jeu de massacre (excellent Morisson), mais les autre ne passent pas (pas du tout même). C'est pas trop grave, car il y a très peu de dialogues dans le film. Et le reste est assez extraordinaire.

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En gare maritime de Dieppe l'aiguilleur en poste ce soir-là regarde par la vitre de son poste d'aiguillage en surplomb du port et assiste à une scène insolite. Un passager d'un bateau en provenance d'Angleterre qui vient d'accoster jette sans se faire remarquer une valise à un complice sur le quai. Les formalités de débarquement terminées, les deux complices se retrouvent discrètement. Mais les choses tournent mal et le complice tombe à l'eau, ainsi que la valise.

Au lieu d'appeler les secours, Louis, l'aiguilleur continue de regarder ce qui se passe en bas, convaincu maintenant que la personne tombée à l'eau est morte. Malgré sa peur, il descend ; le bruit provoqué par l'ouverture de la porte du poste d'aiguillage fait fuir l'homme de Londres. Louis plonge dans l'eau et récupère la valise qu'il cache dans son casier personnel dans le poste d'aiguillage. Elle est remplie de livres sterling.

Voilà les dés sont jetés. le destin est en route. On apprendra dans la suite du récit que l'homme de Londres n'a jamais eu de chance. Il en sera de même pour Louis. Cela aurait pu tourner d'une autre manière mais non, ce ne sera pas le cas. Il aurait suffi de presque rien pour que cela se passe autrement.

L'argent contenu dans la valise le fascine. Il représente une possibilité de s'échapper aux frustrations de sa vie médiocre : sa femme qui lui reproche en silence de ne pas gagner assez, sa fille obligée de travailler dans des conditions qu'il trouve indignes, les regards de son beau-frère....

Louis va-t-il tout faire pour ne pas rater cette occasion de changer de vie ? Non, malgré quelques velléités, il n'en sera pas capable. Manque de chance ? Question de point de vue : a-t-il tout fait pour échapper à son destin ? L'éventuelle nouvelle vie qui l'attire, fait naître sous ses pieds un vide absolu qui l'effraie et le paralyse. Comme englué, indécis, embrouillé par des sentiments contradictoires, il perd pied et devient le jouet du destin. Jusqu'à devenir étranger au monde qui l'entoure. Jusqu'au drame final.

L'homme de Londres est un roman où le lecteur retrouve les marques de fabrique de Georges Simenon : la description de la vie quotidienne des vraies gens de province, sans affectation, avec empathie ; leurs difficultés de tous les jours, leurs frustrations, leurs velléités d'échapper à leur quotidien et, souvent, leur incapacité à franchir le pas.
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Roman de Georges Simenon.

Louis Maloin est aiguilleur à la gare maritime de Dieppe. Toutes les nuits, du haut de sa cabine de verre, il regarde passer les trains et il observe les lumières de la ville endormie et les petites gens qui vivent dans l'obscurité. Un soir, il est témoin d'un meutre. Et le meurtrier sait qu'il a été vu. Malouin récupère une malette, objet de la dispute mortelle, qui contient plus de 5000 livres soit plus de 500000 francs. Dans les rues de Dieppe, Maloin ne cesse de croiser celui qu'il appelle "l'homme de Londres" car, à coup sûr, l'assassin est anglais. "Quel genre d'être était-ce? Il n'avait pas une tête de brute. Au contraire ! il avait plutôt l'air d'un pauvre diable mal portant qui traîne une vie solitaire." (p. 30) Alors que Scotland Yard dépêche un agent à Dieppe, on découvre que l'homme de Londres est un ancien acrobate devenu cambrioleur de haute-voltige. Maloin, du haut de sa tour, vit de sombres nuits, partagé entre remords et bravade.

Si j'ai apprécié ce roman policier, c'est parce qu'on connaît le coupable immédiatement et que l'enquête première tourne court assez rapidement. Ce qui est plus intéressant, c'est la façon dont Maloin se perçoit lui-même coupable, se juge et condamne. En s'emparant de la malette, il devient receleur et complice du crime. Mais il développe à outrance sa culpabilité qui se traduit en susceptibilité, nervosité, inquiétude et fébrilité. Cet argent, il ne sait qu'en faire, il ne prévoit même pas de le garder. Pour calmer ses nerfs, il boit, dépense le maigre argent du ménage, réfléchit trop et agit sans projet. Maloin ne supporte pas son premier crime pourtant mineur mais assume sereinement celui qui clôt l'affaire. Simenon dresse un portrait sans tendresse de cet homme sans ambition et sans charisme.

"Au même moment, on les prend pour des heures comme les autres et, après coup seulement, on s'aperçoit que c'était des heures exceptionnelles, on s'acharne à en reconstituer le fil perdu, à en remettre bout à bout les minutes éparses." (p. 5) C'est sur ces phrases que s'ouvre le roman. Immédiatement, on comprend que l'affaire sera banale, faite de détails sans importance. Mais cette banalité affichée est la même qui caractérise le personnage principal. Maloin n'est pas un héros, il n'est même pas un anti-héros. Son passage dans cette histoire est tout à fait anodin mais sans lui, l'affaire aurait tournée court. Maloin n'est qu'un minuscule ressort qu'on ne remarque pas mais qui ne saurait faire défaut à la machine.

Une lecture plaisante, même si je n'ai guère envie de me frotter davantage à la plume de Simenon que je trouve un peu trop sèche.

Voici ma modeste contribution - parce que l'essentiel, c'est toujours de participer - au mois du polar de Babelio ! Jusqu'au 5 février 2011, Babelio vit à l'heure du crime et propose 40 places pour siéger au jury polar. Toutes les infos en cliquant sur la très chouette affiche de l'opération !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Sans y penser, parce qu'il était venu pour cela, il tira le saucisson de sa poche, le posa sur le doris et pendant ce temps il cherchait à s'assurer qu'un pied, ou une main, ne dépassait pas de quelque part.

- "Monsieur Brown ! ... " dit-il de la même voix dont il eût parlé à un interlocuteur ordinaire.

Les deux boîtes de sardines prirent place à leur tour sur le canot.

- "Ecoutez, monsieur Brown ... Je sais que vous êtes ici ... La cabane m'appartient ... Si j'avais voulu vous dénoncer, je l'aurais déjà fait hier ..."

Il écouta, un peu penché comme après avoir laissé tomber une pierre dans le mystère d'un puits. Rien ne vibrait, que le dernier écho de sa voix.

- "Comme il vous plaira ! Vous remarquerez que je viens à vous gentiment. Hier, je n'aurais pas pu, parce qu'il y avait un gendarme juste au-dessus de vous, sur la falaise."

Il tenait le bidon d'émail bleu à la main et, sans raison, il n'osait plus bouger. Il récitait, comme une tirade apprise, et cependant il improvisait :

- "La chose la plus importante, c'est de manger. J'ai apporté du saucisson, des sardines et du pâté. Vous m'entendez ?"

Ses oreilles étaient aussi rouges que quand, enfant, il devait dire un compliment et sa voix devenait plus âpre.

- "C'est inutile de faire le malin. Je sais que vous m'écoutez. Si vous étiez parti, j'aurais trouvé la serrure cassée, ou la porte entrouverte."

Etait-ce derrière le baril de coaltar ? Etait-ce derrière les paniers empilés ? Ou en dessous du doris ? Car il y avait un assez grand espace libre sous l'embarcation.

- "Je vais vous laisser ces vivres ainsi qu'un bidon qui contient de l'alcool. Je crois qu'il vaut mieux que je referme la porte car les gendarmes pourraient faire une ronde et s'ils trouvaient la porte ouverte, ils viendraient jeter un coup d'oeil ..."

Il n'avait jamais parlé à vide. C'était si déroutant qu'il en arrivait à se mettre en colère.

- "Ecoutez bien ! Nous n'avons pas de temps à perdre. J'ai besoin de savoir si vous êtes là, vivant, ou si vous êtes mort."

L'idée de parler à un mort ne le fit même pas sourire. ... [...]
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...] ... Maloin se versa du café, y ajouta de l'eau-de-vie et bourra une troisième pipe qu'il fuma debout, regardant de haut en bas les silhouettes en mouvement. Pourquoi s'intéressa-t-il à un homme plutôt qu'aux autres ? Comme d'habitude, on avait posé les barrières pour empêcher les passagers de sortir sans passer par la douane. Or, l'homme en question, qui venait de la ville, se tenait en-dehors des barrières, juste au-dessous de la cabine d'aiguillage, et Maloin pensa même qu'il pourrait cracher dessus.

Il portait un pardessus gris, un chapeau de feutre gris, des gants de peau et il fumait une cigarette. Les autres détails, Maloin ne les distinguait pas. Les hommes d'équipe, les douaniers, les employés de la gare s'occupaient des voyageurs qui franchissaient la passerelle. Seul, Maloin, outre son homme en gris, devina une ombre debout à l'avant du navire et à l'instant même cette ombre lançait quelque chose sur le quai.

Ce fut ravissant de précision comme une acrobatie. A cinquante mètres de la foule, une valise venait de passer en dehors des barrières et l'inconnu de la ville la tenait à la main, naturellement, en fumant toujours.

Il aurait pu s'en aller. Nul n'aurait songé à l'interpeller. Mais il resta là, à quelques mètres du rapide, comme un quelconque voyageur qui attend un ami. La valise paraissait légère. C'était une de ces petites mallettes en fibre conçues pour contenir un complet et un peu de linge, Henriette en avait une du même genre.

- "Que peuvent-ils bien avoir passé en fraude ?" se demandait Maloin. ... [...]
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"Au même moment, on les prend pour des heures comme les autres et, après coup seulement, on s'aperçoit que c'était des heures exceptionnelles, on s'acharne à en reconstituer le fil perdu, à en remettre bout à bout les minutes éparses." (p. 5)
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N'est-ce pas curieux qu'on vive vingt deux ans avec une femme, qu'on ait des enfants ensemble, qu'on partage l'argent et qu'en fin de compte, on soit toujours des étrangers ?
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"Quel genre d'être était-ce? Il n'avait pas une tête de brute. Au contraire ! il avait plutôt l'air d'un pauvre diable mal portant qui traîne une vie solitaire." (p. 30)
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