On découvre, au court des quatre nouvelles qui composent
Maigret et l'inspecteur malgracieux, quatre enquêtes de
Maigret. Ces nouvelles valent moins pour leur enquête, il n'y a rien qui ressemble plus à une enquête de
Maigret qu'une autre enquête de
Maigret, que pour les différentes facettes qu'elles offrent du commissaire. Dans
Maigret et l'inspecteur malgracieux, le commissaire est tracassé par un appel passé à Police-secours venant du XVIIIème arrondissement, qui lui rappelle un autre fait ayant eu lieu six mois plus tôt. Bien que l'enquête soit confiée à l'inspecteur Lognon, le malgracieux du titre, « le pauvre Lognon, le meilleur des hommes, le plus consciencieux des inspecteurs, consciencieux au point d'en être imbuvable »,
Maigret décide de s'intéresser à l'affaire en sous-marin. Un sous-marin à la
Maigret, c'est-à-dire plutôt comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Le Témoignage de l'enfant de choeur fait partie de ces enquêtes menées dans un coin obscur de province, qui débute par la reconstitution du parcours que Justin a effectué le jour où il a vu un homme mort sur le trottoir, suivi par l'ombre massive du commissaire. Personne ne croit au témoignage de l'enfant de choeur, et
Maigret, accompagné de Madame
Maigret pour l'occasion, est face à une affaire du type mystère de la chambre jaune : comment rendre possible l'impossible ?
Le Client le plus obstiné du monde se déroule dans un café, où un homme reste à la même table du matin au soir. Plusieurs témoins du cours de la journée vont apporter des détails utiles à la reconstitution de l'assassinat qui s'est produit dans une rue adjacente juste après le départ de cet homme.
Dans
On ne tue pas les pauvres types,
Maigret est confronté à une victime illogique : pourquoi un homme sans histoires, marié à une femme insupportable, s'est-il fait tué à coup de carabine par la fenêtre, alors qu'il se grattait les pieds assis sur le rebord de son lit ? C'est en partant de ce constat et leitmotiv,
on ne tue pas les pauvres types, que
Maigret va de découverte en découverte.
Cet opus de
Maigret a la particularité donc, à cause de la forme de la nouvelle, de moins développer les enquêtes, qui concernent toutes des «pauvres types » en quelques sortes, que la manière dont
Maigret les mène : « Comment dire ? C'était une de ces affaires dont l'odeur lui plaisait, qu'il aurait aimé renifler à loisir jusqu'au moment où il se serait si bien imprégné que la vérité lui apparaîtrait d'elle-même ». Comme il a souvent été dit à propos du commissaire, c'est une question d'atmosphère, des demis et des petits verres qu'il s'envoie à la brasserie Dauphine ou dans son lieu d'enquête pour un temps, de sa pipe qu'il bourre, qu'il allume, qu'il éteint, et qu'il veut absolument fumer même lorsqu'il est malade et que se femme lui interdit dans le Témoignage de l'enfant de choeur. Résolvant son enquête depuis son lit de grippé, on apprend quelques éléments sur l'enfance de
Maigret et on réalise qu'hormis sa stature impressionnante, il reste sans doute ce petit enfant de choeur qu'il a lui-même été : « Madame
Maigret était à peine engagée dans l'escalier que
Maigret sortait les deux jambes du lit, se précipitait, pieds nus, vers la blague à tabac pour bourrer une nouvelle pipe, puis reprenait une pose innocente entre les draps. A travers le plancher mince, il entendait un murmure de voix, la voix de Mme
Maigret au téléphone, et il fumait à petites bouffées gourmandes, bien que sa gorge lui fît très mal. Des gouttes d'eau, devant lui, glissaient lentement sur les vitres noires, et cela lui rappelait à nouveau son enfance, quand sa mère lui apportait au lit de la crème caramel. »
Ces quatre nouvelles, qui ont toutes eu une adaptation télévisée, sont une très bonne mouture, un peu en marge des grandes affaires de
Maigret.
A signaler, sur le site ActuaLitté, une cartographie des 75 romans et 28 nouvelles de
Maigret : http://www.actualitte.com/librairies/cartographie-des-crimes-resolus-par-le-commissaire-
maigret-45561.htm