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EAN : 9782258009547
752 pages
Presses de la Cité (04/01/2008)
3.66/5   31 notes
Résumé :
" Ma toute petite fille, je sais que tu es morte, et pourtant ce n'est pas la première fois que je t'écris... "

Ce samedi 16 février 1980, Simenon, qui survit douloureusement à la mort de sa fille, qui n'écrit plus depuis près de dix ans commence une ultime expérience d'écriture. Lui qui avait fait métier de la passion de comprendre, de son infinie curiosité, de la sympathie universelle qui l'amenait d'instinct à se placer au coeur des déchirements et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Les mémoires intimes de Simenon, catharsis et tentative de fixer et d'arracher à l'oubli l'histoire d'une vie et d'une famille, comme pour “comprendre et ne pas juger” selon la devise de Simenon, est un témoignage précieux pour la compréhension de l'homme dans son intimité, celle d'un véritable papa poule. C'est au crépuscule de sa vie, alors qu'il n'écrit plus, que Simenon entame un dialogue déchirant et mélancolique avec sa bien aimée fille Marie-Jo, troisième de ses enfants, depuis près de deux ans partie trop tôt, bien trop tôt, arrachée de l'existence par la difficulté de vivre. En fait il s'adressera à chacun de ses enfants, personnellement, en un dialogue fictif transcendant la distance et l'absence, pour conter la naissance de chacun, leur éveil à la vie, leur progrès dans l'existence et leur évolution vers l'âge adulte.

Pour commencer, il revient sur sa propre jeunesse à Liège, celle d'un enfant plutôt pauvre élevé dans un stricte respect des convenances et de la religion. Puis c'est l'arrivée dans un Paris pluvieux, gris et morne, mais la joie et l'espérance au coeur. Il devient garçon de bureau pour une ligue d'extrème droite, secrétaire d'un marquis. Enfin il rencontre celle qui deviendra sa première épouse, Tigy, artiste peintre, avec qui il connait la vie de bohème, l'âge d'or de la dèche, où un jeu de draps jeté sur des bottes de pailles constituait le plus charmant des lits. Il fait ces premières armes dans la presse écrite; puis c'est la naissance de Maigret: Pietr-le-letton, écrit en pleine flottaison sur une barge croupissante alors qu'on recalfate son bateau. On y découvre un Simenon grand voyageur, avide de rencontres, de paysages, de tout ce qui nourrit l'oeuvre d'un écrivain. Homme à femme, aux besoins sexuels impérieux, aux meurs très libres, très à l'aise avec ses deux amantes et sa femme sous le même toit, il est néanmoins jaloux quand la passion le saisit. On vit l'attente anxieuse et impatiente du futur père, les joies de la paternité avec son premier fils Marc. Puis c'est les bruits de bottes,les atermoiements de l'Europe face à l'éructant Hitler, l'envahissement de la Pologne, des Pays-bas, de la Belgique, la mobilisation générale. Nommé haut-commissaire aux réfugiés belge en France, puis changeant régulièrement de demeures au gré des circonstances, quand la santé du petit exigeait, ou tout simplement au gré de ses humeurs, il vit somme toute fort bourgeoisement et tranquillement, en Vendée, alors que le pays vit l'angoisse et la pénurie de l'occupation. Il a su tisser des liens solides avec d'illustre artistes tels Cocteau,Pagnol, Chaplin et surtout avec Jean Renoir. Puis il s'embarque pour l'Amérique du Nord,où il s'y mariera pour la deuxième fois,avec Denise, qui sera la mère de ces trois autres enfants.Denise est une femme profondément insatisfaite, qui se sent faite pour une vie brillante de dîners mondains, de cocktails dans la haute société et de réceptions fastueuses. Avec le temps elle s'avère être tyrannique et violente avec toute la maisonnée; sombre dans l'alcoolisme, puis dans un déséquilibre psychologique patent, pour finalement s'abaisser à un mesquin chantage à seul fin de soutirer le maximum d'argent à Simenon qui reste légalement son mari. On partage les déchirements et les tentatives de Simenon pour sauver son mariage et la cellule familiale, sa "tribut". Avec Marie-Jo qu'il a eu à cinquante ans, Simenon se sent une affinité particulière : son regard pathétique, sa quête d'amour, son hypersensibilité, son inadaptation à cette vie le touchent; elle porte un amour démesuré et pathétique pour son père, une véritable adoration. Puis c'est la vieillesse de l'écrivain, un regard apaisé sur la vie, sur son amour avec Teresa, sa dernière compagne,sur les vrais plaisirs d'une vie simple, celle des “petits” dont il s'est toujours sentit faire partie malgré la fortune qu'il a battit avec sa vaste production littéraire

Comme le titre l'indique, se sont surtout des mémoires intimes, celle d'un père grand bourgeois, collectionnant les voitures de luxes, les résidences somptuaires, les voyages aux antipodes. La fin du volume est saisissante et émouvante tant la douleur d'un père est dite simplement, avec pudeur, avec justesse et prend toute sa dimension tragique, pathétique et déchirante avec le livre de Marie-Jo, cri lancé dans le silence oppressant de l'univers par une âme qui se perd dans la solitude de ses angoisses indissolubles.
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Au début des années 80, Georges Simenon est au paroxysme de sa renommée et s'ennuie un peu. En regardant dans le rétroviseur, il découvre l'impressionnant catalogue qu'il a laissé derrière lui et les multiples adaptations tant cinématographiques que télévisées que ses romans ont généré. Ce serait mal le connaître que de croire qu'il pourrait cracher dans la soupe et malmener ce qui a fait sa fortune. Il est un des rares écrivains de langue française à pouvoir vivre de sa plume. Un constat qui tient à la fois d'un talent authentique et d'une force persévérante dans le travail. Pourtant, il a choisi de passer à autre chose et, après les vingt-et-uns tomes consacrés à ses dictées, il se lance dans la rédaction de « Mémoires intimes ». L'occasion de raconter ses origines modestes et de narrer le chemin parcouru. Il ne s'agit certainement pas d'une hagiographie ni d'une statue qu'il souhaite élever à sa propre notoriété. Si sa carrière d'homme de lettres a été une incroyable réussite, sa vie privée s'est (selon lui) lamentablement rétamée. Légende vivante, il tente de déboulonner le socle sur lequel il est assis. En 1978, un drame a endeuillé son existence. Marie-Jo, sa fille chérie, s'est donné la mort, égarée dans un monde de facilités où tout était devenu trop. Trop d'argent, trop de luxe, trop de loisirs faciles ont fragilisé la jeune femme et favorisé la tragédie. A un journaliste du Daiy Express, il avait alors confié : « J'ai un peu honte de la vie que le succès m'a forcé à mener. » Un peu comme il l'avait déjà fait en 1945, alors qu'il se croyait atteint d'une maladie fatale, sous le titre « Je me souviens » et dédié à son fils Marc, il entreprend à nouveau d'exposer ses faiblesses, ses hésitations et ses remords pour édifier le tombeau de sa fille disparue. Sans se parer d'hypocrisie, il se dévoile et parle de son exil à New-York, des amours de sa vie, de ses divorces et de ses enfants (essentiels à ses yeux). Jamais, il n'aura été sincère, se mettant à nu comme jamais. En 1989, il décède à son domicile de Lausanne, rejoignant pour l'éternité ceux qui ne sont plus.
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Livre que j'avais découvert il y a une trentaine d'années et que je viens de relire . G Simenon dans son intimité revient sur son enfance , ses débuts à Paris , la naissance de ses enfants , mariages, divorces , la vie luxueuse et puis le drame . La fierté d'être père de famille pour cet affamé de la vie . Né pauvre, il disait que c'était une chance pour apprécier à sa valeur une simple orange .

Livre écrit pour Marie Jo , sa fille adorée partie trop tôt et de son choix . Impossible à s'en remettre , alors il écrit à son intention . Il cherche des explications à son mal être .Il termine ses mémoires avec les textes de Marie Jo. Tellement de désespoir " ...Je ne suis plus rien , je ne vois pas ma place ,je suis perdue dans le silence, l'espace et la mort ...."

Ils ont été tellement fusionnels que l'on comprend aisément son chagrin . Livre bouleversant qui m'a beaucoup émue par sa sincérité
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e ne suis pas un grand fan de Simenon dont je n'ai lu que "le fou de Bergerac" (allez savoir pourquoi hein...) et que j'ai trouvé ignoblement bâclé.

Mais en écoutant l'intégrale des radioscopies (on a les loisirs que l'on peut...) je suis tombé sur celle de Simenon qui parlait de ce livre. Or, comme je suis un garçon influençable...

Les "mémoires intimes" sont donc les mémoires intimes de cet auteur qui nous raconte sa vie familiale entre ses trois femmes officielles et ses nombreux déménagements. L'histoire de ses 5 enfants aussi, raison d'être de l'ouvrage, puisqu' on sait dès le début que sa fille vient de se suicider...

Je crois que chaque auteur rêve un jour d'écrire toute "la vérité qu'on ne peut pas dire" sans le faire vraiment mais Simenon lui, se paye ce luxe. Loin de toute complaisance envers lui ou le lecteur il déballe donc tout de son hyper sexualité (comment appeler ça autrement?) à la maladie mentale de sa femme puis de sa fille. Il raconte aussi tranquillement sa fortune et comment il lui faut 7 jours pour écrire un roman, ce qui explique qu'il en ai fait plus de 200... vu qu'il en ecrivait parfois plus de six par an.

J'ai mis un temps fou à lire ce livre parce que je n'arrive pas à savoir si je suis choqué, fasciné, désespéré... ou les trois à la fois; c'est un texte avec l'inconscient complétement à ciel ouvert, à la fois pudique et impudique, simple et très complexe, totalement vrai et en même temps probablement totalement faux (il est alors en conflit avec son ex femme et ne lui donne clairement pas le beau rôle). Enfin il parle de sa fille qui s'est tuée, sous entend clairement un inceste avec sa mère mais sans donner plus de précisions et publie les lettres que sa fille lui a envoyées, y compris le message qu'elle avait gardé pour lui sur son cadavre.

Malaise.

Drôle de Bonhomme...

Drôle de livre.
Lien : http://yannfrat.com/blog/?p=..
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Simenon, ayant vécu un drame dans la famille, essaie de se justifier dans ce livre autobiographique. Une oeuvre clé pour comprendre le grand Belge.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je t'ai dit un jour, je crois même l'avoir écrit, qu'un être ne meurt pas tout à fait tant qu'il reste bien vivant dans le coeur d'un autre être. Or, tu es vivante en moi, si vivante que je t'écris et je te parle comme si tu allais me lire ou m'entendre, me répondre en me regardant de tes yeux pleins de confiance et d'amour.
Plus je vis dans ton intimité, plus j'ai la certitude que tu as été un être exceptionnel, d'une lucidité rare, animée par une volonté presque cruelle de découvrir ta vérité. Ta mort a ainsi été un acte quasi héroïque et, tu le sais bien, tu me l'as timidement laissé entendre, tout cela ne peut être perdu.

Chapitre premier
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Mon "grand vieux Dad" que j'aime,
Je viens de t'avoir au téléphone. Je voulais être sûre, avant de m'en aller pour toujours, que tu allais bien, que tu étais heureux, et que tu n'aurais pas trop de peine.
Il ne faut pas en avoir. Il n'y a rien de triste, rien de dramatique. Le drame, nous le jouons dans la vie. Je ne crois pas que dans la mort il existe Je m'en vais car je ne sais plus lutter, m'accepter avec toutes mes contradictions, regarder les autres en paix et fraternellement. Ils continuent à me faire peur, ou bien, leur condition même d'êtres humains me déprime.
J'ai trop rêvé. Au fond, je me suis toujours dérobée aux petites réalités de la vie, celles-la qui ont un charme quand on est en harmonie avec soi.
J'ai toujours été lâche. Je me suis reposée sur mon entourage, sur toi, tout spécialement, comme si c'était mon dû, sans me rendre compte de mon égoïsme. Petit à petit, j'ai perdu ma dignité, la seule chose qui donne son sens à l'existence.
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Le but de ma quête inlassable était au fond, non une femme, mais "la" femme, la vraie, la femme amante et maternelle à la fois, sans artifices, sans fards, sans ambition, sans soucis du lendemain, sans "statut".
Je l'ai trouvé sans le savoir, par hasard, et j'ai mis longtemps à m'apercevoir que j'avais enfin atteint mon but. Voilà déjà quelques années que je ne me livre plus à la "chasse aux femmes", non par manque d'appétit ou de moyens physiques. Parce que j'en ai trouvé une qui remplace toutes les autres.
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Pour le reste, oublie, il vaut mieux, et surtout sois heureux, continue à vivre en savourant chaque minute qui passe, avec toute la sensualité que tu as. C’est ça, la vie : le soleil sur la peau nue, un regard d’un passant que l’on croise, l’odeur d’une ville qui s’éveille, deux corps qui se mélangent sans fausse pudeur… Surtout être réceptif à chaque minute qui passe, sans déjà anticiper sur la suivante. Parfois, j’ai su être comme ça. J’ai su m'asseoir sur une chaise et détendre mon corps, sans le crisper déjà à la penser de me relever.
J’ai su caresser un chat en le sentant tout proche de moi. J’ai su parler à un chien…
… je n’ai jamais su vraiment parler à une personne!
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Et D. de murmurer gaiement* :
-- Tu vas être content de me voir grossir à nouveau.
Elle reste persuadée que je n'apprécie que les femmes aux formes épanouies, à cause du personnage de Mme Maigret créé il y a si longtemps. Plus simplement, les femmes maigres ne m'attirent guère, surtout quand elles sont mal portantes et se privent de manger pour garder la ligne à la mode.
J'aime la femme naturelle, sans artifices, la femme simple et sans fards qui vit sa vie sans s'efforcer d'être une autre.

* Elle est enceinte
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Quel grand écrivain est l'auteur de près de 200 romans, l'inventeur de 8 000 personnages, et surtout, par quel livre pénétrer dans ce palais colossal ?
« La neige était sale », de Georges Simenon, c'est à lire au Livre de poche.
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