Oncle Charles s'est enfermé

En rentrant de son boulot, Charles n'a pas l'air bien clair du ciboulot. Il s'est enfermé dans le grenier et ne veut plus y redescendre malgré les appels de sa femme qui a préparé pour le repas des pieds de porcs maison et de ses 4 filles plus préoccupées par leurs sorties. Même Henri, son beau-frère qui est pourtant son patron fait chou blanc ! Pourquoi Charles ne répond-t-il pas ? tourne-t-il en rond dans le grenier ? Aurait-il une araignée dans le plafond ? That's the question...
Dans ce roman dur de 1942, on n'a pas affaire à un inspecteur grognon qui mène l'enquête la pipe au bec. Et c'est tant mieux parce que je préfère les Simenon sans Maigret. Là, on suit un petit comptable de province qui va se sentir pousser des ailes... de corbeau. Tout ce que je peux dévoiler c'est que la petite famille et la belle famille du Charlot sont bien croqués et qu'il y en a un qui va en baver...
Mention spéciale pour le personnage du petit scribouillard revanchard.
L'Oncle Charles s'est enfermé...pas si fou que ça, le bougre !

Employé modeste et sans histoire, Charles s'enferme un long moment dans son grenier. Sa femme et ses trois filles s'inquiètent et essaient de lui parler mais rien n'y fait : mutisme et porte close.
Charles, par sa ténacité est le révélateur de l'histoire d'Henri, son frère, « celui qui a réussi », celui que tout le monde craint sauf Charles qui connaît son passé et qui devient bien plus puissant que lui en restant muet et en n'ayant l'air de rien.. Tandis que les filles débattent avec leurs amants et futurs maris et que sa femme, Laurence observe tout cela d'un air résigné, Charles creuse la tombe d'Henri.
On retrouve la musique des phrases de Simenon, sa capacité unique à décrire un quotidien morne, cette tristesse prégnante des jours ordinaires dans le Nord de la France avec des personnages qui sont tous secondaires, des sous-fifres, des sans-grade et qui, de temps à autre, sortent la tête de l'eau. Et l'auteur regarde se débattre ce petit monde en appuyant légèrement là où ça fait mal.

À la fin de ma lecture je suis resté bouche bée, tant ce roman et ces personnages m'ont enchanté. On est à Rouen, et en un court roman on a l'impression de lire une saga littéraire: celle des Babin. “L'oncle Charles” qui apparait dans le titre n'est pas le personnage principal, mais la famille dans son ensemble: Charles Dupeux et Laurence Babin, ses filles Mauricette, Camille et Lulu; ainsi que la fraterie de Laurence: Paul, Céline, Arthur et Elise, la femme d'Henri Dionnet. L'histoire tournera autour d'Henri et Charles (“l'enfermement” de Charles est provoqué par Henri), révélant les vieilles histoires de la famille. La lutte pour la survie, pour essayer de fuire cette morosité du quotidien dans ce Rouen si industriel est présente tout le long du roman.
Simenon est définitivement un auteur très injustement sous-estimé, relégué au rang des Maigret, qui sont tout aussi bons, mais les romans durs comme celui-ci ont un charme particulier, une maîtrise digne de ce grand écrivain.

Charles Dupeux, comptable chez son beau-frère Henri Vionnet, rentre chez lui, un soir, et s'enferme dans le grenier. le ban et l'arrière-ban de la famille sont alertés et s'inquiètent de cette originalité. Un beau jour, sans explication, il reprend sa place au bureau et dans le cercle familial. Son patron, terrassé par une crise cardiaque, l'appelle et lui confie une mission de confiance auprès de Sylvie, une maîtresse délaissée qui le fait chanter. le temps passe. Les membres de la tribu s'éparpillent. Seul l'oncle Charles, qui lui aussi vieillit, reste impassible et muet devant Vionnet que ce silence tue lentement. roman psychologique montrant les difficultés et les différents échelons qui peuvent régner dans une famille.

Chronique d'une famille ordinaire avec ses petits et grands secrets . Un roman d'atmosphère plus que d'action et par conséquent pas d'enquête policière mais bien un roman que l'on peut qualifier de sociologique et/ou psychologique. Très bien écrit comme presque toujours chez Simenon avec peu être un peut trop de personnages qui nécessite une attention soutenue pour éviter de se perdre . Un roman qui n'a pas pris une ride pour le récit et qui par ses décors et ses moeurs d'un autre temps nous fait découvrir une époque bien révolue .