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Critique de Philemont


Avec Collines noiresDan SIMMONS signe son « grand roman de l'Amérique » comme indiqué dans la quatrième de couverture. L'Amérique selon lui a pour fondation la bataille de la Little Big Horn en juin 1876 qui fut l'occasion d'une victoire écrasante des amérindiens contre les forces armées américaines, et la mort du général George Armstrong Custer. Ce jour-là un jeune lakota, Paha Sapa (littéralement « Collines noires », ou « Black Hills » en anglais), entre en contact avec le général juste au moment de son décès. Dès lors l'enfant va grandir et vivre toute sa vie en mêlant son esprit sioux avec celui du militaire américain.

Paha Sapa va ainsi passer le dernier quart du XIXème siècle et le début du XXème en tant que Billy Slow Horse, notamment en participant à la construction du pont de Brooklyn, puis à la troupe de Buffalo Bill pour son Wild West Show. A la fin des années 1920 il est recruté comme dynamiteur par le sculpteur Gutzon Borglum dans le cadre de la construction du mémorial national du Mont Rushmore, la sculpture monumentale représentant Washington, Jefferson, Roosevelt et Lincoln, soit quatre des présidents les plus marquants de l'histoire américaine. Projet pharaonique s'il en est, l'ironie de l'histoire est d'autant plus forte pour le désormais sexagénaire Paha Sapa que le monument est situé non loin des Black Hills (il fut même un temps question de le bâtir sur ce site même).

La vie de Paha Sapa est donc jalonnée de nombre de participations à des créations purement américaines. Si cela flatte l'esprit quelque peu moqueur du général Custer, le sioux n'en oublie pas pour autant ses origines lakotas. C'est ainsi que secrètement il construit le projet de faire tout bonnement sauter ces quatre têtes qui émergent lentement mais surement de la roche de sa terre sacrée...

Le destin exceptionnel de Paha Sapa est raconté par Dan SIMMONS de manière non linéaire, alternant souvenirs et présent, et faisant même intervenir l'esprit de Custer qui fait part au lecteur de ses réminiscences. Ce faisant il construit une Histoire des Etats-Unis très personnelle, une Histoire pleine de richesses, mais également de contradictions et de sang, dans un cadre grandiose. Comme souvent chez SIMMONS, le caractère fantastique de son récit est mis en oeuvre tout en finesse ajoutant encore à la crédibilité et à la densité de son récit.

Cette densité a toutefois son revers. L'auteur a manifestement réalisé un gros travail de documentation et donne parfois l'impression de vouloir l'exploiter intégralement. Cela se traduit par une multitude de détails sur L Histoire américaine qui, aussi intéressants soient-ils, nuisent grandement au rythme du récit et au caractère romanesque de ses personnages, à commencer par celui de Paha Sapa ; il est probable que cette sensation soit d'autant plus prégnante pour les lecteurs non américains. L'autre défaut du roman est encore plus gênant, mais certainement pas le fait de SIMMONS ; il touche à la traduction, en particulier celle des termes lakotas qui, dans le corps du texte, casse le rythme du récit, alors même que l'ouvrage est doté d'un index en fin de volume ; on ne peut guère s'attendre à autre chose que de la pénibilité quand, dans une même phrase, sont utilisés le lakota, l'anglais et le français pour exprimer un terme unique...

Ces défauts diminuent grandement le plaisir que l'on peut retirer de cette lecture. Il n'en demeure pas moins que la vision de Dan SIMMONS sur l'Amérique au tournant des XIXème et XXème siècles est intéressante du point de vue historique ; il partage ainsi avec ses lecteurs une vue toute personnelle sur la façon dont l'Amérique est devenue une hyperpuissance dès lors que la conquête de l'ouest à été achevée.
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