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Lire un roman de Claude Simon (1913-2005), c'est un peu comme gravir une montagne : à la fatigue et au découragement peuvent succéder de beaux moments de surprise, voire d'exaltation. Une fois le livre refermé, on a le sentiment, quoi qu'il arrive, d'avoir vécu une expérience hors du commun et d'être devenu meilleur lecteur. Comme la plupart des romans de ce grand auteur, « Histoire » est une variation autour de son histoire familiale, ainsi qu'une exploration vertigineuse de toutes les significations possibles du mot histoire. De retour dans la maison de son enfance, le narrateur y retrouve un acacia centenaire dont le bruissement fait renaître de très anciennes conversations, tandis que la découverte de vieilles cartes postales lui permet de reconstituer la brève idylle de ses parents, morts très jeunes. À partir de ce matériau poussiéreux, la mécanique de la mémoire se met en marche, faisant affluer les souvenirs, réels ou recomposés, authentiques ou imaginaires ; ce que Claude Simon décrit comme « le foisonnant et rigoureux désordre de la mémoire. » Au début, ce déferlement de scènes et de dialogues qui s'entrecroisent, s'interrompant ici pour reprendre là, est un peu déroutant, et même étourdissant ; et puis, peu à peu, des fils se nouent, des motifs reviennent, et on finit par y voir plus clair. Ceux qui connaissent un peu le monde de cet écrivain, retrouveront dans « Histoire » la plupart des grands thèmes simoniens. D'abord la guerre, ou plutôt les guerres, car, comme les hommes de sa génération, C. Simon a été marqué dans sa chair par trois conflits majeurs, les deux guerres mondiales, et la guerre d'Espagne, qui tient une grande place dans ce livre-ci. Autre thème important, la quête des origines : « Histoire » est en effet la tentative désespérée d'un homme qui cherche non seulement à retrouver la trace de ses parents, mais aussi à leur rendre, par l'écriture, l'existence dont ils ont été privés. D'où ces nombreux passages où, à partir de cartes postales ou de photographies jaunies, le narrateur imagine les circonstances dans lesquelles les personnages les ont prises ou écrites. Enfin, plus encore que dans ses autres romans, Claude Simon se livre ici à une immense méditation sur le sens l'histoire, une histoire faite essentiellement de guerres et de destruction, dont l'aboutissement ultime serait selon lui la tuerie de Verdun. On l'aura compris, « Histoire » est un livre sombre, pessimiste, violent, mais c'est aussi un brillant exercice de style entre fiction et autobiographie, entre prose et poésie. À lire, si vous voulez découvrir d'autres manières d'écrire les romans. + Lire la suite |
Poursuivant cette (brève) incursion dans la littérature du XXe siècle pour honorer le pouvoir des mots et l'art du langage, il s'agira ici de reparcourir La Route des Flandres, de Claude Simon, en nous intéressant notamment à la liste des lieux dits, située au milieu de la IIIe partie du roman.
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