Tout d'abord je tiens à remercier les équipes Babélio pour l'envoi de ce livre qui était un de mes choix lors des masses critiques de septembre, et que j'ai eu la chance de recevoir. le résumé (dispo en fin de critique) me tentait vraiment, et en librairie, j'aurais tout à fait pu l'acheter. Je suis donc navrée de n'avoir pas aimé du tout, et je vais m'en expliquer évidemment.
Le roman est construit dans un style descriptif. Il faut attendre de passer la 80e page pour commencer quelques dialogues. Il n'est pas narratif, car on ne participe pas (ou très peu) à l'évènement qui fait le sujet du livre, à savoir le passage du cyclone sur une île. On nous raconte majoritairement le passé de plusieurs familles, sur plusieurs temporalités, le passé du bâtiment qui sera le décor central de l'action du livre, mais qui finalement est perdu dans un océan de détails qu'on peine à relier ensemble.
Le style d'écriture a été un autre élément qui a compliqué ma lecture. Partant d'un style érudit (avec parfois un langage technique maritime ou d'architecte non explicité et non utile au récit), on passe ensuite à un langage commun, puis familier (je parle toujours de la narration, non des dialogues).
Dans la construction, les allers-retours entre les différentes temporalités sont à mon sens inutiles au récit mais perdent le lecteur et cassent le rythme (on est en plein cyclone, en pleine urgence, et puis on nous parle du grand Dédé qui s'est marié trop jeune... insupportable).
Les personnages...on les mentionne, mais il n'ont pas d'épaisseur, on ne connaît pas leur caractère. Seuls les hommes ont droit à des dialogues...et oui, on en vient à constater des points problématiques...
LES FEMMES.
Déjà en début de récit, je trouvais le vocabulaire un peu poussiéreux, les références datant des années 70 (
Hugues Aufray, The Shinning...), je n'ai rien contre. Là où ma lecture devient désagréable, c'est quand je constate que les personnages féminins ne sont mentionnés que pour être séduits par un homme, enceintes, ou en train d'accoucher. On a aussi un beau passage de rapport sexuel où la femme (qui lutte pour survivre en plein cyclone) se jette sur un homme parce qu'on nous explique que son besoin de reproduction est le plus fort...
Ce même personnage féminin est nommé dans quasi tout le livre par "la panthère noire".
Mais ce n'est pas la seule à prendre cher, on a par exemple "la grosse Mariette" qui est comparée à un poisson, et l'insulte "Oh pute borgne"...
Si encore c'était formulé pour dénoncer une misogynie ou une grossophobie à l'égard des femmes (puisque ce sont elles qui sont visées ici), mais non.
En 2021, c'est le genre de propos qui doivent être retravaillés pour ne plus paraître.
RESUME:
La menace d'expulsion qui plane sur les squatteurs de l'Immeuble Taureau n'est rien en comparaison de l'imminence du cyclone
Kaïn. Ce dernier fulmine au large de la Ville (laquelle ressemble à s'y méprendre à Nouméa en Nouvelle Calédonie). L'édifice, plus que centenaire, a perdu de sa superbe d'antan. Les derniers occupants peuplent le « clapier » dans une ignorance mutuelle entretenue. Bien mal partis, semble-t-il, face au monstre qui hurle et cogne à leur porte. Mais quand l'état de la jeune Céleste, sur le point d'accoucher, requiert un médecin de toute urgence, les habitants se métamorphosent. Un miracle. Pris d'un courage et d'une empathie inconnus jusqu'alors, les voilà, solidaires, qui se dressent face à la tourmente. Vont-ils réussir à rallier l'hôpital ? Pour cela, ils devront lutter ensemble contre vents et marées.