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EAN : 9782707300645
182 pages
Editions de Minuit (01/09/1975)
4.14/5   21 notes
Résumé :
« Accentuant la rupture marquée dans son œuvre par Triptyque, Claude Simon nous donne une Leçon de choses. Titre emblématique d'une esthétique d'entrée de jeu postulée par l'auteur : “ la description (la composition) peut se continuer (ou être complétée) à peu prés indéfiniment selon la minutie apportée à son exécution, l'entraînement des métaphores proposées, l'addition d'autres objets visibles dans leur entier ou fragmentés par l'usure, le temps, un choc (soit enc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une très belle écriture, dont la trame, initialement un peu déroutante, fini par fasciner et interroger. A partir d'une même pièce, dans une maison, se développent quatre histoires parallèles, formant quatre plans différents dans le temps comme dans l'espace. Et l'on glisse de l'un à l'autre par des sutures parfois imperceptibles. La juxtaposition d'images qui, par petites touches, se répondent en écho, fait naitre des émotions d'une grande sensualité, d'un bel érotisme par moments, tout autant que d'une violence contenue, voire parfois d'une douce mélancolie. Une lente tension nait au fil des pages, nous poussant à vouloir savoir où cet exercice littéraire pourra bien nous mener. Et c'est sur un court-circuit final fidèle à tout ce que fut l'ouvrage qu'on referme le livre.
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On est dans la description, précise, sensuelle, ouverte sur récit, mais si les lieux se peuplent, si les personnages bougent, réels ou issus de tableaux ou de livres, c'est de l'extérieur, et l'on passe d'un temps, d'un récit à l'autre, de l'attente de l'ennemi dans la maison, aux ouvriers la démolissant, aux visiteurs, aux personnages du tableau, du calendrier et même aux objets du livre presque insensiblement, et sans arrêt.
Avec les deux césures que sont les divertissements où ce sont des voix, et des voix hachées (surtout dans le premier) qui se projettent sur la page.
Un côté démonstration bien sûr – mais pas que, puisque je suis restée accrochée (en plusieurs blocs de lecture) à ces lignes, pour la sensualité, sensibilité de la phrase, pour les histoires qui émergent, les articulations à peine visible qui font passer d'un plan à l'autre, et il faut bien le dire un peu ou beaucoup pour le plaisir de l'attention que le livre exige de nous.
Quand la réalité est niée, négligée à force d'être obstinément retracée, et s'impose par ces fragments.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Portée par ses ailes déployées, immense, la mouette (le goéland ?) se tient parfaitement immobile dans l'air, suspendue au-dessus du vide vertigineux, un peu plus haut que le sommet de la falaise, si près d'eux que la jeune femme pourrait presque la toucher de son ombrelle. C'est à peine si parfois, d'un frémissement d'aile ou corrigeant l'orientation des ses rémiges, l'oiseau conforte son équilibre, se laisse emporter dans une courte glissade sur le côté, remonte puis s'installe à nouveau dans son impondérable immobilité, la tête seule à l'oeil vigilant pivotant par légers à-coups, de quelques degrés, dans une direction ou l'autre. Son bec crochu et jaune, son plumage immaculé, éblouissant, se détachent sur le bleu plus bleu du ciel dans le silencieux froissement de l'air qui glisse avec une foudroyante rapidité sur son corps aux contours doucement renflés. Sans bruit, sans effort, il reste là, existant et superbe, porté par rien, comme une sorte de défi non seulement au lois de la pesanteur mais encore à l'impossible accouplement de l'immobilité et du mouvement, de même que la mer figée, le cargo à l'horizon et l'amoncellement rosé des nuages qui s'entassent dans le lointain. Brusquement, il bascule à la verticale et, emporté par le vent comme une feuille, plonge, disparaissant rapidement sur la droite.
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Un concert de caquetage affolés s'élève de la cour voisine de la maison et peu après un soldat pénètre dans la pièce, tenant deux poules mortes par les pattes. Ses cheveux, son visage, sa tunique et sa culotte sont parsemées de plumes cuivrées aux reflets mauves ou roses. Il souffle à plusieurs reprises entre ses lèvres serrées pour décoller les fins duvets. Au bout des cous flasques les têtes des poules se balancent mollement. Leurs paupières membraneuses, grises et ridées, sont closes. Les commissures tombantes de leurs becs confèrent aux têtes mortes une expression revêche, outragée.
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Fixée maintenant à un seul des côtés du col, le camée entraine le tissu sus son poids, dégageant la naissance de la gorge. Elle cache son visage dans le creux de l'épaule de l'homme. La main de l'homme s'insinue par l'ouverture. Elle remue un moment sous l'étoffe puis fait sortir un sein.
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Son bec crochu et jaune, son plumage immaculé, éblouissant, se détachent sur le bleu plus bleu du ciel dans le silencieux froissement de l'air qui glisse avec un foudroyante rapidité sur son corps aux contours doucement renflés. Sans bruit, sans effort, il reste là, existant et superbe, porté par rien, comme une sorte de défi non pas seulement aux lois de la pesanteur mais encore à l'impossible accouplement de l'immobilité et du mouvement, de même que la mer figée, le cargo à l'horizon et l'amoncellement rosé des nuages qui s'entassent dans le lointain.
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Au milieu des gravats, l'aérienne jardinière à la robe de suie, sa serpette, son bouquet, la balustrade, le géométrique bassin d'eau noire, l'oiseau noir, le baldaquin de nuages noirs, semblent constituer quelque optimiste et paradoxale allégorie apparaissant au coeur de l'hiver à la tremblante lueur des flammes comme une promesse d'espoir.
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Videos de Claude Simon (42) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claude Simon
Avec Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti & Martin Rueff Table ronde animée par Alastair Duncan Projection du film d'Alain Fleischer
Claude Simon, prix Nobel de Littérature 1985, est plus que jamais présent dans la littérature d'aujourd'hui. Ses thèmes – la sensation, la nature, la mémoire, l'Histoire… – et sa manière profondément originale d'écrire « à base de vécu » rencontrent les préoccupations de nombreux écrivains contemporains.
L'Association des lecteurs de Claude Simon, en partenariat avec la Maison de la Poésie, fête ses vingt ans d'existence en invitant quatre d'entre eux, Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti et Martin Rueff, à échanger autour de cette grande oeuvre. La table ronde sera suivie de la projection du film d'Alain Fleischer Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde.
« Je ne connais pour ma part d'autres sentiers de la création que ceux ouverts pas à pas, c'est à dire mot après mot, par le cheminement même de l'écriture. » Claude Simon, Orion aveugle
À lire – L'oeuvre de Claude Simon est publiée aux éditions de Minuit et dans la collection « La Pléiade », Gallimard. Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde (colloques du centenaire), sous la direction de Dominique Viart, Presses Universitaires du Septentrion, 2024.
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