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Critique de EvlyneLeraut
Contemporain, vif, franc « Litanie Valparaiso » est une avalanche qui déracine sur son passage tous les non-dits et les aprioris. Tranchante comme la lame d'un canif, l'atmosphère est oppressante. L'écriture, fine connaisseuse de l'alphabet, déploie ses mailles érudites. Héloïse Simon est linguiste, tout ce roman se passe dans un jeu où cette dernière s'amuse à donner le verbe en plein vol, puis la chute devient le reflet de son désespoir qui la dévore à nue. le style est relevé, la note sincère et la courbe ploie sous la vérité. Tout est posé à plat dans son extrême justesse jusqu'au plus petit point qui est signifiant. On pressant toute l'urgence du dire. L'auteure n'hésite pas un instant et pousse du pied les diktats bien-pensants. Son histoire est terrible. L'habileté de l'auteure fait chavirer le conventionnel. le majeur se trouve dans l'ambiance philosophique des Cyniques tel Diogène. Une jeune femme, à Valparaiso (suivez mon regard) chroniqueuse dans une radio locale « Valpagaille. Radio Pacifico 88,4 » lorsque la nuit amplifie les confidences dans cet espace du tout plausible, délivre ce que sa vie a de tourments, de dangers pour elle-même et son petit garçon juste né. Dépressive, son mari en fuite des tâches indispensables, toujours en déni de sa vie de couple avec enfant, se retrouve quasi toujours seule. Elle affronte à coups de mots ses souffrances en langage libre, trop libre, trop risqué. L'histoire s'élève en satyre, en fable caustique, en avant-goût d'un malheur à venir « le Pelicanus horribilis » frappe à la porte de la radio fermée à double tour. L'épuisement physique, la charge mentale de cette jeune mère auront (peut-être) raison d'elle ou de l'enfant. (Ne rien dire de plus) Ce roman est un cri, un abandon. Sans cette lâcheté facile à vaincre ses propres démons. Se battre contre l'adversité est une guerre froide envers ses propres sentiments. Glaçante, l'histoire monte en crescendo dans ce nihilisme qui foudroie et abat les cartes du raisonnable. Valparaiso est un champ de ruines pour la narratrice. La parabole du lâcher prise glace le dos du lecteur, malgré son sublime. Publié par les Editions Paul & Mike ce roman est original, atypique et courageux.
