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Marie Simon (Autre)
EAN : 9782746755802
304 pages
Autrement (13/01/2021)
3.88/5   29 notes
Résumé :
Lorsqu’Antoine la rencontre et qu’ils tombent amoureux, c’est comme si le désir venait combler tous les manques. La vie prend les couleurs d’un bonheur simple, c’est le temps d’une ivresse nouvelle et, un moment, chacun pense avoir échappé à ses secrets d’enfance. Mais bientôt, une tension sourde apparaît, un trouble qui remonte loin dans leurs histoires et qui s’installe. Jusqu’à ce que quelque chose entre eux se fissure et éclate.
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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D'un côté, Antoine, l'enfant méprisé, négligé, au nom d'une éducation revendiquée, sans amour, sans la moindre trace d'une affection, déléguée après quelques années à un pensionnat. Parcours d'autant plus dramatique qu'un traumatisme majeur sera gardé sous silence. Alors, sans illusion d'une quelconque reconnaissance de son père, l'enfant puis le jeune adulte s'en sortent plutôt bien, si l'on exclut les additions multiples.

Pour Elle, ce sont les violences physiques qui feront le lit d'une personnalité fragile, en perpétuel combat avec les troubles alimentaires.

Est-ce la fatalité ou l'attirance mutuelle liée au fait que les victimes se reconnaissent sur les éléments d'un langage non verbal ?

De ces deux enfances martyrisées, quel projet commun peut-on espérer ? Comment unir ces silences, d'un passé maudit et tu, et comment échapper à ce modèle éducatif ? Comment ne pas revivre et ne pas reproduire pour soi-même ou pour ses enfants les erreurs passées ?

C'est avec une grande empathie pour ses personnages que l'auteur restitue leur histoire, séparément puis ensemble et malgré tout ils sauront en faire une histoire d'amour, au moins pour une période qui est celle de la passion et avant que les démons ne s'emparent à nouveau de leur vie.

Certes le texte est sombre, mais n'ôte pas tout espoir de reconstruction. Et le charme de l'écriture, concise, et persuasive en fait un bon roman de ce début d'année.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Toutes les violences sont inacceptables mais certaines peuvent être justifiées ou néanmoins nécessaires pour faire avancer les choses. Je pense à certaines luttes sociales par exemple. Les violences familiales en revanche ne le sont jamais et encore moins lorsque elles s'abattent sur un enfant. lorsque la violence arrive elle n'aura de cesse de s'agripper et comme un tatouage elle sera gravée en lui. Vivre sans ne sera plus possible, il faudra vivre avec. Chacun s'en arrangera comme il peut mais les séquelles seront toujours là. Tapies, bien enfuies pour certains, prêtes à se manifester pour d'autres. Pour d'autres encore les violences subies seront telles , qu'elles feront parties d'un mode de vie, d'un mode d'expression.
Dans ce roman, Antoine et "elle", la narratrice tous deux victimes de violence familiales vont se rencontrer et, s'il ne se disent rien ils savent, ils se reconnaissent.
C'est un roman très bien écrit, intéressant, bouleversant et qui bien évidemment, vu le sujet, interpelle. Beaucoup de tendresse pour le petit Mio, et de douleurs pour elle, pour Antoine...

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Une Gifle est un roman qui alterne les points de vue. Celui d'Antoine, très intime, personnel, rédigé à la première personne pour tenter de nous immerger et de nous transpercer par ses propres sentiments. Son point de vue à "Elle", plus distant écrit à la 3e personne, celui de cette femme dont on ne connaîtra même jamais le prénom après avoir refermé le livre... Et enfin, celui de Mio, plus tard, son fils, à "Elle", à la 1ère personne, comme lui.

Le roman suit donc une construction classique en alternance mais repose aussi sur trois grandes parties.
Dans la première, on fait connaissance avec nos personnages, plus précisément on va entrer dans des brèves de vie de leur passé. Mises bout à bout, de manière anecdotiques et parfois très chocs.
Il m'a déjà manqué ici une certaine profondeur. Un petit quelque chose pour parvenir à m'attacher à eux. J'ai assisté à une surenchère de douleurs, une juxtaposition de souffrances, un manque d'amour, des actes odieux, parfois même horribles... Bref des fondations bien branlantes pour des enfants et de jeunes adultes offertes avec une vision plus noire que noire...
Dans la seconde partie, on entre dans le vif du sujet "la construction de l'humain meurtri durant son enfance", et on constate que nos personnages sont bien difficilement et bien malgré eux devenus des adultes blindés de failles, incomplets, emplis de blessures, de chagrin, d'amertume... Ici encore, tout ce qui domine ce sont les manques, les besoins impossibles à combler. Même les choses positives de leur vie m'ont paru présentées de manière trop amère (notre héros est quand même devenu médecin, ils ont de beaux enfants, tout n'est pas si noir...). J'ai continué le récit sans réussir à m'attacher à eux avec moi-même trop de manques et tout juste à peine secouée par des moments brefs et disparates de leur propre existence, sans jamais savoir qui ils étaient vraiment... Des humains certes mais des humains existant uniquement à travers leurs tourments ? Cette vision trop sombre, désolante, désespérée ne m'a absolument pas conquise. Leur pseudo bonheur manque de vrai, je me suis mise à lever les yeux au ciel, détestant presque Antoine, celui qu'il se laisse devenir, perturbée aussi par une chronologie un peu bancale (Oscar semble encore être un gamin de 11 ans dont Antoine attend donc la majorité dans 7 ans alors que sa mère était enceinte en 1994 (p65) et qu'on est maintenant selon les indications temporelles en 2019 (p158)).
Dans la troisième et dernière partie, j'étais presque soulagée d'être parvenue jusque-là ayant déjà eu envie d'abandonner ma lecture à plusieurs reprises mais curieuse de savoir ce que cette fameuse gifle, la ligne à ne pas franchir allait déclencher, j'ai persévéré... On passe alors plus de temps avec les protagonistes. C'est à mon sens le moment du livre le plus abouti car on entre plus (et mieux) dans leur intimité et on a une vision plus complète, plus globale sur le thème central, les conséquences de leur enfance troublée sur leur construction, leur personnalité et leur vie d'adulte. L'auteur essaye de résoudre sa problématique autour de l'Amour. Cet Amour qui pourrait tout réparer, sauver, changer, empêcher une reproduction des violences ? Ou pas... Une direction à laquelle je m'attendais mais qui ne m'a malheureusement encore une fois pas convaincue.

Pour résumer, à aucun moment de ma lecture je n'ai été touchée, à aucun moment de ma lecture je n'ai su ouvrir ma propre réflexion, j'ai juste laissé le fil décousu de leurs vies passer devant mes yeux, avec une indifférence non feinte. J'ai ressenti de l'aigreur, j'aurais voulu tellement plus. La lumière m'a bien manqué dans cette histoire où seule la fatalité semble trouver sa place. Trop de drames, trop de pathos, des clichés, j'ai été au bord du gouffre sans aucun espoir auquel me raccrocher. L'écriture de l'auteur certes contemporaine et maîtrisée, habitée de touches poétiques ne m'a pas non plus séduite outre mesure. Quelques coquilles (non, on ne dit pas maline), quelques erreurs d'uniformisation ou des répétitions (4 fois salles de bain(ou bains)) sur la même page, ou des maladresses de style (anacoluthes), des phrases souvent trop courtes et non développées manquant de teneur, des expressions surprenantes parfois teintées de vulgarité dont je cherche encore la véritable utilité, des dialogues mêlés au récit sans indications typographiques... Enfin, peut-être suis-je trop dure ou trop puriste... Et je veux bien l'admettre et laisser toutes libertés assumées à son auteur. Néanmoins, on est chez Flammarion...

Une Gifle, pour moi n'en sera pas une, je ressors de ma lecture plutôt insatisfaite et vraiment déçue, sans aucune marque, sans une quelconque cicatrice non plus. Ni remuée, ni alertée, encore moins bouleversée, je n'ai vraiment pas été sensible à l'essence de ce récit pourtant très prometteur et j'en suis la première désolée...
Il est évident que je vous invite à vous en faire votre propre avis, je sais qu'il a déjà trouvé son public et qu'il plaît à d'autres, alors pourquoi pas à vous ? On sent une vraie belle volonté de l'auteur de présenter sa vision, on y ressent des côtés contemporains à la "Louise Mey" qui convaincront nombre d'entre vous.
Pour ma part, c'est juste un rendez-vous manqué, un malheureux coup d'épée dans l'eau... Probablement car je ne peux pas adhérer à cette façon de voir les choses. Je ne peux pas me dire que chaque enfant qui a subi "Une gifle" (métaphore) est forcément voué à un destin malheureux, sans véritable résilience et se construire en étant vraiment heureux et épanoui. J'aurais voulu plus de nuances, plus de différences aussi entre nos deux héros fissurés par le passé (même s'il y en a déjà une de taille). J'ai ressenti cela comme une vision réductrice du traumatisme, de la maltraitance, avec un "too much" exacerbé, limite imbuvable me concernant. J'ai bien trop besoin d'un pansement d'espoir sur les sevices, sur la violence, pour guérir nos âmes meurtries, et je suis donc complètement passée à côté, sans comprendre où l'auteur voulait véritablement en venir et m'amener, mea culpa. J'espère qu'il saura vous toucher, vous.
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« Une gifle » narre la rencontre entre deux êtres fracassés par leur enfance et met l'accent sur la façon dont ils « poussent » avec ce terrible héritage, un marquage au fer rouge, un tatouage indélébile incrusté sous leurs peaux. Dans la rencontre de ces deux adultes, les dégâts inhérents à leurs blessures d'enfance ne se voient pas, ne s'imaginent pas. Antoine est un enfant méprisé par son père qui ne lui accorde que peu d'attentions. L'humiliation verbale est son moyen de communication, rabaisser par les mots ou les regards, son mantra. « Mon père, ce tyran domestique, ce gueulard silencieux. J'aimerais faire quelque chose, laisser quelque chose, l'impressionner. Ce serait tellement bon qu'il m'aime. »

« Elle » a vécu sous les attaques physiques permanentes et soudaines de sa mère. Jamais elle ne savait quand la gifle allait tomber, ni pourquoi. La gifle est devenue un moyen de communication qui manifeste une désapprobation d'adulte. « Elle » a donc trouvé un moyen de survivre « se laisser couler dans le silence », se taire en faisant voyager son esprit vers des cieux plus cléments.

« Une gifle » est un récit en trois parties : la première nous plonge dans le passé de chaque protagoniste, de l'enfance à l'adolescence jusqu'aux jeunes années d'adulte. Antoine se perd dans l'alcool et les drogues, les boîtes de nuit, la musique tellement forte qu'elle empêche au cerveau de penser. « Elle », toujours aussi silencieuse, presque mutique, rase les murs et lorsqu'elle rencontre un homme, ce n'est jamais le bon… La seconde partie explore leur rencontre, les premières fois, les projets communs, le bonheur d'être deux et la certitude que ces deux accidentés de l'enfance peuvent construire ensemble les fondations d'une maison saine. le lecteur les suit, la boule au ventre. Les voix s'entrechoquent. Tantôt c'est celle d'Antoine, tantôt sa voix à « Elle », mais aussi la voix de Mio son fils à « Elle ». C'est sans doute cette voix-là qui éclaire la relation et met l'accent sur les murs qui craquellent lentement et les masques qui tombent. « S'il fait semblant avec moi, il peut le faire avec maman aussi. » Je vous laisse découvrir seuls la troisième partie…

« Une gifle » est un roman dérangeant et suffocant parce qu'il soulève de vraies interrogations. Marie Simon remonte aux origines du mal en posant finalement une question fondamentale : deux âmes démolies par une enfance pathogène peuvent-elles se guérir ensemble ? Elle creuse, fouille, scrute, déterre, dissèque les émotions pour mieux se déchaîner sur les actes de la vie de couple qui ne résultent que de réactions qui semblent s'être greffées sur leur ADN. « Est-ce que je ressemble à mon père ? Est-ce que j'ai envie de ressembler toute ma vie à l'adolescent que j'ai été ? Je me sens comme une merde, et c'est comme s'il avait gagné. Je ne me suis pas aperçu du poids que c'était. Comme si on m'appuyait sur la tête de toutes ses forces pendant que je suis entrain de grandir. Comme si on me tenait la tête sous l'eau. (….)Toutes ces phrases, ces éclats de violence qui viennent de lui, qui me viennent de lui, qui sont restés plantés en moi comme des échardes sans qu'on ne me les retire. J'ai peur qu'elles restent sous ma peau, tout le temps. J'ai peur qu'elles repoussent. Est-ce que je serai toujours la victime de ça ou est-ce que je deviendrai le bourreau, encore et encore ? »

Une question essentielle est affichée sur le bandeau « Peut-on échapper à son enfance ? » Vous vous ferez votre propre idée, j'ai la mienne. Ce qui m'apparaît essentiel est de ne pas vouloir l'enterrer, de l'avoir toujours en tête, bien présente afin de pouvoir analyser les paroles et les gestes chaque jour, et de recommencer chaque lendemain à décrypter la moindre des réactions. « Le silence sur le secret de l'autre, qu'on devine aussi. Mais c'est un faible prix à payer pour être ensemble, non ? C'est un pari, ils le font sans négocier. »

La façon dont Marie Simon traite le sujet en apposant un être qui ne se remet pas en question et un autre qui a fixé les limites de ce qui est acceptable me semple le moyen le plus pertinent pour appliquer « C'est le plus important, elle dit, de se respecter et de se faire respecter. » Cette mise en perspective de deux personnages totalement opposés dans leurs manières d'appréhender le futur et de gérer leurs passés est la clé de voûte du roman. « Évidemment, ils n'entendent pas leurs passés respectifs puisque tout vient de commencer. Elle en vient même à oublier son passé, ce qu'elle possède aujourd'hui surpasse tout. »

La fin du roman m'amène à poser une dernière question : l'amour est-il toujours suffisant pour ne pas reproduire ? Pour guérir de son enfance ? Avec une acuité troublante, Marie Simon démontre que les écorchés vifs s'attirent, mais qu'ensemble, ils doivent affronter plus de difficultés qu'un couple lambda. Les plaies restées béantes, les entailles dans la confiance en soi, les brûlures de la mémoire, la mémoire des corps sont responsables de traumatismes impossibles à effacer. Les affronter reste encore la meilleure solution.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Décidément, ce visuel est frappant ! En 2020 il a donc fait la couverture de Cafard Noir, ma chronique ici https://melieetleslivres.wordpress.com/2020/09/22/cafard-noir-collectif-seize-lecons-denveloppement-personnel/ (je n'ai toujours pas retrouvé le moyen d'inclure mes liens dans ce nouveau machin Wordpress)
J'ai trouvé ce livre dans une liste Babelio... il y a un mois je crois. Il s'agit de violences intra familiales, plus précisément de violences envers les enfants. Et l'actualité (le procès dit "du Petit Tony") en parle, mais aussi parce que malheureusement, c'est encore et toujours d'actualité, tous les jours. Parce que dans mon métier d'éducatrice de jeunes enfants, j'en ai vu, et entendu, de ces drames, et j'ai beau essayer de me les sortir de la tête, je ne peux pas.
L'histoire : Lorsqu'Antoine la rencontre et qu'ils tombent amoureux, c'est comme si le désir venait combler tous les manques. La vie prend les couleurs d'un bonheur simple, c'est le temps d'une ivresse nouvelle et, un moment, chacun pense avoir échappé à ses secrets d'enfance. Mais bientôt, une tension sourde apparaît, un trouble qui remonte loin dans leurs histoires et qui s'installe. Jusqu'à ce que quelque chose entre eux se fissure et éclate.
C' est l'histoire de deux enfants, qui ne se connaissent pas. Il y a Antoine, et il y a "Elle" dont on ne connaitra pas le prénom (ça, je n'ai pas compris pourquoi). Antoine est terrorisé par son père, dont il subit les crises de colère et les coups régulièrement, sans aucun prétexte. Il subit toute son enfance, et dès son adolescence trouve une échappatoire : sortir en cachette, boire, se droguer. Dès qu'il rentre chez lui il reçoit des "roustes" de la part de son père, mais finit par être envoyé en internat, où il accentue ses excès en fuguant et en entraînant ses amis.
Les chapitres sont alternés, la vie d'Antoine, celle d'Elle. L'enfance de la petite fille est faite de coups, de privations, de douches glacées de la part de sa mère, le père n'intervenant pas. Elle se dit qu'elle va encore continuer à faire tout ce qu'elle peut pour être aimée. Et leur vie, leurs rencontres, à Antoine et elle se croise dans le livre, chapitre par chapitre, une vie puis l'autre, Antoine dans sa vie de fuite dans l'alcool et la drogue, et pour les deux, dans des relations abusives. Jusqu'au jour où ils se rencontrent et forment un couple, s'aiment, Chacun a un enfant, d'une relation précédente. le week end pour Antoine, qui a son fils Oscar d'une précédente relation, et Elle aussi a un petit garçon, Mio. Tous leurs sentiments et leurs pensées se chevauchent ainsi chapitre par chapitre, et on se rend compte que si Elle veut surtout être aimée et "complaire" à Antoine, lui est plutôt tendu vers son propre plaisir, confort, et en devient inquiétant. le couple fonctionne, avec des grains de sable, le désir d'enfant qu'elle a, et lui pas du tout. Et lorsqu'il commence à avoir des gestes brusques, l'ambiance s'alourdit.
C'est ici la démonstration de ce que la violence familiale peut infliger à un enfant, de ce que ce climat peut donner sur la vie de ces enfants, sur son comportement d'adulte. et comment on peut, ou pas, rompre ce cercle vicieux abominable des mauvais traitements à enfants. C'est très bien écrit, bien analysé, et ce livre peut aider des parents, des enfants, ayant subi ces horreurs.
Une gifle- Marie Simon, ed Autrement, 304 pages, 13 Janvier 2021
Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Un autre truc notable, c'est qu'elle apaise ma colère, au lieu de l'augmenter, le plus souvent. Je m'entends crier, et puis je vois la surprise sur son visage, et je la regarde transformer ça. Elle absorbe ma colère, elle lui parle, elle la compense. Ensuite, elle en fait autre chose, elle la sort et me renvoie une image de moi drôle, ou tendre, ou les deux. Encore un tour de magicienne.
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Mais tout n’est pas triste et violent, non, il y a de bons moments qui méritent que l’on remonte à la surface. Des vacances, des lectures, de petits plaisirs – une robe à fraises brodée – que son père lui ramène un soir, une cassette que lui envoie son oncle pour son anniversaire, un foulard que lui prête sa mère, des glaces à l’eau mangées en Espagne. Ils sont rares, il ne faut pas s’y habituer, parce que sinon quand une gifle tombe ensuite et on est trop déçue, un autre morceau qui se brise – un jour, il n’y en aura plus. Il faut limiter la casse, et ne pas trop s’écouter. Profiter des figures aimantes, sa grand-mère maternelle, qui lui coud des poupées, lui prépare des soles, et lui gratte le dos la nuit, quand elle a le droit de dormir chez elle. Son arrière-grand-père, qui lui apprend le dessin, lui dit d’ouvrir grand sa mémoire et d’absorber tout ce qu’elle voit, tout ce qu’elle entend, et lui prédit qu’elle écrira des livres, un jour. Il faut en profiter, parce que bientôt elles ne seront plus là ces figures tant aimées. Seule. Il restera sa mère, si effacée jusqu’au départ du père, et qui deviendra furie du jour au lendemain, trop blessée par cette rupture pour pouvoir en revenir tout à fait.
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Susciter l’admiration de mon père quant à ma rapidité, et alors je lui expliquerais mon raccourci. Mais ce n’est pas comme ça que ça se passe. Ce qui se passe, je ne peux pas en parler. Je ne pourrai jamais en parler. C’est pire que ce que je connais. Je ne comprends pas pourquoi moi. Je voudrais me pincer mais je ne peux pas bouger. Et en même temps je sais que c’est à moi que ça arrive. Il n’est pas grand, il n’a pas l’air si méchant, il ne dit rien. Il est brusque, il fait un drôle de bruit, il respire fort, il râle. Il ne croise pas mon regard, et moi je ne comprends pas.
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En cas de doute, il suffit de rappeler les voix, ou de regarder les photos. L'amour heureux est bien là. On n'a pas de photos des disparitions, des silences et des lâchetés, curieusement.
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J’aime ce moment de liberté, je rends service, je respire, personne ne m’embête ou ne me dit quoi faire. Que je suis nul. Je marche uniquement sur le sable quand il ne présente aucun caillou, c’est un peu plus long, mais ça me donne le droit de faire des vœux chaque fois qu’aucun gravier ni minuscule caillou ne vient se loger sous ma basket. Attention, je ne peux pas faire de pas en diagonale non plus : tous doivent rester parallèles ou perpendiculaires. Je suis très fort à ça, je ne rate jamais.
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Video de Marie Simon (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie Simon
Marie Simon - Décolleté .Marie Simon nous présente son ouvrage « Décolleté » aux éditions La table ronde, collection Pictum. Pour en savoir plus : http://www.mollat.com/livres/marie-simon-decollete-9782710371632.html Notes de musique : ® Make Your Breasts Kiss / Strong Arctic Winds Take Terns: Fourteen Songs Written and Recorded Between 2003 and 2004
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