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EAN : 9782702144183
368 pages
Calmann-Lévy (02/11/2012)
3.63/5   15 notes
Résumé :
Nouvelle Calédonie, début 1944. Edouard Delaunay est un riche exploitant de mines de nickel. Veuf, il a trois enfants. L’avenir semble lui sourire en cette fin de conflit mondial mais le sort en décide autrement. En l’espace d’un mois, ses trois enfants meurent dans des circonstances dramatiques. Si les enquêtes concluent à des accidents, l’hypothèse criminelle ne peut être totalement exclue. Mais pour quelles raisons aurait-on tué les enfants Delaunay ? D’un remari... >Voir plus
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il ne se passa rien au cours de cette première nuit. Après le repas, Heikura avait rejoint la case des femmes et Edouard fut logé dans une autre habitation réservée aux hôtes de passage.
Mais il prit l'habitude de visiter ses mines plus souvent et de s'arrêter dans le village. (...) Cependant, malgré cet accord tacite, Edouard n'avait pas l'intention de brusquer Heikura. Chaque rencontre le rendait encore plus amoureux. Il ne lui fallut guère de temps pour faire tomber les défenses de la jeune fille, qui ne demandait qu'à se laisser conquérir. Une nuit, elle vint le rejoindre dans sa case.

Cela aurait pu n'être qu'une aventure éphémère, une de plus.
Joséphine le savait et ne s'en formalisait pas. Les ébats amoureux ne l'attiraient pas et elle ne s'y résolvait que par devoir. (...)
Edouard, doté d'un tempérament solide, n'y avait jamais trouvé son compte.
Il avait tenté, au début de leur union, de montrer à sa jeune épouse que les jeux sexuels pouvaient être source de plaisir et de joie. Il avait échoué. (...)
Edouard s'était donc rabattu sur des femmes de passage, tant canaques qu'européennes, chinoises ou indonésiennes, avec lesquelles il avait partagé des moments coquins, mais sans lendemains.

Cela n'avait rien à voir avec ce qu'il avait découvert dans les bras de la belle Heikura. Lorsqu'il la tenait contre lui, il avait envie de se fondre en elle.
Très vite, il n'avait pu se contenter de la voir à chacun de ses déplacements.
Il lui avait proposé de venir vivre avec lui à Nouméa.
Joséphine s'était étonnée de le voir s'absenter si souvent pour visiter ses mines. Après quelques tergiversations, il avait décidé de lui dire la vérité.
Contrairement à ce qu'il avait redouté, elle avait pris la chose avec sérénité. A la vérité, elle y trouvait avantage. Elle n'aurait plus à partager sa couche, puisqu'une autre s'en chargeait. (...)

Il avait donc installé Heikura chez lui. Il s'était attendu à ce que Joséphine mène la vie dure à la nouvelle venue. Mais son épouse était dotée d'un caractère bienveillant. Elle avait accueilli Heikura avec une réelle amabilité.
Il avait compris plus tard pourquoi. Joséphine ressentait déjà les premières atteintes du mal qui allait l'emporter, et elle préférait connaître celle qui allait la remplacer auprès de son mari. Elle avait été séduite par la nature joyeuse de Heikura, par son rire clair et sa générosité semblable à la sienne. Les trois enfants étaient encore jeunes et elle leur servirait bientôt de mère de substitution.

Edouard était devenu bigame, ce qui ne manquait pas de faire jaser dans le milieu des fonctionnaires coloniaux et des grands propriétaires. Mais il n'en avait cure. Sa fortune était suffisante pour faire clore les becs les plus bavards.

Une bouffée d'affection remonta à l'esprit d'Edouard à l'évocation de sa première épouse. Elle avait fait preuve d'une discrétion et d'un courage exemplaires devant l'adversité. Longtemps elle lui avait caché son état, dont elle avait averti Heikura avant lui. Lorsque, au cours de l'année 1916, la jeune métisse avait attendu un enfant, Joséphine l'avait assistée, rassurée, et elle l'avait aidée à mettre son bébé au monde, une superbe petite fille de sept livres qui avait les mêmes yeux verts que sa maman.
Le bébé avait reçu le prénom de Valentine. Mais, en raison de ses origines, on lui avait aussi donné celui de Taïna, auquel elle répondait dans la famille canaque de sa mère.
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Joséphine était née pour être mère.
Lui-même, homme d'affaires redoutable et habitué au combat, appréciait de pouvoir se reposer parfois sur sa poitrine confortable.
Poitrine qu'elle réservait de préférence à l'usage pour lequel la nature l'avait conçue : allaiter des bébés. Car Joséphine était peu portée sur les jeux d'alcôve. Cependant, avant de rejoindre un monde réputé meilleur, elle avait eu le temps de donner trois enfants à Edouard.

Georges, l'aîné, avait vu le jour en 1909, moins d'un an après le mariage de ses parents. C'était un gaillard robuste, une sorte de colosse au caractère vif, mais à la nature généreuse, qui bénéficiait d'une autorité naturelle à laquelle il ne faisait pas bon s'opposer.
Edouard lui-même s'était souvent retrouvé en conflit avec lui.

Mais ce n'était pas pour déplaire au vigoureux exploitant minier, qui appréciait que son fils fît montre d'une forte personnalité.
Cette combativité lui prouvait que Georges était à même de reprendre le flambeau. C'était à lui qu'il avait confié le soin de superviser le travail des mineurs. Ce qui expliquait ses déplacements réguliers sur les différents lieux d'exploitation.

Malgré sa dureté en affaires, Edouard mettait un point d'honneur à rétribuer ses ouvriers honnêtement, les intéressant même aux bénéfices de l'entreprise.
Il estimait qu'un ouvrier avait un meilleur rendement s'il pouvait tirer avantage de son travail.

Edouard pensait, comme tous les colons, que son rôle consistait à amener la civilisation dans ces contrées sauvages où les gens, quelques décennies plus tôt, s'adonnaient encore au cannibalisme. La venue des prêtres catholiques et des pasteurs protestants avait eu ceci de bon qu'ils les avaient convaincus d'abandonner ce rituel singulier, autrefois fort répandu dans toute l'Océanie.

Cependant, Edouard respectait les indigènes. Il s'intéressait à leurs coutumes et entretenait avec eux de bonnes relations. Il se savait apprécié par ses employés, ce qui n'était pas le cas de nombreux exploitants miniers, dont beaucoup descendaient de bagnards ayant purgé leur peine.
C'était d'ailleurs en offrant des salaires plus attractifs et en jouant sur sa réputation de patron exigeant, mais juste, qu'il avait réussi à débaucher les meilleurs éléments de ses concurrents, les contraignant ainsi à la faillite.
Son fils Georges approuvait cette politique et l'avait poursuivie depuis qu'il avait repris l'entreprise.
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A trente-cinq ans, Georges était encore célibataire.
Amateur de jolies femmes, il disait qu'il les aimait trop pour se contenter d'une seule. Infidèle et séducteur, il faisait fuir les partis intéressants, mais attirait comme des mouches nombre de femmes mariées qui venaient s'encanailler dans la petite garçonnière qu'il possédait à Nouméa.
Malgré ce caractère volage, Edouard ne désespérait pas de le voir fonder une famille. Avec sa mort, cet espoir s'évanouissait définitivement.
Sa disparition était un coup dur pour les mines Delaunay.

Le fils cadet, Albert, n'avait aucune des qualités de son aîné. Agé de 33 ans, le visage rond et le ventre confortable, il souffrait d'une nonchalance qui le portait à une oisiveté perpétuelle. Edouard doutait qu'il fût capable de s'intéresser à autre chose qu'au jeu et aux femmes. Albert passait son temps à traîner dans les bars et les cercles clandestins de Nouméa en compagnie d'individus peu recommandables. (...)

Albert avait été marié une dizaine d'années plus tôt.
Edouard n'avait pas approuvé cette union. Son épouse, Elise Lavergne, était une fille très jolie, mais d'aspect et de manières vulgaires. Elle descendait de ces premiers colons dont on ne savait pas trop s'ils étaient passés ou non par la case "bagne" avant de se fabriquer une honnêteté.
Edouard s'était rendu compte que la jeune femme était avant tout intéressée par le fait qu'Albert appartenait à une famille fortunée. Elle avait su le séduire et l'avait mené par le bout du nez. (...)

la troisième, Gabrielle, ne pleura pas. Cela n'étonna pas vraiment Edouard.
Entre eux, les relations se révélaient plus délicates. Née en 1912, elle avait hérité du joli visage de Joséphine et du caractère autoritaire de son père, ce qui constituait un contraste étonnant.
Huit ans plus tôt, elle avait épousé le fils d'un haut fonctionnaire de la capitale néo-calédonienne, un jeune homme timide et effacé, Henri de Villenérac.
Cette alliance apportait à la belle Gabrielle une particule dont elle se flattait beaucoup.
C'était à Gabrielle que le grand-père maternel, Auguste Boulanger, mort au début des années trente, avait légué sa plantation de café, située dans la région de Païta, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Nouméa.
Contrairement à Edouard, elle avait tendance à exploiter ses ouvriers et professait un mépris affiché pour les Canaques, qu'elle jugeait paresseux et indignes de confiance. Ce qui expliquait la rotation continuelle de ses quelques employés indigènes, peu désireux de rester au service d'une femme aussi despotique. Edouard avait tenté plusieurs fois d'avoir une discussion avec elle à ce sujet ; elle avait refusé de l'écouter. (...)

Au-delà de son chagrin, Edouard ne pouvait s'empêcher de mesurer les conséquences de la mort de Georges. Albert n'était pas en mesure de prendre la suite de son frère. Quant à Gabrielle, les mines ne l'intéressaient pas, et il n'avait pas envie de la voir appliquer dans ses mines les mêmes méthodes que dans sa plantation. Ce serait le meilleur moyen de faire fuir les ouvriers.
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Robert avait le même âge qu'Edouard. Comme lui, il n'était pas né sur le "Caillou", ainsi que les autochtones désignaient familièrement la Nouvelle-Calédonie. Tous deux avaient vu le jour en France, cinquante-neuf années auparavant. Mais ils ne conservaient aucun souvenir de leur pays de naissance. Comme le père d'Edouard, celui de Robert était fonctionnaire colonial. Cependant, il n'avait jamais été tenté par l'exploitation minière et était sagement resté à la place que l'administration lui avait dévolue. Ce qui ne l'avait pas empêché de mourir moins de dix ans après son arrivée.

Edouard et Robert avaient grandi ensemble, fréquenté les mêmes écoles, séduit les mêmes demoiselles à l'adolescence, chassé et pêché ensemble.
Ensemble, ils avaient appris à "péter" des cerfs ou des roussettes dans la brousse, à "gagner" des poissons dans les lagons.
Une solide amitié et une grande complicité les unissait, ce qui amenait parfois Robert à fermer les yeux sur certaines actions engagées par Edouard pour s'emparer à bas prix de nouvelles mines.

Tous deux s'étaient mariés. En 1908, Robert avait convolé avec une demoiselle nommée Irène Mangin, fille d'un fonctionnaire fraîchement débarqué de la métropole. La même année, Edouard avait épousé l'héritière d'un planteur de café, Joséphine Boulanger. Il avait vingt-trois ans, elle en avait vingt. Elle était plutôt jolie, discrète et soumise.
Si Irène, l'épouse de Robert, vivait toujours, Joséphine s'était éteinte, rongée par le cancer, en 1918. Edouard avait souffert de sa disparition.
Il n'avait jamais été très amoureux d'elle, mais elle lui avait apporté l'appui de son affection solide et de sa gentillesse.
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Va chercher bonheur plus bas :D - La vidéo en HD c'est encore mieux.
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Découpage de la vidéo : * La partie roman : 1.40
Le book haul sur mon blog : http://bloggalleane.blogspot.fr/2016/01/book-haul-decembre-2015.html
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Récapitulatif des livres cités Mangas : ? Sword Art Online Progressive, tome 3 de Reki Kawahara ? Shirayuki aux cheveux rouges, tome 9 de Sorata Akiduki ? Daytime Shooting Stars, tome 4 de Mika Yamamori
Romans : ? le journal intime de Marie-Cool D'india Desjardins ? le dernier royaume, tome 1 : Les cendres d'Auranos de Morgan Rhodes ? Les chroniques de Wildwood, tome 2 et 3 de Colin Meloy ? La célibataire d'India Desjardins et Magali Foutrier ? Phobos, tome 2 de Victor Diwen ? Fermez les yeux de C.J. Cooper : http://www.amazon.fr/Fermez-yeux-C-J-COOPER/dp/2253107743/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1452351801&sr=8-1&keywords=fermez+les+yeux ? le trône de fer, l'intégrale 5 de Georges R. R. Martin ? La protégée de l'apothicaire de Stéphanie Tréteault ? Les lieux sombres de Gillian Flynn ? le bonheur côté pile de Seré Prince Alverson ? Lueur de feu, tome 2 : Soeurs rivales de Sophie Jordan ? La guerre des volcans de Bernard Simonay
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