Décembre 1870
Assise dans un petit fauteuil à sa taille,auprès de l'âtre qui diffusait une bonne chaleur,Sylvine regardait fixement la pierre blanche de la cheminée. Son visage reflétait une gravité que l'on ne se serait pas attendu à rencontrer chez une fillette de cinq ans.Autour de la longue table de bois de la cuisine ,son père et ses compagnons échangeaient des propos angoissants .Ils utilisaient des motscdont elke ignorait le sens ,mais elle comprenait qu'il se passait des choses très graves.
Brave homme, dur au labeur, il avait toutefois tendance à chérir la dive bouteille au-delà du raisonnable. Son "barricot" de cinq litres de "terras", un vin léger local, ne lui faisait pas la journée. Mais en cela, il n'était pas le seul. Chaque gueule blanche recevait cette quantité de vin par jour.
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C'est promis.Nous allons faire agrandir la maison ,pour que vous ayez chacun votre chambre.Plus tard ,nous construirons d'autres maisons ,quand vous vous marierez. Parce que je vais avoir besoin de vous pour cultiver la vigne.
--Oh, c'est d'accord ,comme avant!
--je veux que papa soit fier de nous.
--Il le sera.Maman aussi.Tu verras,Sylvine, les plus belles vendanges sont celles qui restent à faire.
Adolphe Grėville s'était imaginė que rester enfermée sans voir personne commencerait à rabattre le caquet de cette odieuse gamine.Jamais encore on n'avait osé lui parler sur le ton qu'elle avait employé lorsqu'il avait rendu visite à sa mère, quelques semaines auparavant.Il fallait que ce fût elle !Cette petite peste de Sylvine !
Et voilà qu'elle le défiait à nouveau en s'échappant .