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EAN : 9791095086901
Inculte éditions (12/09/2018)
4.5/5   3 notes
Résumé :
« Je sentais que Londres, ma ville depuis plus de cinquante ans, était aspirée dans un vortex de vide. » C'est ainsi que Iain Sinclair, figure monumentale de la scène littéraire anglaise, résume la fin de sa trilogie londonienne, «Quitter Londres». Après deux livres salués par la critique internationale, «London» «Orbital» et «London Overground» (tous deux parus chez inculte, puis réédités en poche chez Babel/Actes Sud), «Quitter Londres» plonge dans la magie d'une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Récits d'errances, de fantômes mais surtout de présence d'une ville, Londres, dans ses mutations urbaines, la pauvreté de ses projets vendues comme autant de vaines promesses politiques, Quitter Londres est un livre d'un enchantement mélancolique. En très fin écrivain, Iain Sinclair fait assaut d'ironie et d'érudition pour donner à voir et à attendre son quartier d'Hackney dont il est un des passants les plus essentiels.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Le somptueux point provisoirement final de l'arpentage d'un Londres désormais disparu.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/09/22/note-de-lecture-quitter-londres-iain-sinclair/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Piquée par l’homme du banc – comment il était arrivé là, comment il survivait -, ma curiosité innocente m’avait une fois de plus entraîné dans une histoire de détective constituée uniquement de débuts, de photos arbitraires étalées sur le bureau de mon père, de poursuites mal ficelées à travers les parcs et les ruelles d’East London. Tout cela me rappelait la vision de « l’ange de l’histoire » chère à Walter Benjamin. Jean-Luc Godard en parlait dans une interview de 1978. « Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées… Son visage est tourné vers le passé. Là où nous apparaît une chaîne d’événements, il ne voit, lui, qu’une seule et unique catastrophe, qui sans cesse amoncelle ruines sur ruines et les précipite à ses pieds. » L’ange cinématographique de Godard est chargé de réveiller les morts et de témoigner avant que la tempête nous entraîne dans un avenir incompréhensible. « Cette tempête est ce que nous appelons le progrès. »
Sans aucune raison, je pensais à mon ange comme à une femme. Et je l’associais aux guerrières ailées sur leur piédestal en face du Royal London Hospital, à Whitechapel. C’était, je suppose, un autre lien avec Gemma McCluskie.
Dans l’état qui se manifeste quand des projets prennent forme et dictent leurs termes, au gré de l’excitation des coïncidences et des découvertes, des coups de fil inattendus, des e-mails d’inconnus, j’avais du mal à trouver le sommeil. Les rues devenaient un rêve de substitution. Mes insomnies préliminaires étaient d’aimables fugues qui me permettaient d’explorer la nuit tout en échappant aux combats de rue des renards et des chats. La confrontation aux premières lueurs trompeuses d’un jour nouveau pouvait être vue comme une préparation aux marches nocturnes que je prévoyais, où je me priverais de sommeil pendant des heures afin de parvenir à cette dissociation de la sensibilité grâce à laquelle Londres, halluciné, lèverait enfin le voile sur les mystères qui m’occupaient depuis cinquante ans.
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Pour nous, et pour les investisseurs des nouveaux appartements avec leurs nouveaux noms, leurs grilles sécurisées, leurs balcons à vélo, cet ancien Londres est hors de portée : un téléchargement au choix, un tarot d’images et de sons validés. Ceux qui remarquent l’homme du banc sont affligés par un sentiment : que notre ville est un être conscient, un organisme vivant et alerte dans toutes ses parties. Et capable, génération après génération, de se renouveler en restaurant et en conservant les mythes qui comptent. En tempérant la cupidité. Par les protestations justifiées, et les délires de la foule appelant une réaction. Ce qui oblige la sinistre machinerie de l’État à s’affirmer à travers de nouvelles technologies de répression, une gamme plus subtile de tasers ou de rouets. Après tant d’avortements et de renaissances, Londres est un ventre épuisé. Mais quelque chose de différent émergera sûrement. Comme toujours.
L’homme sur le banc – dans la version fictive que je me suis inventée, étant donné mon ignorance des circonstances réelles qui l’ont conduit ici – est paralysé par cette connaissance. Sous camisole chimique, le cerveau matraqué, il est confiné dans les ténèbres. Le HMS Haggerston Park, son intégrité spatiale confirmée par l’affection désintéressée du Bouddha, poursuit sa navigation. Que voulait-il me dire ? La position qu’il venait occuper chaque matin, à peine les grilles franchies, avait-elle une signification ? Je ne le voyais jamais arriver. Je ne le voyais jamais partir. Il m’invitait à regarder dans la même direction que lui, en témoin, à travers le parc, par-delà Hackney Road, du côté de la City et de la Tamise.
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Je m’abandonnais aux dialogues effrénés des joggeurs et des cyclistes de toute l’Europe, et de partout ailleurs : Londres était un paysage acoustique intégral dans lequel chaque culture était libre d’ignorer les manifestations de différence des autres. Nous restons chacun dans notre bulle, nous naviguons sur des voies parallèles qui ne se croisent jamais. La langue anglaise est une telle rareté que je me suis mis à retranscrire les bribes lancées par les accros du téléphone, robots en transit qui utilisent leurs appareils électroniques intelligents comme des instruments de visée. Un drone dans ta main vaut mieux que deux sous les ordres de George Bush.
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J’étais venu ici – et j’allais bientôt reprendre la marche, sans savoir encore pour où – car j’avais le sentiment que Londres, où j’habitais depuis cinquante ans, affrontait une force centrifuge qui confinait à l’anéantissement ; et j’étais incapable de dire exactement où, et comment, cela commençait et s’arrêtait. J’accordais un certain crédit à l’idée avancée par certains intellectuels, selon lesquels Londres devait son existence à la stratégie colonisatrice des Romains : installez des thermes, des bordels, des marchés, et ils viendront. Les tribus éparses de rustres habitant dans des huttes ne résisteraient pas au chant de la polis, à la cité murée, point de ralliement. À son bruit, à son animation. À ses marchandises exotiques et à sa population. Ça avait marché avec moi. Et il y avait matière aussi, en me défaisant peu à peu de mon ignorance, en déchiffrant les traces et les signes, à alimenter le travail d’une vie. Des livres qui avaient éprouvé autant de formes d’échec, adaptées aux différentes époques, jusqu’à ce que tout change : que le réel cède la place au virtuel.
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Résoudre des énigmes, déchiffrer les noms de rue et le mobilier urbain, les inscriptions sur les murs, les rectifications des publicités à l’aérosol, les objets, les listes ou les lettres, les cartes à jouer détrempées, comme les pages arrachées d’un livre perdu, assimile Londres à une histoire de détective. Une histoire aux chapitres sans fin et sans résolution. Le but étant de trouver l’inspiration pour un prochain voyage, un nouveau départ. Une autre tentative de rédemption.
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Video de Iain Sinclair (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Iain Sinclair
Le vendredi 5 octobre 2018, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr ) avait la joie d'accueillir Iain Sinclair à l'occasion de la publication de son "Quitter Londres" chez Inculte Dernière Marge, dans une traduction de Maxime Berrée. La traduction simultanée le soir même était assurée par Jérôme Schmidt.
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