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Critique de ODP31


Yasha Mazur tient plus de David Copperfield que de Garcimore.
Le magicien de Lublin illusionne son monde et séduit toutes les femmes pendant ses tournées à travers la Pologne de la fin du 19ème siècle.
Accompagné de son assistante Magda, d'un perroquet et d'un singe, il se produit dans les salles de province, hypnotise, avale des épées, crache du feu et rêve de gloire dans les capitales européennes.
Entre deux tours de passe-passe, l'artiste passe partout et se permet quelques détours pour s'offrir quelques passes. Epris de liberté, aucune serrure ne lui résiste et il est obsédé par l'idée de trouver le moyen de voler comme un oiseau. Un sacré numéro.
Pris en étau entre son épouse fidèle et docile, sa jeune assistante fougueuse et jalouse, la femme d'un prisonnier et surtout par Emilia, jeune veuve avec laquelle il imagine partir pour l'Italie, il étouffe et fuit sans cesse ses responsabilités, peu avare de promesses qu'il honore moins que celles qui veulent bien les croire.
Juif polonais, Yasha fuit également les synagogues. Mais son athéisme de façade ne l'absout pas de cas de conscience sur le prix à payer sur le chemin de la fortune et de révélations mystiques. Il va peu à peu perdre la magie de sa baguette.
Cette histoire, écrite avec des mots simples, pourrait passer aujourd'hui pour un conte folklorique un peu désuet, mais l'auteur, Isaac Bashevis Singer est le véritable prestidigitateur de Lublin. Dans son chapeau, ne sort pas une colombe mais une quête identitaire qui révèle que personne n'échappe vraiment à ses racines.
Prix Nobel en 1978, Isaac Bashevis Singer a toujours écrit en Yiddish malgré son exil aux Etats Unis en 1935 pour fuir l'antisémitisme et il répéta souvent qu'il ne parlait que de lui dans ses livres, car, pour résumé, c'était le sujet qu'il connaissait le mieux. Comme son personnage, l'auteur était parait-il trigame et collectionnait les garçonnières.
Si par son indécision chronique, l'envie de découper à la scie Yasha Mazur dans un numéro raté m'a traversé l'esprit, cette histoire divertissante se singularise à mes yeux par une morale non binaire qui touille tentation et pénitence.
En ses temps difficiles, un peu de magie ne fait pas de mal et il est bon de se souvenir du rire célèbre, communicatif et enfantin de Garcimore. Il marche encore. Mieux que ses tours.
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