C'étaient des tisserands allemands et moraves qui venaient s'installer en Pologne. Chez eux il y avait trop de monde et pas assez de pain, alors qu'en Pologne il y avait du pain mais point de marchandises. Les paysans polonais portaient des vêtements de grosse toile de lin qu'ils tissaient eux-même. Citadins et militaires devaient recourir à des importations étrangères que les juifs faisaient généralement venir de Dantzig par la Vistule, d'où une sortie des capitaux du pays. Des agents envoyés en Allemagne incitèrent les tisserands allemands à venir s'installer en Pologne : on leur offrait de la terre gratuitement, l'exemption du service militaire, une remise d'impôts les premières années, la liberté de respecter leurs coutumes et de pratiquer la religion protestante.
Ces tisserands, paysans pour la plupart, apportaient avec eux tous leurs biens, du bétail aux animaux domestiques, des fuseaux aux accordéons, des fouets aux charrues. Avec eux se trouvaient des pasteurs luthériens et leurs familles chargés de défendre la foi protestante dans ce foyer de papisme qu'était la Pologne, et de perpétuer leur allégeance au Dieu allemand et au Kaiser.
Les caravanes se dirigèrent vers les basses terres qui s'étendaient de Zyrardow à Kalisz, de Pabjanice à Zgierz et à Piotrkow. Certains tisserands établirent domicile autour de la ville de Lodz, toute proche de l'étang Ludka. Aux abords de la ville, près d'une route qui menait à des forêts de pins, ils construisirent des maisons, aménagèrent des jardins, creusèrent des puits, firent pousser du blé, des pommes de terre, et installèrent leurs métiers de bois.
Les Polonais appelèrent cette communauté Wilki (loups en polonais), en raison des loups qui venaient souvent roder par les jours de grand froid. Ils interdirent aux juifs de s'y établir.