Yentl et autres nouvelles

Ce recueil rassemble des contes et récits, presque tous imprégnés de fantastiques, dans l'esprit de la grande tradition des contes et récits de la culture ashkénaze. J'y ai retrouvé des inspirations proches de celles d'Isaac Babel dans les contes d'Odessa, avec un souci des détails qui nous permettent de nous représenter la vie quotidienne des juifs ashkénazes au début du 20ème siècle. Il y est beaucoup question d'éléments religieux, mais je trouve que le contexte aide bien le profane à comprendre, nul besoin de notes. La première nouvelle, Yentl, est l'histoire d'une jeune fille qui se fait passer pour un garçon pour pouvoir étudier la Torah interdite aux femmes. La suivante, Taibele et son démon, nous permet de découvrir sur un mode mi-fantastique mi-humoristique d'autres aspects des tabous sexuels dans cette culture, ainsi que d'approcher les thèmes du deuil et de la mort qui sont centraux dans les trois suivantes : Esther Kreindel la seconde, La brève journée du vendredi et Un mariage à Brownsville. Au passage nous découvrons toujours la vie quotidienne dans un village, ainsi que l'organisation du shabbat et un mariage dans la communauté juive américaine. le fantastique et le merveilleux ne semblent jamais bien loin. L'avant-dernière nouvelle, Les coureurs, est pour moi la moins réussie, bien que son sujet soit fort intéressant, abordant le sort de quelques juifs de Varsovie qui ont fui la ville au moment de l'arrivée des allemands en 39. Comme dans toutes ces nouvelles l'humour est toujours présent, même pour raconter des événements dramatiques. Quand à la dernière nouvelle, La ligne qui manquait, après tous ces récits teintés de fantastique, c'est un joli clin d'oeil au cartésianisme avec l'explication rationnelle d'un fait énigmatique. L'ensemble était d'une lecture fort agréable et pour moi la découverte d'un auteur dont je ne connaissais que le nom et qui s'est avéré un excellent conteur.

Isaac Bashevis Singer prolonge la grande tradition des conteurs yiddishs traditionnels. Écrivain, auteur de romans en yiddish, il reçut à deux reprises le prix Louis Lamed, le National Book Award (ex-aequo avec Thomas Pynchon) en 1974 et finalement le prix Nobel de littérature en 1978 «pour son art de conteur enthousiaste qui, prenant racine dans la culture et les traditions judéo-polonaises, ramène à la vie l'universalité des conditions humaines». Par ses écrits, il a bien aidé bien la profane que je suis à comprendre la culture et la religion juive.
C'est un recueil de contes et récits, plus ou moins fantastiques, de la culture ashkénaze.
La première nouvelle, et de loin ma préférée, Yentl, est l'histoire d'une jeune fille qui se fait passer pour un garçon pour pouvoir étudier la Torah interdite aux femmes. Comment ne pas penser à Barbara Streisand !

Une série de nouvelles qui à l'exception de la première, Yentl, relève du fantastique.
L'auteur nous renvoie pour la plupart d'entre elles dans les communautés juives de Pologne et de Lituanie dans les années précédant le cataclysme qu'a été pour elles la Seconde Guerre Mondiale.
Dans la première, « Yentl » est une jeune fille devenue orpheline qui contrairement à la Loi qui interdit aux femmes de la lire, a lu la Torah à son père gravement malade, et qui pour continuer son étude du texte sacré s'est fait passer pour un garçon, mais qui devra bien finir par réussir d'une manière ou d'une autre à sortir de son mensonge dans lequel elle s'est enfoncée de plus en plus.
Dans les suivantes, « Taibele et son démon », « Esther Kreindel », « La brève journée du vendredi » et « Un mariage à Brownsville », nous sommes totalement dans le récit entre réalité et fantastique dans lesquels la mort est bien souvent présente alors même que les protagonistes n'ont pas compris qu'ils avaient franchi le pas vers une autre dimension.
« Les coureurs » revient quant à elle clairement sur le sort des juifs de Varsovie qui ont fuit devant l'arrivée des nazis pour se retrouver dans les griffes de Staline.
« La ligne » qui est la dernière de ces nouvelles nous raconte une histoire on ne peut plus fantastique mais avec une explication tellement rationnelle.
Un excellent recueil qui nous plonge dans la culture et les coutumes des juifs ashkénazes et fait revivre des populations entières anéanties par la folie des hommes.

« Yentl et autres nouvelles » de Isaac Bashevis Singer, prix Nobel de littérature 1978.
Recueil de 8 nouvelles de qualité inégale. La première nouvelle, qui a été mise en film avec Barbara Streisand, est féministe avant l'heure, elle raconte l'histoire d'une jeune fille juive voulant étudier le Talmud sous la direction d'un rabbin dans une Yeshiva, privilège réservé exclusivement aux hommes. Dans ce but, à la mort de son père, elle se fera passer pour un jeune garçon et se liera d'amitié avec un autre étudiant. La nouvelle aborde de front la question de l'interdiction des études religieuses aux filles et le refus de Yentl de consacrer sa vie aux tâches ménagères.
Les autres nouvelles sont intéressantes, mêlant la vie réelle et la vie surnaturelle. J'ai particulièrement aimé les nouvelles en fin de recueil se déroulant dans la communauté juive de New-York. Cela m'a donné envie de découvrir d'autres écrits américains de Singer, n'ayant lu de lui que ses recueils se passant dans son village natal, "Au tribunal de mon père" et de nouveau au tribunal de mon père

Isaac Bashevis Singer, prix Nobel de littérature en 1978, a écrit en yiddish, langue orale et dont les premiers écrits sont principalement religieux, afin de ressusciter la grande tradition des contes et récits fantastiques de la culture ashkénaze (judaïsme de l'Europe de l'Est).

Dans ce recueil, Bashevis aborde de nombreux thèmes. Il évoque la vie quotidienne de la communauté juive ashkénaze de la première partie du 20e siècle et se moque de ses moeurs, de sa superstition. Ces récits, alliant le merveilleux et le surnaturel, permettent notamment d'aborder les thèmes tabous de la Mishna (les premières lois juives), dont la sexualité. C'est l'objet d'ailleurs de la première et plus célèbre nouvelle de ce recueil éponyme, Yentl.

Yentl, étudiant en secret avec son père le Talmud dont la lecture est interdite aux femmes, refuse le destin de femme au foyer, quitte son village, se grime en garçon et intègre une Yeshiva (école religieuse). Elle y rencontre Avigdor, dont le mariage a été annulé, et deviennent amis. Ce dernier demande à Anshel (aka Yentl) d'épouser la fiancée dont il est toujours amoureux. Yentl accepte.

Porté à l'écran par Barbra Streisand, cette dernière a transformé cette histoire, qui certes souligne l'absurdité de l'interdiction de l'étude religieuse faite aux femmes, en une espèce de pamphlet féministe assez lourdingue. Bashevis l'a d'ailleurs jugé avec ironie : “Miss Streisand is always present, while poor Yentl is absent.”