Ils ne sont pas douze salopards, mais trois. Fouqueteau, un loufiat déserteur de l'armée française qui rêve de posséder son propre bistrot, Piatto, un fasciste italien ancien garde du corps d'un chef de la Squadra qui a retourné sa veste et Margone, un truand qui rêve d'Amérique du sud.
Leur mission, faire évader le légendaire Loup des Abruzzes, chef des partisans italiens prisonnier des allemands, pour quinze millions de lires par tête de pipe. Evidemment, c'est une mission-suicide avec trois bouts de ficelle, pas façon Mussolini à Gran Sasso. Les forces en présence: des fascistes italiens en vadrouille, le corps expéditionnaire français, la 17ème brigade d'infanterie motorisée américaine et surtout une petite unité allemande dotée d'une batterrie de 88.
Moins dense que l'excellent Orchestre d'acier, moins corrosif que Les Morfalous, Les sauveurs suprêmes se lit quand même avec plaisir. Siniac n'a pas son pareil pour faire faire cohabiter (de gré ou de force) des types pas très catholiques et qui n'ont aucun point commun dans des lieux périlleux, pour qu'ils donnent parfois le meilleur d'eux-mêmes mais souvent le pire. Et puis l'action se passe sur le front italien en août 44, et ça envoie du bois.
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Italie, juin 1944 : contre une forte récompense, trois tireurs d'élite aux caractères bien trempés offrent leur service pour libérer Pietro Campolini, le Loup des Abruzzes, un grand patriote antifasciste capturé par les allemands... Pas une partie de plaisir surtout quand le magot est à partager en trois...
Pierre Siniac a plus d'une flèche dans son arc, il passe allégrement du roman de guerre, au polar ou fanpol...là, on est plutôt du coté de Deux pourris dans l'île ou Les Morfalous, avec une prose plus classique, moins outrancière. On sent que le bougre retient son caractère et c'est à mon avis bien dommage. Heureusement que les personnages et le final sauvent la mise...
Les sauveurs suprêmes, un Siniac light !
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Il n'était pas beau à voir, le petit Fouqueteau, avec sa figure marron de gadoue séchée, son accoutrement de soldat-clochard: pantalon de treillis de l'armée française gris-vert, grosse veste de velours fauchée à un Calabrais et beaucoup trop ample pour lui, godillots de la Griffe alourdis de glaise, sa barbe de huit jours où grouillaient de petites bêtes, sa claudication. (En sautant du camion qui l'avait laissé à Naples, il était mal retombé sur ses jambes.) Il préfigurait tous ces pauvres types, mi-civils, mi-troufions qui, entre 44 et 45, allaient glander dans l'Italie libérée, vivoter de rapines et de marché noir à la sauvette.
Tout déserteur qu'il était, de la Calabre à la Campanie, personne ne l'avait ennuyé. Américains, Français, Alliés de tout poil, Italiens fascistes et Italiens démocrates, tous étaient beaucoup trop occupés__guerre, fuite, planque, etc,__pour s'intéresser à un déserteur insignifiant vite métamorphosé eu paumé du trimard.
Pièce radiophonique policière proposée par Germaine BEAUMONT et Pierre BILLARD, "Crime sur la nationale 7", d'après le roman de Pierre SIGNAC (alias Pierre SINIAC, "Illégitime défense") adapté par Pierre ROLLAND, réalisée par Pierre BILLARD assisté de Marie Denise WANDA. -