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Critique de NicolaK


Après un gros travail de documentation, Gilbert Sinoué s'est servi du témoignage de ses nombreux amis rescapés du massacre pour écrire un ouvrage sur le génocide arménien destiné au grand public, dans le but de sensibiliser le plus grand nombre de lecteurs.
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Bien qu'Erevan soit un peu romancé et emprunt d'émotion, il ne triche pas avec L Histoire et ne gomme pas la réalité historique.
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Nous sommes en 1896, dans un empire ottoman dirigé par le bien réel et très sanguinaire sultan Abdülhamid, qui vient de commettre une répression sanglante contre les Arméniens.
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Nous allons suivre Hovanès Tomassian et sa famille, personnages fictifs, ainsi qu'Armen Garo, un homme ayant existé, dont le vrai nom est Karékine Pastermadjian, il participe à la prise d'otages historique de la Banque impériale ottomane, action menée afin d'attirer l'attention du monde sur le sort des Arméniens.
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Saut de puce jusqu'en 1915.
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Hovanès Tomassian revient d'exil forcé, alors que l'Empire ottoman est désormais dirigé, depuis le putsch de juillet 1908 qui renversa le sanguinaire «Sultan rouge», par le parti des Jeunes-Turcs.
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Ce nouveau pouvoir fut soutenu par les Arméniens qui comptent quelques députés au Parlement. Comment imaginer qu'un génocide se prépare ?
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Hovanès est devenu député, et nous faisons la connaissance de sa famille : son père, son frère, sa belle-soeur, sa fille Chouchane, adolescente et Aram, son cadet.
Une famille qui vivait en harmonie avec la population turque, avant d'être décimée.
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Prenant le prétexte de la Première Guerre mondiale, les autorités ottomanes vont considérer les Arméniens comme des traîtres potentiels.
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Elles décident alors ouvertement de les déporter vers les déserts de Syrie et d'Irak.
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Ce qu'elles n'avouèrent pas, bien sûr, ce fut l'extermination d'environ 1,2 million de personnes (hommes, femmes et enfants) d'avril 1915 jusqu'à la fin de la guerre et la chute de l'Empire.
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L'auteur décrit les scènes de massacres en restant pudique et digne, et signe un livre résolument engagé.
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La préface, signée Charles Aznavour, est un cri de douleur. En ligne de mire apparaît l'espoir que le gouvernement turc actuel reconnaisse l'existence de ce génocide.
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Je n'arrivais vraiment pas à écrire ce retour, alors veuillez me pardonner d'avoir largement utilisé un article du Figaro qui synthétise parfaitement l'essence du livre.
J'aurais pu me dispenser de l'évoquer, mais j'ai trouvé plus important de vous en parler.
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Ceux qui me connaissent savent que je suis arménienne à 50 % par ma mère, et à la lecture de la seconde partie du livre, j'ai entendu résonner les paroles de ma grand-mère qui a vécu ces événements, bien qu'elle ne m'en ait raconté que quelques bribes. Il faut dire qu'elle n'était pas bien grande à l'époque.
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Son père ainsi que son frère ont été tués, et mon arrière-grand-mère a été déportée avec ses deux filles, ma grand-mère Élise et sa soeur Anna.
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C'est un livre qu'il faut lire, à mon avis, même si je l'ai laissé prendre la poussière sur une étagère de ma bibliothèque pendant des années...
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Comme dit plus haut, l'auteur ne se complaît pas dans les détails horrifiques, et même les âmes sensibles peuvent parcourir ces lignes.
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