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Critique de Krout


Attention : propos déroutant mais bienveillant.


Quand mon jeune frère m'a mis ce bouquin dans les mains, je ne me doutais pas qu'il s'agissait d'une biographie romancée des pérégrinations de Gandhi en Afrique de Sud. Bon, j'aurais pu lire la quatrième de couverture qui résume bien l'histoire, c'est vrai. Sinoué, j'en apprécie le talent de conteur et c'est avec plaisir que j'avais lu de ses romans historiques en des temps pré-babeliens commençant par L'enfant de Bruges, dont je me souviens, enthousiaste, avoir recommandé la lecture ; et plus récemment, d'une toute autre veine, plus psychologique, L'homme qui regardait la nuit, peut-être mon préféré, le seul que j'ai chroniqué. Aussitôt reçu, aussitôt lu donc, pour pouvoir le rendre rapidement bien entendu^^.


Cela et le film Gandhi vu à sa sortie en salle début des années 80, difficile de nier un effet de halo même si je continue à défendre que tout livre mérite d'être apprécié dans l'absolu. Satyagraha : « le combat pour la vérité » entré dans l'Histoire marque l'inconscient collectif. Par honnêteté il me faut donc partager mes émotions contrastées au sortir du cinéma des galeries, aujourd'hui disparu. Admiration sans borne pour le courage physique, l'intelligence roublarde et la détermination sans faille du Mahatma, étonnement teinté de scepticisme par rapport à certains positionnements, colère quant à sa façon de traiter ses proches, sa famille. L'apôtre de la non-violence, je le considérais aussi tyran domestique, égoïste et égocentrique. Le passage qui m'avait le plus marqué ? Ce voyage en diligence (au départ de Charlestown en Afrique du Sud en date du 5 juin 1893) émaillé d'incidents, immédiatement suivi le 7 par la nuit de Maritzburg.


Point de basculement dans la vie de ce jeune avocat indien jusque là timide et qui s'engage à ce moment précis dans la résistance civique non-violente, pas étonnant que Gilbert Sinoué titre ainsi son roman à la fin duquel j'éprouve le même malaise vis-à-vis de la personnalité de Mohandas Karamchand Gandhi. Rien de changé si ce n'est que la colère aveugle s'est en partie transmutée en tristesse. Car effectivement ce nouvel éclairage confirme un type de personnalité que les psys ont maintenant associée à deux mots qui condamnent à la vindicte populaire toute personne ainsi étiquetée : Pervers Narcissique.


Gandhi : pervers narcissique, ouvre grand les portes à un questionnement multiple, pour moi la marque d'un grand livre ! Au cours des réflexions qui prolongent ma lecture, cette pensée notamment me traverse : Et si l'admirable accomplissement de Gandhi résultait justement du fait qu'il était ce qu'il était ? Aujourd'hui, serait-il emprisonné pour d'autres raisons ? Donc j'ai de loin préféré son fidèle Hermann Kallenbach parce qu'Allemand il embrasse par amour une cause étrangère, seule sa soumission excessive m'inpportune quelque peu, en fin de compte ma véritable héroïne sera une personne moins connue mais ô combien attachante Sonja Schlesin, au départ simple secrétaire…


Mais que l'on ne se m'éprenne pas, en ces temps troublés que n'avons-nous un nouveau Mahatma : « Grande Ame » pour prôner en toute dignité la Satyagraha ? Quant à moi si loin de ces engagements admirables je ne peux en juger aucun, juste émettre mon ressenti le plus honnête et espérer l'effet papillon.
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