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sur 121 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Un portrait en noir et blanc qui ternit quelque peu la légende de Gandhi, l'apôtre de la non-violence. Alors qu'il est plus connu pour son action de résistance pacifique en faveur de l'indépendance de l'Inde, Gilbert Sinoué nous raconte sa vie d'avant, en Afrique du Sud où il initie sa croisade contre la discrimination raciale, les humiliations, la soumission aux colons européens.
Sa vie d'ascète prônant le jeûne et l'abstinence, le recours aux médecines naturelles, la chasteté et la pauvreté semblent bien excessives et me font penser aux flagellants du Moyen Age. Ce qui est le plus choquant, c'est sa façon d'imposer ses austères règles de vie à son entourage : femme, enfants et à son disciple et ami Hermann Kallenbach envers qui il se comporte en gourou fanatique.
"Vraiment, Hermann, suis-je cet homme impitoyable décrit par lui ? un despote ? Un personnage qui se sert des gens comme d'instruments ?"

Je m'interroge sur la part de vérité de ce récit qui révèle des aspects inconnus et troublants de la personnalité du Mahatma et de sa non moins troublante relation avec Hermann qui écrit : "J'avais vécu dix années auprès de Gandhi dans un état second. Dix années, plongé dans un maëlstrom géant".
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Ce n'est pas le premier de livre de Sinoué que je lis, et j'apprécie généralement son talent de conteur. En outre, le personnage de Gandhi, dont il retrace les années de formation, suscitait grandement mon intérêt. En effet, si je connais comme tout le monde cet apôtre de la non-violence, j'ignorais en revanche tout de sa personnalité et de sa trajectoire.

De ce point de vue, ce livre est tout à fait instructif: loin du personnage certes déterminé mais indulgent que l'on pourrait imaginer, on y découvre un Gandhi autoritaire et intransigeant plutôt inattendu... du moins au premier abord. Car si on y réfléchit bien, non-violence ne veut certainement pas dire indolence. Sinon, comment aurait-il pu faire plier la nation anglaise pour obtenir l'indépendance de son pays ?

C'est donc en Afrique du Sud que Gandhi a initié et affûté l'arme de la non-violence pour faire respecter les droits des Indiens qui s'y trouvaient alors et subissaient une discrimination. Sinoué nous permet de comprendre la stratégie de Gandhi : en refusant de s'opposer de manière frontale à l'oppresseur, il poussait ce dernier vers ses limites et ses contradictions, et le contraignait à devoir assumer les conséquences de sa politique au-delà de ce qu'il avait lui-même envisagé et de ce qu'il était en capacité de gérer. Il se voyait ainsi déstabilisé par une forme de résistance passive à laquelle il n'était pas préparé et ne savait clairement comment répondre.

Il fallait sans doute une personnalité telle que celle de Gandhi pour que cette conception de la lutte aboutisse au succès que l'on sait. A lire le livre de Sinoué, «obstination» paraît un terme bien faible pour caractériser le Mahatma. Là où l'on s'attendait à découvrir un être d'une infinie tolérance, on voit un homme s'infligeant une hygiène de vie extrêmement stricte, voire d'une cruelle sévérité. Surtout, on apprend qu'il imposait à son entourage de suivre les règles qu'il avait édictées, n'hésitant pas à mettre leur vie en danger pour ne pas y déroger. C'est le portait d'un homme déterminé mais tyrannique qui nous est brossé.

Enfin, Sinoué nous fait toucher les limites de la philosophie de Gandhi lorsqu'à la fin du récit, il reproduit une lettre qu'il adressa à Hitler en juillet 1939. Interpellant son «cher ami» au nom de la sauvegarde de l'humanité, il le conjure en des termes fort déférents de tout faire pour éviter que n'éclate à nouveau la guerre. On imagine sans peine le crédit qu'accorda Hitler à un tel courrier...

Si le récit m'a parfois semblé un peu poussif, il offre néanmoins un intérêt historique et permet de mieux comprendre comment l'arme de la non-violence, qui pourrait paraître vaine face à un oppresseur, peut permettre d'accéder à la victoire. Pour autant, une telle posture exige d'être inflexible et n'est pas sans faire de victimes.
Un livre qui permet d'amorcer une réflexion intéressante.
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De l'attachement ,des fixations anales et de la dysrexie...
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