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EAN : 9782367951164
208 pages
Chèvre-feuille étoilée (08/04/2017)
4.8/5   5 notes
Résumé :
Déni, qui se demande toujours comment ça marche, s’empare de ce mot pour observer le monde. La sérendipité l’entrainera dans un rail-movie initiatique sur la piste des origines secrètes de son grand-père, dans le sillon des exilés de Moldavie. De Paris à Kichinev, via Bucarest, la Transylvanie et le delta du Danube, ce retour aux sources aidera-t-il Déni à comprendre comment le monde tourne ? Le sous-titre du roman, Les Épîtres de Déni, cache les onze lettres de sér... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Rien d'amer ni de noir dans ce livre : le titre est un calembour sur la mer Noire, lieu d'origine de la famille de l'auteure, et celle-ci fait preuve d'un optimisme chaleureux et d'une combativité de tous les instants. L'amer a aussi le sens de repère pour les marins, et elle-même est en quête d'un « repère ». Elle rapporte en effet un témoignage autobiographique sur la quête de ses origines, sur son « papy russe » : encore un des jeux de mots, plus ou moins oulipiens, dont elle parsème son texte, comme « Déni », le prénom qu'elle s'est donnée. Elle découvrira que son grand-père était, avant la guerre de 14 où il combattit dans les Dardanelles, un petit propriétaire terrien juif en Bessarabie, la Moldavie actuelle.
L'ouvrage est divisé en trois parties, appelées « épîtres ».
Dans la première, elle décrit sa vie militante tous azimuts depuis 1968, d'« instit » fréquentant le joyeux bordel de l'université de Vincennes et ses ateliers théâtre, et travaillant à un mémoire universitaire sur Hasard et Création, à l'occasion duquel elle découvre la notion de « sérendipité » dans la science et dans l'art, bien avant que celle-ci ne devienne à la mode.
La deuxième partie, imprimée en italique, est le récit de son voyage avec ses deux filles au fin fond de la Roumanie d'après Ceaucescu. Elle découvre avec sympathie la richesse affective et la solidarité des milieux vivant dans une relative pauvreté. le passage sur les activités bruyantes d'une prostituée et de ses clients dans la gare d'un tram est très haut en couleurs, et nous laissons au lecteur la surprise qu'est la révélation du titre de l'épais livre dont les feuilles servent de torche-cul dans les cabinets d'un pays ex-communiste. le rappel historique fourni par un archiviste local, parlant français, de ces « terres de sang » est impressionnant. La corruption des douaniers à propos d'une icône emportée dans les bagages ne surprendra pas.
Dans la troisième partie, une jeune parente venue du berceau familial visite la France et s'y intègre, par le travail et les liens amoureux, tandis que sa mère tombe d'un cerisier et devient tétraplégique : la roue de la vie continue de tourner.
L'auteure reprend ses interrogations à propos de toutes les victimes dont elle a eu connaissance, jusqu'aux migrants aujourd'hui en Méditerranée. Les péripéties de son voyage sont décrites par le menu, d'une plume alerte et précise, souvent enjouée. Avec simplicité, l'auteure parvient à nous faire partager une expérience unique, que d'autres dans le siècle peuvent avoir vécue.
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J'ai adoré "L'amer noir".
Je ne suis pas un critique littéraire, juste un "lecteur", mais j'essaye d'analyser pourquoi je l'ai beaucoup aimé:
* pour le style: la verve rabelaisienne ou célinienne, le riche vocabulaire et les nombreuses analogies qui font tilt (ce qui est amusant c'est de deviner que l'auteur est une femme à cause des références à un univers féminin).
* sur le fond, l'empathie pour les détresses humaines.
* l'aspect métaphysique avec les mots pour le dire "je ne sais pas comment ça marche".
* l'amour pour la vie, la curiosité, la soif de paysages et d'expériences nouvelles.
* la modernité par rapport au temps passé..
Ce qui m'a déconcertée, c'est la structure du livre. Certes le roman moderne, Freud, et même Proust nous ont familiarisés avec le passage d'une idée à l'autre telles qu'elles se pressent dans notre cerveau, cependant il me semble que la deuxième épître (le récit du voyage) pourrait faire l'objet d'un livre différent. A part ce bémol, j'ai globalement adoré ce roman !
Annie Nahum

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Jusqu'au bout, j'ai pris un vif plaisir à lire "L'amer noir". On accompagne volontiers l'auteure partout où elle nous emmène, que ses voyages soient géographiques, historiques ou plus spécialement littéraires (la sérendipité). Car Nic Sirkis est une véritable conteuse. Alerte, primesautière, tissant son fil avec légèreté d'une maille à l'autre sans qu'on ait jamais l'impression d'une rupture de ton. Grâce à "L'amer noir", il me semble être allé un peu en Moldavie.
J'ai particulièrement apprécié l'énumération (p.21) par laquelle N.S. livre sa (ou ses) raison(s) d'écrire. Sans en avoir l'air, ça dit tout et c'est succulent.
Autre passage très savoureux: la destinée torche-cul des pages du Capital. Mais je pourrais en citer d'autres qui ne me viennent pas à l'instant...
Que N. Sirkis continue comme ça !
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Ce livre m'a plu et je l'ai lu d'une seule traite.
L'auteure sait jongler avec les mots qui deviennent vivants... quelquefois on a l'impression qu'ils vont submerger la vie... les sentiments... les ressentis. On se dit "Attention! Attention!... je ne veux pas être emportée vers des voix que je ne peux maîtriser".
La quête du grand-père russe est impressionnante... mais que de recherches et quelle culture, BRAVO!!
Voilà, pour moi les mots sont toujours lourds de sens et peu empreints de facilité pour s'exprimer, c'est pourquoi je m'arrête...
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
L'énorme ambassadeur me fait signe d'entrer. On dirait que son ventre va exploser sous sa chemise au-dessous de sa ceinture, entre les lignes parallèles des bretelles qui soutiennent son pantalon. Une fois que je lui ai exposé le but de ma venue, il me demande l'air impassible :
- S'agit-il d'une visite à but touristique, familiale, ou professionnelle?
Je reconnais le français rythmé des Slaves aux consonnes qui roulent.
- Touristique.
Il me regarde avec le sourire amusé du gros chat jouant de la patoche avec un mulot... avec moi, la musaraigne qui craint que trop en dire sur les antécédents familiaux complique les formalités pour obtenir un visa.
Après tout, Déni, qu'y a-t-il à craindre ? souffle une voix au fond de moi. J'explique alors à ce monsieur (...) qu'à vrai dire mon grand-père paternel est né en Moldavie et que, voyageant dans le pays voisin, j'ai envie de faire le détour pour visiter Kichinev, mais... je n'ai plus de famille là-bas, c'est juste "touristique".
Le sourire de l'ambassadeur s'épanouit.
- Voilà, Madame, les mots que j'attendais, dit-il, jovial. ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire la grimace ou, comme on dit au pays de votre grand-père, on ne vend pas plus de concombres à un jardinier qu'on n'apprend à parler à un vieux perroquet. Avec vos "vacances touristiques", vous jouez à l'oisillon qui donne la becquée à son père, mais sachez qu'une Bezounovsky qui part en Moldavie, c'est une Bezounovsky qui va au pays. Votre nom est aussi courant là-bas que Martin ou Durand ici...
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Quand tu étais petite, tu mangeais de la cervelle. Le plat était préparé au beurre avec du persil. C'était bon, rosâtre, mou. Ca glissait dans la bouche sur le toboggan de la langue. Chair en rosace traversée de cheveux de sang. Les triperies ont disparu des rues commerçantes (...) Les cervelles sont effacées des menus. Mais un jour, tu aperçus dans l'assiette d'un vieux monsieur à côté de toi chez Chartier, Faubourg Montmartre, une cervelle préparée à la mode de ta grand-mère, ce mets qu'il faut avaler car ça rend intelligent... L'idée de cette matière tendre écrasée contre ta langue t'accable aujourd'hui de nausée.
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L'amer n'est qu'à quatorze mètres mais, après l'épreuve de la montée, je crains le pire en voyant l'état de la rambarde, aucune confiance en ces barreaux déglingués qui auraient besoin d'une bonne couche d'antirouille. Je hurle aux filles de rester plaquées à la paroi. On se déplace en crabes, dos au mur pour découvrir les 360° du panorama.
L'Ukraine est à portée de main, dirait-on, de l'autre côté de la langue de terre découpée par un bras du fleuve. Les traités ont rogné la frontière moldave en amputant son territoire d'un accès à la mer... On distingue les teintes du flot passant de l'état d'eau douce à celui de liquide marin en se chargeant du limon qui verdit son courant dans un aïoli salé. Maelström gris, violet de volutes iodées déployées sous nos pieds. Ca fait tourner la tête. Fermer les yeux renforce le tournis...
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Sur la carte, là, sous mes yeux, les frontières sont tracées en rouge. Celle qui sépare au nord-est la Roumanie de la république voisine, la Moldavie, suit le chemin d'une rivière venue d'Ukraine. C'est un affluent du Danube auquel elle confie ses eaux à Galati jusqu'au delta sur la mer Noire. Ce cours d'eau porte un nom à faire rire tous les écoliers de France, le Prout ! Ce nom pour enfant chahuteur réveille les événements qui ont bouleversé ma famille...
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Paris 8 est un havre de paix au milieu de l'océan citadin (...) au resto U ouvert tard dans la nuit, tu échanges les ragots du jour avec le vendeur pakistanais qui déambule dans l'allée centrale en beuglant son "Demandez Libérazione !" (...) Vincennes, c'est la vie entre la Cartoucherie de Mnouchkine et les clowns Macloma, les putes qui tapinent dans les allées du bois balayées par les phares, les îlots de solitude qui construisent des archipels...
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Videos de Nic Sirkis (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nic Sirkis
Nic Sirkis a brillamment défendu son roman "Attention !" publié au Chèvre-feuille étoilée pour lequel elle est arrivée seconde avec seulement 6 points de moins que la lauréate Nathalie Peyrebonne - Rêve général (Phébus)
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