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EAN : 9782072858000
216 pages
Gallimard (09/01/2020)
3.76/5   42 notes
Résumé :
Ce récit raconte la rupture d'un fils avec son père. Dans les années 90, le narrateur habite un quartier sans histoire de Sélestat, ville moyenne du Centre-Alsace. Il vit dans une maison ordinaire avec sa mère, institutrice, son père, responsable technique dans une usine de cuisines, et sa soeur. Il a six ans au début de l'histoire. Il essaye de construire une relation affectueuse avec son père, d'origine allemande. Son père lui répond par de l'indifférence, du mépr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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16 soupapes de 139 chevaux lancées à pleine allure, la Golf blanche arpente les routes alsaciennes. À l'intérieur se joue un drame familial. Elle devient le symbole de cette violence insoutenable qu'exprime avec talent ce premier roman.

C'est l'histoire d'une famille ordinaire : la mère est institutrice, sillonnant l'Alsace au gré des remplacements qu'elle doit effectuer, le père est cadre, responsable technique dans une usine de cuisines aménagées. Ils ont deux enfants : Charles, l'aîné, et une petite fille, Flora. Ils vivent dans un pavillon d'un quartier tranquille de Sélestat, une ville moyenne à la limite entre le Bas et le Haut-Rhin. On pourrait penser qu'ils ont tout, ou à peu près, pour être heureux.
C'est sans compter le mépris, l'humiliation, le désamour et la folie qui remplissent l'espace sentimental de cette famille à l'apparence paisible. Sitôt la porte du foyer refermée, la violence peut se manifester. À tout moment, sans raison ou presque, des prétextes la plupart du temps : un objet mal placé, un mot de trop. Ce n'est pas le moment, ce n'est pas de sa faute, « c'est les nerfs » : le père justifie toujours ses crises de colère. Des injures, en allemand sa langue maternelle, des meubles brisés pour lesquels on avait patiemment économisés, et des vies brimées pour toujours : celle de la mère, de la soeur, et de Charles, le fils et auteur qui écrit ce livre rédempteur.
Ce père, son père, qu'il ne nommera jamais, Charles Sitzenstuhl en déroule la cruauté dans une langue claire et précise parfaitement maîtrisée. Lui qui sera dans son enfance sans cesse rabaissé : il ne court pas assez vite, ne nage pas assez bien, ne comprend rien à rien, nous déroule le fil d'une terreur domestique tragiquement banale. de ses six ans à ses treize ans, jusqu'à l'asphyxie de sa famille, jusqu'à la folie paternelle, il démontre brillamment la barbarie d'une enfance infernale dans ce premier roman salvateur, à la portée aussi personnelle qu'universelle.
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Quel roman ! Étranglé mon coeur, mon âme, mes yeux, ma gorge... du début à la dernière ligne. Et le pire c'est que ce roman est largement autobiographique. Quand vous le comprenez, ça vous claque sur le coeur.

Ce premier roman relate avec un grand pouvoir immersif et sans aucun apitoiement le récit d'un jeune garçon, Charles victime de la folie de son père.
Un homme qui à peine marié et père depuis peu sombre dans une folie à peine inimaginable.
Charles, sa mère, sa soeur essuient jour après jour insultes, menaces, dévalorisations en tout genre d'un homme dépourvu d'amour et de respect pour les siens. « Il vomissait sa haine ».

J'ai tourné les pages en étant totalement emportée par ce récit attendant la rébellion d'un membre de cette famille brisée, la protection d'une tierce personne. L'auteur ne s'y attarde pas, il crache et aligne avec une certaine pudeur les horreurs vécues à côté de ce père que les enfants ont fini par appeler Hitler.

Il faut avoir le coeur bien accroché car ce récit n'est qu'une escalade sans fin de la perversion d'un homme que rien ici ne nous permet d'excuser. On ignore son enfance, sa vie, le pourquoi du comment. Mais les pages se tournent toute seule, les scènes se matérialisent devant vos yeux. Ne peut naître que cette question : que devient-on quand enfant on subit de telles brimades dégradantes et humiliantes ? Que pas une fois, votre père ne vous a ni embrassé, ni tenu dans ses bras, ni aimé trois minuscules secondes ? C'est à Charles que je pense, espérant de tout coeur que dans le jardin de la haine, quelques roses d'amour ont pointé le jour.

Coup de coeur ❤️
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Le père de Charles Sitzenstuhl est un personnage insondable. On sait qu'il est allemand, viril, exigeant, pointilleux, peu causant. Mais surtout violent, pour des raisons incompréhensibles qui nous laissent aussi désemparé que son entourage.

Dans ce roman manifestement autobiographique, que j'ai eu la chance de pouvoir découvrir dans le cadre de l'opération Masse Critique de janvier, c'est de sa propre enfance alsacienne que parle Charles Sitzenstuhl. le récit prend la forme de chroniques de la vie quotidienne. Comme des milliers de foyers de la classe moyenne, la famille Sitzenstuhl rénove sa maison, sort le week-end pour des promenades dans la nature ou des baignades à la piscine, s'intéresse à différents sports, participe régulièrement à des repas de famille… Mais le joug terrible du père semble se resserrer sur Charles, sa soeur et sa mère.

Les mots révèlent un spectre effarant de reproches, de brimades, de formes de dépréciation plus ou moins subtiles, d'actes malveillants, d'humiliations et de blessures. Ils disent également les difficultés de grandir et de se construire, de s'extirper de ce qui devient une fatalité. Cette folie destructrice à laquelle toute une famille est livrée s'incarne dans cette Golf blanche lancée à une vitesse terrifiante sur les petites routes alsaciennes, instrument dément de l'affirmation de la tyrannie paternelle.

Charles Sitzenstuhl écrit avec pudeur et sans pathos. Son récit n'en frappe pas moins là où ça fait mal. C'est avant tout en temps que mère que j'ai été touchée, parfois profondément, pendant toute la lecture. La vulnérabilité de ces enfants, de cette femme aimante mais tétanisée, est presque insupportable : on lit ces pages avec angoisse, se demandant ce qu'il va advenir d'eux.

Ce texte m'a d'autant plus touchée qu'il résonne curieusement avec l'histoire de mon mari, allemand lui aussi, qui a grandi avec un père irascible, avec lequel la relation a suivi une trajectoire similaire à celle du livre. À travers certaines des séquences du roman, j'espère être parvenue à mieux comprendre ce qu'il a vécu. Mais aussi, j'ai souvent pensé à mes expériences de l'éducation des enfants en Allemagne, où la « bienveillance » est un impératif omniprésent, ce que j'ai tendance à interpréter comme une réaction au rejet de l'autoritarisme qui a fait tant de ravages dans ce pays. La tyrannie infligée à Charles Sitzenstuhl par son père allemand ne m'en a semblé que plus amère.

L'écriture peut être une alliée précieuse sur la voie de la résilience. le parcours et la réussite professionnelle de l'auteur suggèrent qu'il s'en est sorti et j'en suis sincèrement heureuse pour lui.
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Ce livre ne doit pas être lu comme un roman, et encore moins comme une "oeuvre littéraire". Ce livre est un exutoire, une soupape que l'auteur a soulevée pour laisser enfin échapper la vapeur de sa souffrance. Il nous prouve, s'il en était besoin, la capacité de résilience qu'ont certains pour tracer leur propre route envers et contre tout, et ne pas rester figés dans la tristesse d'une enfance gâchée par le mépris et la violence d'un père à demi fou.
J'ai terminé "La Golf blanche" il y a quelques jours, mais il m'a fallu prendre du recul pour en écrire mon ressenti, comme à chaque fois qu'un livre touche à des thèmes qui résonnent dans ma propre mémoire. Mais je tenais à le lire, je l'avais d'ailleurs sélectionné dans une précédente Masse critique, mais j'en avais reçu un autre. Je remercie donc tout particulièrement @Ileauxtresors qui me l'a très gentiment envoyé.
Charles habite Sélestat, une ville moyenne du Centre-Alsace que je connais bien. C'est un enfant à priori sans problèmes, sa mère est institutrice, et son père, allemand, travaille pour un cuisiniste local. Ils ont acheté une maison quand Charles avait 6 ans, il a des copains, une petite soeur, la famille ne manque de rien. Mais insidieusement, le caractère du père va se modifier sans que l'on comprenne vraiment pourquoi, il va devenir irascible et s'en prendre de plus en plus souvent à sa femme et à son fils. Rien de ce que fait celui-ci ne trouvera grâce à ses yeux, qu'il s'agisse de tondre la pelouse, de nager, de participer à des clubs sportifs, ce n'est jamais digne d'un éloge ou simplement d'un peu d'attention. C'est "Scheißdreck", "de la merde" aux yeux de ce tyran domestique. Avec son accent allemand et ses éternels Birkenstoks au pieds (une célèbre marque de chaussures allemandes), sans oublier sa Golf, c'est une vraie caricature. Cette Golf, justement, qu'il utilise comme instrument pour terroriser encore davantage toute la famille, en conduisant comme un malade dans les villages alentours ou sur les routes en lacets des Vosges. Des routes que je connais par coeur, et je vous assure que je comprends parfaitement l'angoisse qui étreignait les tripes de Charles. J'ai connu la même à une époque antérieure, avec une R16...
Ce père qui part en vrille parvient cependant à garder un visage aimable et parfaitement respectable aux yeux du monde extérieur pendant longtemps, ce qui rend les choses encore plus difficiles pour la famille : qui va les croire s'ils se plaignent ? Alors on encaisse, en serrant les dents. Mais les choses finiront par évoluer...
Je ne peux pas dire que j'ai aimé ce livre, ni d'ailleurs l'inverse. Il a remué en moi trop de choses enfouies, en plus avec ces lieux si familiers...Il m'a en tout cas conforté dans mon idée, que non, la répétition du vécu n'est pas inéluctable, on peut prendre en main son destin même si l'enfance n'a pas été toujours facile, même en traînant des traumatismes. Ma fille aînée est de 1988, comme Charles. Je lui ferai lire ce livre, un jour, elle qui n'a pas eu du tout cette enfance-là...
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Ce roman, probablement autobiographique, raconte la spirale de violence et de folie au sein d'une famille de la classe moyenne en apparence sans histoire: le père, d'origine allemande est venu travailler à Sélestat, en Alsace; il y épouse la fille de commerçants de la ville, institutrice, et ont deux enfants, Charles, le narrateur et sa petite soeur Flora.
On assiste à la progression de la violence et de la tyrannie paternelles ainsi qu'aux efforts désespérés et émouvants d'un petit garçon qui admire son père et essaie d'attirer son attention, ses compliments, sa fierté, son amour et qui ne récolte que mépris, insultes, violence d'abord verbale puis physique. Et à un moment, le déclic se fait dans la tête et le coeur de Charles : il rejette enfin ce père qui n'en est pas un et en vient à le haïr.
Ils ont une Golf blanche, qui a donné son titre au roman et qui joue un rôle important car, dans les mains du père, elle devient un instrument dérisoire de domination sur la famille; le père la fait rugir telle la bête sauvage qu'il est lui-même, il roule à tombeau ouvert pour terroriser sa femme et ses enfants.
Aucune excuse, aucune explication n'est fournie pour comprendre cette violence probablement parce que l'enfant qu'était Charles n'en avait pas.
La tension permanente, l'appréhension dans laquelle vit journellement la famille sont très bien rendues avec le bruit menaçant des Birkenstock, le sifflement annonciateur de folie. Mais la répétition des mêmes scènes tout au long du livre (Charles ne nage pas assez bien, il ne court pas assez vite, ne marque pas assez au hand-ball... et son père le rabaisse sans cesse) a fini par me lasser. Par ailleurs, ayant vécu une dizaine d'années en Alsace, j'ai aimé retrouver les lieux familiers, le dialecte alsacien, les coutumes, la langue allemande mais j'imagine que pour la plupart des lecteurs, des renvois en bas de page avec traductions et /ou explications auraient pu être utiles pour une meilleure compréhension.
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critiques presse (1)
LeMonde
13 janvier 2020
La violence et le mystère d’un père sont au cœur du premier roman, de toute évidence autobiographique, de Charles Sitzenstuhl.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Toute mon enfance, j'avais vécu dans la peur. Mon père créait la peur partout, tout le temps. Même quand il n'était pas là, j'avais peur. Cette crise était celle de trop. Je ne savais pas où s'arrêterait sa violence, quand s'arrêterait sa violence. Que devait-il se passer pour qu'il arrête ? Ce soir-là, je finis de basculer contre lui. Je basculai intérieurement, définitivement, complètement contre lui. Il fallait en finir.

Page 15, Gallimard, 2020.
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La Golf blanche grimpe la route dans la forêt sombre. Au-dessus de la cime des arbres, on devine le ciel bleu et le soleil. Un motard en combinaison de cuir noir nous dépasse, son phare jaune scintille dans l'obscurité, son pot d'échappement pétarade. Mon père débraye, empoigne le levier de vitesse et accélère. Mes oreilles se bouchent, mes tympans vibrent, j'avale ma salive.

Page 62, Gallimard, 2020.
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Quelque chose s’était refermé chez mon père, claquemuré au fond de lui. Tout ce qui était extérieur, même sa famille, l’agaçait. Nous étions une agression permanente pour lui, moi surtout, moi son fils. Il réagissait par la colère, la violence, les insultes, les humiliations. Il n’avait aucune tendresse, aucune gentillesse, aucune compassion. Nous étions de trop. Il ne nous supportait plus.
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