J'aime de plus en plus l'univers subtil, dense psychologiquement, de
Marie Sizun, son écriture tout en délicatesse. Ses personnages fragilisés, en quête d'eux-mêmes, me bouleversent. Coup de coeur pour ce roman, comme l'avait déjà été "
Un jour par la forêt."
Ellen, qui approche la soixantaine, vit depuis trente-cinq ans à New-York, où elle tient une petite librairie avec son mari, Norman. Une existence douce, peut-être un peu monotone. Sa fille , à son grand regret, s'éloigne d'elle, la jugeant toujours ailleurs. Elle n'est revenue rapidement en France que pour l'enterrement de son père, trois ans après son départ pour les Etats-Unis.
Mais voilà que sa belle-mère détestée ( la deuxième femme de son père, Ellen a perdu sa maman à huit ans) meurt, elle avait l'usufruit de l'appartement où Ellen a grandi. Elle doit donc entreprendre le voyage jusqu'à Paris pour décider ce qu'elle fera de ce bien qui lui appartient.
Et doucement, Ellen redevient Hélène... Et même la petite Nana. Et aussi Lena, le prénom que lui avait donné son premier amour...
Doucement, comme
un léger deplacement, une rupture tendre, le passé va l'envelopper et esquiver le présent . Doucement, les souvenirs vont affluer, pendant qu'elle loge dans l'immeuble de l'enfance. L'image maternelle perdue va se recréer.Les moments occultés, parce que trop douloureux, à nouveau émerger, la compréhension de certains secrets se faire peu à peu. L'apaisement venir...
" Regarder du côté du passé, c'est chercher à entrer dans l'image que le miroir vous renvoie d'une chambre magique: bien plus étrange, plus belle, plus forte que peut l'être la chambre réelle."
Je n'arrive pas, je pense, à restituer la beauté mélancolique, poignante, de ce roman, c'est souvent ainsi pour les livres qui nous touchent fortement, nous emportent dans leurs sillage, nous imprègnent de leurs mots . J'espère au moins vous avoir donné envie de le découvrir, il le mérite.