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3,73

sur 293 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après une série de déconvenues littéraires, il est parfois nécessaire de retourner vers les fondamentaux pour se ressourcer et trouver à nouveau du plaisir dans la lecture. Il n'en va pas autrement dans le domaine du polar et du roman noir. Cela faisait déjà quelques temps que je lorgnais du côté de Rivages, la salutaire réédition de la série des enquêtes de Martin Beck. Tout comme Giorgio Scerbanenco, j'avais découvert cette série dans la collection 10/18 à la fin des années 80 alors que la déferlante de polars nordiques n'en était qu'à un stade de douce utopie. A cette époque on lisait du polar made in USA, du néo polar français et du thriller britannique, car les auteurs des autres pays étaient essentiellement édités dans des collections de poches aux tirages des plus confidentielles.

Le couple que formaient à la vie Per Wahloo et Maj Sjowall s'est employé durant une décennie à dénoncer le modèle idyllique de cet état providence qu'était la Suède. C'est derrière ce vernis que l'on découvre les revers d'un modèle social qui s'apprête déjà à voler en éclat sous la pression d'un libéralisme économique en devenir. La série de Martin Beck comporte dix volumes qui ont été écrits entre 1965 et 1975 et qui s'arrête avec le décès de Per Wahloo. La plupart des critiques et bloggeurs s'accordent pour dire que le Roman d'un Crime (c'est ainsi que l'on dénomme la série Martin Beck) est une série qui frise la perfection et c'est sur le fait de savoir parmi les 10 ouvrages lequel est le meilleur que vous trouverez de nombreuses dissensions.

En ce qui me concerne, j'ai une préférence particulière pour Roseanna, premier roman de la série, parce que leurs auteurs ont su mettre en relief la lenteur d'une enquête policière et son côté parfois fastidieux sans que l'on en éprouve le moindre ennui, ce qui est une gageure qu'ils ont sut relever avec un talent qui frise le génie. Martin Beck, enquêteur de la police criminelle de Stockholm est appelé à renforcer les policiers de la ville de Motola qui ont découvert le corps dénudé d'une jeune femme dans un canal tout proche. Il faudra toute la détermination et la patience d'un enquêteur entêté pour parvenir à identifier la jeune femme décédée ainsi que son bourreau.

Vous l'aurez compris Roseanna ne s'appréhende pas comme un thriller trépident. C'est un ouvrage qui prend son temps et qui s'installe doucement pour dérouler son intrigue. Vous découvrirez les différents personnages qui résonneront de manière plus ou moins importante au fil des dix enquêtes auquel Martin Beck devra faire face. le personnage principal est un homme somme toute ordinaire doté d'une conscience professionnelle qui en fait quelqu'un d'un peu à part. Cet acharnement au travail lui coutera très probablement son mariage qui s'étiole au fil des enquêtes qu'il mènera durant toute la décennie.

De par son côté ordinaire, Martin Beck n'est pas sans rappeler le commissaire Maigret par son côté fermé et bougon, même si on lui découvre beaucoup plus de vulnérabilité que chez son illustre prédécesseur. Chacun des ouvrages édités chez Rivages est préfacé d'un grand nom du polar, car Martin Beck et son équipe sont les précurseurs du police procédural qui a inspiré entre autre Henning Mankell qui préface d'ailleurs Roseanna, Ed Mac Bain et John Harvey pour ne citer que les meilleurs.

Ces hommages appuyés ne font que renforcer la certitude que les années n'ont en rien altéré la qualité de ces superbes polars qui parviennent encore à refléter les affres d'une époque qui ne saurait être révolue parce que le roman policier tout comme le roman noir sont, comme je le martèle depuis toujours, le reflet de notre espace et de notre temps.
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Le premier des 10 romans policiers écrit dans les années 60-70 par ce couple de suédois aux noms imprononçables. Ces romans ont été et sont encore une formidable source d'inspiration pour de nombreux auteurs de polars du monde entier. Chaque livre a 1 ou 2 préfaces d'auteurs connus qui expliquent pourquoi ces romans les ont convaincu. Pour Roseanna la préface est du regretté Henning Mankell.
Les auteurs ont dénoncé dans chaque roman la situation sociale, politique, économique de la Suède, en se servant d'une intrigue policière comme prétexte. du grand art, magistral, une leçon de maitrise.
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Roseanna, titre du roman, est le prénom de la victime. La couleur est donnée : le roman est autant la recherche des derniers instants de la vie de la jeune américaine que la recherche de la personne qui a croisé sa route et l'a tuée. Martin Beck ne porte aucun jugement sur la vie de cette jeune femme, libérée, certes, mais aussi attachante car elle est incroyablement sincère et honnête (je ne trouve pas d'autres adjectifs pour la qualifier).
Roseanna est la première enquête de Martin Beck. je ne regrette pas de ne pas l'avoir lu avant, car quelles que soient les enquêtes, Martin Beck est un policier consciencieux. Sa vie privée est banale (marié, deux enfants) et peu épanouissante : l'amour s'est envolé depuis longtemps. le roman est réaliste, dans le sens où l'équipe d'enquêteurs met six mois à appréhender un suspect. Je dis bien "l'équipe" car Martin Beck, s'il s'investit corps et âme afin que justice soit rendue à la victime, n'agit pas seul. Il peut compter sur les autres policiers, et même sur des appuis internationaux.



Il faut aussi faire avec la lenteur de l'enquête : pas d'ordinateurs d'où jaillissent des résultats, pas d'autopsie-fleuve mais un rapport détaillé, pas de test ADN ni même de liaisons téléphoniques outre-atlantique satisfaisante. Les interrogatoires ne sont pas filmés, mais enregistrés au magnétophone, ils illustrent la pugnacité des enquêteurs. Jamais le rythme de l'enquête ne paraît lent, car Sjöwall et Walhöö manient avec brio l'art de l'ellipse.
Encore une belle lecture suédoise.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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La préface de l'édition française de 2008 de Roseanna est écrite par Henning Mankell. Il y écrit : "Sur bien des plans, Roseanna est un livre fascinant." Fascinant! Roseanna, écrit en 1965, est le premier volume de la coopération entre Maj Swöjall et Per Wahlöö, c'est le début de la série des Martin Beck et surtout, c'est le roman fondateur du polar scandinave actuel. Tout amateur de roman policier se doit de l'avoir lu. Je le re-relis avec toujours autant de plaisir. L'écriture coule doucement, les nombreux détails nous garantissent l'authenticité de l'intrigue, les protagonistes sonnent juste. Ce sont de vrais policiers - pas des surhommes, pas des policiers de fantaisie - qui vont mener l'enquête sur le meurtre d'une femme dont le corps a été retrouvé en draguant un canal près de Motala, en Suède.
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Le récit commence par cette interrogation : comment résoudre une affaire criminelle à partir de rien? Juste un cadavre nu dont on ignore l'identité, sans avoir de scène de crime, de plage horaire du crime, sans même savoir si le corps a été jeté dans le canal à partir des berges ou alors d'un bateau navigant sur ledit canal. Pourtant petit à petit, l'enquête va avancer. Plus tard, beaucoup plus tard, sur la base d'une hypothèse plausible, Martin Beck et Kollberg - un de ses adjoints - auront réduit le nombre de possibles coupables à 27 hommes de dix nationalités différentes dont tous n'ont pas pu être pas localisés. Mission impossible. Mais Martin Beck est patient et opiniâtre, on ne doute pas qu'il va trouver le coupable. Mais par quel bout prendre cette étrange affaire?
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Ce qui est fascinant, c'est qu'il ne se passe presque rien dans les 27 premiers chapitres du récit, que les semaines passent, les mois passent, mais qu'on ne s'ennuie pas une seconde à la lecture de cette longue enquête. Bien sûr, certains diront que le roman date. C'était l'époque où l'on fumait au bureau, où l'on téléphonait d'une cabine téléphonique, ou l'on envoyait des télégrammes et où on plaçait un rouleau de pellicule dans un appareil photo. Mais les changements de lois et de technologies survenus depuis ces années soixante, ne modifient en rien l'intérêt de l'intrigue. On est en présence d'un polar qui est un jalon important de l'histoire du polar. Et même si les auteurs auraient pu y mettre un peu plus d'action et de sentiments, c'est avant tout un grand polar.
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Nous suivons Martin Beck de la criminelle de Stockholm qui enquête sur le cadavre dénudé d'une jeune inconnue retrouvée dans un canal proche de la petite ville de Motala.

Ce polar fourmille de détails sur les ressentis et les observations de l'enquêteur, toujours subtiles sans être lourds ou ennuyants. Au contraire, ils rendent Martin Beck humain et authentique, notamment sur ses relations avec sa famille.
L'écriture est fluide, sans longueurs et sans fioritures, elle nous permet de rentrer facilement dans l'enquête. Celle-ci semble prendre son temps au fil des indices, dans le froid de l'hiver suédois, mais nous sommes tenus en haleine en avançant pas à pas au côté de Martin Beck à travers ses interviews et ses démarches propres à l'enquête.

J'ai beaucoup aimé ce polar authentique et prenant, qui dose avec juste équilibre l'enquête et la vie de Martin Beck auquel on s'identifie avec facilité. La fin m'a captivé, le suspens est total, impossible de m'arracher le livre des mains !
Maj Sjöwall et Per Wahlöö ont écrit, entre 1965 et 1975, une série de dix romans mettant en scène l'enquêteur Martin Beck et son équipe.
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J'ai pris Roseanna à la bibliothèque car il était mis sur un présentoir. Habituellement, je n'aime pas les romans policiers des années 60. J'ai l'impression que les intrigues sont lentes et les personnages convenus. Mais Roseanna est une pépite. Je l'ai lu quasiment d'une traite. Henning Mankell a écrit une préface en 2008 pour cette édition. C'est un gage de qualité. Bonne lecture !
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Deux maîtres du polar nordique, Sjowall et Wahloo, auteurs d'une série d'une dizaine de romans policiers entre 1965 et 1975, mettant en scène l'enquêteur Martin Beck et son équipe. Les personnages y sont aussi importants que l'affaire elle-même, on entre au sein du commissariat et dans l'intimité des enquêteurs.
Roseanna est la première des dix enquêtes. le cadavre dénudé d'une jeune femme inconnue est retrouvé dans un canal proche de la petite ville de Motala, la victime semble avoir été violée. Martin Beck, de la criminelle de Stockholm, est envoyé en renfort auprès de l'équipe locale chargée de l'enquête.
le style sans fioriture est juste, les actions sont bien détaillées mais sans longueurs, tout est décortiqué, bien ciselé avec un crescendo bien dosé.
Une série à découvrir et une lecture jubilatoire.
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Deux maîtres du polar nordique, Sjowall et Wahloo, auteurs d'une série d'une dizaine de romans policiers entre 1965 et 1975, mettant en scène l'enquêteur Martin Beck et son équipe. Les personnages y sont aussi importants que l'affaire elle-même, on entre au sein du commissariat et dans l'intimité des enquêteurs.
Roseanna est la première des dix enquêtes. le cadavre dénudé d'une jeune femme inconnue est retrouvé dans un canal proche de la petite ville de Motala, la victime semble avoir été violée. Martin Beck, de la criminelle de Stockholm, est envoyé en renfort auprès de l'équipe locale chargée de l'enquête.
le style sans fioriture est juste, les actions sont bien détaillées mais sans longueurs, tout est décortiqué, bien ciselé avec un crescendo bien dosé.
Une série à découvrir et une lecture jubilatoire.
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Un très bon polar !
Maj Sjöwall et Per Wahlöö, auteurs suédois, ont signé ensemble la dizaine de romans de la série ayant pour héros Martin Beck. le premier, Roseanna (1965), est une excellente surprise qui me donne envie de découvrir les autres. Je précise que je lis peu de polars (ce n'est pas mon genre littéraire de prédilection et j'ai donc eu pas mal de déceptions).
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J'avais entendu dire que la série des 10 romans écrits par Sjöwall et Wahlöö constituaient une oeuvre incontournable, de haute qualité, pour qui voulait/aimait lire du polar.

En ouvrant le premier tome de cette "décalogie", quelle ne fut pas mon agréable surprise de voir une préface, dithyrambique, d'Henning Mankell, que je tiens pour un des grands du genre.

Et il ne mâche pas ses mots pour dire à quel point il aime ce livre et à quel point la série a forgé son écriture et son approche. Après une telle entrée en matières, reste à voir par moi-même si le roman est à la hauteur. Fan d'Ed McBain, je me disais que la barre était placée bien haut...

Cette barre est atteinte sans aucun problème. Pour un coup d'essai, et l'écriture à deux mains n'est certainement pas facile, c'est réussi. le lecteur suit l'enquête pas à pas, impliqué dans le déroulement des choses.

Le style est lent, en conséquence. Posé. Pas à pas, le lecteur visualise l'action (ou la non-action). Je dirai que l'on est (presque) dans le banal. Les dialogues ne tonifient pas l'action mais constituent la pleine illustration de cette banalité de l'existence. Les policiers, ici, sont des gens comme vous et moi.

Mais en contrepoint de cette lenteur banale viennent les compte-rendus des interrogatoires. Des moments stupéfiants qui élèvent la tension, font progresser le suspense. Ces interrogatoires sont à l'exact opposé de la banalité des dialogues entre policiers. Cf. les notes envoyées par le policier américain ou l'interrogatoire du suspect.

La progression est maîtrisée. Les auteurs ajoutent peu à peu un brin de tension supplémentaire à chaque chapitre, vers le dénouement final, qui en fait ne soulage rien. Et c'est un autre succès des auteurs. La tension reste réelle jusqu'au bout.

Une vraie découverte. Un incontournable. 40 ans ont passé, et cela n'a quasiment pas pris une ride. Intemporel et exemplaire.
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