AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9786188292772
400 pages
Belles étrangères (07/07/2018)
3/5   3 notes
Résumé :
Thessalonique 1942. Vassilis Tsitsanis, le dernier grand interprète du répertoire populaire du rébétiko, ouvre en plein coeur de la ville un ouzéri, un bistrot où on sert de l'ouzo, vite fréquenté par les amateurs de cette musique, mais aussi, incognito, par des trafiquants du marché noir, des espions, des indics, des policiers, et des résistants. La ville, telle qu'elle s'est façonnée au cours des siècles, vit ses derniers jours. Les occupants allemands ont program... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après L'OuzeriVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Thessalonique 1943, Yorgos gère une ouzerie avec son beau-frère le grand chanteur de rebetiko Vassílis Tsitsánis, qui se voit, comme tous les chanteurs pendant l'occupation, privé d'enregistrement. Les temps sont encore plus difficiles pour Estrea, la jeune fille juive dont Yorgos est amoureux, tous deux organisent des actions pour transmettre des messages détaillant les mouvements des allemands, notamment révélant la répression qu'ils infligent dans le ghetto de Thessalonique, ou dénonçant par la suite la déportation d'abord des handicapés mentaux, puis physiques et enfin l'ensemble des grecs juifs vers la Pologne.
L'ouzerie reste le point névralgique où se croisent les différentes actions et les nombreux personnages évoluant pendant cette période difficile.

Même si j'ai apprécié le contexte, je me suis ennuyée à la lecture de ce roman. Je n'ai pas réussi à m'identifier au narrateur ou aux autres personnages, restant à l'extérieur du récit, peut-être une question de style : peut-être l'usage systématique du "je" avec de nombreuses petites phrases et trop de digressions, les allées et venues très nombreuses (une carte des quartiers de Thessalonique aurait été la bienvenue) ou encore des notes de bas de page pour situer quelques acronymes d'organisation qui auraient été très utiles mais qui étaient absentes. J'avoue m'être perdue en essayant de suivre le narrateur - je n'ai pu ni m'approprier les lieux ni m'intéresser vraiment à l'action car des passages très intéressants sur le ghetto où la description poignante des rafles, voisinaient avec des souvenirs d'enfance sans intérêt ou avec les états d'âmes du chanteur de rébétiko - qui a réellement existé - que j'ai trouvé quelquefois surréalistes dans le contexte de l'occupation. Je n'ai pas compris la dramatisation du récit que j'ai trouvé assez chaotique.
L'Ouzeri est un roman bien documenté, circonstancié et très descriptif qui peut plaire aux amateurs de guerre ou même d'espionnage mais qui m'a laissée un peu sur le côté... trop de personnages, trop de détails anecdotiques, pas assez d'universalité.
Je signale quelques coquilles Stellios page 52 devient Stelios page 53. le n'allume au lieu de je n'allume page 113, tantôt ouzeri, tantôt ouzerie et page 242 : jusqu'à la fin dee l'année.
Je tiens à remercier Babelio - opération Masse critique et les éditions Belles étrangères pour l'envoi de ce roman, je souligne la qualité particulièrement soignée de l'édition.
Commenter  J’apprécie          230
Ce roman est d'abord une ode au Rebetiko* et à son plus grand interprète-compositeur Vassilis Tsitsanis (1915-1984), auteur de plus de cinq-cents chansons. L'Ouzéri est une taverne-cabaret où l'artiste se produit chaque soir sous le regard du narrateur, son beau-frère qui gère le bar. Nous sommes en 1943 à Thessalonique, tout au Nord de la Grèce, occupée par les Allemands depuis avril 1941. Le narrateur a combattu courageusement sur le front de Macédoine et, depuis sa démobilisation, participe à un réseau de résistance à l'occupant dont fait également partie une jeune Juive dont il est épris.
Il s'agit d'une chronique de l'occupation allemande que l'ouzo et la musique du bouzouki de Tsitsanis et son petit orchestre aident à supporter. La peur est omniprésente, de même que la faim et le froid (l'hiver 43 est terrible). On voit s'attabler au cabaret le chef de la police grecque, des trafiquants du marché noir, des résistants ou de simples amateurs de musique qui tentent de s'échapper quelques instants d'une réalité bien noire. Les nazis sont glaçants, on croise le sinistre Aloïs Bruner, les auxiliaires des allemands tentent d'être plus cruels que leurs maîtres, les traitres dénoncent des héros anonymes ou simplement des gens qui les gênent. Les Grecs souffrent comme tant d'autres en ces temps-là. Les pages concernant le sort dramatique de la communauté juive (la ville comptait cent-vingt mille habitants dont quatre-vingt mille Juifs), exterminée à 98%, sont particulièrement poignantes et abominables. On se souvient alors, avec un goût amer, qu'on a de nouveau osé assassiner, dans notre pays, des petites filles parce qu'elles étaient juives…
C'est le roman de gens simples qui tentent de rester dignes dans des circonstances désespérantes, et d'une musique populaire qui mérite qu'on l'écoute en lisant L'Ouzéri.
Il serait regrettable de ne pas signaler la qualité de l'édition (papier de grande qualité et couverture très réussie) qui fait passer avec indulgence quelques erreurs de relecture. Un grand merci à Masse Critique et à la maison d'édition grecque EPTbooks (http://www.etpbooks.com/fr) qui publie en France sous le nom de BELLESétrangères, des auteurs que la barrière de l'alphabet empêchait jusqu'à présent d'accéder aux lecteurs français. Une très agréable découverte qui engage à explorer le catalogue de BELLESétrangères.
*« Pour moi, c'est d'abord cela, le rebetiko : une atmosphère autant qu'un chant, des visages silencieux et marqués autant que des danses ou des cris, des odeurs mêlées de vin résiné, d'ouzo, de sciure fraîche sous les tables, de mégots refroidis »
— L'Été grec (1976), Jacques Lacarrière
Commenter  J’apprécie          100
Très beau livre, belle couverture, belle édition, qualité des pages très agréables mais lecture difficile ! J'ai trouvé l'histoire longue, très mal retranscrite. Je me demande si c'est un problème de traduction... Plusieurs fois dans le livre, il y a des phrases retranscrites du grec sans traduction mais avec l'alphabet latin ... exemple page 193. Cela ne méritait pas simplement des guillemets mais si ça ne se traduit pas en français, mettre la phrase grecque et une équivalence de traduction française en note.... Je lis un peu le grec mais la traduction française est vraiment très désagréable, après c'est peut-être la version grecque qui est écrite comme ça mais la traduction mot pour mot ça en devient une lecture sans aucun plaisir ! Et malgré cela, le contexte historique est très intéressant car on ne lit pas souvent de roman dans cette partie de l'Europe à cette période spécifique de la seconde guerre mondiale. La résistance était intéressante à suivre mais en tant que lectrice je me suis sentie égarée plusieurs fois, la narration produit parfois des va et vient déroutants.... Il m'est arrivée plusieurs fois de me demander si j'avais sauté des pages.. mais non, la narration est trop incohérente par moment....
Pour finir merci à Babelio et masse critique et aux éditions etpbooks, qui m'incitent à découvrir d'autres auteurs grecs !
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
_ Eh bien, tu te souviens de la famille Youssef Saltiel, qui a une villa, la maison bourgeoise blanche avec les jardins. C'était leur maison...maintenant, les Allemands y habitent...
_ Qui ne les connaît pas ? Les Saltiel, tu parles des Juifs...ceux qu'ils ont arrêtés à Litochoro alors qu'ils allaient...alors qu'ils allaient partir en petite barque pour Skopelos.
_ Oui, eux...ils les avaient coincés suite à une trahison. Mais on a entendu dire que leur petite fille n'était pas avec eux, qu'ils l'avaient laissée ailleurs...ou qu'ils l'ont faite passer à l'étranger par quelque moyen. Cette belle petite...Comment s'appelait-elle...
Zoé: _ Elle s'appelle Inta...c'est bien d'elle dont tu parles ?
_ Oui...Inta. Quelle belle petite fille...Quel âge peut-elle avoir cette petite Juive...onze, douze ans...Eh, avant-hier à minuit, je te dis, l'obscurité, et comme je tournais de la rue Ippodromiou, juste au-dessus, au tournant, je vois un peu plus loin de la lumière...et devant une maison, un camion allemand arrêté. Je me fige...Des soldats déployés sur cinq mètres, un officier à la porte. Tout autour, le désert, le silence. Des portes barricadées. Ils ont descendu de la maison, en silence, une petite fille. La lumière était allumée sur la véranda et dans le petit jardin et ils ont descendu la petite fille en pyjama, pieds nus...Ils ont dû la tirer de son sommeil. Quelle beauté...Elle était pâle mais tout à fait calme, et bien que seule, elle n'avait pas peur dans la nuit, sans ses parents...Elle était accompagnée de deux soldats allemands avec des mitrailleuses. Elle est descendue sur le trottoir...puis elle a monté toute seule, fière, sans pleurer, sans se plaindre, l'escalier en fer du camion...Elle est entrée dans la benne. Je l'ai vue dans cette étrange lumière...C'était bien...Inta.
Commenter  J’apprécie          30
Un jour, vers midi, alors que je descendais de la maison paternelle, je passe rue Martiou à la hauteur de Galaxias, là où les popes donnent tous les jours la soupe populaire, je vois du monde et des soldats allemands et d'autres en habit civil réunis avec des appareils photos. Les Allemands ont rassemblé les enfants qui attendaient avec des casseroles, ils les mettent en rang, leur prennent les casseroles vides et donnent à chacun deux pains tout fumants qu'ils avaient apportés en camion. Cependant, ils disent aux enfants de ne pas manger, ni de mordre les pains. Une Allemande vient avec un peigne et les coiffe autant que possible, elle les arrange. Eux, ils sont très contents, ils sourient en pensant qu'ils vont pouvoir manger tant de bon pain frais et donner le reste à leur famille. Ils sourient heureux et assez bien arrangés, bien coiffés et voilà que quelques uns en habit civil viennent avec leurs appareils photos et se mettent à les photographier. C'était des journalistes allemands qui devaient envoyer les photos à des journaux nazis allemands.
Dès que les photos sont prises, les soldats allemands se saisissent des pains chauds avant même que les enfants n'aient eu le temps d'en manger ne serait-ce qu'un morceau; ils remettent les pains dans le camion, se lèvent et partent. les enfants désespérés se mettent à pleurer tous ensemble. Au même instant, ce jour-là, j'ai décidé de rencontrer Dapontès.
Commenter  J’apprécie          30
Plus loin, à trente mètres, un autre bâtiment, comme une grande maison. Là, ils ont rassemblé tous les malades qu'ils ont mis à a porte de l'Asile des Aliénés. Ce sont eux, sans doute, qu'ils enverront les premiers. Je vois qu'ils en ont mis quelques-uns dehors, des vieux fous et des vieilles que les infirmiers et les miliciens, à coup de cris et de matraques, de bourrades et de coups, essayaient de mettre en rang - sans résultat.
Commenter  J’apprécie          120
- Écoute,..le rébétiko mélange un peu tout, un peu de la vie. Une partie de la vie...Ma chanson est plutôt populaire que rébétiko. C'est un rébétiko d'accord, mais je veux qu'elle soit plus bichonnée, plus claire...plus large. Pour plus de monde. Plus près du grec moyen pour qu'elle soit plus appréciée. Moi, je veux exprimer le côté social, prendre l'ancien pour le relier au nouveau et unir l'oriental avec l'européen sur une musique à moi.
Commenter  J’apprécie          90
Finalement, maintenant que j'y pense, mon père aussi voulait participer à ce qui se passait. Sans doute qu'au fond de lui-même il voulait s'engager plus, mais il avait peur qu'on soit tous les deux enfoncés jusqu'au cou. A partir du moment où il sait, ne serait-ce que les éléments de base du Réseau - il ne fait ça que pour mieux me protéger - il sent qu'il a gagné une certaine dignité. Qu'il n'accepte pas sans protester ce que les autres lui imposent. Qu'il fait quelque chose...Il a commencé à mieux me comprendre. Pas seulement parce que je suis engagé dans l'Organisation, mais aussi parce que j'ai voulu m'échapper de lui, de la menuiserie, parce que j'ai ouvert l'Ouzerie avec Tsitsanis. Il ressentait et il ressent que la raison est la même : faire quelque chose seul, marcher sur mes propres jambes. En même temps, c'est quelque chose qui le gêne, qui l'embête. En effet, je m'éloigne de lui, il reste seul. Mais n'a-t-il pas fait la même chose en abandonnant le village, les champs de blé et son père à Grévéna ?
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : musiqueVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1084 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}