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Laura Bourgeois (Traducteur)
EAN : 9782266335300
528 pages
Pocket (09/11/2023)
4.39/5   158 notes
Résumé :
Un grand roman sur les minorités, dans la lignée de Pachinko.
Philadelphie, 1906. Alma Mitchell est brutalement rappelée à son enfance par un article de journal : un agent fédéral a été assassiné et le suspect est un ami d’enfance de la jeune femme, Harry Muskrat. Harry – ou Asku, ainsi qu’Alma l’a toujours appelé – était l’élève le plus prometteur de l’école dirigée par le père d’Alma, la Stover School, créée à la suite des guerres indiennes, et qui avait po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (63) Voir plus Ajouter une critique
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Derrière cette couverture qui ne colle pas du tout au contenu, se dissimule un récit inspiré de faits réels, qui dénonce l'assimilation forcée des enfants indiens aux Etats-Unis à la fin du dix-neuvième siècle.

En 1880, la petite Alma attend avec grande impatience les jeunes indiens qui viendront apprendre à se comporter comme un « Blanc » à la Stover School. Son père étant à la tête de cette école visant à américaniser les petits autochtones, elle compte d'ailleurs bien les aider en montrant le bon exemple.

En 1906, Alma Mitchell découvre dans le journal du jour qu'un de ses amis d'enfance risque la pendaison pour le meurtre d'un agent fédéral. Ne pouvant pas concevoir qu'Asku, rebaptisé Harry Muskrat en entrant à la Stover School, puisse être coupable d'un tel acte, elle supplie son mari, avocat, de lui venir en aide…

« Pour l'honneur de tous les miens » invite donc à découvrir un pan de l'Histoire amérindienne assez méconnu. Une époque où les petits indiens étaient arrachés à leurs familles pour intégrer des pensionnats visant à les dépouiller de leurs racines, de leurs croyances, de leurs langues, de leurs tenues, de leurs coiffures et même de leurs noms. Une assimilation forcée, totalement immorale et souvent brutale, qui les dépouillait de leur identité pour transformer ces petits « sauvages » en bons Américains…

La grande force de ce récit est sa double temporalité qui invite à découvrir les deux points de vue d'Alma au fil des chapitres. Il y a tout d'abord cette petite fille naïve et totalement innocente, qui constate certes les maltraitances et les injustices dont sont victimes ses camarades de classe, mais qui est foncièrement persuadée du bien fondée de cette éducation. Mais il y a surtout la prise de conscience de l'Alma adulte, qui finit par constater les limites de l'avenir qui leur était promis au coeur d'une Amérique foncièrement raciste, pas du tout encline à intégrer ces peaux-rouges, même civilisés…

Servi par une belle plume, ce qui est bien la moindre des choses lorsqu'on relate la terrible destinée des Indiens, « Pour l'honneur de tous les miens » est donc à la fois le récit d'amitié d'une petite fille condamnée à vivre entre deux mondes, mais également un récit sur la différence… cette satanée différence qui pousse chaque fois l'être humain à commettre les pires exactions et que ce genre d'ouvrage fait bien de rappeler afin de ne jamais les oublier…

Si vous aimez la bande dessinée, lisez également l'excellent « Hoka hey! » de Neyef, qui aborde le même sujet.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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J'avais déjà lu plusieurs livres sur l'assimilation forcée des enfants indiens au Canada, par leur internement dans des pensionnats où les procédés utilisés tenaient plus du redressement que de l'éducation, aucun sur cette même histoire aux États-Unis.

Alma est fille unique. Elle est arrivée il y a peu avec ses parents à la Stover School. Elle y attend avec impatience les autres élèves dont elle espère bien se faire des amis. Ces élèves attendus sont indiens. Originaires de plusieurs tribus, ils ont été enlevés à leurs familles pour devenir de bons petits américains, pour profiter de tous les bienfaits de la civilisation, celle des blancs évidemment. Ils y resteront de nombreuses années, sans revoir leur famille et en sortiront pour soi-disant mener une vie meilleure que leurs parents, mais en fait amputés de leurs racines et de leurs traditions et rejetés par le monde des blancs.

L'histoire alterne entre les années passées à la Stover School, qui voient grandir Alma et les jeunes indiens et quelques jours, des années plus tard, où Alma maintenant mariée, va essayer de sauver un des ses anciens amis, élève indien ayant réussi à intégrer l'université et que l'on pensait promis à un brillant avenir. Il est soupçonné de meurtre et risque la pendaison.

Ce roman, habilement construit, qui maintient pendant tout le récit, le suspense sur les évènements qui ont conduit Alma à quitter l'école et ses parents, aborde un certain nombre de questions.
Bien sûr, il y est question de l'assimilation forcée des indiens, de l'étroitesse d'esprit des hommes blancs, incapables de concevoir qu'une autre civilisation puisse valoir la leur, de leur racisme, qui après avoir enseigné à tous ses indiens comment se comporter en parfait hommes blancs les rejette au nom de leur couleur de peau, ne leur laissant aucune possibilité d'une vie heureuse. Comme le dit un de ces anciens élèves :
« le temps ne changera pas la couleur de ma peau ! [ …] A Brown, j'étais trop indien pour m'intégrer. Quand je suis rentré à la maison, je ressemblais trop, à l'homme blanc. »

Il y est question aussi de l'influence parfois pernicieuse des parents sur leurs enfants. J'ai trouvé à ce titre intéressant le personnage d'Alma. Petite fille, elle est prise entre deux mondes. Soumise à l'influence de son père, à ses discours vantant l'avenir radieux qui s"ouvrira pour les élèves, débarrassés de leurs traditions, elle croit à la campagne d'assimilation menée par son père directeur de l'école, elle pense sincèrement que cette éducation améliorera la vie de ces jeunes, mais elle veut aussi être leur amie et aime découvrir leurs langues, leurs jeux, leurs coutumes, même si elle reste persuadée que l'homme blanc est supérieur. Et c'est le plus horrible en fait, c'est que son père au moins, elle aussi sont sincèrement convaincus d'oeuvrer pour le bien des jeunes indiens. C'est toujours sans fin cette impossibilité pour beaucoup d'admettre la différence, d'admettre que différent ne veut pas dire inférieur.

Un livre poignant sur un sujet hélas toujours d'actualité.
Un grand merci à Magielivres qui avait attiré mon attention sur ce livre.
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Quelle hérésie, de vouloir contraindre, ces pauvres indiens de devenir le sosie de l'homme blanc.
Quelle absurdité, de les priver de chasse, de pêche, de les parquer dans des réserves, surveillées par des policiers blancs.
Quelle misère, des cahuttes de bric et de broc, quelques pièces de monnaie, deux ou trois boîtes de conserve et taisez-vous.

Pour l'honneur de tous les miens de Amanda Skenandore, un livre poignant, inspiré de faits réels, qui m'a fait bondir.

Dans les années 1880, des écoles sont créées pour l'assimilation forcée des enfants indiens. A coup de clairon, de coups de règle, ils devaient déposer les armes : leur langue, leurs us et coutumes, leur religion, leurs croyances et même leur nom. Lavés de tout...

Alma, petite-fille naïve,croit aux belles paroles de son père qui dirige la Stover School, heureuse de se faire des amis(es) comme Aksu, Minowe et plein d'autres. Sa mère, s'occupe des petits indiens par obligation, elle les a en horreur. Ce qui compte pour elle c'est la bonne société américaine.

Alma, vivra entre ces deux mondes, en essayant de protester parfois pour défendre ces enfants, contre les injustices, les maltraitances, mais elle croira toujours aux grands discours de son père. C'est pour leur bien. On lui a tellement inculquer ça depuis toujours.
Ce sont des sauvages, il faut les sortir de là.
"_C'est ce qui lui est arrivé quand on lui a coupé les cheveux et quand on a brûlé ses vêtements. Quand ton père et Miss Wells lui ont fait croire qu'il pouvait devenir Blanc. C'est ce qui lui est arrivé à Stover."

En 1906, son passé la rattrape, en lisant un journal, elle découvre avec émotion que son ami Asku est accusé du meurtre d'un agent fédéral.
Elle suppliera son mari avocat, de défendre son ami. Il leur reste que quelques jours pour l'aider.
Durant ce laps de temps, tous les souvenirs bons et mauvais referont surface.
"_ Je ne comprenais pas que ces rituels étaient une manière pour eux de garder en vie une partie de leur véritable identité. Leurs souffrances, leur mal du pays, la discrimination dont ils faisaient les frais...Tout était là autour de moi et je n'ai rien fait pour y remédier."

Une histoire terrible, émouvante. Il n'avaient rien demandé et n'ont jamais été accepté par les Blancs, malgré l'instruction reçue.

Je vous le conseille, un roman historique qui va vous remuer. Yaena, je pense que tu vas l'aimer...Bonne lecture.
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1906. Alma qui est maintenant mariée à un avocat apprend qu'un indien, Asku, va être jugé et sans doute condamné à mort. Elle se souvient de l'arrivée d'Asku dans l'école que son père avait créé pour éduquer ces 'sauvages'. Alors qu'on les forçait à oublier leur langue, leur culture, Alma avait fait le chemin inverse, appris leur langue, leurs jeux, leurs coutumes.

Tous les éléments sont là pour créer un best seller, Asku s'obstinant dans son silence, le mari à qui Alma n'a jamais parlé de son enfance, et un procès évidemment dont sont si friands les Américains.

Il y a de beaux passages dans l'école, la coexistence d'Alma avec les indiens, mais les éléments 'best seller' m'ont paru tellement artificiels, presque dégoulinants et la deuxième partie si lente, comme si Amanda Skenandore s'efforçait d'atteindre le quota requis par l'éditeur.
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Stop ! Viens que je te parle d'un roman absolument passionnant! Un de mes coups de coeur de l'année 2022 !

Alors que je termine ce roman, j'essaie de reprendre mes esprits pour rédiger ma chronique et te partager ce que j'ai ressenti.

Etats-Unis 1880-1906. Alma Mitchell est rappelé par son passé : un agent fédéral a été assassiné et l'accusé n'est autre qu'un ami d'enfance Harry ou Asku. Très vite, elle se lance à sa recherche pour comprendre ce qu'il s'est passé et lui venir en aide. Tous deux ont fait leur scolarité à Stover school; elle, était blanche, lui, était indien. Quand des écoles sont créés pour faciliter l'assimilation forcée de toute une population, quand des colons veulent imposer et façonner à leur image un peuple qui a des coutumes et un langage bien à lui , quand l'amitié franchit la barrière de la différence…Il est l'heure pour Alma de déterrer le passé et se replonger dans ses souvenirs qu'elle n'a jamais partagé avec son mari...

Dès les premières pages, le lecteur comprend très vite qu'il s'agit d'un roman intense, profond, bouleversant. Caractérisé par une alternance passé présent qui fait la spécificité des romans publiés chez FM, ce livre nous fait découvrir un pan de l'Histoire américaine si peu traité : les Indiens et leur assimilation forcée. Alma fait guide dans ce voyage qui est riche en émotions. Difficile de lire au combien l'homme blanc s'est cru et se croit encore supérieur face à ces populations qui n'avaient rien demandé. Difficile de lire tous les moyens mis en oeuvre pour qu'ils soient plus "civilisés". Certains passages sont révoltants, scandaleux et vous serrent le coeur tant le traitement réservé aux Indiens est abominable. On découvre ces années d'école où Alma, Asku et d'autres ont été élèves, on apprend comment ceux qui enseignaient, avaient vocation à gommer l'homme sauvage pour le rendre plus " civilisé", on lit leurs larmes, leurs souffrances et c'est dur.
D'un autre côté, on suit Alma qui se démène pour faire innocenter son ami. J'ai beaucoup aimé le personnage d'Alma qui se distingue de sa famille. Son père tenait l'école et sa mère n'avait que du mépris pour les Indiens. Elle, en revanche, s'intéresse à eux, elle souhaite découvrir leur culture et leur langue ce qui va donner naissance à de très belles amitiés. Comme un souffle qui nous permet de reprendre nos esprits, Alma incarne l'espoir. Elle est profondément touchante et humaine.
Ce roman restera une de mes lectures les plus marquantes de 2022 ; inspiré d'une histoire vraie, ce livre résonne comme un témoignage et met en lumière ces destins oubliés.
Un roman percutant, très bien documenté, une plume addictive qui nous happe dès les premières pages, des personnages forts, poignants ! J'ai beaucoup appris grâce à cette lecture, j'ai refermé ce livre la boule au ventre en pensant au destin de ces Indiens, à leurs souffrances et à Asku.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Notre mission ici à Stover – et c’est notre mission à tous, même la tienne – est d’enseigner à ces enfants indiens les valeurs du monde chrétien. Oui, tu peux être leur amie, mais tu ne dois pas te joindre à eux s’ils replongent dans la folie de leurs rites païens.
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Au lit, elle se recroquevilla tout au bord du matelas et étouffa un sanglot derrière ses lèvres résolument serrées. Seuls ses yeux avaient le droit de pleurer. La journée s'était déposée sur elle comme une couche de saleté. En serrant ses bras contre sa poitrine, elle comprit avec un certain soulagement que ce n'était pas Steward qui la révulsait, mais elle-même. Elle avait beau craindre de perdre son amour, sa plus grande peur était qu'il comprenne à quel point elle ne le méritait pas et regrette de l'avoir un jour aimée.
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J’ai passé neuf ans de ma vie à la Stover School for Indians et j’y ai reçu l’éducation d’un homme blanc. Mais toute l’instruction du monde ne pouvait pas changer la couleur de ma peau. Je n’étais pas un homme blanc, et je n’aurais jamais été traité comme un homme blanc. Alors je suis retourné auprès de mon peuple. Mais même là, j’étais un paria, rejeté, car je ne me souvenais plus des traditions indiennes.
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- ... Si Dieu avait voulu le mélange des couleurs, il ne nous aurait pas placés sur des continents séparés.
- Alors que faites-vous là ? Si votre Dieu a donné ce continent aux mamãceqtawak, de quel droit l'homme blanc vient-il s'y installer ?
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- [...] Si Dieu avait voulu le mélange des couleurs, il ne nous aurait pas placés sur des continents séparés.
- Alors, que faites-vous là ? Si votre Dieu a donné ce continent aux mamaceqtawak, de quel droit l'homme blanc vient-il s'y installer ?
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Vidéo de Amanda Skenandore
30 janv. 2023 Zoya Dixon interviews Amanda Skenandore, author of The Second Life of Mirielle West (2021).
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