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EAN : 9782869599529
145 pages
Arléa (25/08/2011)
3.46/5   50 notes
Résumé :

Karen et moi est d’abord l’histoire d’une rencontre, une rencontre que seule la littérature rend possible, entre un écrivain magnifique, Karen Blixen, morte en 1962, et une petite fille de onze ans qui lit La Ferme africaine sous une tente. Le temps passant, la petite fille solitaire est devenue une jeune femme, la narratrice du livre, laquelle entreprend d’écrire la biographie de celle qui l’accompagne depuis son p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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« Karen et moi » est un magnifique hommage à la femme de tête et à l'écrivain qu'était Karen Blixen, l'auteur de « La ferme africaine ». Nathalie Skowronek y raconte, à sa façon, la vie extraordinaire de cette femme qu'elle admire.
Eprise de liberté, étouffée par les normes, trop indépendante pour se soumettre aux codes, Karen Blixen a tout fait pour échapper à la vie étriquée qu'on lui avait promis. A 27 ans, elle se fiance par intérêt au baron Bror von Blixen, qui lui offre un titre de noblesse et de quitter le Danemark pour le Kenya, en échange de sa fortune. Karen se lance tête baissée dans cette proposition, trop désireuse de quitter un monde qui ne lui correspond pas, pour un autre qui lui promet aventure et épanouissement. Mais très vite, les premières difficultés se font sentir. L'exploitation de café dans laquelle Karen a tout investi n'est pas rentable. Bror, en plus d'être infidèle, fuit face aux problèmes et dépense tout l'argent en femmes et en boisson. Malgré tout, Karen s'acharne, refuse de renoncer et ferme les yeux sur ses échecs. Sa rencontre avec Denys Finch, qui deviendra son plus grand amour, sera source de douleurs, mais surtout de joie pour cette femme passionnée mais terrifiée par l'idée d'être abandonnée. Jusqu'au jour où un coup du sort l'obligera à rentrer au Danemark et à se lancer dans l'écriture de sa vie…
Quoi de plus passionnant pour un lecteur, qu'un auteur passionné par son sujet ? Et passionnée, Nathalie Skowronek l'est. Au-delà de la volonté d'écrire une biographie sur une femme qui s'avère fascinante, l'auteur nous invite à lire une véritable déclaration d'amour ! On sent qu'elle donne énormément d'elle-même dans ce texte, d'où la force qui s'en dégage. L'auteur alterne avec beaucoup d'habileté les passages sur Karen avec ceux, plus introspectifs, sur elle-même. Elle voit en Blixen une sorte d'alter ego, auquel elle s'identifie avec tellement de sincérité, que l'on a presque l'impression d'assister à une véritable discussion entre les deux femmes. Nathalie Skowronek interroge Karen, met en parallèle leurs deux personnalités si similaires, commente les choix de cette femme de caractère de manière si naturelle que l'on a l'impression qu'elles se sont vraiment connues. Cette passion qui l'anime tout au long du récit est transmise au lecteur avec une réelle efficacité et donnera envie aux non-initiés de découvrir Karen Blixen à travers ses écrits. Magnifique, intimiste et bouleversant, ce texte est une grande réussite et une excellente découverte !
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Quelle jolie découverte... la lecture de ce petit livre a été pour moi une promenade agréable et inspirante. Sur-le-champ, j'ai éprouvé de l'empathie pour la narratrice (qui en ressent elle-même pour Karen Blixen). Cette mise en abyme m'a confrontée ainsi à mon histoire, à mon enfance, à mon sentiment d'être différente des autres, et à la terrible sensation d'être en dehors...

D'emblée, la narratrice nous fait part de sa passion de lectrice émerveillée et assidue - L'appel de la forêt, Une saison en enfer, le lion...- livres qui ont jalonnés son enfance et sont devenus ses repères, des traces indélébiles qui ont marquées des périodes-clés de sa vie, qui l'ont fait grandir (qui ont peut-être aussi contribués à son isolement).

Et puis il y a son admiration, sa vénération pour Karen Blixen, auteure de la ferme africaine, ouvrage qu'elle a lu très jeune. Plus qu'à l'histoire, elle s'est attachée à la personne qui se cache derrière les mots. Elle semble se reconnaître en elle, penser comme elle, vivre comme elle, aimer comme elle... telle une soeur.

Elle cherche alors à la connaître davantage, se renseigne sur l'existence romanesque de Karen Blixen. Elle tente d' ébaucher une biographie, mais on ne peut pas l'appeler telle quelle, il s'agit plutôt d'une alternance d' événements de son histoire et de petites perceptions intérieures. La narratrice observe très vite une résonnance entre leurs deux vies et les met naturellement en parallèle.

A mesure qu'elle définie les contours de Karen, son environnement, son enfance, ses relations familiales, ses amours, ses joies, ses peines, se dessinent des sensations familières, des sentiments semblables ( peut-être se les figurent-elles?).

Quoi qu'il en soit, ces similitudes lui permettent de répondre à certaines interrogations concernant des épisodes de son enfance, les rapports entretenus avec sa mère, sa solitude, son impression tenace de ne pas être comme les autres, le sentiment étrange de ne pas avoir de place...

Finalement, l'histoire de Karen Blixen devient un prétexte à la quête de la narratrice, une manière d'y voir plus clair dans sa propre existence. Là est posée une des questions du livre : l'écriture a-elle le pouvoir de sauver, d'aller au-delà de la surface des choses, de faire éclore toutes les choses enfouies qui nous encombrent tant ? Et la lecture, peut-elle également agir sur le devenir de notre être, favoriser une évolution de notre pensée, modifier nos habitudes, nous rendre plus habile à appréhender le monde ?

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Karen et moi est le premier roman de cette auteure belge, lecture de vies en miroir. A travers le projet de rédaction biographique, la narratrice s'interroge sur son propre parcours, le récit de celui de Karen Blixen étant impulsion, défi, aboutissement, confrontation et acceptation de tout ce qu'elle occultait de sa vie.

J'ai aimé ce double regard, cette double parole, la voix professionnelle et documentée, le murmure de la femme qui affronte son passé, sa différence, qu'elle a occultée alors qu'elle reconnaît l'influence que ce déni a eu sur ces choix. J'ai été particulièrement touchée par cette démarche, quasiment psychanalytique, qui se fait sous la personnalité tutélaire d'un auteur marquant, personnalité référente, à la fois en toute confiance et toute conscience. Une " re-connaissance " dans tous les sens du terme, libératrice et nécessaire. J'ai admiré que cette narratrice parvenue au terme de son chemin d'écriture et d'introspection quitte le monde de l'intellectualisme et du fantasme pour affronter lors d'un voyage la réalité de cet auteur, qu'elle admette que Karen est autre, qu'elle lui faudra s'en détacher, la laisser derrière elle.

Vous l'aurez compris, ce roman d'à peine cent cinquantes pages, presque une " lettre à Karen ", c'est celui de l'empathie, d'une rencontre littéraire.
A chaque chapitre, des paragraphes alternés racontent la vie familiale de Karen Blixen et les souvenirs de la narratrice. La plume est précise, prenante, sans pathos, complaisances nombrilistes ou fausse pudeur, ni emphatique ni didactique. Pour autant, ce roman n'est pas une confession, c'est un bel hommage à la lecture, à l'écriture, à la littérature. C'est un plaisir de (re)lire des scènes extraites de la ferme africaine, des citations des lettres de Karen Blixen, d'y retrouver L'appel de la forêt de Jack London aussi.

" Je sentais monter en moi l'appel de l'ailleurs. J'avais en tête ces mots de van Gogh, " vouloir voir une autre lumière "; ce n'était pas grand-chose mais ils me servaient de boussole. Je voulais surtout essayer là-bas ce que je n'avais pas réussi ici. Recommencer à zéro. Me sentir moins désoeuvrée. Autour de moi, on trouvait l'idée mauvaise : j'étais trop prometteuse pour me risquer à l'idéalisme ou au vagabondage. "


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J'ai envie de vous parler de ce livre mais je ne serai pas à la hauteur, je le crains. Je l'ai ouvert avec un sentiment de déception lié à ma lecture précédente (Pierrot de rien) et il m'a tout de suite happée, charmée, touchée… et je ne crois pas que ces sentiments soient à mettre uniquement sur le compte de la déception d'avant. Je me contenterai sans doute de quelques impressions fortes liées à cette lecture.

D'abord le bonheur de retrouver Karen Blixen et cette célèbre phrase « J'avais une ferme en Afrique, au pied des montagnes du Ngong… » Une phrase évidemment rendue célèbre par le film de Sidney Pollack, Out of Africa, et je l'avoue, ce n'était pas évident d'évacuer complètement les souvenirs de Meryl Streep et Robert Redford : même si Nathalie Skowronek ou plutôt sa narratrice ne peut pas ne pas y faire allusion, elle nous apprend bien plus que la belle histoire de Karen au Kenya, de son amour pour Denys Fynch-Hatton. Grâce à la correspondance de Karen BLixen, à ses visites sur les lieux où elle a vécu, au Danemark et en Afrique, cette narratrice (dont nous ne connaîtrons jamais le nom) nous conte l'enfance, l'adolescence, la personnalité hors-norme de la jeune Karen, marquée à tout jamais par les tourments de son père Wilhelm et toujours soutenue par sa mère Ingeborg.

Ensuite, le secret de ce Karen et moi, ce sont les liens, apparents ou plus secrets, entre la narratrice et Karen : originalité, difficulté à trouver sa place, secrets et douleurs familiaux, désir et apaisement liés à l'écriture, accompagnement inaltéré de la littérature… tant de choses qui relient ces deux personnalités complexes, écorchées, assoiffées d'amour. Et malgré la souffrance si forte qui ressort de l'histoire de la narratrice, malgré toutes les pertes subies par Karen, il y a, avec et envers le passé, une marche en avant, il y a une lumière au bout du tunnel. Pour être pleinement soi-même tout en vivant avec les douleurs à peine apprivoisées de sa propre histoire.

Et puis l'amour des livres, la littérature qui sauve, qui guérit, qui accompagne : le Buck de Jack London devient presque un troisième personnage qui cristallise les aspirations de Karen et de sa biographe improvisée.

Voilà quelques souvenirs forts de cette lecture, avec un sentiment de fluidité dans l'écriture, d'osmose naturelle entre la narratrice (dans quelle mesure Nathalie Skowronek puise-t-elle dans son histoire personnelle, je me le demande) et Karen Blixen qui est finalement encore plus proche de nous, lecteurs. C'était vraiment très fort et très touchant.
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Ce titre m'avait attirée parce que Karen Blixen en était le principal élément. Une des femmes écrivains que j'admire le plus et dont je possède quasiment toute l'oeuvre ainsi qu'une biographie de Judith Thurman. La narratrice dont le mal de vivre est évident, voue elle aussi une grande admiration à Karen Blixen au point de la mêler à sa propre existence, de voir en elle son double et de s'identifier à ses aspirations et ses échecs. le récit d'une rencontre imaginaire et littéraire.

L'idée aurait pu être intéressante. Mais voilà, le malaise que la narratrice est si flou (même si elle sème quelques confessions ça et là) que j'ai renoncé à comprendre le lien qui l'unissait à l'écrivain. Il y a pourtant de jolis passages dans ce livre très court, mais aussi des éléments un peu répétitifs. Evidemment, je connais la vie de Karen Blixen, j'aurai donc préféré que l'auteur ne s'attarde pas à nous retracer son parcours, sa vie avec Bror, la rencontre avec Finch-Hatton et tutti quanti. de même que se trouvent résumés certains livres favoris de Nathalie Skowronek, comme L'appel de la forêt de Jack London, roman que je connais par coeur... Ne restent que quelques pages qui n'ont pas suscité mon intérêt, celles qui touchent à la vie privée de la narratrice, car elle m'a semblé trop lointaine, trop en retrait, cédant toute la place à Karen Blixen. C'est d'autant plus dommage que j'ai trouvé la fin du livre particulièrement touchante, ce retour aux sources si l'on peut dire. Si j'ai cependant pris du plaisir à la lecture, ce fut fugace et léger, et avec un soupçon d'ennui...
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critiques presse (1)
Bibliobs
02 novembre 2011
Sans Karen Blixen, Nathalie Skowronek n'eût jamais osé passer aux aveux dans ce premier livre ardent et reconnaissant. Preuve du pouvoir immense, sur nos vies, de la littérature.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Je m'enfermais beaucoup dans ma chambre quand je n'étais pas au fond du jardin, dans la petite serre que j'entretenais, en train de lire. J'ai passé mon enfance et mon adolescence plongée dans un livre. J'en avais toujours un sous la main: dans mon cartable, sur ma table de chevet, dans la poche arrière de mon jean. A l'école j'étais celle qui passait son temps à lire. Cela sonnait un peu bizarre, mais je ne me sentais pas capable d'autre chose. Je n'arrivais pas à comprendre le monde autrement. D'une certaine manière, les livres faisaient écran entre les autres et moi. Je me cachais en même temps que je m'évadais.
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Je travaille depuis des mois sur Karen Blixen. J’ai le projet d’écrire sa vie. L’idée s’est imposée alors que je m’enfonçais dans cette existence de jeune femme modèle qui ne me ressemble pas et que mes tentatives pour m’affirmer s’étaient soldées par de pénibles échecs : un roman inachevé, une solitude toujours plus grande, le sentiment de regarder passer sa vie.
Karen est morte onze ans avant ma naissance. J’aurais voulu qu’elle vienne me dire, qu’elle raconte à l’enfant que j’étais, comment faire avec cette sensation d’étrangeté qui m’éloignait des autres, ma peine et mon trésor. J’aurais voulu qu’elle me raconte, et qu’à mon tour, je le raconte à mes filles. Dis-moi, Karen. Dis-moi comment tu as fait.
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Je le porte en moi, ce livre que je voudrais écrire. Je voudrais raconter la vie de Karen Blixen. Cette femme me parle. Karen est ma sœur, son chemin est le mien. Je voudrais dire ses désirs, ses épreuves, son besoin d'exister. Tracer les contours de ce qui l'amène à créer. J'ai l'impression qu'en parlant d'elle j'arriverai à parler de moi. Je suis lasse, lasse de mentir. Et, comme Karen, j'ai l'espoir que l'écriture pourra me sauver.
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Cela fait longtemps que Karen est entrée dans ma vie. J’étais déjà familière de son aventure africaine, de Denys et de Bror, les hommes de sa vie, de son attachement aux animaux, et puis, il y a peu, j’ai ressenti un besoin impérieux de revenir vers elle. Moins pour elle que pour moi, à dire vrai. J’ai commandé sa correspondance sur un site de vente en ligne, j’étais pressée de la retrouver, et la couverture du livre me plaisait : elle rappelait celle du Marin de Gibraltar, dans une de ses versions anciennes.
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« J’ai raconté cette histoire des dizaines de fois à mes filles. Je leur dis les différentes couches qui nous composent et la nécessité, le moment, venu, de s’engager dans la voie qu’on a choisie. Une partie de moi aimerait rester comme Lullu, celle qui vient et qui repart, au gré de ses envies, de son besoin d’espace et de ses peurs de petite fille. L’autre a compris qu’elle ne pourra exister qu’à la condition d’affirmer son identité. C’est une lutte que je mène autant pour moi que pour soutenir le regard des autres. Elle me brise, mais que faire sinon trouver ma place, enfin me situer, même à la marge, même das la forêt. A moi d’y aller, je n’en peux plus de vouloir être partout, et donc nulle part. » (p. 90-91)
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Videos de Nathalie Skowronek (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nathalie Skowronek
Présentation de l'EUPL,Prix Littéraire de l'Union Européenne, et interview de la lauréate belge 2020, Nathalie Skowronek, pour son roman "La carte des regrets", publié chez Grasset.
Musique et sound design : Gampopa
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