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Challence ABC 2016-2017

« Erano i giorni dell'arcobaleno,
finito l'inverno tornava il sereno » (Nicola di Bari)

Quinze minutes de tribune électorale, c'est le cadeau « généreusement » accordé par la junte militaire chilienne – de plus en plus isolée sur la scène internationale – à l'opposition démocratique, quelques semaines avant le referendum du « oui ou non à Pinochet », qui sera organisé le 5 octobre 1988, après quinze ans de dictature et de terreur.
Un spot de campagne de quinze minutes pour faire gagner le « non », c'est la tâche – le miracle – qui est demandée à Adrian Bettini, le meilleur publicitaire du pays, censuré par le régime depuis quinze ans.
Un peu malgré lui, Bettini endosse la mission mais, blasé et méfiant, il ne croit guère à la victoire, convaincu que les Chiliens, écrasés depuis trop longtemps, n'oseront pas relever la tête, et/ou que le referendum sera truqué et/ou annulé en dernière minute par la junte. A court d'idées et pressé par le temps, il accepte à contre coeur d'intégrer au spot une chanson écrite sur l'air du Beau Danube Bleu, qu'il juge naïve et ridicule. Et comme emblème symbolisant l'union des seize partis d'opposition, il ne trouve pas mieux qu'un arc-en-ciel... Ridicule et naïf, pense-t-il, persuadé qu'une campagne basée sur la simple idée du retour à la joie ne convaincra personne. Il a tellement honte de lui, de son manque de créativité et de professionnalisme, il a tellement l'impression que l'avenir du Chili tient au fil de ce qui est sorti de son imagination, qu'au moment de la diffusion télévisée du spot électoral, il préfère errer au hasard des rues de Santiago, espérant presque être foudroyé par une crise cardiaque.
Et pourtant... Loin d'être perçue comme ringarde ou candide, la chanson du « No ! » fait un tabac, jusque dans les urnes, puisque ce sera finalement « non à Pinochet », à 53% des votes.

J'ai vu le film « No ! » de Pablo Larrain il y a quelques années et je l'avais beaucoup aimé. La lecture du livre m'a un peu déconcertée au début, parce que là où le film est centré sur la création et le tournage du spot électoral, le livre n'en détaille presque rien et développe davantage les états d'âme de Bettini, ses mauvais souvenirs de la dictature, sa méfiance et ses craintes de représailles. Plus largement, on ressent la différence de perception entre les générations, celle, désabusée, du publicitaire, qui a connu la dictature dans sa chair et qui est toujours sous l'emprise de la peur, et la génération suivante, celle des étudiants qui brûlent d'en découdre avec la vie ou de quitter ce pays sans avenir, et qui soudain se mettent à espérer. On comprend aussi le paradoxe et la difficulté de cette campagne dans laquelle un « NO » est censé représenter quelque chose de positif, l'espoir du retour de la liberté et de la joie.
Mission accomplie, le cadeau de ces quinze minutes d'expression accordé à l'opposition se révèle empoisonné... pour Pinochet.
« Pinochet a bombardé le pays de publicité pendant quinze ans, et à moi, on ne m'octroie que quinze minutes à la télé. C'est le combat de David contre Goliath.
- Adrian ?
- Oui ?
- Qui a gagné ?
- Qui a gagné quoi ?
- La bataille de David contre Goliath. »

Simple et sans fioritures, un livre utile et touchant.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Livre choisi un peu hasard. Mais qui s'est révélé très intéressant.
Nous sommes en 1988 à Santiago du Chili où l'on suit, d'une part, un lycéen dont le père, prof de philo, a été arrêté et, d'autre part, l'homme qui mène la campagne pour le non à Pinochet.
C'est très rythmé, on ne s'ennuie pas. On a l'impression d'être vraiment immergé dans ce moment de l'histoir et on y suit les personnages dans leur quotidien qui, même perturbé par ces événements, doit continuer.
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Chili, 1988. le dictateur Pinochet décide d'organiser un plébiscite avec le double objectif de rester au pouvoir et d'orner enfin son régime d'un vernis démocratique. C'est une facette de la campagne du « non » à Pinochet qui nous est racontée là : nous avons droit aux affres vécues par le publicitaire en charge de cette campagne et par ceux qui le soutiennent.
Le récit est mené avec vivacité, gravité, parfois même drôlerie et sous différents angles, mettant en évidence la vie du Chili d'alors, encore sous la botte du régime issu du coup d'État de septembre 1973, un pays et sa jeunesse néanmoins pleins d'espoir. Ils gagneront.
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Chili. Déjà 15 ans de dictature. Pinochet organise alors un plébiscite et il autorise le parti adverse à diffuser un spot publicitaire pour dire « non », non à huit ans de plus avec Pinochet au pouvoir. Non à huit années de plus de détenu-disparu ou de disparu tout court, de média aux ordres du pouvoir. Il faut dire que le monde regarde, que des correspondants étrangers sont présents, alors il faut bien faire croire à la démocratie, non ?
S'il est un mot qui convient pour désigner les chiliens, c'est « résignation ». Aller voter pour le non ? Et s'ils leur arrivaient quelque chose dans le bureau de vote, ou après ? Que risquent réellement ceux qui s'opposeront à la dictature ? Oui, je ne peux m'empêcher d'ajouter qu'en France nous ne risquons rien en allant voter, et que nous oublions que d'autres n'ont pas la chance – de voter tout court. Puis, si l'on ne fait pas trop de vague, pourquoi ne pas laisser le pays en l'état ? A force de ne plus connaître que la dictature, à force d'oubli, on n'a plus le courage de vouloir vivre autre chose. Seuls les proches des disparus semblent déterminés.
Des personnages forts émergent de ce roman. Nico, d'abord, le narrateur, dont le père a été arrêté en pleine classe devant ses élèves. Une chance : sa disparition ne peut être niée. Nico était paré à cette éventualité, son père et lui avaient mis au point plusieurs stratégies, plusieurs contacts au cas où – et c'est arrivé. Patricia est son amie, son amoureuse. Pour elle, l'avenir n'est pas au Chili, mais ailleurs, elle a hâte de partir. Son père est un grand publicitaire, le plus grand peut-être du pays, c'est pour cette raison qu'il est sans travail, trop doué, trop opposé à ce qui se passe au Chili. C'est pourtant à don Adrian Bettini que l'on propose deux campagnes, celle pour le oui, d'abord, puis celle pour le non, que tous ou presque lui demandent de refuser, que lui-même n'a pas vraiment envie d'accepter, la seule qui le pousse à le faire, c'est sa femme :
– J'admets que ton argument est bon. Malgré tout, il y aurait encore une autre raison de ne pas accepter.
– Dis-moi ?
– Pinochet a bombardé le pays de publicité pendant quinze ans, et à moi, on ne m'octroie que quinze minutes à la télé. C'est le combat de David contre Goliath.
– Adrian ?
– Oui ?
– Qui a gagné ?
– Qui a gagné quoi ?
– La bataille de David contre Goliath.
Nous connaissons la fin, pas ceux qui ont vécu cet événement. La vie ne s'arrête pas au Chili, la mort non plus, les surveillances tout sauf discrètes, les enlèvements, les tortures. Créer un spot de quinze minutes pour promouvoir le « non », toucher les indécis ou les peureux n'est pas simple. Ce qui distingue le camp du oui du camp du non ? Les certitudes. Adrian Bettini ne sait pas s'il parviendra à ses fins, il ne saura qu'après la diffusion du spot – et encore. le camp du oui est sûr jusqu'au bout, et presque au-delà. Et ce sont des destins qui se jouent.
C'était le couronnement de toute sa vie.
Que quelqu'un d'autre s'occupe de l'avenir. Lui, lui seul voulait maintenant savourer le présent.
Un beau roman rempli d'espoir et de douleurs.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Antonio Skármeta ne verse ni dans la fable moralisatrice, ni dans l'essai politique, ni dans le traité historique : le texte est très humain, et oscille entre différentes émotions. le tragique de la situation au Chili est contrebalancé par l'espoir qui prend chacun aux tripes à l'idée que Pinochet pourrait bientôt être renversé. À cela s'ajoute la gaieté des petits instants volés à la dictature, la désolation devant la terrible réalité quotidienne, le désespoir et la lassitude profonds du peuple et de l'opposition.
Tragique, poétique, sensible, émouvant, le texte est simple, mais porteur d'un message lumineux et, malgré tout, c'est avec le sourire aux lèvres et plein d'énergie que l'on en ressort. Une réussite !
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Les jours de l'arc-en-ciel (2011) une lecture qui ne m'a pas séduit trouvant cette histoire chaotique, mal emmanchée et avec des personnages mal définis.
Mon impression globale est que l'oeuvre de Skarmeta est hétéroclite avec du bon et du moins bon (8 livres lus). J'aime bien par contre son humour quand il est présent.
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En 1988, Pinochet (au pouvoir depuis 15 ans) décide d'organiser un referendum. le peuple devra se prononcer en votant OUI ou NON.
OUI pour que Pinochet se maintienne au pouvoir,
NON pour que des élections libres soient organisées.

Le roman commence avec l'enlèvement du Professeur Santos dans sa classe, devant tous ses élèves, y compris son fils. C'est dans ce contexte que se prépare la campagne pour le NON.

L'opposition est composée de 16 partis, et ne disposera que de 15 minutes d'antenne à la télévision pour s'exprimer. La campagne menée est assez surprenante. Elle est administrée comme un spot publicitaire mêlant musique, slogan, symbole (arc-en-ciel) et bonne humeur. Les Chiliens privés de légèreté depuis 15 ans commencent à entrevoir la possibilité d'un changement.

Contre toute attente, le NON (56%) l'emporte.

Ce roman, léger et grave à la fois, se lit très facilement. En 2012, le film « NO » de Pablo Larrain avec Gael Garcia Bernal, a rencontré un grand succès : Oscar du meilleur film en langue étrangère.
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« Les jours de l'arc-en-ciel » nous fait vivre les affres de la création d'une campagne de Pub. Surtout lorsque celle-ci est une campagne politique lors du referendum voulu par Pinochet.

Comment créer un spot de 15 minutes lorsque l'on est sous la pression de la police politique du dictateur ?
Comment ouvrir les consciences et insuffler joie et bonheur à un peuple qui a vécu 15 années sous le joug d'un état militaire ?
Comment rendre le « NO » sexy, rassembleur, positif afin de rejeter Pinochet ?

C'est à cette tâche que s'attelle Adrián Bettini, publicitaire reconnu mais blacklisté, après avoir refusé de faire la campagne du « Oui » pour la junte.

Antonio Skarmeta nous raconte, de manière vif et fluide, la, prise de conscience du peuple chilien que le « Danube bleu » de Strauss va éveiller.
Un roman jubilatoire sur la recherche du bonheur sans plier l'échine et la découverte de l'amour.
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