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Jean-Paul Gratias (Traducteur)
EAN : 9782869306455
300 pages
Payot et Rivages (02/04/1993)
3.54/5   14 notes
Résumé :
Dans les années 60, tandis qu'en Virginie les Noirs qui se battent pour leurs droits civiques se heurtent au Ku Klux Klan, une fillette blanche est kidnappée à Baltimore. La petite Alice Raleigh, onze ans et blonde comme les blés, héritière d'une immense fortune, est enlevée contre une rançon d'un million de dollars. Ses ravisseurs, s'ingéniant à la rendre invisible aux yeux des policiers et des agents fédéraux, trouvent le moyen de brunir sa peau, lui teignent les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« -A vrai dire, j'ai tellement changé depuis ce matin que je ne saurais plus dire qui je suis… » dit l'Alice de Lewis Caroll. L'Alice de Thomas Disch et John Sladek pourrait en dire autant: de riche petite fille blanche scolarisée dans un établissement huppé de Baltimore, elle est devenue noire, pauvre, et recluse dans une maison de passe afro-américaine de Virginie, alors qu'à l'extérieur, la bataille pour les droits civiques fait rage et que le Ku Klux Klan rôde…

Comment Alice Raleigh, onze ans, blonde aux yeux bleus, héritière des Duquesne, est-elle arrivée là? Kidnappée par de mystérieux ravisseurs qui demandent un million de dollars à ses parents, elle a été grimée en noire afin de passer inaperçue, et placée sous la surveillance de Betsy, une mère maquerelle. Un exemple de « Passing » racial comme le nomment les nord-américains, mais aussi social. Recluse, Alice le devient dans le bordel, sous la garde des pensionnaires qui ignorent sa véritable identité, mais recluse elle l'est aussi dans la banlieue de Norfolk, petite fille, noire d'apparence, dans le quartier défavorisé à la merci des suprématistes qui s'opposent, dans le Sud des années 60, à toute velléité d'émancipation.

Ce très bon roman noir, caustique et cru, est le fruit de l'imagination de deux auteurs de S.F, Disch et Sladek. Leur thriller, classique, un kidnapping, une rançon, l'enquête, prend un virage à 90 degrés, et leur permet grâce à une traversée du miroir, raciale, sociale, politique, de dresser un état des lieux de la ségrégation.

Les personnages sont aussi fantasques et cruels, qu'une Reine, un Chapelier fou, et un chat souriant. « Mais je n'ai aucune envie d'aller chez les fous ! - Oh ! vous ne sauriez faire autrement, tout le monde est fou, ici… » Autour de Black Alice aussi, tout le monde ou presque est fou… Heureusement que cette petite fille intelligente et sensible est dotée d'une grande capacité de résilience. Que ce soient ses parents (indignes), surtout son géniteur, Roderick Raleigh, un raté geignard et dénué de morale qui aime à citer Shakespeare, ou les débiles du KKK qui se cachent derrière des « Grand Cyclope »  et « Grand Dragon du Royaume Virginie », mais qui aiment coucher avec des filles de couleur de chez Betsy… Ce roman d'apparence foutraque est fort bien écrit . Grâce à l'imagination débridée de ses auteurs et à leurs innombrables trouvailles, il nous plonge avec violence dans la schizophrénie américaine.
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Thomas Disch est bien connu des amateurs de Science Fiction. On lui doit dans ce domaine deux forts romans, très personnels : Sur les Ailes du Chant et le Businessman. Il est également l'auteur d'un recueil de nouvelles intitulé 334, dont chaque texte concerne un habitant de l'immeuble n°334. Ces livres témoignent de la grande érudition de son auteur, de son humour subtil et d'une vision très noire mais très réaliste d'un futur proche. Ils témoignent aussi de la qualité d'écriture de Thomas Disch, aux phrases ciselées, aux formules incisives. Thomas Disch a un talent monstre. Dommage qu'il soit si discret.

Associé à John Sladek, il aborde ici le monde du polar. Mais il le fait à sa manière, évite détectives classiques, duo d'inspecteurs ou serial killer, pour transposer le thème d'Alice au Pays des Merveilles dans les années soixante et nous écrire une histoire originale et drôle. On retouve dans ce roman les caractéristiques de l'auteur décrites plus haut : humour raffiné qui sied si bien à son sujet, style parfait, art de la nuance et du détail qui fait mouche. Il nous brosse aussi quelques savoureux portraits de personnages dont émerge un couple irrésistisble : Roderick (Rodipou pour les intimes), si fabuleusement, si naturellement égocentrique, et son épouse Delphinia, qui ne lui cède en rien.

On pourra reprocher à ce livre charmant sa légèreté et considérer qu'il est surtout un exercice d'écriture. Sans doute. N'empêche qu'un sourire amusé nous accompagne tout au long de ses 296 pages. Alors on ne va pas bouder son plaisir.
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Dans le Maryland, dans les années 60. Alice Raleigh est une petite fille de 11 ans. Elle est l'héritière de la grande fortune de son grand-père, gérée par son oncle Jason. Ses parents s'intéressent plus à son héritage qu'à elle. Mais, un jour, elle est enlevée et déguisée en Noire pour être cachée aux yeux de tous…
Je ne suis pas fan des romans policiers mais l'intrigue avait l'air intéressante. Une fois, l'histoire se lit bien mais mon intérêt pour le livre était un peu retombé. Je m'attendais à autre chose. Mais le contexte est captivant, l'Amérique, le Ku Kux Klan et le racisme. C'est effrayant de voir à quel point, à quel point il était présent à cette époque.
Ce n'est pas souvent que je lis un quatre mains mais l'ensemble est assez cohérent même si j'ai eu du mal à rappeler quelques personnages. J'ai bien aimé le ton humoristique malgré le contexte un peu rude. Je lirais bien les autres oeuvres des auteurs !
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Le personnage d'Alice n'est pas dénué d'humour, au sens où, d'après l'appli Robert Dixel, celui-ci est une « forme d'esprit qui consiste à dégager les aspects plaisants et insolites de la réalité, avec un certain détachement ». L'humour d'Alice est un humour d'enfant de 11 ans, où se mêlent logique, cruauté (tout d'abord, dans l'incipit, l'enlèvement - mais « avec précaution » - de la chenille pour répondre à une attente assommante) et une certaine empathie (qui tempère « un certain détachement »).
L'humour des auteurs, Thomas Disch et John Sladek, est un humour noir (dark), « qui s'exerce à propos de situations graves, voire macabres » (toujours le dico).
Il m'a fallu deux lectures pour pleinement apprécier les qualités de ce livre trouvé chez un bouquiniste il y a quelques mois (le titre me plaisait et je commençais à découvrir les romans de Thomas Disch - Génocides notamment, qui, bien qu'ayant un peu déçu mes attentes, vaut à mon sens la lecture pour au moins deux « scènes » : celle du banquet et la fin).
Dans un premier temps, lecture enthousiaste, je me suis laissé emporter, déborder par l'intrigue, avant de poser le livre et de le laisser prendre la poussière. Une seconde lecture (je relis plus que je ne lis, comprenne qui veut) m'a permis de mieux apprécier la finesse du récit ; la tension, le malaise instaurés dès les premières pages ; puis la folle accélération qui, annoncée dans le dialogue des dernières pages du chapitre 10, ravage tout à partir du chapitre 11 (le roman comporte 22 chapitres dont un épilogue), humour macabre et brutalité cathartique aux manettes.
États-unis, années 60. Famille, argent, délires raciaux, psychose(s)... Difficile d'en dire plus sans « trahir » l'intrigue.
Si ce n'est remarquer que Black Alice fait pour moi partie de ces récits (romans, BD) qui tendent vers un lieu où les personnages principaux cherchent à se protéger - provisoirement, de manière précaire - de la brutalité des autres, de la folie d'une société : avec les moyens qui sont les leurs, que leur accordent les auteurs (perversion ironique, désespoir et vivacité, modestie des anti-héros), les ratages que cela implique. Super (re)lecture.
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Il était une fois une petite fille blonde aux yeux bleus, potentiellement riche héritière, qui avait beaucoup d'imagination et qui s'ennuyait ferme.
Il était une fois des parents complètement nuls. Une mère nombriliste et dépressive, un père hâbleur et dépensier, vivant tous deux aux crochets du richissime oncle Jason.
Il était une fois une préceptrice afro-américaine élégante et avisée, embauchée par l'oncle pour remettre de l'ordre dans les idées d'Alice, suite à une crise de schizophrénie embarrassante .
L'appât du gain, la ségrégation raciale dans l'Amérique des années 60, l'appel du rêve et la candeur de l'enfance: tous les éléments sont réunis pour faire de ce livre un bon moment de lecture. Une histoire haletante, autour d'un enlèvement d'enfant, mais pas seulement . Une histoire qui montre les profondeurs de l'âme humaine, la bêtise des mouvements de foule, la vérité brutale d'un pays désaxé.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je me rappelle encore le jour où j'ai rejoint le Klan. Je venais de voir Mae Marsh dans Naissance d'une nation, un film sur la guerre de Sécession. Elle était mignonne à croquer, dans ce film, et douce comme un ange; mais à un moment, il y avait un nègre -en uniforme Nordiste, en plus- qui la poursuivait dans la montagne. Quand elle se retrouvait au bord du précipice, coincé par ce moricaud avec la bave aux lèvres, elle avait plus qu'une chose à faire, bien sûr: sauter dans le vide. Alors, moi, je dis: voilà le genre de choses dont le Klan devrait s'occuper.
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Alice commençait à trouver cela assommant de rester assise toute seule sur sa malle, sans rien avoir à faire. C'était le premier jour des vacances, bon sang! Et les vacances, c'était fait pour s'amuser!
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Un mirage. Alice savait tout des mirages. Un jour, elle irait au Sahara voir un de ces gigantesques mirages du désert — une ville entière surgie de l'air brûlant. Un jour, quand elle serait grande, elle irait partout. Comme le supplice de Tantale, la perspective de devenir adulte se dressait devant elle, presque à portée de la main, provocante. Un mirage.
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Ni Alice, ni Dinah n'avaient une idée très claire de ce qu'était un obsédé sexuel. Mais à en juger d'après les réflexions à mots couverts que sa mère avait faites à ce sujet, il n'y avait rien de pire que de tomber entre les mains d'un individu pareil.
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Quand les adultes pouvaient se comporter de façon aussi stupide, cela semblait parfois la sagesse même de rester enfant.
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