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Citations sur Chanson douce (571)

Le destin est vicieux comme un reptile, il s'arrange toujours pour nous pousser du mauvais côté de la rampe.
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...ces histoires ne sont pas bonnes à être racontées. Elles devraient être vécues à l’abri du monde, nous n’en devrions reine savoir de ces histoires de bébés et de vieillards. Ce sont de mauvais moments à passer, des âges de servitude et de répétition des mêmes gestes. Des âges où le corps, monstrueux, sans pudeur, mécanique froide et odorante, envahit tout. Des corps qui réclament de l’amour et à boire. « C’est à vous dégoûter d’être un homme ».
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Dans le frigidaire de Myriam, il y a des boites. De toutes petites boites, posées les unes sur les autres. Il y a des bols, recouverts de papier aluminium. Sur les étagères en plastique, on trouve de petits morceaux de citron, un bout défraichi de concombre, un quart d'oignon dont l'odeur envahit la cuisine dès qu'on ouvre la porte du frigo. Un morceau de fromage, dont il ne reste que la croûte. Dans les boîtes, Myriam trouve quelques petits pois qui ont perdu leur rondeur et leur vert éclatant. Trois pâtes. Une cuillerée de de bouillie. Une effiloché de dinde qui ne nourrirait pas un moineau mais que Louise a pris le soin de ranger.
C'est, pour Paul et Myriam, un sujet de plaisanteries. Cette lubie de Louise, cette phobie de jeter la nourriture, commence par les faire rire. La nounou racle les boites de conserve, elle fait lécher les pots de yaourt aux enfants. Ses employeurs trouvent cela ridicule et touchant.
Paul se moque de Myriam quand elle descend, en pleine nuit, les poubelles qui contiennent des restes non consommés ou un jouet de Mila qu'ils n'ont pas le courage de réparer. "Tu as peur de te faire gronder par Louise, reconnais-le !" et il la poursuit dans la cage d'escalier en riant.
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Cette nounou, elle l'attend comme le Sauveur, même si elle est terrorisée à l'idée de laisser ses enfants. Elle sait tout d'eux et voudrait garder ce savoir secret. Elle connaît leurs goûts, leurs manies. Elle devine immédiatement quand l'un d'eux est malade ou triste. Elle ne les a pas quittés des yeux, persuadée que personne ne pourrait les protéger aussi bien qu'elle.
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Elle boit et l'inconfort de vire, la timidité de respirer, toute cette peine fond dans les verres qu'elle sirote, du bout des lèvres.
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Myriam et Paul sont débordés. Ils aiment à le répéter comme si cet épuisement était le signe avant-coureur de la réussite.
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Quelques jours auparavant, alors que Myriam discutait de ses recherches avec son amie Emma, celle-ci s’est plainte de la femme qui gardait ses garçons. « La nounou a deux fils ici, du coup elle ne peut jamais rester plus tard ou faire des baby-sittings. Ce n’est vraiment pas pratique. Penses-y quand tu feras tes entretiens. Si elle a des enfants, il vaut mieux qu’ils soient au pays. » Myriam avait remercié pour le conseil. Mais, en réalité, le discours d’Emma l’avait gênée. Si un employeur avait parlé d’elle ou d’une autre de leurs amies de cette manière, elles auraient hurlé à la discrimination. Elle trouvait terrible l’idée d’évincer une femme parce qu’elle a des enfants. Elle préfère ne pas soulever le sujet avec Paul. Son mari est comme Emma. Un pragmatique, qui place sa famille et sa carrière avant tout.
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La solitude agissait comme une drogue dont elle n’était pas sûre de vouloir se passer. Louise errait dans la rue, ahurie, les yeux ouverts au point de lui faire mal. Dans sa solitude, elle s’est mise à voir les gens. A les voir vraiment. L’existence des autres devenait palpable, vibrante, plus réelle que jamais. Elle observait jusqu’aux moindres détails les gestes des couples assis aux terrasses. Les regards en biais des vieillards à l’abandon. Les minauderies des étudiantes qui faisaient semblant de réviser, assises sur le dossier d’un banc. Sur les places, à la sortie d’une station de métro, elle reconnaissait l’étrange parade de ceux qui s’impatientent. Elle attendait avec eux l’arrivée d’un rendez-vous. Chaque jour, elle rencontrait des compagnons en folie, parleurs solitaires, déments, clochards.

La ville, à cette époque, était peuplée de fous.
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Myriam admire chez Louise cette capacité à jouer vraiment. Elle joue, animée de cette toute-puissance que seuls les enfants possèdent.
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Elle était jalouse de son mari. Le soir, elle l'attendait fébrilement derrière la porte. Elle passait une heure à se plaindre des cris des enfants, de la taille de l'appartement, de son absence de loisirs. Quand elle le laissait parler et qu'il racontait les séances d'enregistrement épiques d'un groupe de hip-hop, elle lui crachait: "tu as de la chance." Il répliquait: "Non, c'est toi qui as de la chance. Je voudrais tellement les voir grandir." A ce jeu-là, il n'y avait jamais de gagnant.
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    Une Chanson pas si Douce

    Choisissez parmi les choix offerts : l'objet de discorde qu'un soir, Myriam - cette dernière fatiguée, rentrant du travail dans son appartement plongé dans le noir - découvre au centre d'une petite table où mangent Louise et les enfants de Paul.

    Un jouet brisé
    Une boîte qui contenait trois pâtes
    Une carcasse de poulet
    Des mégots de cigarettes

    6 questions
    37 lecteurs ont répondu
    Thème : Chanson douce de Leïla SlimaniCréer un quiz sur ce livre

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