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3,93

sur 10046 notes
J'avais à coeur de me faire ma propre idée sur ce roman qui a fait couler tant d'encre (plus de mille critiques rien qu'ici !). J'ai enfin pris le temps et me voici estomaquée, traversée par des émotions intenses et des questionnements profondément dérangeants…

Leïla Slimani n'y va pas par quatre chemins pour planter le décor et pour mettre en place son intrigue. En trois pages terribles, le premier chapitre dévoile la fin de l'histoire. Une issue insoutenable, incompréhensible : une scène de crime, un bébé mort, une petite fille agonisante, le cri désespéré de leur mère, la meurtrière inconsciente, ses poignets sectionnés. La scène a tout du fait divers sordide qu'on découvre parfois dans la presse mais que l'on peine à concevoir. de ces histoires effroyables que l'on met à distance, convaincu qu'elles n'arrivent que dans des circonstances très lointaines de celles qu'on connaît. Qu'on ne parvient jamais vraiment à comprendre. Et pourtant, les chapitres suivants, en reprenant l'histoire du début, brossent une situation familière et presque banale : une mère de famille reprend un emploi après avoir eu son deuxième enfant, le couple emploie une nounou qui se révèle bientôt indispensable. Toute la tension narrative naît de notre perplexité face à ces deux bouts du récit, qui semblent irréconciliables. Leïla Slimani restitue, avec son style incisif, comment la relation entre la famille et la nounou déraille progressivement pour les précipiter vers le drame.

La lecture est addictive. le roman à la fois bouleversant et profondément perturbant. Il m'a beaucoup touchée à plusieurs égards. Avant tout, bien sûr, en tant que femme conciliant comme tant d'autres vie de famille et vie professionnelle : Leïla Slimani met le doigt où ça fait mal en disséquant le sentiment d'enfermement de Myriam, son sentiment de tiraillement entre son amour sincère pour ses deux enfants et ses ambitions professionnelles, l'indifférence de son mari vis-à-vis de ces dilemmes, puis ses difficultés (et celles de la nounou, d'ailleurs) à délimiter vie professionnelle et vie privée. le roman évoque aussi, avec une justesse féroce, les dérives de l'aspiration à la perfection, à la maternité idéale et les dégâts causés par les mythes propagés à coup de photos sur les réseaux sociaux… le poids écrasant des déterminismes sociaux qui, à la maison, au travail, à l'école de sa famille, enferment le personnage de la nounou est abordé de façon glaçante, ainsi que toutes les difficultés que posent la mise en place de relations entre employeurs et employés.

Une lecture sombre, donc, mais qui m'a beaucoup donné à réfléchir. À quelles conclusions suis-je parvenue ? Je reste avec beaucoup d'interrogations, mais il me semble que la prise de conscience des étaux et des idéaux dans lesquels les mères restent souvent enfermées aujourd'hui représente déjà un pas essentiel dans le chemin qui reste à parcourir. Voilà pourquoi ce roman qui nous percute de plein fouet me semble si important.
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Un titre trompeur, une histoire pas douce du tout qui commence par la mort des enfants.

J'ai ramassé le roman un peu par hasard, je cherchais une lecture douce après un livre éprouvant. Ceux qui l'ont lu sourient déjà de ma méprise : le premier chapitre présente le meurtre horrible de deux bambins, tout un choc!

Mais, avec cette introduction brutale, le roman m'a complètement happée. C'est un suspense terrible, même si on sait que ça va mal finir. On suit le développement des relations familiales avec la présence de cette nounou trop parfaite.

On s'interroge sur les démons et les manies qui peuvent se cacher sous la lisse porcelaine de cette gardienne d'enfants aux multiples talents.

Un roman émotions réussi, mais que je suis heureuse de ne pas avoir lu au moment où je laissais mes propres enfants aux mains d'une bonne personne qu'au fond, je ne connaissais pas beaucoup…
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Histoire, tirée d'un fait divers new-yorkais, au rythme indéniable, qui tient en haleine le lecteur malgré l'une ou l'autre contradiction ou plusieurs éléments laissés de côté, sans explication. Le tout se veut très efficace.

Une maman, qui après la naissance de son second, a envie de retravailler pour retrouver sa liberté et ses ambitions, n'est que trop heureuse de trouver la nounou qui semble idéale. Mais d'entrée, le lecteur sait que cela se terminera mal. Pour autant, le lecteur ne se voit pas offrir une histoire gore et sanglante, mais plutôt une tentative de mise en situation psychologique des protagonistes.

Un point de départ, certes. Mais il reste un vaste goût d'inachevé pour que la boucle soit véritablement bouclée et que cela fonctionne. Je suis restée sur l'impression du recours à des algorithmes d'écriture mal maîtrisés. Et qui dit algorithmes parle d'autre chose que de littérature.
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Chanson douce... ou plutôt oraison funèbre.

Première page : un carnage. Un bébé mort et une fillette grièvement blessée. Leur assassin s'est acharné sur la petite, et semble être resté sur place. Le développement du roman nous indiquera comment le coupable a pu en arriver là.

On rembobine. Myriam est avocate, Paul travaille dans la production musicale. Après la félicité des premiers mois à pouponner, la jeune maman tourne en rond dans un minuscule appartement parisien, déprime, s'aigrit, elle veut retourner bosser. Tout bien calculé, vu le tarif des nourrices, ça sera à peine rentable financièrement, mais qu'importe. Myriam et Paul ont de la chance, ils trouvent vite une nounou qui correspond à leurs exigences : blanche, française, soignée, sans enfant, sans mari. Elle se révèle vite être la perle rare, les enfants l'adorent, c'est une fée du logis. Il est tentant de lui en demander toujours plus, mais alors où placer la frontière entre employé (domestique, n'ayons pas peur des mots) et employeur (patrons) ?

Thriller psychologique dérangeant, récit subtil, sans sensationnalisme, d'une lente descente aux enfers.
Histoire de solitude, de folie, de vampirisme, d'invasion de territoire et d'intimité (de part et d'autre), de rapports délicats employés/employeurs - d'autant plus délicats lorsque des enfants sont au milieu. Et bien sûr, en filigrane, le problème des parents qui concilient tant bien que mal carrière professionnelle et éducation des enfants.

Merci à Cajou qui a sélectionné cet ouvrage dans le cadre de l'opération 'Rentrée littéraire Price Minister' !
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Je suis surprise par le succès phénoménal de ce livre, par le nombre de lecteurs, par le prix prestigieux obtenu, par l'ampleur de la résonnance qu'il a rencontré auprès de son public. Tout cela m'a l'air si démesuré !

J'en ai beaucoup apprécié la lecture, comme celle d'un bon roman psychologique à suspens… sans suspens (bien vu), avec un contexte sociétal bien ciblé, une construction et une écriture efficaces et troublant juste ce qu'il faut, mais n'y ai vu ni une grande oeuvre de littérature, ni le grand roman de l'époque, ni le miroir tendu vers nos peurs profondes et non renoncements citoyens. L'ensemble fonctionne bien mais il y a ce problème de crédibilité, celle des parents surtout, personnages creux et caricaturaux à l'extrême, celle de la nounou également, dont le profil oscille de manière trop floue entre folie et frustration. J'ai été dérangée aussi par cette instrumentalisation culpabilisante d'une réalité sociale indéniable mais qu'il est un peu facile de mettre en scène sans nuances.

Ce qui ne m'a pas empêchée de lire avec beaucoup d'intérêt plusieurs critiques de babéliautes très touchantes et pertinentes, et de me réjouir pour ceux qui ont su mieux apprécier ce livre que moi.
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Les petits sont morts. C'est Louise, leur nounou, qui les a tués.
Que s'est-il passé ce beau jour de mai ? Pourquoi en est-elle arrivée là ?

Le drame, on le connaît depuis les premiers mots du texte. Il nous est décrit brutalement, dans toute sa violence. Ce qu'on ne connaît pas encore, c'est la personnalité de Louise. Pourtant on sait d'elle qu'elle est quasiment parfaite : les enfants et leurs parents l'adorent, elle cuisine, range, fait le ménage à la perfection et tout cela sans une plainte, sans un mot plus haut que l'autre, sans compter son temps. C'est un petit bout de femme, pas plus haute que trois pommes, tirée à quatre épingles, propre et élégante, qui sent la poudre et le savon. C'est une personne qui devient vite indispensable et que pourtant on ne remarque pas ou à peine.
Alors, quoi ?

Quoi ? Et bien c'est tout le talent de Leila Slimani qui vous inocule dès le départ l'envie d'en savoir plus, de connaître les rouages qui ont poussé cette nounou vers l'instant fatidique, de tourner les pages de ce roman sombre et gluant de malaise...

Ce que j'ai aimé dans ce livre c'est l'étude psychologique des personnages. La nounou d'abord. L'auteure ne nous livre pas tous les aspects de la personnalité de Louise, elle nous offre des pans de sa vie et nous laisse nous forger notre propre ressenti. Peut-on comprendre le geste de Louise ? Je crois que chacun peut y trouver une réponse ou un début de réponse.

J'ai aimé aussi le regard posé sur toutes ces nounous venues, de pays voisins, chercher l'Eldorado en France et qui se retrouvent contraintes d'exercer ce métier pour survivre. Beaucoup d'amour donné en échange d'un emploi du temps chargé et souvent à rallonge. Pas d'apitoiement sur elles, mais un regard franc sur leurs conditions de vie.

Enfin, j'ai aussi apprécié l'étude de la condition féminine à travers le personnage de Myriam, la mère, tiraillée entre l'amour de ses enfants et son envie de réussir dans son métier. Elle désire, comme presque chacune d'entre nous, être appréciée et reconnue en tant que femme et non plus seulement en tant que mère.
Quant au père, on sent bien qu'il n'entre pas vraiment en jeu dans l'éducation des enfants. Ses seules questions concernant la nounou, sont d'ordre financier.

Alors oui, ce couple se satisfait de la présence de Louise, efficace, dynamique, et surtout disponible. Toutes les qualités de la nounou permettent à Myriam et son mari de vivre intensément leur métier et leur vie de couple. C'est tellement facile de ne pas se poser de questions sur les autres, de fermer les yeux, de ne pas vouloir voir. Et c'est bien là le reflet de notre société actuelle, son individualisme, qui est également décrié dans ce roman.

C'est pour toutes ces raisons là que je trouve ce roman très bon et qu'il mérite bien son prix Goncourt : il est la peinture exacte de notre temps.


Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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J'ai enfin lu ce roman après l'avoir vu pendant des années en bonne place sur les tables des librairies et qui a même été distingué par l'Académie Goncourt.

Une lecture courte, il n'aurait d'ailleurs pas fallu qu'elle fut plus longue car je n'ai pas accroché au style sec et froid de l'auteure. Leïla Slimani donne l'impression de ne pas savoir si elle veut écrire un thriller ou un roman sociétal et ce, tout au long du roman qui se termine aussi brutalement qu'il a commencé.

Le traitement minéral et monolithique des rares personnages - dont aucun n'est attachant - donne à ce huis-clos son caractère oppressant mais freine aussi beaucoup l'empathie, malgré le sujet violent qui ne peut laisser indifférent. Et je trouve qu'il y a quelque chose de volontairement racoleur dans le fait d'harponner l'attention du lecteur par un meurtre d'enfant dès l'incipit.

C'est assez rare que je ne comprenne pas où un auteur veut m'emmener mais c'est pourtant le cas avec "Chanson douce". Les thèmes abordés ne manquent pas d'intérêt : réflexion sur la maternité et l'amour parental, réflexion sur les difficultés de concilier pour des parents vie de famille et carrière, réflexion sur l'envie et la vanité... des thèmes intéressants mais déjà bien fouillés par la littérature. Alors c'est peut-être cela qui me gêne par dessus tout, qu'on me parle dans un roman des misères du quotidien et qu'on me prive du même coup de l'évasion intrinsèque qu'il me promettait. J'aurais préféré que Leïla Slimani fasse de "Chanson douce" un véritable thriller et pas quelque chose d'aussi tiède, doucereux et convenu que ce récit faussement haletant et plein d'une tension artificielle.


Challenge Goncourt
Challenge PLUMES FÉMININES 2020
Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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Intéressée par le thème un peu macabre de ce roman inspiré d'un fait réel et de l'attribution récente du prix Goncourt, je me suis lancée… Je ne savais pas à quoi m'attendre exactement mais peut-être que je voulais comprendre comment une personne pouvait en arriver là. Au début, une situation tout ce qu'il y a de plus ordinaire, des parents qui cherchent une nounou pour leurs enfants, pour pouvoir travailler. Louise semble la nounou idéale, les enfants l'adorent, elle fait des bons petits plats et n'hésite pas à en faire un peu plus… La vision de Louise chez elle avec son histoire et ses problèmes donnent une autre représentation de cette nounou parfaite.
Il y a les petits signes qui s'ajoutent les uns aux autres, les observations de personnes qui ont connu Louise, l'évolution en parallèle des pensées des parents Myriam et Paul et celles de Louise. le monde décrit par Leila Slimani est fascinant, la loupe de l'auteure agrandit tous ces petits maux de la vie quotidienne : la place de la femme dans le monde du travail, les situations précaires, les passés qui nous hantent… En fermant le livre, les phrases simples et percutantes me restent en tête, autant la scène d'horreur de l'appartement que les actes qui l'amènent. Un roman qui m'a dérangé par son côté voyeur et macabre mais qui a le mérite de me faire réfléchir sur la société actuelle.
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Si j'ai décidé de lire ce livre, ce n'est pas pour enrichir mon challenge multi-défis et glisser mon commentaire dans l'item : « Un livre qui n'a pas encore reçu de critique sur Babelio ». Non, blagounette, là j'écris la 1046ème !
Ce n'est donc pas non plus pour vous en raconter l'intrigue, vous la connaissez mieux que moi, alors, pourquoi ?

En vrai, c'est pour que vous ressentiez le même plaisir que j'ai eu à aller au cinéma voir :
« Au revoir là-haut », juste après avoir lu ce superbe roman de Pierre Lemaitre luxueusement mis en scène et magnifiquement joué.
Lier l'un et l'autre avait été pour moi un moment magique. Quel rapport ?

Si, si, attendez, vous en êtes sûrement informés, le 27.11.2019 sort l'adaptation cinématographique de « Chanson douce », le Goncourt 2016 et tout et tout.
Et là, pour ne rien vous cacher je viens de finir ce roman qui m'a subjugué, submergé, absorbé, englouti, emporté par les instantanés de la misérable vie de Louise, nounou de Mila et Adam magnifiquement traduit par cette écrivaine au talent évident.
Donc, logique, je pense bien passer un moment de rêve au ciné avec ce cauchemar d'histoire sachant que Louise est jouée par mon actrice préférée, la délicieuse et troublante, Karin Viard. J'imagine qu'elle endossera aisément le rôle ambigu de cette femme torturée, tourmentée, sans cesse humiliée par la vie. Je m'en réjouis déjà.

Leïla Slimani a une perception aiguë des réalités du quotidien d'un couple parisien, Myriam et Paul, boursoufflés d'obligations professionnelles et sait les transmettre avec une acuité extrême.
En attendant les images que je présume fortes, je me suis régalé des phrases incisives, presque carnassières que l'on dévore à pleines dents tout au long du roman.

C'est malheureusement pour ça, et uniquement pour ça : « parce que son coeur s'est endurci, parce que plus rien ne parvient à l'émouvoir, parce qu'elle doit admettre qu'elle ne sait plus aimer, parce qu'elle a épuisé tout ce que son coeur contenait de tendresse » que Louise a tué Adam et Mila. Mais ça…vous le savez déjà.

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Quelle lumineuse idée que d'avoir commencé le livre avec cette phrase :" le bébé est mort." car de celle-ci le lecteur va être imprégné jusqu'à la fin. On lit l'histoire de Louise, la nounou de deux enfants Adam et Mila, avec une tension constante. On sait que le drame va arriver mais quand ? comment ? pourquoi ? comment les éléments vont s'enchaîner ? On se doute, on redoute, on a envie de prévenir Paul et Myrriam, les parents mais notre impuissance de lecteur ne fait que renforcer cette tension sourde.
Comme vous pouvez le lire, je ne vais pas à l'encontre des très bonnes critiques faites à Leila Slimani mais viens au contraire ajouter ma voix à toutes ces éloges.
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Une Chanson pas si Douce

Choisissez parmi les choix offerts : l'objet de discorde qu'un soir, Myriam - cette dernière fatiguée, rentrant du travail dans son appartement plongé dans le noir - découvre au centre d'une petite table où mangent Louise et les enfants de Paul.

Un jouet brisé
Une boîte qui contenait trois pâtes
Une carcasse de poulet
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