Le Pays des autres, tome 2 : Regardez-nous danser

Le talent de conteuse de Leila Slimani est grand, on se laisse emporter par ce 2ème tome de la saga des Belhaj, son rythme quasi musical. Toutefois, l'impression qui en reste est d'avoir touché un peu à tout, à ce qui arrive aux personnages, à leur psychologie, leurs motivations profondes qui ne sont pas vraiment exploitées, au Maroc d'Hassan II, au mouvement hippie. Un ensemble au final assez superficiel mais fort distrayant.

J'ai été très déçue par cette seconde partie que j'attendais avec impatience. Finalement, il me semble que le tome 1," le Pays des autres", avait dit l'essentiel dans un récit sociétale et historique très instructif. Aussi, ce premier tome, grâce aux différents points de vue proposés offrait toute la complexité des personnages et leurs difficultés à se comprendre, à vivre ensemble. "Regardez-nous danser" n'est plus qu'un roman, très dilué, où le lecteur suit l'évolution des personnages principaux, sans grand intérêt, peut-être parce que la vie des enfants est moins aventureuses que celles de leurs parents qui ont construit un univers de leurs mains avec une inflexible volonté et beaucoup de courage. Ce récit aurait mérité plus de densité et d'épaisseur. Bien sûr, il ne s'agit là que de mon avis.

J'ai été très déçu par cette suite sans grande consistance du Pays des autres. Leila Slimani a trop de talent pour que des fulgurances, une finesse d'analyse et d'observation n'apparaissent ça et là.
Mais ces personnages qui disparaissent on ne sait pourquoi, ces longueurs, ces approches superficielles de sujet politiques majeurs.
J'avais 20 ans lors des attentats contre Hassan II et j'ai encore dans l'oreille les confidences bouleversantes de jeunes marocains. Je me suis aussi passionné pour la trahison d'Oufkir, le sort tragique de sa famille, l'horreur de la répression...
Ici, ce n'est qu'une toile de fond qui surgit par petites touches impressionnistes.
Comme dans d'autres livres, le plus intéressant pour moi est ce que les livres de l'S révèle sur elle même car sa personnalité me touche beaucoup. Notamment sa sensorialité qui déborde largement l'équation de ses personnages.
Mais le reste est plat, laborieux.
Alors, pourquoi ? Panne d'inspiration, commande d'un éditeur qui sent le filon ? Je ne sais pas.