Quand un soir de décembre, à la fin d'une soirée entre amis, Karen Kent accepte de se faire raccompagner par Bob, jeune étudiant en droit à Harvard, elle n'imagine pas que cet instant va être le début d'un long cauchemar.
En effet, elle va être retrouvée le lendemain matin par une passante, sous un buisson de Central Park, violée et frappée sauvagement. Mais nous sommes en 1962 et la société américaine en est encore à penser que si une jeune fille est victime d'un viol par quelqu'un de sa connaissance, c'est que, quelque part, elle l'a provoqué ! Pour éviter le scandale, ses parents vont la contraindre à étouffer l'affaire et à mentir. A son fiancé, désemparée, elle avoue qu'elle ne pourra plus avoir d'enfant, non pas à cause d'un accident mais du viol subi. Celui-ci la quitte et Karen va alors apprendre à avancer dans la vie avec son horrible secret et ses cicatrices.
Nous voilà en 1991 et sous les traits du sénateur de Californie, candidat à la présidence des États-Unis, Karen reconnait son violeur. Son destin à lui s'est déroulé comme prévu. Il est temps pour celle qui a tant souffert de mettre un frein à son ascension.
Ce livre, atterri dans mes mains par le biais d'un troc hasardeux et au titre si peu évocateur et un peu "gnangnan", ne m'inspirait pas grand chose. Une histoire typiquement "made in USA" avec ses étudiants promis à une belle réussite, pleins d'ambition et avides de pouvoir, enfin en ce qui concerne les garçons car, en 1960, les filles rêvent encore et surtout d'un beau mariage. Bof, bof ! Et puis, au fil des pages, je me suis attachée à l'héroïne Karen dont la vie toute tracée a basculé en une soirée. Ce qui est intéressant dans ce roman, c'est que l'on voit l'évolution de la situation de la femme dans la société américaine des années 60 à 90, en passant par les années hippies. Face à l'accusation de viol, le verdict de la justice changera lentement lui aussi au cours du temps et on assiste à une magnifique démonstration, dans les derniers chapitres, lors de la retranscription du procès.
Des moments de lecture parfois difficilement supportables pour une femme mais une fin très réussie. 15/20
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J'avais ce livre dans ma bibliothèque depuis un moment mais étant une adepte de thriller, je l'avais mis de côté.
Et bien je suis ravie d'avoir fait une entorse à ma lecture favorite.
Magnifique livre que j'ai lu d'une traite, bien écrit. Alors ok l'histoire n'est pas marrante mais la vengeance de Karen est une merveilleuse fin.
Comme je lis beaucoup mon imaginaire vagabonde trop vite, j'avoue que j'ai deviné la fin justement mais bon pas grave, je recommande ce livre.
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La vengeance de Karen est très belle, habile et intélligente. Rien que pour cela, ce livre vaut la peine d'être lu.
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Un livre palpitant à ne surtout pas manquer
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- Reprenons, docteur Linderman, poursuivit calmement Tess. Voudriez-vous décrire le dernier type de violeur que vous avez évoqué ?
- Le violeur familier est totalement différent du violeur inconnu. Il ne manque pas forcément de confiance en lui. En général, il aime les femmes, mais il les respecte rarement, ce qui ne l'empêche pas de se montrer charmant et attentionné. Il papillonne, il fait sa cour, convaincu que toute femme ne peut qu'être honorée de son choix. La femme qu'il viole doit le connaître, car il veut qu'elle soit impressionnée par son nom, son allure, son histoire, son travail, sa maison, ses revenus et, par extension, ses prouesses sexuelles. Il entretient deux illusions : la première est que toutes les femmes le trouvent irrésistible, l'autre est qu'il a le droit de prendre tout ce dont il a envie. Pour lui, il ne s'agit que d'un jeu de pouvoir. Nous l'appellerons entre nous le syndrome "Moi Tarzan, toi Jane". Il persiste jusqu'à ce qu'elle succombe. S'il rencontre une femme qui ne lui cède pas, il considère que la violer fait partie du jeu. On l'a élevé dans l'idée que toutes les femmes veulent être prises, de force si nécessaire..."
"Je m'appelle Hal Sutton, déclara-t-il. Mais ça n'a guère d'importance. Ce qui est important, c'est que je suis l'avocat du sénateur Robert Drayton Willmont. Voilà le seul élément qui ait une importance certaine aujourd'hui.
"Le substitut du procureur, poursuivit-il en regardant Tess, prétend que sa famille et le poste que brigue mon client ne doivent pas entrer en ligne de compte. Moi, je dis exactement le contraire. Car toute cette affaire repose là-dessus. Et que c'est une histoire vieille comme le monde. Qu'un homme ait le courage de se lever et de dire : "Suivez-moi, je connais le chemin", et aussitôt il se trouve des gens, trop timorés ou trop avides de richesse, des marchands du Temple, qui se liguent pour le détruire. Un tel homme est ainsi mort sur la croix, il y a deux mille ans."
"Incroyable, chuchota Delmeza. Jésus-Christ Willmont !"
"A une époque, il n'y a d'ailleurs pas si longtemps, les tribunaux de notre pays ne reconnaissaient pas l'existence du viol. Les gens estimaient, alors, que si un homme abusait d'une femme c'était soit parce qu'il exerçait une sorte de droit ancestral et archaïque, soit parce qu'elle l'avait bien cherché. Dieu merci, ces temps-là sont révolus. Dieu merci, aujourd'hui nos tribunaux poursuivent les violeurs, et , Dieu merci, des jurys trouvent le courage de les condamner. Car peu de crimes sont aussi ignobles que le viol, surtout s'il est commis par une personne connue de la victime."
Demelza était installée au Village depuis trente ans, elle n'avait jamais envisagé de vivre ailleurs. Mais son cher quartier avait changé. La mode des artistes faméliques était passée, la vie de bohème faisait ricaner. La guerre du Vietnam était terminée, personne ne portait plus les cheveux longs, afficher sa différence était passé de mode, et on ne s'enflammait plus pour aucune cause. C'était désormais le règne du "chacun pour soi".
Le Village s'était métamorphosé. La plupart des naïfs qui voulaient changer le monde étaient partis. Drogués et grincheux chroniques les avaient remplacés. Dans les cafés où, à l'époque, de doux visionnaires chantaient en chœur, on voyait maintenant des silhouettes furtives vendre à la sauvette leurs doses mortelles. L'espoir avait fait place à la détresse, la protestation au terrorisme, l'amour au sexe, la musique au bruit, le collectif à l'individuel.
Stanley Waschkowski était médecin. Il savait mieux que personne les ravages que pouvait occasionner sur un organisme une blessure ou une grave maladie. Il avait appris à recoller les os et à traiter les infections. Mais il n'avait jamais eu l'occasion durant ses études ou ses années de pratique, d'être appelé au chevet d'une âme anéantie.