Le nom de
Louis Sadosky ne vous dit rien? Tant mieux. Une ordure qui ne mérite pas que
L Histoire retienne son nom.
Pour son affaire Léon Sadorski,
Romain Slocombe s'inspire de cette sous-crotte humaine. Non, sous-merde c'est mieux. Et en fait donc son personnage central. Tant mieux aussi. Toujours utile de montrer que l'âme humaine n'est pas que sucrerie saveur bisounours.
1942, Paris. La guerre fait rage, les français se divisent. Pro-boches, anti-boches. Sadorski fait partie des premiers. Inspecteur aux Renseignements Généraux, bon petit soldat de la police française en somme. En apparence un type ordinaire, pris dans la tourmente de la guerre. Mais au fil des pages, le masque tombe. Obéir aux ordres et à sa hiérarchie s'avère un parfait alibi pour laisser exprimer sa haine. Antisémite, anticoco, anti-homos, antipathique, antiride (cherchez l'intrus), pervers égoïste et pétainiste convaincu : tout pour plaire le garçon. Et of course, comme tout pauvre type digne de ce nom, lâche. Donc prêt à retourner veste, pantalon et slip kangourou dès que ses petites fesses de collabo sont menacées. Projets de vie : se faire bien voir par l'occupant, gagner du pognon sur le dos des plus vulnérables, besogner madame à l'occasion, mais surtout protéger son ptit nombril arrogant.
Plus on avance, plus l'éprouvante réalité de la France collabo se dessine. Tous les coups sont permis. Corruption, trahison, espionnage, torture, magouilles et trafic, l'époque est suffisamment macabre et riche pour éviter à
Romain Slocombe d'avoir à en rajouter. Il bâtit son histoire à partir de faits réels, change quelques noms, et donne un éclairage dans une brillante postface. Etre hyper documenté ne suffisant pas,
Slocombe nous plonge dans cette atmosphère lugubre, oppressante de ce Paris occupé. le ton est juste, froid. Rien ne nous est épargné. Et on s'imagine sans peine dans ces rues peu sûres de 1942, à retenir son souffle, serrer les dents, baisser la tête. On suffoque vite, trop d'horreurs, trop de perversions et tant d'impuissance.
Bouquin fermé, la honteuse page de notre sombre Histoire enfin tournée, je dis bye bye à 1942. Ouf, retour en 2016. Me sens mieux. Car évidemment comment imaginer une seconde que l'on pourrait revivre cela? Cette France haineuse, malveillante, à l'esprit fermé et hostile est désormais derrière nous, hein dis....?