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Critique de Eric76


Quel salaud, ce Léon Sadorski ! Il y a en lui un fond de méchanceté et de perversité qui fait froid dans le dos. Débauché, impudique, violent, cruel, haineux, il se complait dans toutes ces scélératesses. Il s'y vautre.
Nous sommes en 1942. La France est à genoux, les français s'appliquent à survivre, et les légions nazies semblent invincibles.
Léon Sadorski est flic, et pour un salaire de misère, il traque les juifs sans aucun état d'âme. Ses petites combines, ses rackets sont lamentables. À peine lui permettent-ils d'améliorer son triste ordinaire et d'offrir à sa petite Yvette, sont grand amour, des bas de soie et un nouveau vélo… Ce qui me fait plaisir, vraiment plaisir, c'est qu'elle ne semble pas lui être reconnaissante de toutes ces largesses.
Léon Sadorski n'est pas un idéologue. Il récite son antisémitisme et son pétainisme comme un mantra. Peut-être pour s'obliger à y croire ? La puissance et l'efficacité allemande le fascine. Il est le serviteur zélé de ses grands SS flamboyants qui n'ont que mépris pour lui et se demandent si lui-même ne serait pas un peu juif sur les bords.
Dans ce monde trouble, périlleux, sans loi, le petit flic Sadorski, cet homme ordinaire, est devenu un homme puissant. Il peut briser des vies en envoyant des femmes et des hommes au camp de Drancy. Et ce pouvoir le grise. Ses moments de lucidité sont rares et vite balayés par sa folie furieuse et revancharde.
La manière dont Romain Slocombe parle de l'univers nazi m'a fortement impressionné. La propreté immaculée. Les bruits de bottes et des serrures. Les regards froids et les longs couloirs. La peur qui crispe les visages et les hurlements dans la nuit. Rien d'humain !
Un superbe roman qui fouille le côté pile, le côté sombre de notre héros. le style est haché, emporté, dur, violent, à l'image du flic Sadorski, toujours en mouvement, toujours insatisfait, toujours gueulard, toujours sur la corde raide.


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