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Critique de tynn


tynn
14 septembre 2015
C'est un roman qui n'a pas de point final...
La dernière lettre aura été interrompue par la plus gigantesque explosion que notre monde ait connue.

Dans une enquête visant à débusquer le passé nazi de dirigeants allemands, un journaliste prend connaissance de la correspondance épistolaire d'un jeune fonctionnaire du corps diplomatique en poste au Japon pendant la seconde guerre mondiale.

Ni franchement nazi, ni franchement résistant, Friedrich Kessler est néanmoins imprégné de l'idéologie du III Reich: grandeur de l'identité allemande, fierté de son rayonnement. Son tempérament artiste le pousse pourtant à un certain scepticisme, une inquiétude quant à la victoire finale. S'y ajoutent une forme d'autocritique, une prise de conscience et une culpabilité de cette affectation plutôt confortable et protégée des combats.
Pas forcément sympathique, ce jeune aryen, dans son engagement en demi-teinte sur le plan patriotique...

Les premières années sont occupées par le travail de propagande dans une chancellerie bruissante de rumeurs et ragots. Il faut aussi composer avec un état japonais au racisme anti-blanc, avec l'espionnite généralisée de la population, avec la xénophobie orchestrée de façon officielle, le tout créant un climat délétère pour les occidentaux.
Mais pour le jeune homme, c'est aussi le tourisme, les réceptions, la découverte avec la culture japonaise et les estampes, les relations amoureuses.
Tout cela ne durera qu'un temps avant le délitement final et les pages du bombardement atomique sont impressionnantes de réalisme.

Un roman mis en pages comme un document.
Les lettres, passant peu à peu de la légèreté au drame, constituent un intéressant journal détaillé du quotidien d'un étranger dans un pays de l'Axe, que peu de romans ou récits ont utilisé pour parler de la guerre 39/45. Elles donnent la parole aux vaincus (sic 4ème de couverture) de façon originale. On peut reprocher à cette correspondance unilatérale un vernis très littéraire, dénué de spontanéité, sentiment renforcé par l'absence de réponses de la soeur berlinoise. Mais, doublé d'un livre de voyage, le récit reste passionnant par le contexte historique et interroge sur les engagements d'un homme dans une période de conflit.

Je confirme par ce livre ma fidélité de lectrice Romain Slocombe de lectrice, après les excellents romans Monsieur le commandant et Avis à mon exécuteur.

(Merci à Babelio et Arthaud Editions pour leur confiance)
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