Ce tome fait suite à Single green female (épisodes 1 à 6 de la série de 2004). Il comprend les épisodes 7 à 12, initialement parus en 2004/2005, tous écrits par
Dan Slott. Après 12 épisodes, la série a été relancée en 2005 toujours écrite par
Dan Slott : Time trials (épisodes 1 à 5). Tous ces épisodes (1 à 12 de 2004, et 1 à 5 de 2005) ont été réédités dans She-Hulk by
Dan Slott - The complete collection volume 1.
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- Épisodes 7 & 8 (dessins de
Juan Bobillo, encrage de Marcelo Sosa) - Sur une planète lointaine, Champion (Tryco Slatterus, l'un des Elders of the Universe, le possesseur de la gemme de la force) a asservi la population. Son règne tyrannique ne prendra fin que lorsqu'un combattant l'aura battu sur le ring, sans arme. Alors que le récit commence, Beta Ray Bill se prend une raclée monumentale, malgré les conseils de Gamora et d'Adam Warlock. She-Hulk vient d'être intronisée dans le corps des Magistrati, des juges galactiques recrutés par le Living Tribunal en personne. Pip le troll vient la chercher pour se battre contre Champion.
Ce récit s'inscrit dans un registre loufoque, dans la continuité des épisodes précédents. Gamora et Warlock font de la figuration dans une comédie bien troussée.
Dan Slott continue de piocher dans l'inépuisable univers partagé Marvel, pour sortir de la naphtaline des personnages oubliés ou en disgrâce cette année là. L'intervention du Living Tribunal permet à She-Hulk d'atteindre un niveau de magistrature encore plus élevé que le plus important cabinet d'avocats de New York. L'intervention de 3 Watchers (Zoma, Uatu et Qyre) ne sert qu'à développer une plainte de nature galactique et à faire un bon mot (assez usé) sur la nature voyeuriste de leur mission. Il s'agit donc de 2 épisodes de nature comique, permettant également à Slott d'introduire quelques éléments scénaristiques utilisés dans les épisodes suivants, et de développer un peu la relation entre Jennifer et Saasha Martin.
Le lecteur se fait un plaisir de retrouver
Juan Bobillo et ses dessins rappelant
Kevin Maguire pour des personnages aux proportions soit normales, soit très exagérées (avec quelques petits soucis de proportions pour She-Hulk), et des moues sympathiques, sans avoir le talent de Maguire (voir Justice League International 1). En fonction des séquences, les décors peuvent être détaillés, ou inexistants. Bobillo s'amuse à jouer avec les silhouettes de Champion et Gladiator pour en faire de gros costauds, mais pas des culturistes.
Ces 2 épisodes forment un intermède humoristique sans prétention, entre 3 et 4 étoiles.
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- Épisodes 9 à 12 (dessins de
Paul Pelletier, encrage de Rick Magyar) - 3 mois plus tard, She-Hulk est de retour sur Terre avec Saasha Martin (Southpaw). Elle reprend contact avec Holden Holliway (son employeur dans le cabinet d'avocats), Ditto (l'étrange métamorphe), Augustus Pugliese, Mallory Book, Stu Cicero, et les autres. Dans un premier temps, elle va voir Reed Richards pour qu'il l'aide à maîtriser sa force. Puis elle reçoit l'aide du psychologue Leonard Samson (Doc Samson), et elle aide à résoudre un cas impliquant les destructions causées par Hercule. Puis Champion arrive sur Terre et il confie sa gemme de force (l'une des gemmes de l'Infini) à Titania (Mary MacPherran).
Dan Slott conserve le ton humoristique, mais il le met cette fois-ci au service d'une intrigue plus substantielle. Cela commence par l'épisode avec Hercule, où Slott prend le temps de reprendre contact avec tous les personnages. Cela continue avec l'histoire très personnelle de Titania. Difficile de dire si Slott souhaite réhabiliter Titania en tant qu'ennemie principale de She-Hulk. Toujours est-il qu'il effectue un rappel en bonne et due forme de son origine depuis la banlieue de Denver jusqu'à Battleworld et sa rencontre avec le Beyonder (voir Secret Wars). En investissant du temps et des pages dans ce personnage, Slott s'assure que l'affrontement physique qui va suivre aura du sens, avec de vrais enjeux pour les 2 combattantes.
D'une manière générale, Slott investit assez de temps dans chaque personnage pour qu'il acquiert assez d'épaisseur et ainsi générer un minimum d'empathie chez le lecteur. Difficile de résister à l'attitude décontractée et joyeuse d'Hercule, malgré son incapacité à prendre du recul. Impossible de ne pas ressentir la chaleur de l'amitié existant entre Mary MacPherran (Titania) et Marsha Rosenberg (Volcana). Slott sait également se montrer cruel avec une remarque aussi cynique et pénétrante. Alors que Jennifer Walters explique à Reed Richards qu'elle peut à nouveau se retransformer dans sa forme humaine (Richards lui avait dit qu'elle avait perdu cette capacité dans la graphic novel The sensational She-Hulk de
John Byrne), Ben Grimm éclate d'un rire tonitruant et sarcastique se moquant de Richards qu'il lui a déjà annoncé la même chose des dizaines de fois. Slott réussit même à impliquer émotionnellement le lecteur pour le bien être de l'Awesome Android, un robot avec le développement mental d'un enfant.
Dan Slott continue également d'enrichir son récit en incorporant des éléments de l'univers partagé Marvel. Cela va d'Hercule et de 2 des Fantastic Four, à l'apparition le temps d'une case de Howard the Duck, une création de
Steve Gerber. Il ne se contente pas de saupoudrer son récit avec ces personnages ; il connaît réellement les épisodes auxquels il fait référence. En particulier, il évoque les relations passées entre She-Hulk et Doc Samson. Il s'attaque également aux étranges changements de comportements de She-Hulk au fil des années, au gré des nouveaux scénaristes l'utilisant dans leurs histoires. Il montre ces incohérences comportementales (She-Hulk a couché avec Juggernaut, grâce à
Chuck Austen, dans Uncanny X-Men #435 en 2004), pour nourrir son récit.
Comme dans le premier tome, Slott insère également un métacommentaire à mi-chemin entre la composante humoristique et la lettre ouverte au lecteur. Ce dernier retrouve donc Stu Cicero, le responsable des archives du cabinet d'avocats, qui utilise des comics comme éléments de preuve. She-Hulk et Cicero sont amenés à se rendre dans un magasin de comics, où ils se font critiquer par des clients pour les incohérences de continuité de la série de She-Hulk. Cicero sort alors de sa poche un No-Prize, le document qui était décerné au lecteur ayant écrit à Marvel pour proposer une explication logique à ce qui apparaissait comme une erreur de continuité. Il les tance vertement pour leur attitude critique et destructive, et les exhorte à adopter une attitude constructive et intelligente. Et toc !
L'intrigue comprend également bon nombre d'éléments inattendus et bien pensés qui tirent également le récit vers le haut. En particulier le lecteur découvre que le cabinet d'avocats s'était préparé à une attaque de supercriminels, et a prévu plusieurs dispositifs de défense, et même un plan d'évacuation très efficace.
Ces 4 épisodes sont dessinés par
Paul Pelletier, dans un style beaucoup plus habituel pour des comics. Il y a un bon niveau de détails et une densité correcte de décors. Les personnages se distinguent aisément et les expressions des visages sont assez nuancées pour qu'elles soient parlantes. Il s'agit d'une approche réaliste, un peu simplifiée, qui n'est pas photographique. Pelletier réalise des dessins qui sont mieux que simplement fonctionnels, mais en se reposant sur les codes graphiques établis par
Jack Kirby et
John Buscema (en particulier les cadrages et les postures des personnages), conférant un léger aspect rétro à ses dessins.
La lecture de ces épisodes s'avère très agréable car
Dan Slott est un scénariste qui intègre plusieurs dimensions à son récit (superhéros, intrigue originale, métacommentaire). L'histoire est donc très divertissante, avec des dessins de qualité supérieure à la moyenne, sans être inoubliables.