AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782729120641
123 pages
Editions de La Différence (02/01/2014)
3.42/5   6 notes
Résumé :
La guerre 14-18, en Belgique. Dans cette suite de nouvelles, Marianne Sluszny donne une voix à ces anonymes, dont la vie a basculé dès le début des hostilités. Qu’il s’agisse d’un mort, d’un musicien, d’une jeune mariée, d’un soldat flamand, d’une infirmière, d’un Congolais, d’un pigeon… le désastre de l’occupation les a avalés.
Dans ces brèves histoires crûment racontées, des visages et des vies transparaissent. Les lieux du drame, Andenne, Namur, Malines, A... >Voir plus
Que lire après Un bouquet de coquelicotsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Encore un livre que j'ai lu dans le cadre du comité de lecture. J'avoue que je l'avais un peu délaissé celui-là. Allez savoir pourquoi, le titre ne m'attirait pas vraiment. Pas plus que la couverture. J'arrivais toujours à en trouver un plus tentant. Et puis finalement, un jour je m'y suis intéressée de plus près. Il faut dire qu'il a un bon argument quand on doit lire beaucoup de livres en peu de temps : il n'a que 123 pages.

Un bouquet de coquelicots, c'est un recueil de témoignages (fictifs). Nous nous trouvons ici face à plusieurs personnes (un soldat inconnu, une infirmière, un musicien… et même un pigeon voyageur !) qui nous racontent chacun leur expérience de la guerre 14-18 en quelques pages. Une petite précision tout de même, ces personnes sont Belges, certaines se sont battues dans l'armée, d'autres ont subi l'invasion allemande. Pour moi, c'était un point de vue intéressant. La guerre 14-18, je la connais surtout du point de vue des Français, mais finalement, la façon dont les Belges l'ont vécue, je n'en savais pas grand-chose.

Niveau écriture, j'ai trouvé la plume de Marianne Sluszny intéressante. J'ai aimé cette façon qu'elle a de nous faire voir la guerre à travers les yeux de ses différents personnages. J'ai eu un petit faible pour le pigeon voyageur, je ne m'attendais pas du tout à me trouver face à un oiseau ! Mis à part ça, sa plume est agréable, fluide, c'est un livre qui se lit facilement et rapidement. J'ai lu une critique ou le lecteur lui reprochait d'être restée un peu en surface, de donner à ses personnages un air insensible. Personnellement, cela ne m'a pas choquée. J'ai trouvé au contraire qu'elle décrivait assez bien les émotions des différents personnages.

Pour conclure, je dirais que ce n'est pas un coup de coeur, mais j'ai trouvé cette lecture agréable et fort intéressante.
Commenter  J’apprécie          70
Recueil de nouvelles qui ont un fil conducteur : elles parlent toutes de personnages qui ont vécu pendant la guerre 14/18 en Belgique, différents protagonistes qui racontent leur guerre, leurs souffrances et leur vie d'avant et parfois d'après.

Toutes les nouvelles débutent quasiment par la même phrase : "Je suis né en ...", puis ensuite, l'auteure raconte la vie d'avant le conflit, parfois facile, parfois plus ardue, puis les années de guerre qui a broyé toute une génération. Chaque personnage des nouvelles de Marianne Sluszny est représentatif d'une couche de la population belge. A part la nouvelle intitulée de Profundis, toutes portent en titre le prénom du personnage principal.

- de Profundis : une lettre à ceux qui fêteront leurs vingt ans en 2014 écrite de l'au-delà par un soldat, une sorte de "résumé" de ce conflit par celui qui le symbolise encore.

- Roger : issu de la bourgeoisie catholique bruxelloise, Roger est musicien. Depuis 1909, une loi a "aboli le système de la conscription, basé sur le tirage au sort et la possibilité pour un fils de nanti d'échanger son "mauvais numéro" contre un "bon" moyennant compensation financière pour le trouffion qui irait au service et au casse-pipe à sa place" (p.32) Roger part donc à la guerre et découvre d'abord la mixité sociale puis les horreurs des champs de bataille : "La tranchée... C'est là que je fis connaissance des poux, des rats, des odeurs nauséabondes, des urines et étrons entassés dans un seau."(p.38)

- Echo : le plus jeune du lot, né en 1912, raconte sa vision de ce conflit : une nouvelle un peu plus légère, plus anecdotique sans doute, mais qui éclaire un pan assez méconnu de la guerre.

- Jeannette : Jeannette est jeune mariée lorsque son mari part à la guerre. Les temps sont longs et durs, il est difficile de se nourrir, de se chauffer dans les villes et villages occupés. Jeannette ne voit qu'une solution : vendre son corps à ceux qui ont les moyens de le payer : les Allemands.

- Frans : Frans est flamand, sa tête farcie des désirs d'indépendance de son pays. Il part au conflit et s'aperçoit que ce qu'on lui a raconté sur la lutte des classes entre Flamands et Wallons n'est qu'une bêtise. Une nouvelle sur la difficulté de la Belgique à faire une seule communauté, difficulté qui date quasiment de la création de ce pays et qui perdure au fil des ans

- Albert : Albert est congolais, de l'ancienne colonie belge, de l'ancienne propriété personnelle du roi Léopold II. Arrivé en Belgique en 1911, il s'engage pour tenter de vivre mieux. Il écrit sa lettre en 1934 alors qu'il vit ses derniers jours, souffrant "depuis près de vingt ans de tuberculose pulmonaire, [qu'il a] dû contracter en 1915 ou 1916" (p.92) Albert sera fait prisonnier, sera l'objet de brimades particulières du fait de sa couleur, sera interné en camp de prisonniers. En sortira, malade, construira sa vie se mariera et aura des enfants.

- Cécile : Cécile est une jeune fille de la bourgeoisie belge, qui, contre l'avis de ses parents décide de devenir infirmière. En plein milieu de ses études, la guerre commence. Elle ira soigner les blessés, les gueules cassées, tombera amoureuse, et ces années de dévouement décideront de ce que sera le reste de sa vie.



L'écriture de toutes ces nouvelles est classique assez distanciée, presque clinique ; elle décrit des faits et laisse peu de place aux sentiments, aux tourments, sauf pour Albert où là, on est en plein dans le ressenti de cet homme. C'est une méthode d'écriture qui permet de cerner au mieux les parcours de chacun, les choix ou non-choix qui ont amené les personnages en plein conflit et de généraliser leurs cas à toutes les couches de la société belge de l'époque (et sans doute encore plus largement). Ce qui au départ peut paraître déroutant sert plutôt le propos en ne le polluant pas par des questionnements intempestifs et pas indispensables. Néanmoins, Marianne Sluszny laisse la part belle à ses personnages, elle les fait évoluer et cette évolution nous permet de faire le tour du conflit de différents points de vue.

Pour finir, le titre est dérivé d'un poème de John Mc Crae, lieutenant-colonel de l'armée canadienne, cité en exergue.
Lien : http://lyvres.over-blog.com/
Commenter  J’apprécie          20
« Mes chers enfants,
Vous qui aurez vingt ans en 2014, merci de lire cette lettre. Elle parle pour les sans-voix et, bien que calligraphiée sur du papier blanc, elle est lourde de pleurs et maculée de sang. »

Ainsi commence « de profundis », « Des profondeurs », la première nouvelle du recueil. le 4 août 1914, les Allemands envahissent la Belgique, plongeant des milliers de citoyens dans l'abîme de la guerre.

Mis à part le récit d'Albert, inspiré de la véritable histoire d'Albert Kudjabo, il s'agit de témoignages fictifs mais dont les accents de vérité se font l'écho des voix des milliers de soldats inconnus tombés dans les tranchées boueuses des champs de bataille. Parmi les protagonistes : un jeune instituteur, un musicien, une infirmière mais également un pigeon nous raconte son histoire.

Le coquelicot, c'est cette parenthèse de beauté aperçue par un soldat blessé pendant sa convalescence ou encore un souvenir en feutrine laissé par un mourant à son infirmière mais pas seulement … le bouquet de coquelicots rappelle la fragilité de la vie humaine et se veut un devoir de mémoire afin que la génération actuelle n'oublie jamais le sacrifice des soldats pendant la Grande Guerre.

Marianne Slusny adopte le ton juste à la gravité du contexte. Une plume sobre agrémentée d'un brin de poésie qui rend les récits vivants et les personnages attachants. Comme l'écrit si bien l'auteure, pour que nous puissions « prendre la mesure de l'indicible ».

Catherine
Commenter  J’apprécie          20
Un ancien instituteur, un pianiste rendu sourd par les bombardements, une femme à Boches, un pigeon voyageur, un jeune flamand, un congolais ou une jeune fille de bonne famille devenue infirmière : autant de points de vue pour décrire la guerre 14-18 sur le territoire belge. Mais dès la première nouvelle, j'ai senti que ça n'allait pas me plaire. de profundis, qui ouvre le recueil, est une lettre d'un jeune homme mort sur le champ de bataille, sans nom et sans sépulture, adressée aux jeunes de 2014. Elle raconte sa vie d'avant la guerre, sa découverte du front, ses blessures, sa mort au champ d'honneur. C'est le soldat inconnu devant lequel des vétérans en uniforme viennent se recueillir, avant de disparaître à leur tour. Une injonction à se souvenir, une propension à s'attarder sur la barbarie des hommes, saupoudrée d'une petite note moralisatrice sur la guerre chimique qui avait connu ses débuts lors de 14-18 : la nouvelle, loin de me toucher, m'a surtout semblé d'une naïveté désarmante.

Si l'auteur s'est assurément renseignée pour écrire ces récits et bien qu'elle use de la première personne pour faire entendre la voix propre de chacun de ses personnages, on reste extérieur à leurs mésaventures. C'est que dans chaque texte surnage une voix plus générale, qui nous assène toujours le même discours : la guerre, c'est terrible, le monde a changé, des destins ont été brisés. La belle affaire. Il est regrettable que le livre se soit davantage employé à nous le dire, avec des effets de style assez naïfs, qu'à nous le montrer ou nous le faire ressentir. Et ce malgré tout le pathos versé dans ces histoires, que l'on veut trop exemplaires et qui en perdent leur humanité.
Lien : https://gnossiennes.wordpres..
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (2)
LaLibreBelgique
25 février 2014
De courtes histoires simples, sans recherche d’effets mais lourdes d’un poids de réalité qui n’a jamais fini de resurgir. Hier et maintenant. Ici et ailleurs.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Lhumanite
20 janvier 2014
Le livre s’achève par le récit de Cécile, l’infirmière fille de grands bourgeois bruxellois, qui d’un pan bouleversant de sa vie ne conserve plus qu’un coquelicot découpé dans de la feutrine. Aussi banal, aussi simple, aussi dépourvu d’ornement, mais aussi puissamment évocateur que ce recueil magnifique.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La tranchée... C'est là que je fis connaissance des poux, des rats, des odeurs nauséabondes, des urines et étrons entassés dans un seau.(p.38)
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : première guerre mondialeVoir plus
Les plus populaires : Jeunesse Voir plus


Lecteurs (14) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3164 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}