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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La vie dans une cité est loin d'être le paradis, surtout dans un quartier où règne insécurité et drogue.

Natalie a tout fait pour partir du domicile familial, laissant toute la place à sa soeur qui habite dans leur ancienne chambre avec ses trois enfants. Elle a même changé de prénom, fait de brillantes études s'est mariée et demeure maintenant dans un quartier huppé de Londres, pas trop loin de la cité quand même. Leah, est restée à proximité de la cité, dans un logement social. Elle rencontre ses anciens voisins tous les jours se fera agresser dans la rue. Nathan est le sdf toxico, dealer de la cité. Pas méchant mais dans un sale état. Félix, lui c'est autre chose, il est parti mais revient voir son père. Pas facile la vie dans la cité et pourtant tous ces êtres arrivant à la quarantaine restent inexorablement attachés au quartier de leur enfance. Ils ne le savent pas encore et vont le découvrir avec nous, lecteurs, au fil des pages et de leur histoire. Les scènes de violence et de sexe sont dérangeantes, pourtant impossible de fermer et de ranger ce livre. L'endroit où nous vivons enfant est-il si important dans notre vie d'adulte ? Une vie de (mauvais) quartier croustillante et perturbante.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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"Une vaste colline traverse le nord-ouest de Londres. Elle démarre à Hamstead et s'étend à travers Kilburn, Willesden, Brondesbury, Cricklewood. La littérature la connaît bien. (..) Même Dickens s' y aventure parfois, pour boire une pinte ou enterrer quelqu'un " et il s'agit d'une ligne de démarcation non matérialisée entre quartiers riches et quartiers pauvres. Leah, Keisha devenue Natalie, Félix et Nathan ont grandi dans la cité populaire de Cadwell où l'on croise différentes nationalités. Leah et Keisha sont deux amies d'enfance. Si Leah s'est très vite laissée tenter par le sorties, l'école buissonnière, les garçons et la drogue, Keisha a vu dans les études une porte de sortie pour accéder à un autre milieu social et essayer de gommer ses origines jamaïcaines.

A l'aube de la quarantaine, Leah la seule "blanche "de peau consacre désormais son temps aux associations caritatives. Elle ne s'est pas éloignée de son quartier d'enfance et vit à Kilburn avec Michel son compagnon d'origine française qui est coiffeur. Il veut un enfant mais pas elle. Leah n'ose pas le lui dire sans compter qu'elle doit supporter la pression de sa mère qui insiste car selon elle l'enfant est la continuité du couple-appartement-travail. Keisha qui se fait appeler Natalie a réussi : une belle carrière, un beau mari, deux enfants et un bel appartement. Natalie et son mari aiment recevoir. Ainsi Natalie et Leah continuent de se voir même si elles ne font plus partie du même milieu et que leurs aspirations en apparence sont différentes. Nathan dont Leah était amoureuse à l'adolescence fait la manche pour acheter de quoi se droguer. Felix pense enfin s'accrocher à une vie droite loin des embrouilles, de la drogue. Il y croit, il le veut. Mais son rêve s'arrêtera brutalement car le passé se reproduit dans les nouvelles générations.

la suite sur :
http://claraetlesmots.blogspot.fr/2014/04/zadie-smith-ceux-du-nord-ouest.html
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Fresque sociale d'un quartier du Nord-Ouest de Londres. Quatre personnages y grandissent, se connaissent ou se côtoient. A la quarantaine, Léah, Natalie, Félix et Nathan ont pourtant des parcours très différents. Tandis que l'une a réussi socialement, d'autres peinent à se dépêtrer de la pauvreté. Toutefois, chacun possède sa propre détresse affective...
C'est une Londres cosmopolite que nous dépeint Zadie Smith dans ce roman sociologique. Les descriptions et les traits de caractères sont très travaillés, ce qui donne plus d'importance à la forme qu'au contenu. Quel art de manier la plume !
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Un livre de Zadie Smith c'est toujours un régal . Il y a ici un humour noir trés drole , doublé d'une science de l'étude de caractéres assez remarquable . Ce roman vient s'inscrire dans la lignée de la brillante bibliographie de cette auteur qui peu à peu s'impose comme une référence . A découvrir au plus tot !
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C'est le premier roman de Zadie Smith que je lis et c'est une révélation! Son style, la structure du roman, les personnages tout fût pour moi une découverte sublime! J'ai hâte, à présent, de découvrir ses autres romans.
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Zadie Smith, née en 1975 dans une banlieue du nord-ouest de Londres, est une écrivaine britannique, fille d'un père anglais et d'une mère jamaïcaine qui émigre en Angleterre en 1969. Ses parents divorcent alors qu'elle est encore adolescente et à l'âge de 14 ans, change son prénom de Sadie en Zadie. Elle étudie la littérature anglaise à l'université de Cambridge. Son premier roman, Sourires de loup, paru en 2000 a reçu plusieurs prix et Ceux du Nord-Ouest qui date de 2012, vient d'être réédité en poche.
Zadie Smith est née dans le nord-ouest de Londres, donc ceux du nord-ouest, elle les connait bien et elle va nous les faire découvrir à travers quatre personnages principaux, Leah et Natalie principalement, Felix et Nathan qui se sont plus ou moins connus durant leur enfance et qui sont aujourd'hui des adultes ayant connu des destinées diverses. Leah, une rousse d'origine irlandaise sans enfants, travaille pour la mairie, Natalie – d'origine jamaïcaine - quand elle était une gamine et s'appelait encore Keisha (même démarche de changement de prénom que l'écrivaine ?), était la meilleure amie de Leah, aujourd'hui elle est mariée avec deux enfants et elle a un bon job d'avocate. Leurs voies ont divergé et même si géographiquement elles ne sont pas éloignées, elles vivent dans des mondes désormais séparés. Felix et Nathan eux, connaissent des destins plus tragiques, les drogues, la rue et pire encore pour l'un d'eux…
Le roman est terriblement dense et aborde à peu près tous les problèmes sociétaux de notre époque dont une longue liste n'épuiserait pas toutes les pistes : la mixité raciale et la place des minorités de couleur dans la société anglaise, les riches et les pauvres, la toxicomanie et ses corollaires, arnaques et déchéance, le conflit des générations complexifié dans le cas des enfants de parents d'immigrés, ceux qui se battent pour évoluer dans la vie et d'autres non, le sexe et ses dérivés, la pornographie et le désir – ou non – d'enfant chez les femmes, etc. Avec une sorte de moralité finale « Parce qu'on a travaillé plus dur (…) qu'on ne voulait pas se retrouver à frapper chez les autres pour faire la manche. On voulait s'en sortir. (…) Les gens ont généralement ce qu'ils méritent. »
Il ne s'agit pas d'un roman avec un début et une fin mais de tranches de vie(s), reliées les unes aux autres avec une maîtrise impressionnante par Zadie Smith. La narration est touffue, le plan du bouquin déroutant, les personnages secondaires nombreux, les repères chronologiques ne s'expriment que par des détails (une chanson à la mode, un volcan en éruption qui bloque le trafic aérien…) et le style de l'écrivain – ou les styles ? – varie selon les chapitres. Parfois récit, souvenirs, pensées des héros, bribes de dialogues se mêlent et s'enchaînent sans ponctuation distincte, parfois le texte est très classique dans sa forme mais des explications de situations ne viennent qu'à postériori. le lecteur est bousculé, sorti de sa routine de lecture habituelle et doit toujours rester vigilant pour ne pas être largué. Et c'est bon.
J'entendais dire beaucoup de bien de Zadie Smith depuis longtemps mais je ne l'avais jamais lue ; aujourd'hui je comprends ces louanges, il s'agit d'un grand écrivain de vraie littérature !
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Ce roman est avant tout un véritable exercice de littérature, parfois complexe, qui a pu en dérouter plus d'un·e. Il est divisé en 4 grandes parties (dont une fait à la fois office d'introduction et de conclusion) : apparition, convive, hôte, traversée, apparition.

Chacune de ces parties se consacre plus particulièrement à l'un·e des protagonistes : l'autrice nous en dresse le portrait depuis l'enfance puis nous fait vivre avec elle/lui les quelques heures ou jours qui précèdent l'événement. Pour chacune de ces parties, l'autrice choisit un mode de narration propre, censé représenter le mode de pensée ou le caractère du personnage suivi [enfin, c'est comme ça que j'ai compris le concept]. Ainsi, dans la première partie, nous suivons Leah, à travers une sorte de flux de conscience relatant à la fois ses interactions de la vie de tous les jours, ses pensées quant à son passé ou sa vie actuelle, etc. C'est, pour moi, la partie durant laquelle il faut s'accrocher : j'ai moi-même été perdue à plusieurs reprises [et là, j'étais heureuse de lire ce livre en traduction]. Ce mode de narration reflète vraiment bien l'état d'esprit de Leah : frustrée de ne pas mieux gagner sa vie malgré son diplôme, en couple avec un homme qu'elle aime énormément mais qui insiste pour qu'ils s'inscrivent dans une programme de procréation médicalement assistée alors qu'elle n'a jamais voulu d'enfant [et n'a jamais osé lui dire], noyée dans sa culpabilité et ses contradictions, elle ne sait plus comment avancer dans la vie.
Ensuite, on retrouve un mode de narration plus classique (narration à la 3e personne du singulier) dans la partie consacrée à Felix. La vie de Felix, et donc le chapitre qui lui est consacré, comporte moins d'intérêt à mes yeux même si c'est avec lui qui le récit prend un tournant décisif. Ce que j'en ai principalement ressorti, c'est la description de la cité de Caldwell.

Puis, dans hôte, on s'attache au personnage de Nathalie dans une succession de micro-textes classés selon une liste numérotée. Cette partie est à mes yeux la plus intéressante car elle permet de mieux comprendre comment l'amitié de Nathalie et Leah s'est construite et, surtout, comment elle a perduré au fil des années. L'autrice y aborde la question d'être transfuge de classe et des difficultés que cela engendre pour maintenir des liens sereins avec sa famille. A travers les moments choisis pour raconter Nathalie, on découvre également son obsession de toujours donner à voir la meilleure partie d'elle-même et ce que cela a impliqué dans sa réelle connaissance d'elle-même et pour son estime personelle. C'est aussi à travers Nathalie que l'autrice aborde la question du détachement la religion dans laquelle on peut avoir été élevé. C'est un sujet qu'on retrouvait déjà dans White Teeth.
Dans ce roman, il est également fortement question des ravages de la drogue et de la déchéance que cela engendre pour certains personnages. L'autrice questionne aussi le regard des autres sur les personnes droguées : quel soutien peuvent-elles ou non trouver auprès de leurs proches ou des gens qu'elles croisent régulièrement dans la rue ? Qu'est-ce que cela implique de devenir invisible aux yeux des autres ? Etc.
e ne l'ai pas précisé plus tôt mais dans Ceux du Nord-Ouest, nous naviguons à nouveau dans un environnement très multiculturel. Cela influe évidemment sur la destinée et les choix des personnages que nous suivons.

Vous l'aurez compris, c'est un roman foisonnant qui approche des sujets assez sombres. J'ai aimé retrouver le ton de Zadie Smith même si je l'ai trouvé moins piquant que dans White Teeth.
Lien : https://www.maghily.be/2022/..
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Bonjour, j'ai beaucoup aimé le propos et le style, mais quelqu'un peut-il m'expliquer la fin ? Je n'ai rien compris - mais peut-être est-ce normal ?
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« Ceux du Nord-Ouest » (2014, Gallimard, 416 p.) est un roman de la britannique Zadie Smith, d'origine jamaïcaine.
C'est la fille d'un père anglais et d'une mère jamaïcaine qui émigre en Angleterre en 1969. À l'âge de quatorze ans, elle troque son prénom de Sadie contre celui de Zadie. Puis, études au « King's College » de Cambridge, pendant lesquelles elle publie quelques nouvelles dans une anthologie. Son premier roman « White Teeth » (2000) est d'emblée un succès, traduit en « Sourires de Loup ». Il remporte, entre autres distinctions, les prestigieux prix « Whitbread » et « Guardian » du premier roman. Les droits du livres furent même achetés avant même qu'il soit terminé, à un éditeur ayant lu les cent premières pages seulement lors de la foire du livre à Francfort. Depuis il y a eu, « L'Homme à l'autographe », traduit par Jamila et Serge Chauvin, (2005, Gallimard, 496 p.), « de la beauté », traduit par Philippe Aronson (2007, Gallimard, 560 p.), « Ceux du Nord-Ouest » traduit de « NW » par Emmanuelle Aronson et Philippe Aronson (2014, Gallimard, 416 p.), puis « Swing Time », traduit par Emmanuelle et Philippe Aronson (2018, Gallimard, 480 p.) et à venir « The Fraud » (2023, Penguin Press, 464 p.).
Comme souvent, pour ne pas dire toujours, il y a plusieurs lectures dans les romans de Zadie Smith. Il y a le scénario, généralement un groupe de personnes jeunes, vivant dans la banlieue de Londres, de conditions sociales qui varient dans le temps, en bien ou en moins bien. Sur ce canevas, plus ou moins social, Zadie Smith rajoute ses thèmes, ou ses concepts littéraires. Les critiques qui en résultent, soit des lecteurs particuliers, soit de la presse littéraire ou des professionnels, reflètent également ces différences de lectures.
Le scénario, tout d'abord, qui sert de cadre. C'est souvent le quatrième de couverture qui le résume le mieux. Quatre personnages, la quarantaine, comme Zadie, vivant à Caldwell, dans la banlieue de Londres, au Nord-Ouest, on s'en serait douté. Leah, Nathalie, Félix et Nathan. Leah Hanwell, irlandaise d'origine, qui était la plus douée, végète dans une association caritative. Son problème, qu'elle cache à Michel, son mari, est de ne pas vouloir d'enfant. Elle prend la pilule en cachette de son mari. Ah l'Irlande et son atavisme. Michel, le mari est un homme noir francophone, coiffeur. Il espère encore mieux vivre de l'investissement en ligne que de la coiffure. Nathalie a choisi de changer de prénom, espérant ainsi effacer son héritage familial. Elle est noire et s'appelait Keisha Blake. Son angoisse, ce serait de ressembler à sa mère ou à sa soeur, qui triment pour payer leur loyer et nourrir la famille. Ils s'évadent et se réfugient dans l'église paroissiale Mais Nathalie a réussi. Elle s'est mariée, a eu deux enfants. « Nathalie Blake et Leah Hanwell étaient persuadées que les gens voulaient les pousser à faire des enfants ». Après de brillantes études, elle est devenue avocate. Elle demeure maintenant dans un quartier huppé de Londres, mais revient souvent à Caldwell. Nathan Bodge est accro à la drogue, petit dealer de la cité. Il hante le quartier. Félix Cooper, enfin, est parti de Caldwell, mais y revient régulièrement voir son père. Il croit s'en être sorti et s'apprête à conclure l'affaire du siècle. Tous les quarte sont restés liés. Ce n'est pas facile de rompre de ces années de jeunesse. On pourrait partir sur un roman social avec une grande variété de thèmes. Ils ne manquent pas. Les riches et les pauvres ; les minorités de couleur et leur mixité dans la société ; le conflit des générations dans les familles d'immigrés ; la toxicomanie et sa déchéance ; les dérivés dans les petites arnaques, le sexe ou la pornographie ; voire même les difficultés du couple vis-à-vis d'un enfant. Moralité globale finale « On a trimé dur. On ne voulait pas faire la manche et montrer son statut social. On voulait s'en sortir. Finalement, les gens ont ce qu'ils méritent ». C'est du roman victorien à la Dickens mis au goût du jour.
Il est vrai que, en guise d'acrostiche Zadie Smith indique « NON-FICTION / Changing My Mind : Occasional Essays » (Je change d'avis : ce sont des tentatives d'essais)
Une division en quatre grandes parties (dont une fait à la fois office d'introduction et de conclusion) : apparition, convive, hôte, traversée, apparition
« Visite part une », qui fait l'introduction. Il y aura une part deux pour conclure. Tout commence par des phrases quelque peu ésotériques. « le soleil généreux s'attarde sur les antennes téléphoniques. La peinture antidhérente des portails d'école et des réverbères devient soufre. A Willesden, les gens marchent pieds nus, les rues prennent un air européen, manger dehors devient une obsession ». Puis c'est l'histoire de Leah, initialement entichée d'un escroc, qu'elle rêve de retrouver. Pour le moment, elle est en couple avec Michel, un immigré franco-algérien.
Dans « Invité », on s'intéresse à Félix, pour une fois sobre, qui rend visite à son ex-amie pour lui dire adieu et démarrer autre chose. Agressé, puis tué après une dispute avec deux hommes dans le transport en commun qui le ramène. le meurtre de Félix est diffusé aux informations, ce qui permet aux autres personnages d'apprendre sa mort.
Dans « Hôte », ensuite, on passe à Keisha. Son histoire se déroule sous forme de 185 vignettes numérotées, chacune comprenant un paragraphe ou deux plus longs suivant diverses sections de sa vie. On aura ainsi « 14. Cet obscur objet du désir », ou « 15. Evian », « 21. Jane Eyre », ou « 62. Montaigne ».
Puis, la « Traversée » avec la révélation du secret de Nathalie, sa fuite et sa rencontre avec Nathan Bogle, un ancien camarade de classe devenu trafiquant de drogue.
Retour à la « Visite » et découverte des pilules anti-contraceptives de Leah, d'où une dépression de Michel.
Dans tout cela,on assiste et découvre le quartier. « Douce puanteur de narguilé, de couscous, de kebab, gaz d'échappement d'une impasse de bus. 98, 16, 32, places debout uniquement – plus rapide pour marcher ! Évadés de St Mary's, Paddington : un futur père qui fume, une vieille dame qui se roule dans un fauteuil roulant en fumant, un sac à urine tenace, un sac de sang, qui fume. Tout le monde aime les cigarettes. Tout le monde. Papier polonais, papier turc, arabe, irlandais, français, russe, espagnol, News of the World ». On le retraversera, façon Google Map, en faisant diverses références aux rues, panneaux, bâtiments, suivant les parcs et les ponts que traversent les personnages. Un peu à la façon dont Joyce fait découvrir Dublin, lorsque Leopold Bloom se rend à l'enterrement de Paddy Dignam. Et comme dans « ulysses », il y a plusieurs rencontres pour embrayer sur les autres personnages. « « Glisser dedans » est une pensée imprécise. Suivre l'enfant somalien jusqu'à chez lui ? S'asseoir avec la vieille dame russe à l'arrêt de bus devant Poundland ? Rejoindre le gangster ukrainien à sa table dans la pâtisserie ? Un conseil local : l'arrêt de bus à l'extérieur de Kilburn's Poundland est le lieu de nombreuses conversations plus engageantes à entendre dans la ville de Londres. Vous êtes les bienvenus ». Autre clin d'oeil, discret, à Joyce lorsque Devon, le demi-frère de Félix, doit sortir de prison. Un 16 juin, jour célébré, du moins à Dublin, comme étant le « Bloomsday ».
Le style, c'est du Zadie Smith à la sauce de James Joyce. J'y reviendrai. Mais il est vrai que le lecteur soufre dans les dialogues. C'est un peu le modèle actuel d'avoir repris le style de Joyce, en supprimant les tirets de changement de personnage, ou d'avoir remplacé les guillemets par des virgules inversées (« ‘ »). C'est aussi flagrant chez Cormac McCarthy dans « Stella Maris » traduit par Paule Guivarch par exemple (2023, Editions De l'Olivier, 256 p.)
Le style varie aussi avec les narrations pour chaque personnage. Passant de la narration, puis à la troisième personne, ou aux vignettes de l'histoire de Nathalie. le moins que l'on puisse dire est que le récit est non-linéaire. Effet encore amplifié par la bascule entre la narration à la troisième et à la première personne.
Les thèmes abordés sont variés, mais celui qui revient le plus souvent, c'est celui de l'appartenance à une classe sociale. « En privé, elle pense : tu veux être riche comme eux mais tu ne peux pas te soucier de leur morale, alors que je m'intéresse plus à leur morale qu'à leur argent, et cette pensée, cette opposition, lui fait du bien ».
Ce problème de classe est typiquement londonien, malgré sa mixité et son mélange très urbain. En résumé, certainement le plus joycien des romans de Zadie Smith, mais aussi le plus cryptique.

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