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Clark Ashton Smith - Intégrale tome 3 sur 3
EAN : 9782354086107
368 pages
Mnémos (21/06/2018)
3.81/5   32 notes
Résumé :
Avec ce nouveau cycle, Clark Ashton Smith met en scène une Auvergne médiévale fantasmée, comme seul cet auteur pouvait le faire. Il nous emporte dans une contrée mystérieuse où monastères et cités aux murs crénelés ont émergé des antiques ruines romaines, où des légendes préchrétiennes s'incarnent dans la vaste forêt centrale, où l'impressionnante cathédrale de la cité de Vyones domine les esprits et où, surtout, une très ancienne famille aristocratique voit ses pou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Pour ma 500e critique sur Babelio, je découvre un auteur dont j'avais beaucoup entendu parler mais que je n'avais encore jamais lu : Clark Ashton Smith.
Souvent rapproché du nom de Howard Phillips Lovecraft, l'auteur américain du début du XXe siècle passe pour un poète brillant et un maître de l'indicible. Avec cette intégrale « Fantasy » éditée par Mnemos sous financement participatif, le lecteur français devrait avoir accès, dans de nouvelles traductions, à toutes les nouvelles de l'auteur et même une partie de sa poésie en prose. Si je n'ai pas lu les deux premiers tomes (le numéro 1 « Zothique » et le numéro 2 « Hyperborée et Poséidonis ») le découpage est tel que ce manque ne se fait pas sentir.
Mais entrons sans tarder dans le vif du sujet, ou plutôt, en territoire d'Averoigne.

Averoigne, région largement rurale et même sylvestre comptant quelques centres urbains, pieuse mais toujours en proie à des superstitions païennes, est le théâtre de bien étranges phénomènes. Des lieux maudits semblent attirer les voyageurs, des sorciers maléfiques tentent des expériences démoniaques dans d'antiques citadelles en ruines, des apothicaires dévoyés concoctent des philtres frelatés, de sombres bibliothèques, gardées par des moines acétiques, cachent dans leur fonds des ouvrages interdits, des prêtres ou abbés défroqués utilisent leur position pour satisfaire le Malin... moines ou châtelains, roturiers ou nobliaux, charbonniers ou aubergistes, du haut-moyen-âge à la révolution, tous, en Averoigne, sont soumis à l'influence des forces qui régissent cette terre de mythes et de légendes, tous pourraient être victimes de ce qui se tapit dans l'ombre des antiques forêts traversées par de noirs sentiers, dans la noirceur des caves de leurs semblables, dans les abbayes à la gloire d'un Dieu absent, dans les venelles lugubres des villes. Car nul n'est à l'abri de l'horreur et de la folie…

C'est très lovecraftien tout ça, n'est-ce pas ?

Et même si ça me désole de forcément devoir comparer ou ne serait-ce que mentionner une autre plume pour parler de Clark Ashton Smith, il est indéniable qu'il fait partie de ces auteurs, avec notamment R. E. Howard, que l'on ne peut éviter de nommer lorsqu'on se penche sur leur production tant les références et citations intertextuelles sont nombreuses, de même que, parfois, les liens d'amitié et de respect qui les unissaient. Remember, dans l'Appel de Cthulhu, Lovecraft mentionnait son camarade par la voix de son narrateur, comme s'il s'agissait d'une référence culturelle universelle : « Il [Wilcox, le sculpteur] accédera un jour, je le crois, au panthéon des grands artistes décadents, car il a modelé dans l'argile et sculptera un jour dans le marbre les mêmes cauchemars et fantasmagories qu'Arthur Machen sait évoquer en prose, et que Clark Ashton Smith incarne dans ses tableaux et poèmes. ».
De même pour le Livre d'Eibon (inventé par Smith et qui nous viendrait d'Hyperborrée ;) Howard) ou le Necronomicon qui refont surface au gré des auteurs (et parviennent à forger ce mythe culturel aujourd'hui Hype et vendeur). le fan de Lovecraft sera ravi de retrouver ces petites touches et références chez Smith, celui d'Howard sentira dans certaines nouvelles comme « Le labyrinthe de Maal Dweb » un bon goût de Conan (j'ai beaucoup pensé à La tour de l'éléphant en lisant cette nouvelle).
Mais cessons là pour les ressemblances (la postface de S. T. Joshi, maître ès Lovecraft, le fera pour moi), car j'ai plutôt envie de m'appesantir sur les différences et les particularités de l'oeuvre de Smith présente ici, et notamment de la partie Averoigne, par rapport à ses compères et surtout à Lovecraft qui truste un peu la scène littéraire du fantastique old school.

À la manière d'un Howard Philips Lovecraft faisant intervenir dans notre monde des entités cauchemardesques avec tous les ressorts du fantastique, Clark Ashton Smith fait, également, mais dans un cadre majoritairement moyenâgeux (je précise "majoritairement" car la première nouvelle se passe en 1789 [certainement pour donner un cadre français sans jamais nommer le pays] et que d'autres se situent carrément en gaule romane ou durant la renaissance), apparaître des créatures tourmentant les hommes et donne à son lecteur une sensation oppressante, dérangeante, et une immersion totale, par le biais d'une langue riche et de descriptions détaillées, donnant l'impression de vivre les aventures à la place (ou avec) des protagonistes.
Toutefois, là où Lovecraft fait souvent frissonner avec des horreurs indicibles et une cosmogonie Ex Nihilo dans une époque récente où la science joue un rôle important (et où l'auteur doit forcément se détacher du connu, de « l'euclidien », s'il veut rester crédible), Clark Ashton Smith, en prenant pour cadre des temps reculés emplis de superstition, nous offre, outre une immersion totale, une crédibilité de haut niveau et touche à notre histoire commune.
Exit la complaisance du lecteur qui devait se forcer à oublier sa part rationnelle et scientifique, bienvenue aux légendes, histoires de sorcières et autres contes fabuleux, fabuleusement maléfiques et surtout terreau de nos mythes et fondateurs de notre culture.
En effet, dans les nouvelles constituant Averoigne, Clark Ashton Smith se plaît à revisiter les mythes populaires et le folklore païen de nos régions françaises ou simplement d'Europe occidentale. Ex Nihilo Nihil, et le lecteur prendra plaisir à rencontrer satyres, fées, vampires, loups-garous, géants, succubes, nécromanciens, fantômes, sorcières, druides, mages et bien d'autres encore dans ces contes fantastique sombres et lointains mais d'un côté bien plus proche de nous que l'Arkham des années 20. Nul dieu stellaire descendant sur Terre ou s'y réveillant pour mettre fin à l'humanité (du moins pas dans Averoigne ;) ) avant d'être contrecarré par le premier journaliste venu (bouh, le vilain troll. Je caricature, j'adore les récits de Lovecraft, mais avouons qu'ils ont souvent été dévoyés). Ici, à l'inverse de chez Lovecraft, le « mal » possède un nom connu, plusieurs même, et, la religion étant très présente, l'Homme témoin de ces phénomènes maléfiques les met sur le compte des puissances des ténèbres, de Satan, Bélial ou autres noms que l'on puisse donner à l'Antéchrist (parfois même Iog-Sotôt ^^).
Mais ce n'est pas tout, car si Smith nous présente des péons habitués au manichéisme, le fond de ses nouvelles est plus complexe et l'on pourrait voir, dans les agissements des entités prétendument maléfiques peuplant les forêts (et les récits) d'Averoigne, une vengeance ou punition envers ces humains détournés des véritables forces divines, païennes. Je m'explique : de nombreux écrits de la partie Averoigne sont des pamphlets anticléricaux ou une ode à la nature et aux paganismes. Souvent, le Dieu unique et ses fidèles sont impuissants (quand ces derniers ne sont pas tout simplement défroqués) tandis que les forces antédiluviennes habitant les forêts et les avernes sont, quant à elles, d'une efficacité redoutable et d'une ancienneté sans limite.
Smith appuie là où ça fait mal, pointe les faiblesses des dogmes religieux et n'hésite pas à rappeler que les monothéismes prennent racine dans les polythéismes, eux-mêmes issus de croyances magico-religieuses et d'un totémisme plaçant l'homme non pas au centre mais en harmonie avec la nature et l'environnement… alors, qui sont les vrais méchants, et y en a-t-il seulement ?
Voici donc pour Averoigne, dont je vais maintenant me languir.
Heureusement qu'on inventa, par la suite, le jeu de rôle (et même Dark Ages of Cthulhu ^^). J'aimerais qu'il existe, dans quelque bibliothèque reculée ou collection obscure, d'autres récits de Smith prenant ce même cadre.

Mention spéciale aux nouvelles suivantes :
Le Satyre (vous ne vous promènerez plus jamais dans les bois de la même manière)
Le faiseur de gargouilles (les vieilles pierres vous feront frissonner)
Saint Azédarac (ou la mascarade monothéiste)
Le colosse d'Ylourgne (la plus longue nouvelle d'Averoigne, en chair et en os)
Les mandragores (délicieusement nocive et cruellement ironique)
La Vénus exhumée (une raillerie envers le célibat, et une illustration parfaite du proverbe latin Balnea, vina, Venus corrumpunt corpora nostra, Sed vitam faciunt balnea, vina, Venus. ;) )

Autres différences notables, et qui font apprécier hautement plus le personnage Smith que le personnage Lovecraft, l'absence totale de sentiments haineux, racistes ou misogynes, ainsi que la présence, à de nombreuses reprises, de nouvelles forgées autour des sentiments de uns et des autres, des relations humaines ou, tout simplement, de personnages féminins ! Ces deux remarques sont valables tant pour la partie Averoigne que celle des Autres Mondes, dont je vais parler un peu maintenant, même si, je le dis tout de suite, j'ai été moins conquis que par la partir Averoigne. La faute sûrement à une lecture un peu précipitée (30 jours pour un tel recueil c'est trop peu).

Changeons donc totalement de style littéraire pour passer dans la SF ou la space-fantasy (on ne sait jamais).

D'abord, direction la planète Mars !
Colonisée par les Terriens, figurez-vous que la planète était habitée ! Pas par de petits hommes verts, mais par de puissants humanoïdes dont la civilisation, bien plus ancienne que la vie sur Terre, possède un passé tumultueux, houleux, fait d'insurrections et de génocides, de chaos et de sombres puissances enfouies n'attendant que les petits humains curieux… Avec ses satellites Phobos et Deimos (la peur et la haine, notez) Mars telle que présentée par Clark Ashton Smith a tout pour plaire et faire frissonner, crédible (d'autant que l'auteur ne s'empêtre pas dans des dates terrestres ; nous sommes dans le futur et c'est suffisant) et surtout très immersive. Préparez-vous à arpenter les rues d'Ignarh, capitale commerciale martienne, ses souterrains, à rencontre sa population, contempler ses étendues désertiques et surtout toucher du doigt son intrigante histoire… Mention spéciale à l'une des meilleurs nouvelles du recueil : Les caveaux de Yoh-Vombis, véritable chef d'oeuvre de tension et d'horreur.
J'ai toutefois trouvé quelques reproches à faire à certaines de ces nouvelles : les fins sont parfois expédiées dans une sorte de bienveillance amicale ou amoureuse où le « bien » triomphe du « mal ». Serait-ce pour sauvegarder la santé mentale et se préserver du courroux des lecteurs de pulp (?) ou bien une face éminemment optimiste de l'auteur ?

Direction maintenant le système aux trois soleils de Xiccarph, où l'auteur nous donne à rencontrer un grand sorcier maître de l'univers et plénipotentiaire, j'ai nommé Maal Dweb. Là où c'en devient étonnant (et outre le côté conanesque de Tiglari héros dans "Le dédale de Maal Dweb") c'est que la première nouvelle le pose en grand méchant, tandis que dans la seconde il se mue en sauveur de la veuve et de l'orphelin (pour caricaturer). Et ce changement d'attitude est dû à l'ennui né de l'hyper-pouvoir dont il dispose, c'est rare, si vous voulez mon avis :)

Ce troisième recueil continue avec des nouvelles éparses, de qualité diverses (et où, encore une fois, les fins sont souvent en contraste avec la dureté du reste du récit) où l'on pourra voir les différentes facettes de Clark Ahston Smith, tantôt polisson, tantôt rêveur, peut-être un peu désabusé (y aurait-il un brin d'autobiographie dans ses personnages de poètes incompris ?), toujours d'une imagination débordante, et tentant de s'affranchir des expériences terrestres ("Le monstre de la prophétie", texte très réussi (avec une fin à l'eau de rose) fait écho à "Je suis d'ailleurs" de Lovecraft, plaçant l'homme dans une position inattendue).

Enfin, ce dernier recueil de « l'intégrale fantasy » de Clark Ashton Smith nous livre quelques poèmes en prose, accompagnés de leurs versions originales. S'ils sont peu nombreux et parfois un peu abscons (à mon niveau) certains, notamment les vocatifs aux démons ou les contes rapportés, sont très beaux et permettent la rêverie et une escapade immédiate hors du temps.


En conclusion, je suis très satisfait de ma lecture. La partie Averoigne m'a conquis totalement, tandis que les Autres Mondes ont su me dépayser et m'emporter dans des univers lovecraftiens présentant une dose d'humanité non négligeable.

Une belle plume, riche en termes rares et en tournures complexes, dote les récits formant ce recueil d'un intérêt tout particulier (félicitation aux traducteurs pour leur travail et leur humilité). C'est indéniablement l'une des forces de Clark Ashton Smith, à l'aise tant du côté fantastique, que fantasy, science-fictionnel ou poétique, et ce, quelle que soit l'époque ou le lieu où il place son récit : des sombres forêts pré-romanes aux déserts sans noms de Mars en passant par le système aux trois soleils de Xiccarph, en quelques pages, le lecteur est transporté dans l'imagination débordante et magnifique de cet auteur à (re)découvrir d'urgence.

Petit bémol : j'aurais apprécié que le recueil donne les dates (même approximatives) d'écriture des nouvelles et les commentaires associés ailleurs que dans la préface ou la postface. C'est très frustrant et démoralisant de lire dans les toutes premières pages que telle nouvelle avait déçu son auteur lors de sa parution car elle avait été retouchée par un stagiaire du magazine pulp auquel il l'avait vendue, ou que dans tel récit le personnage finira comme-ci ou comme-ça… mettez ça en commentaire à la fin de chaque nouvelle, pas en préface !

Un grand merci à Babelio et aux éditions Mnémos pour leur envoi ; j'avais loupé Zothique lors d'une précédente Masse Critique, me voilà ravi avec ce tome 3 de l'intégrale « fantasy » de l'auteur américain. Je suis finalement content de ne pas avoir commencé par Zothique, car j'ai cru comprendre que c'était très lovecraftien, alors que la totale rupture apportée par Averoigne a su me transporter d'emblée en des territoires différents.

PS : le terme de « fantasy » me paraît un peu poussif dans le cas de toutes les nouvelles du recueil, ici il s'agit clairement de contes fantastique pour la partie Averoigne et de science-fiction (ou de space fantasy, si vous y tenez) pour la partie « Autres mondes », plutôt que de fantasy pure et simple (le livre est divisé en trois parties, la première, intitulée « Averoigne », la deuxième « Autres mondes » et la dernière « Poèmes »). Car nul elfe ou prophétie, quête d'artefact magique ou lanceurs de sorts, Averoigne sent la terre humide, le purin et la cire dont on fait les cierges, son sol recèle des empreintes de chevreuil, son ciel accueille le chant du rossignol, et l'ombre de ses sous-bois cache des yeux flamboyants vous regardant avec malice...

PPS : Je ne serais pas surpris d'apprendre que Gary Gygax ou Alan Dean Foster aient lu Clark Ashton Smith, tant pour le côté médieval fantasy/fantastique du premier et de son Donjons et Dragons, que pour la SF à bébètes du second et de son Alien, le 8e passager.
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C'est la fin du voyage, le dernier crépuscule, l'ultime conciliabule avec les nouvelles et poèmes de Clark Ashton Smith rassemblés dans ce troisième et dernier tome.


Encore une fois, c'est une oeuvre de Zdzislaw Beksinski qui sert de porte d'entrée on ne peut plus représentative dans l'imaginaire de l'écrivain américain. On pénètre ici sous le porche d'une cathédrale décadente mangée par la corruption des âges, endormie mais néanmoins grouillante d'abominations espiègles.


Le décor est posé pour la première partie se déroulant à Averoigne, région reculée imaginée d'après... l'Auvergne ! Les villes, les monastères et les abbayes plantés autour d'une ancienne forêt vont être le théâtre, à différentes époques, de faits étranges, d'apparitions démoniaques et de d'évocations oniriques.
Clark Ashton Smith déploie son talent habituel pour transporter le lecteur à la lisière du rêve et le faire entrer des deux pieds dans des visions étranges parfois perverties par des êtres démoniaques ou par des créatures plus subtiles se servant d'un charme irrésistible.
Si l'austérité et la froideur religieuses conviennent bien à certaines nouvelles, la flamboyance des couleurs et la folie de sens excités s'immiscent dans d'autres pour peindre un tableau vivant de fables mythologiques.
Smith va même jusqu'à faire côtoyer l'humour et l'horreur dans "La mère des crapauds" et n'hésite pas, au détour de passages cyniques et ironiques, à critiquer la rigidité des préceptes religieux. C'est avec romantisme qu'il écrit les passions, inavouées ou non, de certains personnages et c'est avec malice qu'il fait intervenir d'autres forces pour bousculer le destin établi.


Averoigne ne constitue finalement qu'une petite partie de ce recueil. Vient ensuite Mars, et Smith utilise à merveille ce monde inconnu pour y implanter une humanité qui a déjà colonisé la planète rouge. À l'instar de ses mondes premiers et derniers, la lointaine Mars est idéale pour confronter ses protagonistes à des terreurs immémoriales cachées dans les profondeurs encore inexplorées d'un territoire à l'histoire perdue, enfouie.
Les trois nouvelles de cette partie sont très réussies, que ce soit l'horreur étouffante et claustrophobe de "Les caveaux de Yoh-Vombis" et de "L'habitant du gouffre" ou l'implacable fatalité de "Vulthoom".


Xiccarph et Autres Mondes nous présentent des nouvelles là encore savoureuses, où Clark Ashton Smith nous prouve que son imagination n'a aucune limite, qu'il est capable d'inventer mondes et créatures et de nous étonner à chaque fois.


Dans les nouvelles les plus longues, Smith n'évite pas de trop nombreuses répétitions qui cependant sont loin de nuire au récit. Malgré tout, on sent bien ses limites et même si j'aurais bien aimé lire un roman de son cru, je l'imagine malheureusement assez alourdi par ces répétitions.



Pour tous les amoureux d'imaginaire, d'écriture soignée, poétique et romantique ; à ceux que l'horreur n'effraie pas, que les aventures désespérées peuplées de protagonistes malmenés et d'étranges créatures ne rebute pas ; à ceux qui hésitent encore à franchir les portes d'un exceptionnel univers créé par l'un des meilleurs écrivains fantastique ; s'il vous plait, délaissez vos habits d'hésitation et plongez à nu dans l'abîme qui vous est destiné.
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Clark Ashton Smith (C.A.S), propose avec Averoigne une plongée dans une Auvergne médiévale fantastique et fantasmée. On sent les prémisses de la Dark Fantasy qui sera plus tard portée par Cook, Sapkowski et Howard (pour les plus connus). Contemporain et ami de Lovecraft, on ressentira l'influence de ce dernier tout au long de ce périple Auvergnat. le maître de l'indicible veille. Pourtant une vraie patte stylistique se détache et fait d'Averoigne une quasi référence dans un style qui n'en est encore qu'à ses balbutiements.

Au-delà des descriptions très riches et de la fluidité de chaque histoire, Clark Ashton Smith dépose une ambiance froide et dérangeante, oscillante à travers chaque histoires, les rendant toutes uniques. Châteaux, forêts ou encore monastère (tryptique gagnant), deviennent des lieux riches de secrets oubliés, que l'on aimerait bien découvrir.

Seul petit bémol, la répétition dans le déroulé des histoires, défaut qu'on peut tout aussi bien reprocher à l'auteur de Providence. Clark Ashton Smith propose tout de même une flopée d'histoires et de légendes originales ; prévisibles certes, mais le style ciselé permet une immersion vraiment complète et on en ressort, pour certaines, bluffé.

Pour ceux dont le moyen âge ou la Dark Fantasy ne parlent pas, le livre contient une seconde partie : « Autres mondes ». Cet ajout au récit principale, propose d'autres récits de l'auteur articulés autour d'autres thématiques, ainsi qu'une partie plutôt inattendue sur des poèmes écrits en prose.

Si Clark Ashton Smith semble être un élève bien calibré de H.P.L, son style ainsi que son univers n'empruntent qu'un dixième au papa de Cthulhu. On sent une réelle identité dans ses récits, comme s'il voulait s'émanciper tout en restant fidèle et mener sa barque. Et sa barque il l'a mènera, d'un coup de rame bien placée il sera à l'origine d'un des styles les plus complexes et les plus riches (pour moi), la Dark Fantasy. Style qui peine aujourd'hui à se faire un nom, même si George R. Martin et Glen Cook semblent être les dignes successeurs de cet auteur atypique.
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Ça y est, les éditions Mnemos ont publié l'intégrale de Clarke Ashton Smith, sauf que bien entendu il y a quelques lézards (ailés, bien sûr). le découpage en trois tomes s'est révélé être assez laborieux : après un premier tome obèse sur Zothique et Averoigne (les mondes futurs, alors que Averoigne n'en est strictement pas un), un second à peu près normal sur les mondes passés, Hyperborée et Poséidonis, et un dernier rachitique sur les autres mondes, nos amis de l'Imaginaire ont vite lancé une autre édition où Averoigne figure dans le tome 3 afin de rééquilibrer un peu les volumes (la version que j'ai lue, donc). À côté de ça, les Autres mondes n'ont d'ailleurs pas l'air d'être si intégraux : certes, on ne pouvait pas y mettre tous les recueils de poèmes qu'il a écrits, mais "L'éclosion du ver blanc" dont on nous a parlé en préface, elle est où à la fin ?
Sinon, bon bouquin, qui surfe sur toutes sortes de sous-genres, avec de l'aventure, de l'horreur, des environnements complètement atypiques, et un med-fan pas du tout commercial, où on sent que l'univers exhale une âme, une vraie. Alors, certains trucs sont en-dessous d'autres, mais dans l'ensemble bon travail, et même les nouvelles les moins appréciables sont presque toujours compensées par l'incroyable style de l'auteur. Oui, un style un peu lent, il est vrai, mais qu'est-ce que vous voulez, les jeunots, faut un peu s'ouvrir l'esprit, on a quand même là un classique méconnu.
Difficile à savoir si de nos jours, d'autres parviendront à instaurer des ambiances aussi fortes que Clarke Ashton Smith. Et rien que pour en avoir une idée, il faut acheter le livre. Alors intégrale ou pas, faites connaître ce genre d'initiatives, ça ouvrira un peu le monde à des morceaux de choix. Parce qu'il faut en lire avant de pouvoir en écrire !
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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Ce livre comporte des récits se déroulant dans une Auvergne médiévale et originaire. On y découvre des créatures imaginaires : vampires, monstres, loups-garous... Ce sont souvent des mondes très angoissants, et cauchemardesques.
La deuxième partie s'intitule "Autres mondes" et contient un ensemble de textes sur des mondes imaginaires, inspirés de la planète Mars, ou bien de planètes totalement inventés. On y découvre vraiment des créatures et des vies extraordinaires, plus ou moins angoissants.
Enfin, la dernière partie comprend un ensemble de poèmes en prose, qui décrivent des mondes sur le point de disparaître.
J'ai énormément aimé ce livre de fantasy. L'auteur a réellement une imagination débordante. On a vraiment l'impression, à la lecture de ces textes, d'entrer dans ces mondes surnaturels et angoissants. Pour les passionnés de ce genre, je ne peux qu'en recommander la lecture. Je remercie les éditions Mémos de cette fascinante découverte, lors d'une opération Masse critique.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Tel un glacis sombre, le pouvoir du Christ a régné sur tous les bois, les champs, les rivières, les montagnes, où vivent dans la félicité les déesses immortelles et les nymphes du passé. Cependant, dans les cavernes secrètes de la Terre, dans les endroits aussi profonds que l'enfer inventé par tes prêtres, habite la beauté païenne et résonnent des cris extasiés.
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J'ai vu les massives murailles de Machu Picchu monter à l'assaut du ciel sur son sommet andin, et les teocallis enfouis dans les jungles mexicaines. Et j'ai contemplé en personne les rotondes cyclopéennes d'Uogam, prises dans les glaces de la toundra sur l'hémisphère nocturne de Vénus. Pourtant, à l'échelle cosmique, ces ruines dataient de la veille et portaient encore le souvenir de la vie, contrairement à cette cité d'une insondable antiquité, stérilisée et pétrifiée depuis des cycles stellaires sans nombre.
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Ce qu'était cette chose, je préférerais ne pas l'imaginer, si tant est que cela soit possible. Aussi informe qu'une énorme limace, sans tête, ni queue, ni organes apparents, son cuir était recouvert de cette fine couche de fourrure à l'apparence de moisissure dont j'ai déjà parlé. Le couteau trancha dedans, pareil à une lame dans du parchemin pourri, y taillant une longue estafilade, et l'horreur eut l'air de se contracter comme une outre percée. Il en jaillit un torrent nauséeux de sang humain, mélangé à des masses sombres et fibreuses qui auraient pu être des cheveux à demi digérés, lesquels se trouvaient mêlés à des grumeaux gélatineux d'os ramollis ainsi qu'à des éclats d'une substance d'un blanc crémeux.
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Par le bélier aux mille yeux ! Par la queue du Dragon et les cornes de Derceto ! lâcha Azédarac en tripotant la petite fiole ventrue remplie de liquide vermillon posée sur la table devant lui. Il va falloir faire quelque chose au sujet de cet insupportable frère Ambroise. Je sais désormais que l'archevêque d'Averoigne l'a envoyé à Ximes dans le seul but de réunir les preuves de ma relation souterraine avec Azazel et les Anciens. Il m'a espionné durant mes évocations dans les cryptes, a entendu les formules secrètes, a vu la véritable manifestation de Lilith, et même celle de Iog-Sotôt et Sodagui, ces démons plus anciens que le monde ;
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ténu est le voile qui sépare l'homme des gouffres impies, folle est la volonté de savoir ce qui hante les cieux ; d'étranges abominations circulent à tout jamais entre la Terre et la Lune, et parmi les galaxies. D'innommables choses sont venues à nous, horreurs exogènes, qui reviendront. Et le mal issu des étoiles ne ressemble en rien à celui que nous connaissons.
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