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Héloïse Esquié (Traducteur)
EAN : 9782207256008
336 pages
Denoël (31/12/1999)
4.24/5   1292 notes
Résumé :
C'était l'été où Coltrane est mort, l'été de l'amour et des émeutes, l'été où une rencontre fortuite à Brooklyn a guidé deux jeunes gens sur la voie de l'art, de la ténacité et de l'apprentissage. Patti Smith deviendrait poète et performeuse, et Robert Mapplethorpe, au style très provocateur, se dirigerait vers la photographie. Liés par une même innocence et un même enthousiasme, ils traversent la ville de Brooklyn à Coney Island, de la 42e Rue à la célèbre table ro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (177) Voir plus Ajouter une critique
4,24

sur 1292 notes
A lire les critiques enthousiastes des uns et des autres j'étais impatient de découvrir « Just Kids ».

Comme vous, j'ai été captivé par les écrits intimistes de Patti Smith et comprends maintenant un peu mieux le cheminement qui a conduit cette femme, d'apparence si frêle, au firmament de la scène rock des dernières décennies.

Deux éléments ont été déterminants dans le destin hors du commun de cette artiste aux multiples facettes :
- son amour précoce pour la littérature et notamment son attirance pour les auteurs romantiques français,
- sa rencontre à 20 ans avec un jeune homme de son âge, Robert Mapplethorpe, qui allait devenir quelques années plus tard un photographe de renom international.

« Just Kids » décrit la genèse de cette relation fusionnelle entre deux êtres en recherche d'identité artistique dans le foisonnement culturel des sixties-seventies. Voici les grandes lignes de leur parcours de vie :

La lecture, seul véritable moyen d'évasion, tient une place de choix dans les loisirs de Patricia. Une enfance pauvre mais heureuse non loin de Philadelphie avec déjà un tempérament de leader dans les jeux et une adolescence avec un goût marqué pour la danse.
A 16 ans elle découvre émerveillée les écrits de Rimbaud et l'adopte « comme son compatriote, son frère et même son amant secret ».
A 19 ans elle met au monde un enfant qu'elle confie quelques mois plus tard à une famille aimante et met le cap sur New-York en juillet 67.

Elle a décidé, elle sera artiste !

C'est à Baudelaire qu'elle pense quand la faim la tenaille durant cet été de vagabondage newyorkais, pour lui aussi la nourriture faisait souvent défaut.
C'est à Jean Genet qu'elle pense lorsqu'elle commet de menus larcins « esthétiques », des crayons de couleur dont elle ne peut se passer.

Sa rencontre fortuite avec Robert Mapplethorpe la marquera à jamais. Issu également d'une famille modeste, Robert est artiste dans l'âme et convaincu, comme elle, de voir des choses que les autres ne voient pas. Elle a trouvé l'alter ego dont elle avait maintes fois rêvé. le serment de se protéger mutuellement les lie à jamais.

Leur soif insatiable de connaissances (poésie, dessin, graphisme, peinture, photographie), leur galères au quotidien (logement, nourriture), leur débrouillardise (petits boulots, récupération d'objets hétéroclites pour la confection de colliers) sont relatés sans fioriture par une Patti Smith visiblement très à l'aise aussi dans l'écriture.

L'homosexualité de Robert, assumée quelques mois après leur rencontre, fait basculer leur relation amoureuse en amitié indéfectible.

Enfants de la beat generation dont ils s'approprient les codes, Patti et Robert auront la chance d'habiter le fameux Chelsea Hotel avec sa faune de clients-artistes à l'année, cet univers baroque devient leur nouvelle université avec ses professeurs Gregory Corso, Allen Ginsberg et William Burroughs.
La fréquentation assidue du célèbre club Max's Kansas City, haut lieu de la culture underground, leur permet de nouer des contacts en tout genre.
Patti et Robert étaient aux bons endroits au bon moment et forcément le talent tôt ou tard se remarque ; ainsi débuteront-ils, chacun de son côté, une carrière de renommée internationale mais sans jamais se perdre de vue.

Robert Mapplethorpe est mort du sida à New-York le 9 mars 1989.
Celle qui fut son amante et finalement son amie pour la vie est venue plusieurs fois de Détroit le soutenir dans son dernier combat.
Les dernières rencontres avec Robert sont empreintes d'une poésie bouleversante…

« Just Kids » nous rappelle avec sobriété, que l'amour de l'Art n'est en définitive qu'une profession de foi en l'humanité, l'amour de l'Art c'est l'amour de l'Autre.
Chapeau l'artiste !


P.S. : Horses, Easter, Wave, Trampin' m'ont accompagné dans la lecture de Just Kids. Jamais peut-être ne les avais-je appréciés avec autant de bonheur, une écoute toute en profondeur et en émotions.
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N'ayant jamais été fan de Patti Smith ni de Robert Mapplethorpe, un livre que je n'aurais probablement jamais lu si on m'en avait pas fait cadeau. Tant mieux, sinon cela aurait été vraiment dommage.
Je reporterais ici que deux passages sur les Kids, qui m'ont particulièrement touchée.
Au début de leur liaison, n'ayant de l'argent qu'uniquement pour un seul billet d'entrée aux musées, l'un attend, l'autre entre et par la suite, lui raconte.À la sortie d'une visite au Whitney Museum, Robert qui l'attend, lui dit," un jour nous y entrerons ensemble, et les oeuvres seront les nôtres ".....un optimisme et une confiance en soi émouvants, qui d'ailleurs se réalisera. Ce n'est même pas de la fiction. Un baume au coeur pour qui peine à croire que les vrais désirs tôt ou tard se réalisent.
Un autre passage prémonitoire, est celui où Patti à vingt ans, peinant à survivre,écoute pour la première fois Jim Morrison en concert....son ressenti,"I felt, watching Jim Morrisson, that I could do that. I can't say why I thought this"(Regardant Jim Morrison, je sentis que je pouvais le faire aussi.Le pourquoi, je n'en sais rien). Alors qu'elle n'a encore aucun lien avec la musique, à part l'écouter.

J'ai aimé,
sa conception de la liberté, son attachement à sa famille, son regard sur Robert, son regard sans jugement sur les méandres sombres, contradictoires et inexpliqués de l'âme humaine, la douceur de sa prose, sa pudeur et sa passion pour la chine chez les bouquinistes à la recherche de la perle rare,.....mais aussi,
cet amour inconditionnel l'un pour l'autre et leur incroyable talent de débrouille.

J'ai adoré,
la surprise de l'épisode de Sam Shepard incognito, un de mes acteurs et dramaturges préférés !

J'ai tout aimé Patty, toi et ton histoire. Bien que ce soit loin de mon monde à moi, au fond je partage avec toi une chose fondamentale -du moins pour moi-, la sensibilité à reconnaître les signes sur la route de la Vie.


"The signs that mock me as I go" ( James Joyce/ Poems Penyeach)
(Les signes sur ma route qui me raillent)

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Finir l'année 2014 en commençant la lecture de « Just kids » et commencer 2015 en la terminant que demander de plus ? Rien, la joie est totale.
J'ai revécu bien des souvenirs de ma jeunesse car j'ai, à peu d'années près, le même âge que Patti Smith, et ses disques m'ont accompagnée ainsi que ceux de Dylan, des Doors, de Janis Joplin, des Rolling stones. Avec « Just Kids » elle nous permet de revivre, au gré des rencontres et des amitiés, comme celles faites au Chelsea Hôtel, l'explosion de créativité des années 1970 à New-York dans tous les domaines.
J'aime la simplicité, le courage dans l'adversité et l'honnêteté de cette femme qui a su aimer passionnément et rester fidèle à cet amour pour Robert Mapplethorpe même après s'en être éloignée. Il a été un amant mais aussi un frère jumeau, à la fois ange et démon, ressemblant un peu à Jim Morrison.
Fidèle en fait à elle-même, au chemin qu'elle avait entamé en quittant sa famille pour New-York et l'inconnu, sûre que sa vie se jouait là où elle allait, Patti Smith saura garder une force intérieure qui lui évitera de tomber dans l'autodestruction de nombres de ses proches
J'aime sa façon de sentir et voir des signes dans des incidents qui se produisent sans que ce soit vraiment de la superstition mais plutôt un façon de lire et d'enchanter la vie. Et de Robert, elle dit aussi qu' «il était maître dans l'art de transformer l'insignifiant en divin »
Elle termine en s'adressant au lecteur:
« Je pourrais encore écrire un grand nombre d'histoires sur Robert, sur nous. Mais c'est celle-ci que j'ai racontée. C'était cette histoire qu'il voulait que je raconte, et j'ai tenu ma promesse. Nous étions pareils à, Hansel et Gretel, partis à l'aventure dans la forêt noire du monde. Il y eut des tentations, des sorcières et des démons dont nous n'avions jamais rêvé, il y eut des splendeurs que nous n'avions que devinées. Personne ne pouvait parler pour ces deux jeunes êtres, ni approcher la vérité des jours et des nuits passés ensemble. Seuls Robert et moi pouvions la raconter. Notre histoire, comme il l'appelait. En s‘en allant, il m'a laissé la tâche de vous la conter. »

Je n'ai rien à ajouter sinon merci pour cette belle histoire écrite à deux.
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Je ferme le livre de Patti Smith,le coeur serré par l'émotion. La rencontre fusionnel de deux êtres, qui se reconnaissent dès le premier regard, partagé par une seule et unique ambition, consacrer leur vie à l'art. Cette plongée nous entraine au coeur de la création dans les années soixante, soixante-dix à New York, avec les périodes de vaches maigres, le ventre criant famine, les petits boulots, les plans démerdes, les piaules miteuses pour se poser mais loin de tout découragement l' osmose totale entre Robert Mapplethorpe et la native du New Jersey, convaincus de leur talent.Patti Smith raconte cette période avec un sens narratif magnifique, avec au hasard des rencontres un casting hallucinant : Janis Joplin, Andy Warhol, Allan Ginsberg, Jim Morisson, Jimi Hendrix, Sam Shepard, Bob Dylan ...). Son amour pour la poésie et Rimbaud, avec ce pélérinage improbable à Charleville, l'insouciance d'une époque que beaucoup paieront de leur vie dans les années quatre vingt et l'arrivée du sida. Un témoignage pour tenir une promesse faite à son double artistique. Sincère, bouleversante, pleine de pudeur la promesse est tenue et de quelle manière.
Merci Patti si je peux me permettre.
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Patti Smith a bien des talents: poète, rockeuse, parolière,   performeuse, muse, égérie de modes nouvelles, modèle,  reine de l'underground , prêtresse de la branchitude, artiste d'avant-garde ...

Mais aussi tête bien faite, dotée d'une culture solide et personnelle, du sens de la mesure, d'une fidélité à toute épreuve, d'une originalité spontanée , du sens des responsabilités, d'une parfaite droiture.

N'en jetez plus.

 Pour qu'on ne se méprenne pas sur ce panégyrique -absolument exempt  de toute visée ironique-,   j'ajoute aussi: pourvue d'une modestie aussi grande que la conscience qu'elle a de ses talents, et d'un sens de la solidarité qui équilibre la tension de sa volonté et la force de son ambition.

Une sacrée bonne femme!

Alors quand cette sacrée bonne femme rencontre un garçon aux boucles de pâtre grec, timide et secourable, doué comme elle mais plus fragile émotionnellement, c'est une sorte de coup de foudre esthétique, artistique et passionnel.

Robert Mapplethorpe, garçon presque trop beau, et Patti Smith, jeune fille au charme androgyne, tous deux jeunes, artistes, fauchés, affamés, en quête de reconnaissance et de hamburgers , ce sont  Romeo et Juliette au pays d'Andy Warhol, de Bob Dylan et d'Allan Ginsberg!

Bien des années après la mort de Robert, fêté, aimé, célèbre mais malade du sida,  Patti, aidée de ses notes, mais sûrement aussi d'une mémoire quasi photographique qui lui fait retrouver objets, tenues, menus avec un sens du détail étonnant, fidele à la promesse qu'elle lui a faite à  vingt ans,  entreprend de raconter leur  histoire.

Une histoire d'amour hors du commun entre un garçon de bonne famille qui aimait les hommes, les drogues  et le sexe sans tabou, et une petite provinciale pauvre, éprise de Rimbaud , de livres et de musique, la tête bien solide sur les épaules.

Une histoire d'amour-amitié-à- la -vie -à -la -mort.
Une histoire de vie et de mort. Une histoire d'à mort.
Une histoire d'art et de vit,   qui dévore et qui mord.

La bande-son n'est pas triste: Morrisson, Hendrix, Joplin, Dylan, Lou Reed. du beau linge.

On croise Sam Shepard en amant nourrissier qui gave la pauvre Patti affamée... de homard!
On y recoupe les pas du pape Andy, qui fait et défait bars, galeries, " places to be"...
On y joue tristement aux dix petits nègres: entre les overdoses et le cytomegalovirus ravageur , qui tiendra jusqu'au bout, qui restera vivant?

Riders on the storm, riders on the storm,
Into this house we're born, into world we're thrown
Like a dog without a bone, an actor out on loan.

Riders on the storm.


There's a killer on the road, his brain is squirming like a toad.
Take a long holiday, let your children play.
If you give this man a ride, sweet family will die

Killer on the the road

Émaillé de photos de Robert pour cristalliser le souvenir, Just Kids m'a emportée : un trip dans la fin des sixties et le début des seventies,  années pétulantes, emballantes, insouciantes où  moi aussi j'étais just a kid..avant que les années sida - un peu plus tard  qu'à  New York-  ne  commencent elles aussi à nous enlever un à un "the boys in the band",  et que nos fêtes perdent , avec le plus cher de tous, leur grain de folie, leur panache et leur étourdissante gaieté.

This is the end
Beautiful friend
This is the end
My only friend, the end.


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critiques presse (1)
LeFigaro
11 décembre 2017
Just Kids, son autobiographie à succès, paraît en version illustrée. Magnifique.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (248) Voir plus Ajouter une citation
Ce soir-là, j'ai dîné simplement de ragoût, de pain et de vin. Je suis retournée à ma chambre, mais je ne pouvais pas supporter d'y rester seule. Je me suis lavée et changée, j'ai enfilé mon imperméable et je me suis aventurée dans la nuit charlevilloise. Il faisait fort sombre et j'ai arpenté le quai Rimbaud, vaste et vide. J'avais un peu peur lorsque, au loin, j'ai aperçu une minuscule lumière, une enseigne au néon - le Rimbaud Bar. J'ai fait une halte pour reprendre mon souffle, incapable de croire à ma bonne fortune. Je me suis avancée lentement, craignant de voir disparaître la lueur comme un mirage dans le désert. C'était un petit bar en stuc blanc avec une unique petite fenêtre. Il n'y avait personne alentour. Je suis entrée timidement. Le lieu était faiblement éclairé et peuplé principalement de mecs, des types à la mine renfrognée, appuyés contre le juke-box. Quelques photos fanées d'Arthur étaient collées au mur. J'ai commandé un Pernod et de l'eau, la boisson qui me semblait se rapprocher le plus de l'absinthe. Le juke-box passait une macédoine folle de Charles Aznavour, de country et de Cat Stevens.
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Une fois à Paris, j'ai pris le métro jusqu'à la station Père-Lachaise, car il me restait une chose à faire avant de rentrer à New York. Il pleuvait de nouveau. Je me suis arrêtée chez un fleuriste à l'endroit du cimetière et j'ai acheté une petite botte de jacinthes avant de partir à la recherche de la tombe de Jim Morrison. A cette époque, il n'y avait pas de panneaux et elle n'était pas facile à trouver, mais j'ai suivi les messages griffonnés par des admirateurs anonymes sur les pierres voisines. Le silence était complet, à l'exception du bruissement des feuilles d'automne et de la pluie, qui devenait plus drue. Sur la tombe sans inscription s'accumulaient les présents des pèlerins qui m'avaient précédée : fleurs en plastique, mégots de cigarettes, bouteilles de whisky à demi vidées, chapelets cassés et amulettes bizarres. Le graffiti qui veillait sur lui était fait de mots tirés de ses propres chansons, traduits en français : C'est la fin, mon merveilleux ami. This is the end, beautiful friend.
J'ai ressenti une allégresse peu commune, toute dépourvue de tristesse. J'avais le sentiment qu'il aurait pu sortir de la brume à pas de loup et me taper sur l'épaule. Qu'il fût enterré à Paris semblait approprié. Il s'est mis à pleuvoir pour de bon. Je voulais m'en aller car j'étais trempée, mais j'étais clouée sur place. J'avais l'impression désagréable que si je ne prenais pas la fuite j'allais être changée en pierre, telle une statue armée de jacinthes.
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Le manque d'argent, et le fait que cela soit à moi qu'il incombe d'en ramener, s'est mis à le déprimer de plus en plus. C'est en partie le stress causé par notre situation financière qui lui a remis en tête l'idée d'aller faire le tapin.
Les premières tentatives de Robert sur le trottoir avait été motivées par la curiosité et le romantisme de Macadam Cowboy mais il dut se rendre à l'évidence : travailler sur la 42e rue n'était pas de la tarte. Il a décidé de s'aventurer sur le territoire de Joe Dalessandro, dans l'East Side, près de Bloomingdale's, où c'était moins dangereux.
Je l'ai supplié d'y renoncer, mais il était déterminé à essayer. Mes larmes ne l'ont pas arrêté, alors je suis resté les bras ballants, impuissante, à le regarder se préparer pour la nuit qui l'attendait. Je l'imaginais planté à un coin de rue, empourpré par l'excitation, s'offrant à un inconnu pour nous rapporter de l'argent. Tout ce que j'ai pu dire, c'est : "Sois prudent, je t'en prie.
- Ne t'en fais pas. Je t'aime. Souhaite-moi bonne chance."
Qui peut connaitre le cœur de la jeunesse, sinon la jeunesse elle-même. ?
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En regardant Jim Morrison, j'ai eu une réaction étrange. Tout le monde autour de moi semblait cloué, mais moi, j'observais le moindre de ses mouvements dans un état d'hyperconscience froide. Je me souviens de cette impression bien plus nettement que du concert. J'ai senti en voyant Jim Morrison, que j'étais capable d'en faire autant. Je ne saurais dire ce qui m'a fait penser ça. Rien dans mon expérience, ne me permettait de me dire que ce serait jamais possible, pourtant j'ai nourri cette prétention. J'ai ressenti à son égard à la fois de l'attrait et un certain mépris. Je sentais sa gêne profonde aussi bien que sa suprême assurance.
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J’aspirais à l’honnêteté, mais découvrais en moi de la malhonnêteté. Pourquoi se consacrer à l’art ? Pour se réaliser, ou pour la beauté du geste ? Ajouter au surplus semblait pure complaisance à moins d’avoir à offrir une illumination.
Souvent, je m’installais pour essayer d’écrire ou de dessiner, mais l’activité fébrile des rues, ajoutée à la guerre du Viêt-Nam, semblait rendre mes efforts bien futiles. Je ne me reconnaissais pas dans les mouvements politiques. Lorsque j’essayais de les rejoindre, je me sentais submergée par une autre forme de bureaucratie. Je me demandais si dans tout ce que je faisais il y avait une chose qui avait un sens.
Robert n’avait guère de patience pour mes accès d’introspection. Il ne semblait jamais mettre en doute son énergie créatrice et, à son exemple, j’ai compris que la seule chose qui comptait, c’était l’œuvre : le chapelet de mots propulsés par Dieu, qui devient poème, l’entrelacs de couleurs et de traits de graphite tracés hâtivement sur la feuille qui glorifie Son geste. Réaliser au sein de l’œuvre un équilibre parfait entre la foi et l’exécution. Dans cet état d’esprit vient une lumière, chargée de vie.
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