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François Happe (Traducteur)Robert Crawford (Préfacier, etc.)
EAN : 9782915602036
188 pages
Le Passeur (10/05/2004)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Mrs Scott, vieille dame des Highlands, vit seule dans sa maison, prisonnière de ses croyances et de ses souvenirs. Elle reçoit la visite d'un cavalier, qui lui annonce son expulsion prochaine…
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ian Crichton Smith a écrit un grand nombre de poèmes intitulés Old Woman (La vieille femme). Chacun d'eux présente une approche différente du sujet, de la même façon qu'un peintre peut réaliser différents tableaux d'une même nature morte, paysage ou personne en faisant varier les tonalités et les couleurs, et en les regardant de différents points de vue.
Le premier poème intitulé Old Woman est une méditation sur la mort.
Un constat sans fard du grand âge, et de ses conséquences sur notre apparence et notre état physique, sert d'introduction à ce poème.
La vieille femme est malade, elle doit être nourrie à la petite cuillère par son mari qui lui tient la main. Elle ne peut avaler que de la nourriture écrasée en purée, des pommes de terre sans doute.
En lisant les vers, nous avons l'impression d'espionner l'intimité de ce couple de personnes âgées, leur prière, leurs souffrances, grâce au poète nous sommes admis dans leur sphère intime.

Dans le second poème, celui de la citation, nous avons à faire à une tout autre vieille femme. Elle n'est pas tournée vers sa mort, mais elle est torturée d'une autre façon. Courbée par l'âge et la colère.
Ce portrait n'est pas très flatteur, pourquoi le poète se laisse-t-il aller à une telle image peu flatteuse ? L'exagération du propos doit-il être pris pour une forme de dérision ou d'humour ?
Il décrit une sorte de monstre, le dos tordue et ployé, les cheveux jaunes, la bouche serrée, les yeux froids, les mains ridées et crevassées,
Mais très vite on saisit où le propos veut nous emmener, qu'est-ce ou qui a fait de cette femme ce qu'elle est aujourd'hui ? Quelle vie a-t-elle endurée ? Une femme qui a résisté aux épreuves qui l'ont ainsi transformée doit posséder de grandes qualités rédemptrices.
Les vers ne laissent pourtant pas transparaitre ces qualités.
Une femme qui “piétine les jonquilles avec sérénité” n'est pas quelqu'un de spontanément chaleureux. Pourquoi sa bouche est-elle obstinément fermé ? Une sorte de colère biblique s'empare d'elle et émerge du poème.
Le poète utilise un vocabulaire évocateur de l'ancien testament, Sodome, pécheur, impardonnable – le 7ème vers dit «qu'elle n'a jamais appris à pardonner».
Il utilise aussi un vocabulaire emprunté à la nature avec les mots : dur, mer, pierre, brulée, sauvagement, montagnes, termes étroitement associées au personnage de la vieille femme.
Les objets du quotidien sont également qualifiés par des termes bibliques, la tête de lit est une pécheresse, ses cheveux ne sont pas blonds mais jaunes et brûlés, les cuivres de la maison ne peuvent être absous, les verres sont des pécheurs.
Le thème de la nature visible dès le premier vers "les jonquilles piétinées par la vieille femme", (rien à voir avec le poème de William Wordsworth où les jonquilles sont magnifiées sous les nuages), jonquilles qui seront évoquées plus loin dans le poème :
" pendant que les jonquilles sauvages sont agitées par le vent dans les vallées et sur les flancs des collines, les daims observent la scène, leurs instincts naturels en éveil"
Dans ce poème comme dans toute la poésie de Smith, le daim symbolise la nature sauvage, à l'état premier, brut. Il regarde mais ne juge pas.
Les instincts naturel du daim, jurent avec la chape de plomb contraignante du savoir et de la pratique religieuse, qui influencent le comportement de la vieille femme.
Elle a abandonné depuis longtemps «ses instincts naturels».
Mais la vieille femme est-elle l'objet direct de l'ironie et de la critique de Smith ou n'est-elle que le symbole d'une société qui se censure elle même.
Le premier vers suggère que le poème vise la vieille femme mais au fur et à mesure nous voyons qu'il n'en est rien, ainsi le panier de pêche qu'elle porte sur son dos suggère qu'elle ploie sous des charges ancestrales, physiques et morales.
Elle réalise chaque jour des tâches rudes qui la déforme et lui donne cette démarche hésitante et heurtée.
Son mari est alcoolique, et se conduit de façon immorale ("Tes yeux froids regardent ton mari qui revient de la maison de Sodome, la démarche mal assurée")
Ce n'est pas une femme oisive comme ses mains crevassées le prouvent. Mais que dire des ces «murs de pierre» qu'elle «érige autour de ses enfants » leur donne-t-elle son amour ?
Elle se retrouve seule, isolée de tout et de tous. Elle se barricade elle-même et a construit des barrières pour se couper du reste du monde, y compris de ses enfants.
La vieille femme n'est que le produit de la communauté dans laquelle elle vit, ses conditions de vie difficiles ont crée cette femme au «dos courbé», «aux mains crevassées» qui «refuse de pardonner ses pauvres journées et la fosse commune», où elle finira sa vie.
En d'autres termes, elle a toujours regardé ses contemporains avec amertume et mépris. A l'inverse les jonquilles et les daims, qui partagent la nature avec elle, regardent la société des hommes sans passion, habités de leurs instincts naturels, qui les fait fuir l'homme . Ils vivent, ils sont, ils existent à travers la nature.
Le poème suggère que si la vieille femme pouvait retrouver son instinct naturel comme les chose et les êtres de la nature, elle n'en serait pas où elle est aujourd'hui.
Mais elle ne peut même pas imaginer pouvoir le faire car « la justice de Dieu/ submerge à jamais les règles naturelles par sa Loi»
La sévérité de la Loi de Dieu, et les règles contraignantes qui conduisent à la respecter, nous empêche de retrouver la grâce de l'état naturel.
Traduction libre d'après Colin Clark
http://www.edinburghliterarypubtour.co.uk/makars/smith/smith.pdf

Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Les premières phrases : Elle s'appelait Mrs Scott. C'était une vieille femme d'environ soixante-dix ans. Assise sur une vieille chaise devant sa maison, elle vit le cavalier s'approcher. Le cavalier s'appelait Patrick Sellar.
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Videos de Iain Crichton Smith (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Iain Crichton Smith
A paper given by Carl MacDougall at the 2013 ASLS Schools Conference, on the short stories of Iain Crichton Smith, for National 5 and Higher
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