Petits meurtres en famille

La recherche du grand amour relevait parfois de la quête du Saint-Graal. En toute logique, aucun homme dont les revenus étaient inférieurs aux siens ne pouvait l’exciter, et en ce moment, elle gagnait plus que de raison. Peu importait tout ce baratin sur l’égalité des sexes. Pour elle, un homme plus jeune ou ayant moins de responsabilités professionnelles n’avait aucun sex-appeal. Elle ne pouvait décemment pas viser plus bas qu’elle. Elle savait pertinemment qu’elle ne respecterait pas un homme dont les ambitions et la réussite ne correspondaient pas aux siennes.

Isabelle avait toujours trouvé les hommes intimidants. Son père n’avait jamais été proche d’elle et, n’ayant aucun frère, elle avait toujours été mal à l’aise en présence de représentants du sexe opposé. Sans parler de son éducation religieuse que sa mère lui avait imposée. Le fait d’être une intellectuelle ne facilitait pas les choses ; cela renforçait plutôt son isolement. À tel point que déménager à Oxford à trente ans avait été une sorte de soulagement, un nouveau départ, l’occasion de s’inventer une nouvelle personnalité.

Les gens se montraient tellement curieux, faisant preuve d’une fascination morbide pour ce genre d’affaires. Heureusement, leur intérêt malsain s’était vite reporté sur d’autres faits divers et Ethan avait pu retourner à l’anonymat dans lequel il se complaisait pour se retrouver seul face à ses souvenirs, et choisir ceux qu’il voulait garder.

Les femmes savaient toujours mieux s’amuser lorsqu’elles se retrouvaient entre elles, sans homme pour les embêter.

Une fois que la presse aura eu vent de l’affaire, il va inévitablement y avoir une chasse aux sorcières, les gens vont réclamer un coupable, un bouc émissaire.