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Fascinante dark fantasy
"L'étrangeté diabolique et la fertilité de la création de Clark Ashton Smith n'ont peut-être jamais été égalées par un autre écrivain, mort ou vivant. Qui d'autre a eu des visions aussi magnifiques, luxuriantes et déformées par la fièvre, de sphères infinies et de multiples dimensions, et y a survécu pour les exprimer ? " Ainsi Lovecraft proclamait-il son admiration pour Clark Ashton Smith dans Epouvante et surnaturel en littérature.
Cette admiration pour le "sculpteur de l'Invisible" ( Jacques Bergier ) , tous les lecteurs de ses oeuvres l'ont éprouvée : j'en veux pour preuve que les éditions épuisées de ses récits sont particulièrement recherchées par les amateurs et se vendent souvent à des prix astronomiques.
Aussi faut-il remercier les Editions Mnémos et les contributeurs à cette nouvelle édition, car il s'agit bien d'une nouvelle édition, et non d'une réédition : les récits de ce recueil bénéficient d'une nouvelle traduction par Julien Bétan, d'une grande qualité. Remercions-le lui aussi, car restituer le style somptueux de Klarkash-ton (surnom que lui donnait Lovecraft) n'est pas chose facile !
Ce premier volume concerne Zothique, dernier continent d'une Terre de la fin des temps, un univers baroque et décadent où se déploient sortilèges et fantasmagories, où nécromants, goules et squelettes dansent une sarabande infernale digne de Jérôme Bosch...
Grâce à son pouvoir visionnaire, grâce à la "magie de ses mots et de ses images", Clark Ashton Smith suscite dans nos imaginations enfiévrées de saisissants spectacles oniriques et macabres qui laissent un souvenir impérissable.
Un recueil fabuleux, à lire et à relire.
Coup de coeur, évidemment.
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Je suis bien embêtée pour parler de Zothique, parce que j'ai besoin de faire la part entre le travail de l'écrivain, et le travail éditorial, le second n'étant à mon avis pas vraiment à la mesure du premier. Or, il aurait été préférable que j'aie lu la totalité de l'intégrale Clark Ashton Smith pour avoir une vision d'ensemble ; seulement voilà, ça va prendre du temps pour que j'aie accès aux deux autres volumes. Je rectifierai donc au besoin dans les deux autres critiques mes propos d'aujourd'hui. En tout cas, l'idée de publier Smith en français aujourd'hui dans son intégralité était une bonne idée de départ.


Zothique, comme il est mentionné dans la quatrième de couverture, est un univers de fin du monde, hanté par les revenants, pourri par par les sciences occultes, un univers d'horreur, de décadence, de dégénérescence. Dernier des continents, il abrite une humanité à son déclin, et Clark Ashton Smith s'y entend très bien pour le décrire : on y sent véritablement le désert, les couleurs chaudes, où dominent les teintes innombrables de rouge, la désolation des paysages avec ses multiples ruines ou ses cités opulentes mais moribondes ; et en parallèle la cruauté, la soif de pouvoir pourtant inutile, l'ennui insondable, le désarroi et, souvent - très souvent - le désespoir des personnages font systématiquement écho à cet environnement fait de pourriture. Donc si Clark Aston Smith sait faire quelque chose, c'est bien de créer un univers dont le lecteur peut totalement s'imprégner.


Néanmoins, je trouve les histoires moins enivrantes que leur contexte. J'ai rapidement ressenti l'impression de relire un chouïa la même chose, disons des toutes petites variations sur un même thème, du moins surtout dans la première partie du volume. du coup, j'ai pris mon temps, j'ai lu une ou deux nouvelles un jour, puis une autre trois ou quatre jours plus tard, pour éviter le sentiment de saturation. Je pense que les conditions dans lesquelles écrivait Clark Ashton Smith y sont pour une bonne part : il vendait ses nouvelles une à une à des pulps tels que Weird Tales, les éditeurs et les lecteurs voulaient toujours un peu la même chose, et il fallait bien vivre. Il est beaucoup, beaucoup, mais vraiment beaucoup question de nécromancie dans ces nouvelles, au point que lorsque je m'éclipsais pour aller en lire une ou deux, je disais à mon copain : "Je vais lire des histoires de nécromancie" ; il savait tout de suite de quoi je parlais. de même, pas mal de nouvelles sont construites selon une même trame, avec une intrigue basé sur des ignominies commises par des personnages cruels, souvent aux dépens des quelques humains qui restent encore sains d'esprit à Zothique (on se demande pourquoi ceux-ci ne se suicident pas direct, vu le monde dans lequel ils vivent), puis avec une fin pour le moins ironique.


Pourtant, le style de Clark Aston Smith n'est pas déplaisant, basé sur un vocabulaire recherché (il est vraisemblable que son goût pour le symbolisme l'y ait poussé), parfois tombé en désuétude, renvoyant ainsi à des périodes révolues - ainsi des mots faisant référence à la Grèce antique, entre autres -, mais ne sombrant pas pour autant dans une manière ampoulée. Et ce qu'on remarque finalement, sous des dehors uniformes, c'est la capacité de cet auteur à à manier, non seulement l'ironie - j'ai dit qu'elle était toujours, ou quasiment, présente -, mais l'humour tout court, comme dans le Voyage du roi Euvoran (nouvelle qui, il est vrai, diffère du reste du corpus de Zothique), et surtout sa capacité à user de ses influences pour leur donner une nouvelle vie. Morthylla est un très bel exemple, qui fait débuter l'histoire à la façon décadente de Huysmans dans À rebours (le personnage principal est une espèce de Des Esseintes exotique), pour la transformer en une parodie très réussie de la nouvelle Arria Marcella de Théophile Gauthier. Autre exemple : dans le Jardin d'Adompha, on croirait que les fantasmagories d'Odilon Redon prennent vie sous la plume de Smith.


Cela dit, j'aurais nettement préféré que, pour une édition intégrale, les textes de Clark Ashton Smith soient publiés dans l'ordre chronologique d'écriture, et non selon des thématiques, quand bien même ces thématiques semblent logiques puisque d'ordre géographique. Je pense que j'aurais évité l'effet saturation, dont d'autres lecteurs ont bien plus souffert que moi, si les textes des trois volumes avaient été publiés dans l'ordre de composition, mélangeant les univers mais reflétant davantage le travail de l'auteur ; d'autant qu'on aurait pu croire qu'on a aujourd'hui assez pointé du doigt le côté néfaste des regroupements de textes par "univers" concernant l'oeuvre de Lovecraft pour ne pas refaire les mêmes erreurs avec Clark Ashton Smith. Eh ben non. S'ajoute à cela un manque complet d'informations sur les textes : les titres originaux des nouvelles ne sont même pas mentionnés, on ne connaît ni les dates d'écriture, ni les dates des différentes publications. Ce qui serait un minium pour une intégrale, et ce qu'avait très bien fait le Bélial' pour La Ménagerie de papier. Ajoutons enfin que dans l'édition de poche, la carte de Zothique est parfaitement illisible ; or la carte de Terremer dans l'intégrale d'Ursula le Guin récemment publiée dans le Livre de poche se lit très bien : comme quoi il est possible aussi de faire du bon travail de ce côté-là. Je suggère à la maison d'édition Mnémos, dont je n'apprécie déjà pas le recours au financement participatif (détourné de son but, puiqu'au départ destiné à des petits projets pour des associations et des particuliers qui en ont bien davantage besoin qu'une maison d'édition installée, fut-elle de petite taille), de s'attarder davantage sur son travail purement éditorial, avant de se préoccuper de goodies en tous genres qui, de toute façon, ne profitent qu'à une toute petite portion de lecteurs, c'est-à-dire ceux qui ont financé le projet.


Malheureusement, Mnémos est loin d'être la seule maison d'édition à bâcler une partie de son travail éditorial...
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Un style incomparable, un des joyaux de la Sword & Sorcery et, par extension, de la Fantasy dans son ensemble

Clark Ashton Smith a la réputation d'être un des plus, sinon le plus grand styliste ayant jamais exercé en Fantasy. Je dois dire que cette réputation n'est en rien usurpée : l'écriture de l'américain, pilier de Weird Tales et ami de Lovecraft, réussit le double exploit d'être extrêmement fluide, agréable et évocatrice (pour ne pas dire souvent envoûtante) tout en employant un niveau élevé de langage et en ne sonnant jamais pédant (signalons d'ailleurs l'excellence de la traduction). La Terre du lointain futur dont le Zothique qui donne son titre à ce recueil de nouvelles est le dernier continent n'est pas un cadre de SF, mais au contraire d'une Sword & Sorcery de haute volée qui n'a rien à envier à celles d'Howard ou de Leiber. Pourtant, à titre personnel, j'aurais une très légère préférence pour le cycle de Kane de Karl Edward Wagner, ne serait-ce que pour le magnétisme de son antihéros et pour son côté science-fantasy et lovecraftien bien plus affirmé que chez Smith, où il est pourtant nettement présent.

Cependant, les qualités d'écriture extrêmes de Clark Ashton Smith font de Zothique et, je pense, de l'ensemble de son oeuvre, un incontournable pour tout lecteur de Fantasy qui se respecte, qu'il lise ou apprécie de la Sword & Sorcery ou pas. Et ce d'autant plus que les nouvelles présentées sont d'un haut niveau général, encore rehaussé par la présence de ces perles que sont L'empire des Nécromants, le sombre Eidolon ou le très lovecraftien et très onirique Xeethra. Certes, quelques textes sont un peu plus dispensables, mais à part à la rigueur le voyage du roi Euvoran (qui fait tâche avec son Odyssée Heroic Fantasy plus basique que les nouvelles qui l'entourent), voire le dernier hiéroglyphe, rien n'est à jeter.

Retrouvez un résumé et mon avis sur chacune des seize nouvelles qui forment ce recueil sur mon blog.
Lien : https://lecultedapophis.word..
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S'il fallait contextualiser ma lecture de Zothique, je serai forcé de parler d'un autre recueil du même auteur : Averoigne.
Ce dernier avait été une magnifique découverte à l'époque (novembre 2018) et, depuis, peu de livres (voire aucun) ont réussi à l'égaler. Alors, la lecture de Zothique (et d'Hyperborée, à venir) était toute naturelle, et, sans entrer dans les polémiques éditoriales, je suis simplement reconnaissant aux traducteurs / éditeurs d'avoir mis l'oeuvre de Clark Ashton Smith à notre portée.

Là où Averoigne désigne une petite région qui rappelait étrangement la France médiévale en mode fantastique/fantasy (allez voir ma "courte" critique), Zothique, à l'inverse, est le nom d'un continent, d'une Pangée au crépuscule de son Monde. L'humanité est à son grand âge, et la déchéance est déjà là. Dans les déserts arides et sur les mers traitresses de cette terre vieillissante, démons et nécromanciens, incubes et tyrans, assassins et goules pullulent. Tout espoir est perdu si ce n'est celui de quelques derniers excès avant le rideau final.

Vous l'aurez compris, Zothique présente une Fantasy que l'on pourrait qualifier de "sombre" ou "dark", même si elle présente également un certain niveau de comique ou de dérision. On reconnait parfois (après la lecture de la courte préface) les traits de l'auteur dans ceux de certains personnages, de ceux qui veulent croire aux rêves et à l'imagination et ne se satisfont pas du manque de saveur d'une routine quotidienne, et du terre à terre d'un monde sans magie ou sans imaginaire.

Mais finalement, qu'est-ce que j'en retiens ? Car je vois des critiques dithyrambiques, des analystes qui crient à la merveille, et d'autres encore.

Hors de tout contexte, Zothique est un recueil très intéressant, divertissant, certes un peu redondant, mais également trop peu approfondi. Intéressant car le nombre de nouvelles le composant est tel qu'il offre au lecteur de vivre de multiples vies, diverses aventures, qu'il s'agisse d'entrer à la cour d'un Roi sorcier, de suivre le périple de mercenaires, ou d'assister aux offices d'un dieu nécrophage. Divertissant car l'écriture est plaisante, riche, parfois un peu compliquée tant le vocabulaire est spécifique (j'ai appris l'existence du mot Athamé ^^), que les scénarios sont bien ficelés, et que leurs fins font souvent réfléchir et transposer les événements à notre monde. Redondant car à part des sorciers, des rois, des nécromanciens et des goules ou démons, on a rapidement fait le tour de ces mêmes palais jaunis par les sables du désert, de ces mêmes nécropoles enfouies sous les sables du désert, et de ces être maléfiques tapis dans les recoins des sables du désert... et c'est bien là que le bât blesse, car autant les récits sont nombreux, autant la variété n'est pas des plus présente et l'on a l'impression que n'importe quel badaud habitant de Zothique connait facilement quatre ou cinq nécromanciens, côtoie fréquemment son Roi ou a pour ascendant un sorcier ou quelque lamie.
Mais en recontextualisant, ce petit écueil fond comme neige au soleil. Je ne suis pas spécialiste, et j'aurais beaucoup apprécié un travail éditorial plus poussé, mais Smith écrivait dans les pulp des années 20, des courts récits qui devaient se suffire à eux-mêmes et emmener leurs lecteurs en dehors de leur quotidien morose et grisâtre. Et là, la mission est complètement réussie. Car si en format intégrale les récits s'enchainent et viennent à s'emmêler ou se ressembler, à rythme mensuel ou plus ou moins étalé, ils mettent en place tout un univers et ne sont que des petits morceaux de vies et d'aventures dans un monde plus vaste et plein de mystères que le lecteur pourra combler à l'envi.

Zothique et son soleil rouge sang n'ont pas fini de hanter mon imaginaire, si bien qu'en écrivant ces lignes je vois l'infinité du désert que seuls brisent les vestiges d'un tombeau oublié d'où proviennent les ricanements de quelques créatures maléfiques recherchant l'obscurité...
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Autant identifier tout de suite le coupable : c'est la critique élogieuse d'Apophis qui m'a convaincu d'acheter ce recueil de nouvelles, me donnant ainsi l'occasion de découvrir Clark Ashton Smith, l'un des grands anciens de la fantasy dont il était devenu difficile de se procurer les oeuvres en français. Poète, il traduisit entre autres Baudelaire pour le public américain. Écrivant principalement dans les années 30, il n'était pas de son temps : tout dans "Zothique" rappelle la littérature décadente ou "fin de siècle", aussi bien dans les thématiques abordées que dans le style, magnifiquement ciselé, voire précieux. Cette lecture m'a rappelé Jean Lorrain et ses contes macabres dont je m'étais délecté dans le recueil "Princesses d'ivoire et d'ivresse" publié en 1902... Il y a pire comme filiation !

Cités perdues, tombeaux royaux et catacombes, liches et momies, malédictions et nécromancie : voilà en gros le programme de ces seize nouvelles, toutes de très bonne facture. La corruption, la ruine, la mort, sont omniprésentes dans ces pages, et sous la plume élégante de Clark Ashton Smith les pires horreurs deviennent esthétiques. C'est un recueil qui ne se dévore pas mais qui se déguste. Impossible de le lire d'une traite. À vrai dire, j'ai rarement lu aussi lentement, non pas par ennui ou manque d'intérêt, mais parce que chaque mot nécessite d'être apprécié, et de nombreuses phrases méritent d'être relues pour mieux en goûter la beauté et la force d'évocation, comme un bon vin qui se garde longtemps en bouche. En outre, si la quatrième de couverture ainsi que plusieurs lecteurs mentionnent une écriture envoûtante, je ne pouvais imaginer que ce serait à ce point : de nombreux passages sont littéralement hypnotiques, si bien que je me suis surpris à rester de longues minutes sur la même page sans avancer dans ma lecture, car je m'étais laissé aller à rêvasser devant les mots imprimés sur la page... Quelle sorcellerie est-ce là ?

Saluons la belle initiative de Mnémos, qui dans une édition soignée remet à l'honneur un auteur qui mériterait de connaître la renommée de ses compères Lovecraft et Howard, même s'il est sans doute moins "facile" et donc moins susceptible de parler à un très large public. Sans avoir lu le texte original, on peut aisément imaginer que rendre en français le style si particulier de Clark Ashton Smith a dû être une sérieuse gageure. Un petit regret néanmoins : il aurait été intéressant d'avoir, pour chaque nouvelle, quelques informations la replaçant dans son contexte, avec les dates de rédaction et de parution, les éventuelles péripéties éditoriales, etc., à la manière de ce qu'a réalisé Patrice Louinet pour l'intégrale de R.E. Howard chez Bragelonne.

Ravi de cette découverte, il est certain que je garderai un oeil sur les parutions à venir, consacrées aux autres univers créés par Clark Ashton Smith : Averoigne, Hyperborée, Poséidonis.
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J'ai essayé, lutté, persévéré jusqu'à la moitié... mais je rends les armes. Même en espaçant la lecture des diverses histoires qui composent Zothique, celle-ci se révèle à chaque nouveau récit plus fastidieuse.

Zothique est l'univers créé par l'auteur, un monde après la fin de notre monde. de l'ensemble des continents n'en reste plus qu'un, Zothique, ainsi que des îles et îlots épars tout autour. le territoire est divisé en plusieurs régions et royaumes. Pour être franche, hormis les changements topographiques, il n'y a guère de différences entre les contrées. Partout règnent la corruption, les orgies, les turpitudes et la violence. Au nom d'un roi ou d'un dieu-goule, c'est du pareil au même. Sorciers et nécromanciens parcourent les pays, répandant généralement désastres et méfaits sur leur passage. Quelque soit l'endroit où se déroule l'histoire, on note une grande imagination dans l'art de faire souffrir son prochain. Quitte à le ramener à la vie une fois mort pour en faire un serviteur obéissant.

Clark Ashton Smith recourt à un style très grandiloquent, prolixe en adjectifs ampoulés. Et à force, ça devient lassant, lourd et mon intérêt a baissé à chaque nouvelle. Développer à tour de plume des scènes glauques n'enrichit pas les intrigues à mon goût. Les nécromanciens nécrophiles ou les tortionnaires cruels et inventifs finissent par irriter plus qu'autre chose. Et pourtant, j'aime bien les récits horrifiques... quand l'aspersion d'hémoglobine et les débris de viscères ne me donnent pas l'impression de ne faire que du remplissage.
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Zothique est un recueil de nouvelles écrit par Clark Ashton Smith, ami de H.P Lovecraft (Cthulhu) et de Robert Howard (Conan).

Entre Fantasy et horreur, les histoires de ce recueil sont très sombres, je dirais assez glauque même parfois, il ne faut pas avoir froid aux yeux pour aller jusqu'au bout. Personnellement j'ai bien aimé me plonger dans une grande partie des nouvelles proposées, même si certaines sont plus captivantes que d'autres, cela n'est qu'une question de feeling et un ressenti personnel, l'ensemble est tout de même très cohérent et tient bien la route pour relier les diverses histoires en un tout, comme pour un "Conan" par exemple.

D'ailleurs on ressent bien l'influence d'Howard et de Lovecraft dans le style que pose Ashton Smith ici.

Je conseille fortement ce recueil à tous les amateurs de fantasy, d'horreur et de fantastique voulant découvrir autre chose que les grands classiques du genre, ici c'est aussi bon mais moins connu.

Sur le blog :
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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Cet ouvrage est issu d'un financement participatif sur Ulule. le but du financement est de retraduire entièrement l'ensemble de l'oeuvre de fantasy de Clark Ashton Smith. L'écrivain américain avait la particularité d'être l'ami de Lovecraft et de Robert Howard. Les trois écrivains ont eu un fort impact sur la fantasy américaine et Clark Ashton Smith a participé à l'élaboration du mythe de Cthulhu. le financement participatif proposait trois tomes : Mondes derniers qui contient l'ensemble des textes (nouvelles, fragments, poèmes) des cycles de Zothique et d'Averoigne, Mondes perdus, qui réunit les textes des cycles d'Hyperborée et de Poseidonis et enfin Autres mondes.

Clark Ashton Smith, né en 1893, a eu une enfance assez sombre et marquée par la maladie. La lecture, la culture et l'art ont été des refuges lui permettant d'oublier la tristesse de son quotidien. Il est ainsi devenu entièrement autodidacte et s'est mis à l'écriture. Ses poèmes lui donnèrent une certaine renommée mais c'est la rencontre avec Lovecraft qui va changer les choses. Il est édité dans Weird Tales à partir de 1929. C'est à cette période que naissent les univers de Zothique, Averoigne, Poseidonis et Hyperborée. Son oeuvre fut marquée par un imaginaire sombre et exotique où la magie a une grande importance et surtout par un style très ciselé proche de la poésie. Il fut traduit en France à partir des années 70 mais de manière assez aléatoire. Cette nouvelle traduction permet donc de regrouper la totalité des textes de l'auteur.

Les 16 nouvelles, plus un drame sous forme théâtrale, se déroulent dans un lointain futur dans un monde très sombre et décadent. le monde est à l'agonie et les textes parlent des destinées assez macabres de ses habitants. L'univers de Zothique prend vie par les différents textes, les nouvelles sont liées entre elles à la fois par l'univers, par les thématiques et des personnages. Il y a trop de nouvelles pour parler de chacune dans le détail, surtout que certaines se ressemblent assez. Il vaut mieux ne pas lire le recueil d'une traite mais quelques nouvelles à la fois pour vraiment les apprécier. L'univers est vraiment sombre avec des nécromants, des morts à foison, des tortures et si on veut vraiment apprécier le style de l'auteur et la beauté des textes, il faut prendre son temps dans la lecture. La plume de l'auteur est très évocatrice, marquée par l'esthétisme. Les descriptions sont saisissantes et toute l'horreur du monde se dévoile sous forme proche d'un rêve macabre. Les cultes et rites menés font penser à une résurgence des temps anciens.

Les premières nouvelles sont assez proches, on y croise des nécromants, des tortionnaires, de divinités nécrophages. Cependant, une sorte de morale ressort des textes et personne ne s'en sort impunément. On se demande presque comment il reste encore des habitants dans Zothique! Cependant, dans le dieu nécrophage, il est aussi question d'amour. Dans Les charmes d'Ulua, un mage essaye de protéger son neveu des charmes ravageurs d'Ulua, la fille du roi Famorgh. le texte est assez différent des autres avec un côté ensorcelant assez présent. Une des plus marquantes du recueil est Xeethra qui raconte la triste mésaventure d'un jeune berger, Xeethra, qui après avoir mangé un étrange fruit, va changer totalement et se prendre pour Amaro, roi de Calyz. le problème est que personne ne semble connaitre le pays dont il se dit roi. On navigue dans une ambiance où la folie côtoie le rêve, le personnage de Xeethra est touchant dans sa quête. Les descriptions des lieux de Clark Ashton Smith sont superbes.

On retrouve des nécromants dans Les nécromants de Naat mais avec une quête assez touchante d'un prince nomade pour retrouver sa fiancée enlevée par des esclavagistes. Ceci dit la nouvelle contient son lot d'horreur, l'île de Naat étant bien connue pour cela. Une autre nouvelle qui sort du lot et que j'ai beaucoup apprécié est Morthylla, une princesse morte dont le fantôme semblerait être toujours présent dans une nécropole abandonnée. Valzain, un poète n'ayant plus de goût à rien décide d'y aller espérant la rencontrer. le texte est touchant, faisant un peu penser à La morte amoureuse de Théophile Gautier. La fin est assez inattendue. le maître des crabes est une nouvelle narrée à la première personne mêlant un peu récit de piraterie, sorcellerie et combat. Deux hommes cherchent un trésor qui regroupe des talismans et des richesses, leur quête les fera voyager jusqu'à l'île des crabes.

Le travail de Mnémos sur cette nouvelle traduction est vraiment considérable, les ouvrages sont magnifiques avec une couverture cartonnée, des cartes et illustrations de qualité. Les textes de Clark Ashton Smith, leur ambiance sombre et gothique sont ainsi mis en valeur après de longues années d'attente. La traduction de Julien Bétan rend parfaitement la beauté du style de l'auteur. Il vaut mieux lire les nouvelles par petites touches plutôt que toutes à la suite pour mieux apprécier la beauté de la noirceur.

Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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J'ai vraiment eu du mal à comprendre le découpage de l'oeuvre tomes avant de recevoir le roman car il est question d'intégrale, de volumes et de tomes mais je savais qu'il était question d'un recueil de nouvelles et non pas d'un roman donc de ce point de vue là, je n'ai pas eu de surprise comme pour certains lecteurs. Zothique est bien le premier tome du volume 1 intitulé Mondes derniers, et le tome 2 sera Averoigne. Deux autres volumes sans découpages vont voir le jour, et l'ensemble de ces volumes constitue bien l'intégrale des oeuvres de Clark Ashton Smith. le travail d'édition, est de toute beauté, c'est indéniable (la carte de Zothique est plus que bienvenue, et la préface très enrichissante). Je recommande cet ouvrage aux collectionneurs, aux amateurs du genre et aux fans de cet auteur. Pour ma part, j'ai un avis assez mitigé, beaucoup de choses ont fait que je n'ai pas apprécié Zothique à sa juste valeur, surtout dû à un inconfort de lecture.

Dans ce premier volume de Zothique, on retrouve plusieurs nouvelles (au nombre de 17) d'une dizaine de pages, voire moins. Il y a bien sûr des nouvelles qui m'ont plus plu que d'autres. J'ai trouvé le lien qu'il y avait avec chacune d'entre elles, que ce soit par un personnage, une divinité, ou un lieu, plutôt sympa.

L'atout majeur de cette oeuvre est sans conteste son univers incroyable. Un univers qui m'a paru d'inspiration plutôt orientale ou égyptienne même, un univers très sombre, terrible et même morbide par certains côtés. Mais en même temps, il y a de la beauté aussi, j'ai été charmé par certains aspects (décors, détails...). Dans ces nouvelles, on parle d'esclavage, de sacrifices, de résurrection, de mort, de nécromancie, de cannibalisme, de magie et de sorcellerie, de quêtes, de divinités, de créatures fantastiques telles que les goules, les vampires et les momies, de cultures religieuses, de tyrannie et de bien d'autres choses encore! C'est donc très dense, très riche. Je rajouterais qu'il ne faut pas s'attendre à des happy end mais à des fins plutôt "amères". Seulement deux nouvelles ont une fin "heureuse" où tout est bien qui finit bien.

Ce qui a pêché avec moi, c'est la taille de la police d'écriture. Trop petite et qui fait que la lecture n'était pas agréable, ça m'a donné l'impression que c'était très long et très lent, j'ai donc peiné à avancer. Ce sont des nouvelles alors il y a énormément de descriptions et donc très peu de dialogues voire pas du tout, ce qui fait que là encore, il y avait cette impression de lenteur. La plume de l'auteur est vraiment poétique, précise et pointue (dans le vocabulaire utilisé) en revanche.

Je ne pense pas lire la suite et je trouve que ce premier volume peut se suffire à lui-même. En tout cas, c'était une lecture difficile sur bien des points mais intéressante. Clark Ashton Smith est un grand écrivain de fantasy, de fantasy pure et dure, et je ne pouvais ne pas découvrir sa plume et ses oeuvres.

Merci à Babelio et aux éditions Mnémos pour la découverte de ce livre.
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L'oeuvre de Clark Ashton Smith, moins connue que celle de Lovecraft, était destinée à des pulp magazines, donc de la lecture populaire. Et malgré la contrainte de rendre ses écrits accessibles, chacune des nouvelles de ce Zothique sont de petits bijoux à l'écriture fluide et poétique, au vocabulaire soutenu et diversifié, à l'immersion dans une horreur fatidique palpable.

Zothique est le dernier continent. Son soleil mourant irradie encore les déserts et les villes côtières mais son déclin semble avoir imprégné les générations d'une folie crépusculaire. Ainsi vivent sur Zothique, des nécromants, des rois et reines aux pratiques macabres, des sorciers aux aspirations maléfiques et une pelleté d'abominations en tout genre.
Parfois ce sont des hommes et des femmes simples, qui vont être confrontés à des horreurs sorties du fond des âges. Dans "Xeethra", le protagoniste possédé par un esprit millénaire va revivre la lente agonie d'un roi et de son royaume. Et parfois, ce sont les souverains qui vont morflés comme dans "Le sombre Eidolon" où un roi va être harcelé par un nécromant qui a un petit contentieux à régler (final cataclysmique !)
L'amour est néanmoins présent sur cette terre apocalyptique, que ce soit un prince prêt à tout pour retrouver sa bien-aimée dans "Les Nécromants de Naat" ou un hédoniste blasé des orgies dans la très gothique "Morthylla".

Je regrette que la plupart des nouvelles soient trop courtes. Celle qui ouvre le bal par exemple, "L'empire des Nécromants", aurait gagné à être plus développée.
L'homme noir est dépeint comme un monstre et même comparé à un animal de compagnie. A part dans la dernière oeuvre, qui est un drame en six scènes, où Kalguth y est l'assistant, voire l'égal de son mentor.

Cependant, le talent de Clark Ashton Smith est indéniable, chaque paragraphe est un poème, chaque description se déguste. Son style, bien moins lourd que Lovecraft, le démarque aisément de ce dernier. C'est pourtant avec le même plaisir funeste que l'on sombre dans des histoires d'outre-tombe captivantes !
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