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EAN : 9782874496486
128 pages
Les Impressions nouvelles (07/02/2019)
3/5   5 notes
Résumé :
Nosferatu, c'est d'abord l'autre nom de Dracula, celui que Murnau a utilisé pour son film Nosferatu, eine Symphonie des Grauens, chef-d'oeuvre du cinéma muet expressionniste allemand, terrorisant les écrans du monde entier dès 1922.

Mais Nosferatu est aussi un autre personnage, démarqué de la brutalité esthétique un peu kitsch de la création originale par une finesse savante et mélancolique.

Si ces deux versants de la figure du vampire ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"Denn die Todten reiten schnell"
(Car les morts voyagent vite)

Cette fameuse phrase de "Lénore", poème romantique allemand de G. A. Bürger, n'est utilisée pas moins de deux fois par Bram Stoker. On la trouve d'abord sur le tombeau de la comtesse Dolingen von Gratz dans "L'Invité de Dracula", et ensuite dans "Dracula" même, au moment où Harker prend la diligence pour se rendre dans le sinistre château.
Alors, on pourrait presque y croire - mais en vérité, les morts voyagent très, très lentement !
Je n'ai jamais attendu aussi longtemps un livre de la masse critique...
Pour ne pas être tout à fait injuste, je dois dire que l'éditeur fait les choses avec panache, et il a réussi à faire coïncider l'arrivée de ce non-mort dans ma boîte aux lettres avec la pleine lune - ce qui ne manque pas d'un certain effet dramatique !

Mais je ne sais pas vraiment quoi penser de ce petit livre noir.
C'est censé comparer le personnage de Nosferatu de Murnau avec le personnage de Dracula vu par l'Universal Pictures et les studios Hammer. Ce n'est pas que O. Smolders n'a pas réussi son pari, mais je suis restée un peu sur ma faim.
le livre commence par la genèse du mythe vampirique - à partir de démons bibliques, passant par les croyances du Moyen-âge, jusqu'au siècle des Lumières - pour se consacrer ensuite aux vampires littéraires avant Stoker. On a l'indispensable "Vampyre" de Polidori et "Carmilla" de le Fanu, quelques mots sur Goethe et Stagg, mais cela s'arrête là. Où sont passés Coleridge, Prest, Rymer, Stenbock, et tant d'autres ? Dommage, mais passons aux choses sérieuses...

... à l'analyse nécessaire du roman de Stoker, avec son lot d'"Eros contre Thanatos", la symbolique chrétienne dans tous ses états, la psychanalyse freudienne, et le personnage solitaire du comte comme l'émissaire du Mal. A sa façon, Stoker nous a légué un parfait manuel de vampirologie, avec un héros, qui, le long du roman, inquiète plutôt par sa présence latente ou sa non-présence, que par ses apparitions ouvertes. Pascal Croce a même poussé cette idée ad absurdum, avec sa BD "Dracula". On ne voit jamais le comte, et l'histoire en est d'autant plus glaçante. Dommage que cette piste n'est pas davantage exploitée, et le livre se concentre surtout sur les apparences. Mais après tout, nous sommes au cinéma...
Alors, bien sûr, on ne peut pas oublier les gadgets pour conjurer les assoiffés de sang : l'eau bénite (ou l'eau courante), les balles d'argent, la Bible, le crucifix, et.... ?! J'ai bien peur que Smolders devrait redoubler son CP des combattants du Mal chez le pr. van Helsing - est-ce que Coppola est vraiment le seul qui a remarqué que ce ne sont pas les gousses d'ail qui marchent vraiment, mais ses fleurs ? Ce n'est pas étonnant qu'on se fait vampiriser partout à tour de bras par les descendants du "comte styrien" (sic !).

Voici enfin le combat final : "Nosferatu, eine Symphonie des Grauens" (1922), secondé par son remake d'Herzog (1979), contre une légion de Draculas de Hollywood et de la Hammer. Cette partie est assez bien faite.
L'emplacement de dents vampiriques (incisives pour Schreck et Kinski, et canines pour tous les autres) est important, tout autant que la comparaison de l'esthétisme froid et des jeux d'ombres de l'expressionnisme allemand (truffé de symboles comme les rats) avec des effets spéciaux en ketchup qui font hurler les spectateurs des années 50-60. Un monstre surnaturel au visage livide et oreilles pointues contre le dandy séducteur volubile en cape doublée de soie rouge. Gourmet contre gourmand.
Je n'ai pas compris pourquoi tout un chapitre est consacré au "Vampyr" de Dreyer (1932); c'est un beau film, mais il n'a rien à voir avec la problématique draculienne. Par contre, pas un mot sur "Dracula" de Karoly Lajthay (1921), pas un mot sur l'identité de Nosferatu de Murnau (qui s'appelle, en fait, Orlock), ni sur l'étymologie de cet étrange mot "nosferatu".
O. Smolders pourrait mieux faire, mais il se rattrape avec brio en décrivant les films de la Hammer. On voit bien qu'il est enfin sur son terrain de prédilection, et on finit la lecture, des effets spéciaux en Technicolor plein les yeux.

Finalement, nihil novi sub sole. Mais l'idée de départ est intéressante et le livre se lit facilement. L'essentiel des faits s'y trouve et tout est relativement bien structuré. Mais si vous en voulez un peu plus, prenez, par exemple, "Les Cahiers de l'Herne" sur Dracula (1997). Plusieurs avis valent mieux qu'un.
Trois étoiles - une pour Bram Stoker, une pour Max Schreck, et une pour Béla Lugosi - tous les trois, d'une certaine façon, victimes du comte maléfique.
Merci à Babelio et à la masse critique.
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"Entendez-vous ces enfants de la nuit? N'est-ce pas la plus belle des musiques ? "

Il a du charme ce petit livre. Couverture sobre, beau papier.
Il donne l'impression d'une invitation. C'est bien on va parler de vampires. Oui mais de littérature et cinéma.
Le récit est clair, entraînant, bigrement intéressant. J'ai eu l'impression d'avoir eu une entrée discrète dans le monde du cinéma, d'avoir été acceptée momentanément dans cet univers.
On part donc de la genèse à ce qui s'est produit de nos jours.

On est en parti pris, mais on navigue avec bonheur et on abonde. Nous aussi on aime Le Fanu, l'esthétisme du cinéma où tout se jouait en ombres, lumières et yeux charbonneux. Même si, contrairement à Dracula, Nosferatu garde tout son charme et son mystère, n'est-ce pas parce qu'il est resté unique, untouchable et pas mille et une fois decliné ?


[masse critique]
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Existe-t-il un combat à mener, puisque Nosferatu et Dracula sont le même personnage ? Afin d'échapper aux droits d'auteur à verser à la veuve de l'écrivain irlandais Bram Stoker, le réalisateur allemand F.W. Murnau a eu l'idée de transposer le roman « Dracula » en Allemagne et de modifier le nom du célèbre vampire, le faisant passer de Dracula à Orlock. Bien entendu, le subterfuge a été dénoncé et la justice a donné raison aux ayant-droits, ordonnant également la destruction du film, dont quelques copies ont néanmoins pu être sauvées. Chef-d'oeuvre du cinéma expressionniste, ce long métrage est actuellement analysé dans les universités et a été intégré au patrimoine du septième art, faisant figure de classique muet (1922). Si Universal et, surtout, la Hammer ont transformé le vampire en séducteur, Murnau l'a imaginé en bête assoiffée de sang, confiant à l'acteur Max Schreck le rôle principal. Beaucoup de choses ont été écrites à propos de cette réalisation et son tournage. Par exemples que Schreck était un authentique vampire et que l'actrice principale lui avait été promise en guise de salaire. Olivier Smolders revient sur la fonction du buveur de sang au cinéma et analyse l'évolution de Dracula, pour comprendre la manière dont il a été compris ci et là, passant de faire-valoir à protagoniste. Si Bela Lugosi a été le premier Dracula fidèle au personnage littéraire, Christopher Lee l'a doté d'une élégance qui a durablement marqué plusieurs générations, faisant de lui l'archétype du mort-vivant aux canines aiguisées et prêtes à déchirer la chair d'une gorge offerte. Alors Dracula-Nosferatu, même démarche ? Reprendre le dossier aux débuts permet de relativiser et de comprendre ce qui caractérise chacun, avec de nombreux points d'e convergence mais aussi quelques singularités qui prouvent que chaque cinéaste est un artiste qui s'inspire d'un imaginaire tant collectif qu'individuel. Un essai qui devrait passionner les amateurs de fantastique et d'horreur !
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Un très bon essai concernant la figure du vampire et surtout le mythique héros de Bram Stoker. Un livre qui va ravir les fans inconditionnels du roman épistolaire.
Ce livre a vraiment beaucoup de qualités, je le recommande si vous souhaitez en apprendre plus sur la manière dont le mythe de Dracula est traité au cinéma. Pour ma part, j'ai adoré la partie qui concernait les débuts du vampire dans la littérature.

Un livre qui ne manque pas de mordant avec une analyse plaisante à lire. Je remercie Babelio et les impressions nouvelles pour cette belle découverte dans le cadre d'une masse critique.
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Film d'une ampleur et d'une ambition impressionnantes pour l'époque, "Nosferatu" est un régal visuel. Plongée, contre-plongée, jeu d'ombres, toute la grammaire du film est ici mise en place. Dans un jeu encore théâtral, mais qui à lui seul transcende les codes du muet, de longues scènes à la progression implacable intensifient les sentiments d'effroi et la montée du désir. L'insolite, aussi, est frappant visuellement, comme toute cette séquence où le vampire, le cercueil sous le bras, arpente la ville. Ce livre revient sur le mythe et le replace dans son contexte. Comment un buveur de sang a-t-il réussi à marquer à ce point l'imaginaire collectif ?
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La réduction du récit originel à des stéréotypes aussi maigres oblige cependant les scénaristes à trouver de nouvelles idées pour éliminer Dracula. On le verra ainsi énucléé par des jets d'eau bénite, tordu de douleur à l'ombre des ailes d'un moulin (judicieusement disposées de façon à figurer une croix), englouti dans un trou ouvert à coups de fusil dans la glace d'une fosse gelée (l'eau pure ayant préalablement été déclarée susceptible de le perdre), embroché sur le rayon d'une roue de carrosse, étouffé par des buissons d'épines (en hommage aux vertus de la couronne d'épines du Christ), embroché derechef sur une très grande croix dorée, projeté dans le vide du haut d'un vitrail cruciforme dans une église, frappé par la foudre alors qu'il brandit une barre de fer, blessé par une dague ou une balle en argent (de préférence faite à partir d'un crucifix fondu) et puis, finalement, achevé d'un bon coup de pelle enfoncée dans son dos.
Evidemment, rien n'y fait. Le bonhomme est toujours d'attaque pour un nouvel épisode.
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Traitée par Murnau quasi en ombres chinoises, cette scène approche au plus près le lien profond qui unit le personnage de Nosferatu au cinéma lui-même : le comte est un fantôme, une ombre, un jeu fragile de lumière et d'obscurité, qu'une surexposition excessive réduit à néant. Les scènes les plus impressionnantes du film sont sans doute celles où l'ombre du comte s'avance sur les murs, les portes, les victimes innocentes. On est très proche de la préhistoire du cinéma, des théâtres d'ombres, des lanternes magiques, des films de Méliès. Murnau accentue l'irréalisme de ce monde figuré en recourant à quelques trucages primitives : images négatives, plans accélérés, surimpressions, déplacement magique d'objet par animation. Mais surtout, il appuie la fable en imaginant un personnage dont la silhouette marquera l'histoire du cinéma.
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Le Nosferatu que j'aime est d'abord cette créature mélancolique, solitaire, cruelle par nature plutôt que par vice, privée de sa terre d'enfance, condamnée à l'exil, amoureuse d'une femme qui causera sa perte.
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