Cette saga familiale sur fond d'histoire de la Russie et l'histoire même de Vera commence fort…
Le style de l'auteur peut dérouter, autant le dire tout de suite.
Cela fourmille, dès le début, de détails, alternant des allers/retours entre les périodes, les personnages et les situations.
Car, oui, dès l'apparition d'un protagoniste, dans la première partie notamment, Alexander Sneguieriev raconte sa vie, quasiment en détail ; et il y aurait de quoi se perdre pour qui n'est pas à l'aise avec l'écriture russe, l'âme et ce côté fou.
Dans la première partie du livre, l'auteur nous parle des grands-parents et parents de Vera qui nous plonge dans cette famille et ses arcanes. Il est intéressant de ressentir le rejet maternel que subit Vera et cette mésalliance de ses parents. Ces comportements expliquent, en partie, son attitude çà et là.
Puis, la deuxième partie se centre sur Vera, sa quête de l'homme avec lequel elle veut, ardemment, fonder un foyer, ses échecs et la brutalité du monde, de l'obscénité et de cette violence sourde (ou pas).
Alexandre Sneguieriev écrit tout azimut ; c'est peu de le dire.
Pourtant, malgré sa construction, ce roman est vraiment palpitant et j'ai suivi le parcours de cette famille et de Vera avec tendresse et avec dégoût, quelque fois.
Il faut aimer les auteurs russes, ce côté fou, démesuré, complètement désespéré et excessif à la fois pour prolonger la lecture de ce livre au-delà de la première partie.
Il semblerait que le récit décousu ou sans trop de tension puisse épuiser les non-initiés à l'âme (et au stylo) russe.
Pour ma part, j'ai aimé ma lecture, qui, sans être marquante, m'a laissé une vraie et bonne impression
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Pas de résumer ici car je ne sais pas trop comment le tourner et je ne suis pas totalement satisfaite par le résumer de l'éditeur.
Je vais donc passer directement à la critique.
J'ai eu beaucoup de mal à poursuivre ma lecture, même à l'apprécier. J'ai trouvé le style de l'auteur assez obscur. Peut-être est-ce dû à la traduction ? En tout cas j'ai trouvé certains termes peu claires ou peu précis.
Par exemple, un personnage enceinte perd son enfant. Je n'ai pas réussi à comprendre si elle avait avorté ou si elle avait fait une fausse couche. Quelle importance me direz-vous ? Et bien à ce moment là, je n'étais déjà pas vraiment immergée dans ma lecture et cette difficulté de compréhension m'a définitivement sorti de ce livre. Dommage, c'était au début de celui-ci.
Ce qui n'a pas favorisé mon appréciation de ce livre a été sa construction. le récit est divisé en parties. La première centrée sur les parents et les grands parents de Véra, la seconde partie sur Véra. En soit, ce n'est pas dénué d'intérêt pour expliquer le comportement du personnage mais le récit n'est pas linéaire, il m'est apparût presque hasardeux. J'ai eu l'impression que ça partait dans tous les sens. Chaque fois qu'on rencontre un personnage l'auteur nous raconte sa vie. Ca commence par Soulik, le père de Véra, ça enchaîne sur Katerina, la grand-mère et son mari, Véra, puis Soulik, puis la mère de Véra, puis Soulik, puis Esther et son mari les grands-parents maternels puis Véra et ses parents. Par la suite, on n'entend plus parler ni des grands-parents ni des parents.
Enfin, le récit est assez plat selon moi. Les faits se succèdent sans tension, sans rebondissement, sans attraction pour moi.
Bref, je n'ai pas aimé cette lecture mais, sauf erreur de ma part, l'auteur a été sélectionné pour le prix Booker Prizer 2015 donc j'imagine qu'il pourrait plaire à d'autres.
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L’imagination des femmes peut avoir des effets surprenants sur les hommes. Aussi intelligents et malins soient-ils, les larmes, la grossesse et tout ce qui y ressemble, même sans fondement réel et sous forme d’une simple allusion, anéantissent toute argumentation de la raison. Et si on flatte l’homme, si on évoque sa grandeur d’âme et qu’on le pousse un tantinet de ce côté-là, alors les rêves les plus invraisemblables peuvent devenir réalité.
Elle se débarrassait du désir de vaincre, de dépasser, de s’améliorer, d’être forte, responsable, respectée. Son armure de prudence, de discrétion et de méfiance tombait en morceaux. Et lorsque les dernières poussières de l’honneur, de l’espérance, de l’effort et de la peur se furent envolées, lorsqu’elle se fut complètement fondue avec les hommes bruns et qu’elle eut cessé d’exister, elle vint à nouveau au monde – pour toujours.
À propos de l’alcoolisme, il faut reconnaître qu’ici, toute la consommation, que ce soit par les orthodoxes ou par ceux des autres confessions, procède d’une même tristesse propre à ce pays. Tout y est bien trop grand, bien trop imposant. Les espaces lointains, les épaisses forêts, les tuyauteries sans fin, et quelle que soit la direction vers laquelle on s’écoule à travers elles, on n’arrivera jamais nulle part.
Les mots avaient giclé, comme d’un tuyau percé, et il ne s’était tu que lorsque sa voix éraillée eut expulsé de sa bouche un dernier « Comment oses-tu ? ».
Il vivait comme une trahison l’entrée de sa fille dans l’âge adulte ; c’était stupide de sa part, il le comprenait, mais ne pouvait rien contre. Il se souvenait du temps où elle le prenait dans ses bras, l’appelait « mon petit papa », l’assurait qu’ils seraient toujours ensemble, qu’elle ne le quitterait jamais et qu’ils n’avaient besoin de personne d’autre. Elle et son petit papa, c’est tout. Il savait bien qu’il en irait autrement ; il ne discutait pas, ne lui interdisait rien, il ne l’empêchait pas de voir des garçons, et seule la minuscule petite tache, découverte par hasard et qui ne lui était pas destinée, l’avait fait sortir de ses gonds.
Pour gagner sa vie, il ratiocinait à travers des écrits réguliers, réagissant aux remous du monde opportunément, dans un discours parfois incisif et prophétique. Il avait le sens de la synthèse et de la formule. En girouette sensible aux souffles de la société, il analysait la place occupée par le marionnettiste, croyant naïvement que ce n’était pas lui qui tournait avec le vent, mais qu’au contraire c’était lui qui manipulait le vent. Il consacrait ses loisirs à la rédaction d’une nouvelle Constitution et, désespéré, il était prêt à rechercher les bonnes grâces de gros bras, tant il redoutait les pogroms.
Courts extraits de la table ronde avec les auteurs russes animée par Marie Claire MODOT et Arnaud BUISSONIN. En l'absence pour raison de santé de Igor SAKHNOVSKI, Alexandre SNEGUIRIEV était le seul romancier. Présence des caricaturistes Valeriu KURTU et Yuri NAMESTNIKOV.