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Bernard Lortholary (Traducteur)
EAN : 9782070748846
214 pages
Gallimard (24/02/1998)
4/5   2 notes
Résumé :
État, arme, passion, douleur, torture, exécution, combat, chasse, massacre, destruction des choses : en quelque douze courts chapitres, Wolfgang Sofsky traite des formes diverses de la violence contemporaine.
Pour ce faire, il recourt à l'un des procédés classiques de la philosophie politique, de Thomas Hobbes et Jean-Jacques Rousseau jusqu'à John Rawls : la petite fiction qui dit, en un bref récit imaginaire, l'instauration originaire d'un ordre et de la vio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Wolfgang Sofsky est un professeur de sociologie allemand à l'Université de Munich. Son "Traité de la violence" rassemble huit cours, légèrement remaniés. de ce fait, il n'y a pas d'unité structurelle à l'ouvrage. Huit chapitres, largement indépendants, se succèdent, et c'est le thème abordé, la violence, qui sert de fil conducteur.
Sociologue sans donnée, Sofsky écrit un peu comme un philosophe et c'est à une anthropologie de la violence qu'il nous convie. Chaque chapitre constitue une causerie sur un point précis, proche de ce que ferait un universitaire en petit comité. de ce fait, l'ouvrage est assez inhabituel, ni vraiment un texte académique, ni vraiment un essai. le style de l'auteur rappelle fortement le Norbert Elias de "La civilisation des moeurs" ou de "La dynamique de l'Occident". Sofsky débute chaque partie par une fable ou un exemple historique pour introduire le propos qu'il va développer dans les pages suivantes, reprenant en cela une méthode utilisée par certains philosophes du passé, notamment Hobbes auquel Sofsky fait implicitement référence.
Lien : http://quoideneufsurmapile.b..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Quels que soient les apports de l'histoire culturelle des idées et des pratiques, les hommes se préoccupent constamment de donner un sens à la souffrance. Mais l'édification de ces superstructures de significations ne fait que camoufler l'absurdité. Les significations foisonnent d'autant plus que cette absurdité est liée au corps. La culture vient étayer cette conception réconfortante selon laquelle même le pire a un sens et un fondement. Mais du fait qu'une chose existe ne s'ensuit nullement qu'elle ait aussi une signification. Et du fait que le détresse est souvent inéluctable ne s'ensuit pas qu'il faille en approuver la nécessité. D'où vient l'erreur selon laquelle ce serait la culture qui façonne la sensation de souffrance, alors qu'elle ne fait que créer les illusions dont les hommes se servent pour habiller leurs tourments. Pour être capable de voir la détresse de la violence, il faut mettre entre parenthèses tous les habillages culturels. Ce qui se révèle alors, c'est le caractère purement oppressif et inutile de la souffrance. La souffrance est la souffrance. Elle n'est pas un signe, elle n'est porteuse d'aucun message. Elle ne renvoie à rien. Elle n'est rien que le pire de tous les maux.
Ce qui pour le bourreau est un acte d'expansion, de liberté et de puissance, pour la victime n'est qu'avanie.
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A l'état de nature succèdent la domination, la torture et la persécution ; l'ordre débouche sur la révolte et le massacre festif. La violence demeure omniprésente. Son règne est coextensif à l'existence du genre humain, du début à la fin. La violence crée le chaos, et l'ordre crée la violence. Ce dilemme est insoluble. Fondé sur la peur de la violence, l'ordre crée lui-même à nouveau peur et violence. Parce qu'il en est ainsi, le mythe sait la fin de l'histoire.
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Avec le recul de l'histoire, les excès des meurtres d'enfants sont d'une étrangeté effrayante. D'où les légendes par lesquelles la postérité a tenté de comprendre le monstre. Le personnage réel de Gilles de Rais s'est fondu avec la figure mythique de Barbe-Bleue, il est devenu sujet de ballades, de contes, de films, d'opéras ou d’oratorios. D'où provient l'attention soutenue ainsi portée au sinistre gentilhomme ? Pouvons-nous être vraiment certains que les atrocités ne suscitent que le dégoût et l'horreur ? L'horreur et le dégoût s'emparent de l'homme lorsqu'il repousse ce qui le fascine intérieurement. Nul rejet sans attirance. Le discours de l'effroi n'est trop souvent qu'hypocrisie. Le chevalier n'eut pas de peine à trouver des auxiliaires dociles. Les seigneurs de la violence ne sont certes pas légion, mais leurs comparses sont innombrables. Quand les seigneurs de la violence ont eu abdiqué, une multitude de tortionnaires ont pris leur place, la plupart au service d'une puissance d'ordre, une minorité à ses propres risques et périls . La cruauté n'a pas besoin de grands seigneurs.
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La violence absolue n'a pas besoin de justification. Elle ne serait pas absolue si elle était liée à des raisons. Elle ne vise que la poursuite et l'accroissement d'elle-même. Elle a bien une direction, mais elle n'est pas soumise à une fin qui lui fixerait un terme. Elle a jeté par-dessus bord le lest des fins, elle a réduit la rationalité en esclavage. Elle n'obéit plus désormais aux lois du faire, de la poiésis. Elle est pure praxis : la violence pour la violence. Elle ne veut rien obtenir. Ce qui compte est l'action elle-même. Dans la mesure où la violence se libère de toutes considérations et devient tout entière elle-même, elle se métamorphose en cruauté.
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L'échafaud est l'autel de la société. Il est le lieu du sacrifice expiatoire offert au dieu suprême : la société elle-même.
Ce qui distingue le châtiment du sacrifice culturel ancien, c'est uniquement l'inversion de l'objet et de la direction temporelle. Le sacrifice humain veut apaiser d'avance, le sacrifice pénal veut expier par après. Aux anciennes puissances du destin on sacrifiait des êtres humains de la plus grande valeur, exempts de tache, de faute et d'impureté. Le dieu mortel se contente du sacrifice d'êtres coupables, proscrits et marginaux.
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