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EAN : 9782807002074
160 pages
M.E.O Editions (02/09/2019)
3.6/5   5 notes
Résumé :
Elie, jeune cinéaste belge venu tourner en Tunisie, y rencontre Alyssa, une enseignante. Les barrières culturelles qui brident leur amour naissant – lequel s’exprime et se développe sur Facebook – volent en éclats avec la Révolution de 2011, dans laquelle tous deux s’engagent. Sur fond de l’opéra « Didon et Énée », nous suivons parallèlement l’évolution de leur amour et celle de la situation politique, manifestations, mobilisation des jeunes et des moins jeunes, lib... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Après tant d'enthousiasme, de douleurs, de morts, de blessés, de coups reçus mais aussi de débats, d'idées toutes plus formidables les unes que les autres pour une démocratie la plus directe possible, il reste beaucoup de questions, d'interrogations mais aussi d'espoirs déçus, en Tunisie. Les récentes élections législatives à la participation bien faible ne manquent pas d'inquiéter.
Voilà pourquoi le livre de Daniel Soil que j'ai pu lire et apprécier grâce à Masse Critique de Babelio et aux éditions M.E.O. que je remercie, est très instructif car il permet de revivre ces semaines décisives pour la démocratie en Tunisie, lançant ce qui a été dénommé, le Printemps arabe après que Mohamed Bouazizi se soit immolé par le feu à Sidi Bouzid.
L'auteur a été diplomate pour Wallonie-Bruxelles durant sept ans en Tunisie et était présent dans le pays pendant la période dont il parle. La préface de Gilbert Naccache, écrivain tunisien qui subit la prison à cause de ses activités politiques, confirme toute la qualité du travail de l'auteur.
Daniel Soil connaît donc bien le pays et l'a parcouru aussi, loin des grandes villes et des centres touristiques. Son roman qui mêle habilement histoire d'amour et bouleversement politique, m'a emmené du nord au sud du pays, permettant de bien faire sentir le mouvement de fond qui a permis de renverser une dictature ayant tout mis en place pour verrouiller la Tunisie.
En 1975, le cinéaste Jean-Jacques Andrien a tourné le fils d'Amr est mort ! dans la cité troglodytique de Guermassa. Trente-cinq ans plus tard, en 2010, Élie observe les photos du tournage et propose de suivre le réalisateur qui veut retourner là-bas. Mieux, il veut partir d'abord, préparer le terrain et trouver un assistant-traducteur.
Arrivant tout juste de Belgique, il se rend à un débat traitant de l'avenir de la Tunisie et, le hasard faisant bien les choses, il est assis à côté d'un jeune Tunisienne : Alyssa. Ils se plaisent, réussissent à échanger même si Alyssa se méfie beaucoup de son entourage et des traditions qu'elle craint de bouleverser. C'est par Facebook qu'ils communiquent et leurs échanges alternent avec le récit. Amitié, connivence, amour, la romance semble parfaite mais Élie est passionné par son travail et ne veut rien manquer de cette période qui révolutionne le pays. Il filme, collecte les impressions des gens qu'il côtoie sur la Kasbah où se concentre la contestation durant le fameux sit-in de quatre semaines qui poussa celui que l'auteur nomme le Sinistre à fuir son pays. Cet homme vient de décéder en septembre dernier, en Arabie Saoudite. Quant à l'Avenue, premier élément du titre, c'est la grande artère qui va de la mer à la médina en traversant Tunis.
C'est lors de leur trajet vers le sud et Guermassa qu'Alyssa et Élie nouent leur relation autour de Didon et Énée, l'opéra de Purcell, qui sert de lien tout au long du roman avec des paroles collant à ce qu'ils vivent.
Ainsi va la vie de ces deux amants qui rêvent une vie idyllique pendant que le pays élabore les solutions les plus hardies pour une réelle démocratie mais ces deux destins suivent la même spirale qui me déçoit beaucoup, m'attriste pour ces jeunes amants et m'inquiète pour ce grand pays lié historiquement au nôtre.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Troublante, très troublante cette lecture ....
Un changement de police de caractères ...
et deux visions des événements :

"mais le Sinistre les rassure par de lénifiantes promesses : nous allons examiner ce qui doit être examiné, nous allons corriger ce qui doit être corrigé." ...
et "je parcours ton visage de baisers. Puis je m'en éloigne pour te contempler à la bonne distance." ...

" nous n'avons pas peur, nous n'avons pas peur, nous ne craignons que Dieu ! Crient les jeunes à la cité Ettadhamen" ...
et "partir de tes chevilles, remonter lentement cette djellaba." ...

"à bas la dictature ! du pain et de la dignité ! Assez du Sinistre !" ....
et "le pays est à feu, et moi je découvre le bonheur, je me réduis dans tes bras, je suis aux anges." ...

et "il n'y a de Dieu qu'Allah. le Sinistre est l'ennemi de Dieu." ....
Deux histoires se chevauchent ... la révolution qui gronde ... et la naissance d'un amour .... la communication au milieu de tout ça facilitée par la face de bouc, ( ou grâce à ?).

Un opéra rythme les pages du livre, Didon et Énée, de Purcell, son texte agrémente en parallèle la situation du couple formé par Élie et Alyssa.

Qu'en penser au milieu de tout ça ?
Ce n'est pas une oeuvre littéraire, les styles se mélangent,
Le côté romanesque devient vite un peu lassant, avec les distances obligatoires liées au respect de la culture et des traditions de la Tunisie ... mais cela devient vite un peu trop voyeur à mon goût.
Le côté reportage qui petit à petit prend plus de poids au plus près du feu de la révolution qui couve, mais le texte reste un accompagnement d'un film essayant de retracer les événements, donc bref, concis, presque télégraphique ... cela devient vite un peu trop succinct, un peu trop partiel et simpliste.
L'histoire est racontée au travers de cet opéra qui est le fil conducteur de l'évolution des sentiments des uns et des autres, cela se veut certainement une aide à la compréhension des sentiments des uns et des autres ... mais cela reste pour moi vraiment obscur et sans grand intérêt ... peut être mon inculture sur l'oeuvre est elle responsable de ce désintérêt.

Des slogans demeurent "on a dégagé le dictateur, dégageons la dictature", "Vous avez volé la richesse, vous n'allez pas voler la Révolution."

Un bilan de lecture très mitigé, pour ma part un livre qui est passé à côté de ce qui me semblait intéressant à savoir, la découverte par un peuple de sa puissance à faire dégager les tenants d'un pouvoir qu'ils avaient confisqué, et la confrontation entre deux êtres que tout opposait, la culture, la tradition, les moeurs et qui ont cru avoir découvert le grand amour.

Ce qu'il en reste ... un bilan comme un autre ... Avant tout ce qui n'était pas autorisé était interdit .... aujourd'hui tout ce qui n'est pas interdit est autorisé ... une conclusion comme une autre ... Cela ne suffit pas à l'épanouissement d'un individu ... même si cela y contribue et que ça peut changer la vie !
PS
Merci à Babelio et aux éditions M.E.O pour cet envoi dans le cadre de masse critique
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Tunisie, automne 2010.
Elie, documentariste belge, part sur les traces de Jean-Jacques Andrien et de son film : le fils d'Amr est mort.
En 1975, le cinéaste a associé les habitants de Guermassa à son tournage.
25 ans après, Elie veut filmer les retrouvailles du cinéaste avec ses acteurs du cru. Il arrive donc à Tunis pour préparer son tournage et y fait la connaissance d'Alyssa, jeune enseignante.
C'est ensemble qu'ils feront la route vers Guermassa, ensemble qu'ils assisteront aux premiers frémissements de la Révolution à Tunis.
Lors de leur voyage vers Guermassa, Didon et Enée, l'opéra de Purcell agrémente le voyage et Alyssa le découvre. Cet opéra devient un fil conducteur du récit, il est l'écho des turbulences de la relation qui se noue entre Alyssa et Elie. Alyssa se sert du livret comme interprète de ses émotions pour les livrer amplifiées à Elie.
Chroniques d'un amour naissant au sein des germes d'une révolution, ce roman, enrichi de nombreuses références culturelles nous emporte à travers la Tunisie du Printemps arabe.
J'apprécie toujours quand l'Histoire résonne à travers les destins individuels.
Alyssa et Elie se rencontrent autour du projet d'Elie.
Alyssa lui sert de guide, ensemble lors du périple vers Guermassa et du retour vers Tunis, ils découvrent l'ampleur de l'effervescence qui secoue le pays.
J'apprécie l'oeuvre de Jean-Jacques Andrien et le focus sur son film de 1975, le fils d'Amr est mort n'a pas été étranger au choix de ce livre.
La similitude entre la démarche d'Elie qui filme Jean-Jacques Andrien revenu sur les lieux de son tournage après 25 ans évoque la démarche de Jean-Jacques Andrien lorsqu'il a tourné "Il a plu sur le grand paysage". de plus, le récit du voyage d'Alyssa et Elie vers Guermassa semble évoquer un récit recueilli par l'auteur, monsieur Soil, auprès de monsieur Jean-Jacques Andrien à propos de son tournage en 1975. Vous pouvez retrouver ce récit sur le site des films de la Drève.
Je referme ce livre riche de tous ces bagages, souriante à ce printemps et à cet embrasement fertile et contrôlé des esprits et des corps ; désireuse d'approfondir ma connaissance de l'oeuvre de Jean-Jacques Andrien, d'écouter Didon et Enée en en lisant le livret ; curieuse et en empathie : qu'est devenue la Tunisie huit ans après, comment ce mouvement social a-t-il évolué ?

Et, lorsqu'un ouvrage suscite de telles envies, je ne peux que lui attribuer une très belle note et remercier l'auteur de ce qu'il donne dans son écrit.
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Dans L'Avenue, la Kasbah, Daniel Soil évoque la révolution de jasmin, l'explosion populaire qui a secoué la Tunisie dans les premiers jours de 2011 et à ouvert la voie à tous les printemps arabes.
Elie, un cinéaste belge en partance pour le grand sud où il doit tourner un sujet sur la visite de Jean-Jacques Andrien dans un village qu'il a filmé vingt-cinq ans plus tôt, rencontre Alyssa, une jeune femme belle et rebelle. C'est le coup de foudre. Ils vivent cette relation compliquée par le fossé culturel qui les sépare, au rythme des manifestations, des sittings, des espoirs et des désillusions qui se profilent bien vite. L'auteur alterne une relation des faits assez froide et factuelle et l'histoire des amoureux qui se découvrent petit à petit, s'enthousiasment de ce souffle démocratique qui réchauffe les coeurs et nourri les âmes. Mais la révolution dévore ses enfants et bientôt, happé par la marche de l'histoire, Elie n'en a plus que pour elle.
J'ai aimé l'évocation de l'espoir et de la détermination qui animaient les manifestant. La description du mouvement, de ses lieux fétiches: les terrasses du restaurant M'Rabet où on échange les idées, les marches du théâtre lieu de ralliement des jeunes de tout le pays, l'avenue Bourguiba pour les démonstrations et la Kasbah, symbole du pouvoir, forteresse vacillante.
J'ai parfois regretté un manque de distance critique, comme dans cette scène où une des personnages annonce qu'elle se voilera désormais pour se placer du côté du bien public, de l'intérêt général, sans qu'aucun des protagonistes ne nuance le propos.
Il y a dans ce livre, ce qu'on aime en Tunisie; cette détermination, cette soif de liberté, ce désir de démocratie qui font que la révolution de jasmin survit à tous les coups de houle depuis bientôt dix ans.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Et Nizar ? À la vue du cinéaste et de la caméra d’Élie qui le filme, il pense peut-être aux feuilletons qui passent à la télé,là où la vie est facile, alors qu'eux végètent parmi la caillasse, où tout est ardu, où rien ne bouge, de mois en mois. Jusqu'au jour où il songera à monter à bord d'un canot pneumatique surchargé. Ou alors finir en beauté, en martyr.
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La ferveur ne suffit pas, il faut des arguments et à terme des emplois. Il faut parler politique pour espérer justice, équité et partage. Pas facile. Et de plus, jamais acquis pour de bon.
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Que la vie reprenne comme avant ! Sans le tyran, soit mais comme avant. Que les riches restent riches, que les pauvres restent pauvres. C'est ce discours que dénonce Conscience politique.
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- Pas maintenant, Élie, c'est top tôt et trop dangereux. Tu sais, ici, les droits des femmes sont largement débattus, mais c'est pour mieux maintenir les habitudes ancestrales. On multiplie les séminaires, on signe des chartes, on rédige des directives, mais c'est pour que rien ne bouge dans la vie de tous les jours.
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Quand les caresses sont aussi désirables que celles qu'il m'a offertes cette nuit, mon corps restera sensible jusqu'au soir, c'est sûr.
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