Atypique, dérangeant et à ne pas lire quand on a "le blues" !
Ce livre est inscrit dans la réalité d'aujourd'hui : un couple dont le mari se désintéresse progressivement de sa compagne pour se plonger d'abord dans l'alcool puis dans des aventures sexuelles exotiques ; un Tsunami qui emporte la vie de ce mari comme celle d'autres victimes innocentes ; une compagne qui se souvient d'un père avocat que les déboires professionnels isolaient de plus en plus ; une mère aigrie envers sa fille et qui lui pourrit la vie car cette fille qui fait de l'anorexie, refusant dans son corps la vie qui lui est offerte, l'oblige à un peu d'attention ; cette fille qui recherche en vain un substitut masculin à l'homme qui a fait semblant d'accompagner sa vie ; un enfant mort-né qui aurait pu être le frère de cette compagne, et qui inscrit la marque de son absence dans les esprits de la mère comme de la fille ; un personnel médical aux prises avec les souffrances psychologiques et physiques de la dépendance et tenté de masquer tout ça sous des convenances ou des réalités administratives ...,
Par-delà toutes ces péripéties, un livre poignant - pour ne pas dire bouleversant - qui retrace la quête de la narratrice pour un avenir personnel et interpersonnel meilleur, qui montre les efforts qu'elle fait au quotidien contre sa propre mémoire (en fait sa conscience, ou "tu"), mémoire qui lui rapatrie des souvenirs inadmissibles et impossibles à verbaliser. A la fin, vient enfin la délivrance, mais quelle délivrance !
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Lu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Pourquoi pas? Je n'ai pas été totalement transportée par cette lecture, je n'en resterai pas marquée mais je l'ai trouvé intéressante. J'ai aimé l'idée de faire parler la voix intérieure de Lisa. Elle s'adresse à elle avec ce "tu" troublant, ce "tu" de la proximité mais aussi de la distanciation. Ce "tu" apporte l'intimité, l'identification qu'exclue le "on" des infirmières. L'écriture, c'est cela que j'ai préféré ici.
L'histoire en elle même ne m'a pas transcendé. Cette femme à la mère froide, frustrée et méfiante, au père distant et méprisant, cette fillette en quête désespérée d'amour et d'attention pour se sentir vivre, exister...cela m'a paru téléphoné (mais bien écrit). Quant à la révélation annoncée en quatriième de couverture...bof. Je n'appelerai pas cela une révélation...
Bref, on l'aura compris, l'intérêt de ce livre réside pour moi non dans son histoire mais dans son écriture. Rien que pour cela : pourquoi pas? Je n'ai pas perdu mon temps en tout cas.
Merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel pour cette lecture.
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Le mal être d'une femme poursuivie par sa mémoire.... en traitement dans une clinique. L'oreille du médecin homme remplacé par une consoeur ... et tout est différent. Les infirmières, professionnelles mais peu "humaines" dans les actes et propos, utilisant le "on" tellement impersonnel. ...
L'histoire est "dérangeante" car elle touche à l'intime, au vécu à l'obsessionnel.
J'ai eu du mal à m'y plonger mais j'ai particulièrement apprécié le style d'écriture.... 200 pages de poésie mêlant allitérations et isocolies au rythme de chapitres courts qui donnent de la vie à ce qui n'y ressemble plus.
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Complaisance dans la victimisation.
Dans la spirale infernale des troubles physiques et mentaux, une femme en mal d'amour et de "regards" voir d'"égards" nous conte sa déroute et son parcours vers la guérison.
J'en ressors avec malaise... et me demande le "pourquoi" de ce texte trop plein de souffrance pour mener vers l'espoir....
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Tu préfèrerais t'inventer... Au début ce ne serait pas terrible, mais tout finirait par s'arranger. Dans un baiser, comme au ciné. Il t'offrirait sa bouche, ses lèvres minces, et tout reprendrait goût.
Mais tu lui fais face et, sous son regard bienveillant, tu t'emmêles. Mal à l'aise sur ta chaise, tu tentes de dissimuler le bandage qui ceint ton poignet, tes doigts se posent sur tes cuisses serrées, tu te cherches. Tu aimerais trouver l'inspiration et lui transcrire en paroles ton enfance heureuse.
Ce n'était pas une raison pour perdre ta raison d'exister, puis la raison tout entière, alors que ce qui t'avait quittée, c'était de l'amour un succédané, une histoire sans fesses et sans tendresse.
On n'a pas l'air en forme aujourd'hui, balance en passant une infirmière, avec la même assurance, le même détachement que si elle avait annoncé dans un micro la météo ou la température de l'eau à des estivants.