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EAN : 9791026242673
Librinova (05/11/2019)
4.49/5   145 notes
Résumé :
Vous êtes Karen. Imaginez que vous pensiez avoir enterré le plus gros secret de votre vie dix ans auparavant. Que depuis, pas un jour ne se passe sans que vous ne regardiez par-dessus votre épaule, alerte au moindre danger, au moindre soupçon. Imaginez que votre fille Judith est désormais tout ce qu'il vous reste. Que feriez-vous, alors, si au beau milieu de la nuit, le drame frappait de nouveau à votre porte ? Le laisserez-vous entrer ?
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
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Jamais d'eux sans toi est un thriller où nous sommes plongés directement dans la peau du personnage principal Karen. En fait, l'auteure nous décrit son histoire d'une manière très originale que je n'avais encore jamais vu ailleurs puisqu'elle est rédigée à la deuxième personne du pluriel : « La vapeur qui sort de votre bouche tournoie devant vous avant de s'évaporer et de disparaître. » Cette prise en main est un peu déroutante au départ, pour autant, plus on avance dans le récit, plus on se laisse happer et prendre au jeu. Cette proximité avec Karen nous pousse à vivre plus profondément les événements.

Karen est une mère de famille au visage marqué d'une imposante cicatrice. On sait qu'elle a vécu des événements douloureux, il y a plusieurs années, mais que s'est-il passé ? Elle vit actuellement avec sa fille Judith et leurs animaux dans une maison de campagne. Un soir, alors que Karen rentre chez elle après une course, sa vie va de nouveau basculer dans l'horreur.

Dans ce roman, nous suivons finalement deux récits en même temps, le passé de Karen ainsi que cette fameuse nuit du 20 avril 2019. On comprend comment cette femme est devenue telle qu'elle est aujourd'hui. On voit sa fragilité et ses faiblesses d'autrefois face à sa détermination et sa force. J'ai particulièrement aimé cette alternance entre le passé et le présent. Certains passages se coupent de façon brutale, nous laissant dans la frustration et l'attente d'en savoir plus. Alex Sol fait monter la tension et laisse planer le suspens d'une main de maître. Elle instaure une ambiance angoissante et sombre. Les pages défilent, il devient difficile de s'arrêter. Jamais d'eux sans toi est un thriller haletant où l'on attend chaque révélation avec impatience et crainte.

De plus, l'auteure retransmet les émotions avec brio. Ce livre est un véritable ascenseur émotionnel. Il est impossible de ne pas être touché par cette histoire. J'ai été percutée à plusieurs reprises par ce que je lisais. Je suis passée par une palette d'émotions intenses comme la peur, la tristesse, le dégoût, la révolte. J'ai même eu les larmes aux yeux ce qui est assez rare pour moi. Quand j'ai refermé ce roman, je venais de vivres des moments tellement poignants, lourds qu'il m'a fallu commencer un nouveau livre avant de me coucher.

Ce roman noir est autant un page-turner qu'un électro-choc. Toutefois, je tiens à mettre en garde les futurs lecteurs. L'auteure traite un sujet d'actualité difficile. Certaines scènes sont très violentes. J'ai moi-même fait des pauses lors de certains épisodes atroces. Concernant l'intrigue, je préfère ménager le suspens et ne pas vous dire de quoi parle réellement ce livre. Ce qu'il faut retenir c'est que nous suivons des personnages traités avec profondeur. On découvre ce dont l'Homme est capable dans ce qu'il y a de plus noir. L'histoire est percutante. La tension est présente en continue.

Quant à la fin… Je la voyais venir et en même temps, elle m'a d'autant plus bouleversée. Si vous avez envie de vivre une lecture forte et n'êtes pas trop sensibles, je ne peux que vous recommander ce livre.

En bref, Jamais d'eux sans toi est un récit poignant qui nous tient en haleine du début à la fin tout en dénonçant un fait d'actualité. On ressent une multitude d'émotions intenses qui ne peuvent pas laisser les lecteurs insensibles au sort des personnages.

Merci à l'auteure Alex Sol pour la proposition de lecture.
Lien : https://alexlovebooks.home.b..
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Je viens de refermer ce roman, je viens de quitter cette histoire, et j'en suis bouleversée, j'ai un peu le souffle coupé, avec un arrière goût amer. Je découvre Alex Sol et je suis conquise par son écriture et sa façon de raconter une histoire. Il s'agit ici d'un thriller psychologique, et elle a très bien travaillé ce thème. Ce qui surprend dès le départ, c'est le choix narratif. En effet, elle emploie la deuxième personne du pluriel pour faire parler son personnage principal. Ce « vous » fait rentrer le lecteur dans la tête de l'héroïne. C'est comme si quelqu'un était en train de détailler le moindre geste que vous pourriez faire. Je suis d'habitude friande de l'emploi du « je » qui me permet de me rentrer dans la tête du personnage et de ressentir au plus près tout ce qu'il se passe pour lui. Mais là, j'ai été bluffée par ce « vous » qui fait le même effet, et je dirais même qu'il en fait encore plus. Il vous interpelle, vous invective, vous parle, vous détaille tout. Je n'avais encore jamais rencontré cette façon de faire, il m'a fallu un petit temps d'adaptation, mais passé une dizaine de pages, je me suis sentie dans la peau de cette femme. J'avais pris possession d'elle ou elle de moi, je ne sais pas et j'avais alors l'impression de raconter mon histoire.

Je me suis donc retrouvée dans la peau de Karen. Elle vit dans le sud de la France, elle est d'origine anglaise et il lui arrive bien souvent de mélanger les deux langues. Elle vit seule avec sa fille, Judith. Un soir, alors qu'elles sont tranquilles chez elles, elles voient arriver leur voisine Marion, complètement affolée. Un homme serait arrivé chez elle et l'aurait agressée. Elle a réussi à se sauver et à venir se réfugier chez Karine. Elles vont ainsi s'enfermer chez Karen, celle-ci va condamner toutes les ouvertures, les fenêtres, les volets, les portes. L'homme est là, il frappe à la porte et demande à voir Marion. La peur va ainsi s'installer. Et un huis-clos va se mettre en place avec les trois femmes dans la maison et l'homme à l'extérieur qui va tourner autour et vouloir entrer à tout prix. La panique s'installe, Marion a peur, tellement peur qu'elle s'imagine ne pas être en sécurité chez Karen. Et dans ces cas-là, la peur et la panique font faire des choses impossibles à imaginer en temps normal. Tout cela ramène de mauvais souvenirs pour Karen qui a un passé très douloureux. Elle va remonter des années en arrière, au moment où elle a rencontré son mari, et surtout jusqu'à cette nuit dix ans plus tôt, où son monde s'est écroulé et où tout a changé à jamais pour elle et sa fille.

Je ne vais pas pouvoir vous en dire davantage, ce serait vraiment trop dommage de vous dévoiler l'intrigue ou les événements. Il faut absolument que vous le découvriez en n'ayant seulement lu le résumé, comme je l'ai fait. Les révélations sont de taille, plus on avance dans le roman, plus on en apprend sur le passé de Karen, et on ne peut qu'être horrifié par tout ce qu'elle a pu vivre. le suspense est double et affreux. Il y a celui que l'on vit par rapport aux faits du présent, savoir ce qu'il va se passer pour les trois femmes dans la maison, si l'agresseur va arriver à entrer, si elles vont arriver à s'en sortir, appeler des secours. Et il y a le suspense engendré par le passé de Karen, on voit les dates défiler, on la voit sombrer de plus en plus dans l'horreur et on se demande comment elle a fait pour être encore là dix ans plus tard. L'histoire est glaçante, elle fait mal, elle vous remue, elle prend aux tripes. J'ai ressenti beaucoup de peine et de colère, mais également du dégoût, de l'aversion, de la haine. J'ai eu des envies de meurtre avec certaines révélations. J'ai dû parfois faire des pauses dans ma lecture, pour reprendre ma respiration, reprendre de l'air et digérer les faits. Et en même temps, je n'avais pas envie de m'arrêter pour savoir si tout allait se résoudre positivement, et connaître enfin le passé entier de Karen.

Ce stress et ce suspense sont bien travaillés par l'auteure. Elle alterne les chapitres entre le passé et le présent, et on quitte à chaque fois l'un d'eux avec une action percutante qui fait que vous avez envie de sauter des pages pour aller voir la suite. J'aime bien ce procédé dans les romans. Je trouve que ça donne beaucoup de rythme à la lecture, cette soif de savoir fait que j'avais souvent l'impression que mes yeux ne lisaient pas assez vite. Donc cette construction plus le style de narration font que j'ai accroché à ma lecture et que je n'ai pas réussi à la quitter. L'auteure ne fait pas de pauses, et en même temps, elle ne fait pas non plus dans la surenchère, elle raconte simplement les faits. Des femmes comme Karen existent, malheureusement. Ça ne devrait pas, il ne devrait pas y avoir de femmes comme elle, et pourtant on en entend tous les jours ou presque dans les actus. Les coups physiques s'accumulent à la pression psychologique et il faut essayer de protéger le plus possible les enfants. La culpabilité fait alors son apparition, et empêche de se confier ou d'aller voir les autorités compétentes, et le cercle vicieux s'amorce et il est très difficile de s'en sortir. Alex Sol traite de tout cela avec beaucoup de lucidité et sans fards. Elle ne cache rien, ne prend pas de précautions, c'est dur, c'est difficile à lire, mais c'est malheureusement la réalité. Et quelle réalité.... des romans comme ça sont nécessaires, ils doivent être lus, même si ça remue, même si c'est très dur, il le faut. Pour être vigilant, pour aider son prochain si on a des doutes sur sa sécurité, le silence est la meilleure arme de ces salauds...

Je pourrais vous parler encore longtemps, j'aimerais le faire, surtout avec ceux qui ont lu ce livre, pouvoir parler du sujet sans spoiler les futurs lecteurs. Tout comme le reste de l'histoire, la fin est imprévisible et cueille le lecteur en plein désarroi. J'ai refermé ce livre avec un goût amer et triste. Mais il aurait été bizarre que ce soit autrement. C'est un livre nécessaire, qui est dans l'air du temps et qui parle de faits de société graves et d'actualité. Karen, ce pourrait être moi, vous ou la voisine. Trop de femmes vivent encore de tels faits, et c'est atroce... Ce livre remplit son rôle de transmettre un message à chacun de nous, et de pointer le doigt sur un fléau pour lequel nous ne faisons pas encore assez, enfin, à mon avis.
Une chose est sûre, c'est que Alex Sol est une auteure à suivre. Son style et sa façon de raconter font que j'ai déjà envie de lire un autre roman écrit par sa plume. Je ne peux que vous recommander cette lecture. Elle est dure, difficile, mais comme je le disais plus haut, elle est nécessaire. Vous verrez que vous vivrez un moment de suspense et de tension intenses et qu'il vous sera difficile d'oublier Karen. Moi, je ne l'oublierai pas de sitôt. Elle et son histoire m'ont marquée à vif.
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Je voudrais tout d'abord commencer par remercier Alex Sol pour avoir accepté ma demande de SP via le site SimPlement.

Concernant la couverture, j'aime bien. Elle nous renvoie un petit côté angoissant ainsi qu'une sensation d'emprisonnement. C'est un assez bon résumé de l'ambiance du livre.

Concernant la plume, j'ai été plus que ravie de retrouver celle d'Alex Sol, que j'ai déjà eu le plaisir de lire une fois. Ce fut une nouvelle expérience plus qu'intéressante, avec une plume fluide et agréable, angoissante, glaçante, poignante et pleine d'émotions.
Il y a néanmoins une chose qui m'a interpellée. Il y a pas mal de phrases et de mots en anglais (avec leur traduction en bas de page), la personnage principale étant d'origine irlandaise. Jusque là, pas de souci. Mais certaines fois, il est dit qu'elle parle en anglais, mais la phrase reste en français. Pourquoi ce choix ? Pourquoi ne pas la mettre en anglais avec la traduction, comme les autres ?

Passons maintenant à la narration, la première de ce genre que je rencontre (à par dans les Livres dont vous êtes le héros) : une narration avec le "vous" qui m'a un peu déstabilisée au début. Pourquoi ? Parce qu'en général lorsque je la rencontre, j'interagis avec le livre pour mener ma propre aventure et prendre mes propres décisions, chose que l'on ne retrouve évidemment pas ici, et j'étais dans l'attente... lol Au bout de quelques pages, cependant, je l'ai finalement trouvée très immersive. Ici, nous ne sommes pas pris à partie, nous sommes le personnage principal, nous sommes Karen ! C'est très efficace !

J'ai aussi énormément aimé l'alternance présent/passé au sein du récit. Chaque début de chapitre commence par la date, donc aucun risque de se perdre.
On commence au présent, avec la vie de Karen et de sa fille Judith, un 14 avril 2019 (ma petite soeur fêtait ses 19 ans ce jour là (oui je sais, tout le monde s'en fiche, mais je voulais quand même le dire, na !).).
L'auteure nous emmène ensuite dans le passé, en Irlande, le 18 juin 1991 (mon compagnon fêtait ses 3 ans deux jours plus tard lol), une nuit où Karen et Celynen, deux adolescent amoureux, regardent les étoiles filante tout en faisant des projets d'avenir. Puis nous avançons peu à peu, au fil des chapitres, jusqu'au drame qui aura lieu en 2009...

Dans les chapitres au présent, nous apprenons à découvrir Karen, une femme solitaire qui se mêle peu aux autres, méfiante, stressée, très protectrice envers sa fille. Certains diraient paranoïaque. Nous finissons par comprendre qu'elle traine un lourd passé et essaye de vivre normalement. Mais quand on a vécu ce qu'elle a vécu, est-il vraiment possible d'oublier et de vivre comme avant ?

Dans les chapitres au passé, nous retrouvons une Karen complètement différente, pleine de vie, amoureuse, joyeuse et ouverte. Une Karen qui déménage en France, pour suivre le rêve de son amour de jeunesse qui est maintenant son mari. Une Karen qui tombe enceinte. Une Karen que j'ai eu envie de secouer à un moment, mais aussi une Karen qui m'a fait tellement de peine (j'ai connu la même situation qu'elle, moi aussi, un mois après mon premier accouchement mais, je ne me sentais pas redevable, je n'ai juste pas eu le choix...). Une Karen qui... Non ! Non, je ne vais pas en dire plus, car ce serait en dire trop.

Néanmoins, les chapitres au passé nous permettent de mieux comprendre pourquoi la Karen du présent est ainsi, méfiante, sur le qui-vive, réactive, impulsive, mais aussi avec une force de caractère impressionnante. Et laissez-moi vous dire qu'elle a bien des raisons de l'être et que plus d'une l'auraient perdue, la raison... Mais ce n'est pas tout, non, ce serait trop facile. Les secrets enfouis du passé ne sont pas la seule chose que Karen doit craindre. Parce que le danger est littéralement à sa porte et qu'elle fera tout pour protéger sa fille ! Tout ? Vraiment tout ? Même ce qui serait moralement réprouvable et répréhensible ? Ça, vous ne le saurez que si vous lisez ce livre. lol ;-)

J'ai envie de vous dire tellement de choses sur ce livre, mais comme le résumé reste volontairement flou, je ne veux pas vous en dire trop et risquer de vous spoiler le livre. En dire assez pour vous donner envie sans en dire trop pour ne pas vous dévoiler l'intrigue est un exercice périlleux...

Laissez-moi simplement rajouter que certaines scènes sont très difficiles et que ce livre n'est pas à mettre devant tous les yeux. Je me souviens qu'à un moment de ma lecture, mon compagnon m'a demandé ce qui me mettait dans un état pareil. Je lui ai fait un petit résumé et il m'a arrêté, m'a dit qu'il ne voulait pas en savoir plus et que je n'étais pas bien de lire des trucs pareils. Bah oui, mais je ne savais pas moi...

Mais en même temps, je ne le regrette pas, parce que ce livre a beau être très dur, c'est aussi une réalité qu'il faut "accepter" en tant que telle (l'auteure nous fourni des chiffres qui font froid dans le dos), mais aussi combattre et refuser, car de telles choses ne devraient plus exister de nos jours. Oh ça non !

Avec sa plume sans fard et sans chichi, avec une vérité nue, des faits et une narration inclusive, Alex Sol nous fait passer par toute une myriades d'émotions. J'ai éprouvé de la curiosité, du désarroi, de la peine, de la compassion, de la tristesse, de la colère, du dégoût... On passe parfois de l'un à l'autre d'un coup, et c'est éprouvant, mais cela maintient l'attention, ainsi qu'une tension exacerbée par le huis clos anxiogène des protagonistes, et une envie de toujours tourner les pages... ou de souffler un peu pour les plus sensibles, ce qui est tout à fait compréhensible.
Avec ça, même si nous sommes Karen, cela ne nous empêche pas de nous demander : "Et moi, qu'est-ce que j'aurais fait ? Comment aurais-je réagi à sa place ?"

Plusieurs fois, j'ai eu quelques doutes à propos d'une certaine personne, mais au fil de l'histoire j'ai bien vu que c'était impossible. J'ai douté. Et puis j'ai compris.
Concernant la fin, elle est dans la même veine que le roman et ne détonne pas. Je ne vais pas vous dire si elle est heureuse ou pas, mais je trouve que c'est une continuité logique.

En résumé, ce livre est un coup de coeur. Oui, certes, il est très dur dans ses deux sujets principaux, mais il est rehaussé par une plume addictive, angoissante et dirigée avec brio. On y suit une descente aux enfers à la fois dans le passé et dans le présent, en huis clos principalement, ce qui fait que la tension est présente tout au long du roman. le fait que la narration soit à la seconde personne du pluriel nous immerge encore plus dans l'histoire et dans les tourments ressentis par Karen (nous faisant nous-même éprouver plein de choses), dont la psychologie est extrêmement bien fouillée et travaillée.
Un roman sombre et très dur à ne pas mettre entre toutes les mains, mais que je conseille néanmoins plus que fortement. Je pense d'ailleurs acheter la version papier parce que ce livre, je le veux en format physique dans ma bibliothèque !
Lien : http://booksfeedmemore.eklab..
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Avec « Jamais d'eux sans toi » Alex Sol signe un roman « coup de poing », puissant, dérangeant et émouvant et un thriller brillant riche de rebondissements en cascade : une énorme baffe tant sur le fond que sur la forme !
Afin de préserver tout le suspense du roman je ne donnerai que peu de détails de l'histoire : Karen vit avec sa fille Judith et ses animaux (des oies, un chat, un chien…rien n'est de l'ordre du détail !) dans une maison isolée près d'un bois, on sait peu de choses d'elle au début du récit si ce n'est qu'elle porte les stigmates et des cicatrices visibles d'un lourd et douloureux passé. Un soir sa plus proche voisine frappe à sa porte. Elle est en état de choc, totalement paniquée et lui demande de l'aide. Commence alors une nuit infernale pour Karen et les siens…
Le roman débute avec un parti pris littéraire peu habituel : le récit est à la deuxième personne du pluriel, un « vous » entêtant, qui crée une proximité immédiate avec le lecteur en l'impliquant directement… Ce parti pris peut être très surprenant, voire déroutant en début de lecture mais l'histoire est dès les premières pages tellement passionnante que l'on peut vite y adhérer parce que l'on comprend que ce n'est pas qu'un effet de style : l'autrice l'utilise à dessein pour impliquer plus fortement le lecteur qui se retrouve « dans la peau » de Karen, le personnage principal de ce roman, et ce faisant, elle ne s'assure pas simplement de l'assiduité de sa lecture, elle crée véritablement une intimité entre l'héroïne et le lecteur, voire même une « responsabilisation » du lecteur qui peut l'amener à se demander régulièrement au cours de l'histoire « et moi que ferais-je/ qu'aurais-je fait à sa place face à l'adversité et à l'horreur des situations ? ». Cet effet immersif fait mouche, on ne peut rester indifférent et l'autrice fait « passer les messages » concernant les sujets forts développés (que je ne mentionnerai pas pour laisser le lecteur les découvrir).
Comment ressortir indemne d'un tel récit ! D'autant plus que tout dans les détails de l'histoire et le style contribue à créer une atmosphère extrêmement oppressante, suffocante. Il vaut mieux être averti, certains passages sont très durs, mais la réalité décrite mérite tellement que l'on continue à tourner les pages et l'on est happé par le suspense et tellement porté par l'effroi en même temps que par le dégoût, la révolte et l'empathie pour Karen et les siens, que l'on veut irrésistiblement savoir quelle sera l'issue de toute cette horreur. Finalement on ne voit pas passer les plus de 300 pages de ce roman, elles défilent et on en ressort totalement sonnés. Je l'ai dit dès le début de mon propos, la claque est absolument énorme tant l'ascenseur émotionnel est violent et les émotions intenses !
Autre originalité du roman, l'histoire oscille entre présent et passé, de chapitre en chapitre, le présent se déroule avec son lot d'horreur et le passé explique progressivement le contexte du présent tout en distillant le suspense sur les 2 échelles de temps. de fait, on ne sait pas plus rapidement ce qu'il va se passer que ce qu'il s'est passé : double suspense, encore un effet brillant !
Ce roman est une véritable pépite. C'est un thriller psychologique de haut-vol dans lequel tout est parfaitement calibré pour que le lecteur soit en immersion totale et au-delà du très grand moment de lecture il y a la puissance des messages qui peuvent secouer les consciences : et « vous » en tant que victime ou témoin de telles situations que feriez-vous ?
Sincèrement, bravo Alex Sol !
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Vous voilà un des rares, pour ne pas dire la seul, livres à m'avoir tellement retournée que j'ai pris le temps pour vous faire un retour. (non non, pas 12/24h... je l'ai fini semaine dernière). Mon souci, c'est que j'ai beau attendre, y revenir, voir si je pouvais l'analyser autrement... Mon avis ne bouge pas d'un iota, et ce livre, on doit le dire, est aussi beau qu'il est moche. Attention, je m'explique !

Déjà le style. "Vous êtes Karen" entame à la perfection le lancement du livre, car, tout du long, l'auteur nous plonge dans l'univers de son personnage avec un recul qui fait froid dans le dos. Karen sera donc assez peu nommée mais au centre de tout. On ne dira pas "elle" ni "Karen" mais bel et bien "vous" pour parler d'elle. Donc, croyez-moi, la plume vous vouvoie et vous êtes définitivement Karen et l'auteure vous parle, dans les bons mais aussi dans les mauvais moments. Et des mauvais, il y en a !
En aval de ce style original qui vous fait entrer directement et froidement dans l'intrigue, vous avez aussi le récit au présent, juste pour être sûr ;)
Je vous laisse deviner qu'on n'y échappe pas !

La narration quant à elle se fait sur deux cycles : il y a plus de dix ans, quand Karen était plus jeune, plus heureuse, mariée et mère (plus ou moins épanouie) de deux enfants jusqu'au jour où un drame des plus terribles vient s'abattre sur le quatuor en 2009 pour ne laisser, en 2019 que la Karen d'aujourd'hui, avec sa fille Judith.

On se dit, dans cet événement de 2019 que Karen, elle est résiliente, et que tout peut lui passer au dessus de la tête. Que c'est une personne belle, qu'elle est forte, qu'elle est intelligente... Bien évidemment tout ça est vrai, mais Karen, elle se prend aussi de plein fouet tous les souvenirs, toutes les vieilles chimères et tout l'univers qu'elle essaie de combattre depuis des années. Ses vieux démons reviennent la hanter et son calvaire repart pour un tour, noyées par les non-dits.

Alors voilà, pourquoi il est moche ? Parce que, on s'en doute assez vite donc je ne vous spoile pas trop pour l'instant... Il y a ce couple, cette manipulation, cette violence peu mais bien cachée, qui s'immiscent dans l'histoire. Peu à peu, de façon discrète mais qui explose d'un coup, vous pète littéralement à la gueule. D'un coup, vous êtes submergé... J'ai passé dès lors les trois quart du récit avec la boule au ventre et les larmes aux yeux. Un traumatisme en entraînant un autre, on voit, on sent Karen s'enfoncer à coup d'abnégations dans le syndrome de Stockholm, tomber toujours plus bas en refoulant tout, en s'engouffrant dans la misère, voire la mort... Une coquille vide qui s'efforce à ne pas tomber pour sauver ce qu'elle estime pouvoir l'être, ses filles. le vice s'installe petit à petit, et on tombe avec elle dans les tréfonds de ce que ce monde a de plus vil. La destruction physique et psychologique d'un être.

Et du coup, me direz-vous, où est la beauté ? Dans l'écriture, m'sieurs dames. Dans le style, dans la narration, dans la volonté de lever le voile sur ce qui pourrait d'abord ressembler à un fait divers. Parce que oui, ça existe, hein ? Alors l'auteure nous envoie à travers une plume fluide et des mots simples dans tous les sens. Ne ménageant pas notre psychologique, elle nous fait passer par tous nos états, de la tristesse, à la haine, en faisant escale par la colère. Une colère profonde, sourde, qui nous bat dans les tempes. Dans ce huis-clos étouffant, on n'en peut plus de voir cette souffrance étalée, mais on ne peut pas lâcher le livre, alors on souffre avec Karen, on est bouleversé et on avance coûte que coûte à ses cotés avec un semblant d'espoir qui se glisse parfois entre les lignes et nous laisse penser qu'on va s'en sortir.

Pour résumé un peu tout ça, j'ai trouvé ce livre d'une beauté rare, d'une violence inouïe, d'une chute glaçante et d'une réalité oppressante... Alex Sol, votre livre est d'une cruauté sans nom, dans tous les sens du terme.
Pourquoi le mettre dans les coups de coeur alors que je ne saurais dire si j'ai aimé ou détesté ? Parce que je sais qu'il va rester gravé, que la marque qu'il laisse au fer rouge est puissante et que la réflexion derrière est grande. D'une, parce que l'intrigue est bien ficelée, mais aussi parce que c'est proche, très proche, peut-être même malheureusement trop !
Un huis clos qui coupe le souffle, la violence conjugale à des proportions telles que l'impact est imminent et touche famille ET entourage plus ou moins proche.

Bref, si vous voulez un livre réaliste, qui vous touche, vous bouleverse, ne vous laisse pas indifférent qui que vous soyez... Allez le lire, c'est une bombe. Une de celle qui vous explose dans le coeur et dont le trou reste béant quelques jours après.

Un grand merci (ou pas ;) ) à Alex Sol de m'avoir fait découvrir son univers fragile et excessivement sombre. Un petit livre pour un immense moment de lecture.
Un dimanche gris et venteux ? Je vous conseille vivement de vous y atteler ;)
Lien : https://jetdemot.wordpress.c..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Encore ce reproche. C'est comme un coup de poing dans l'estomac. Judith recule dans le couloir de l'étage et disparaît. Vous avez envie de la prendre avec vous et de vous enfuir d'ici, mais il y a Maggie. Vous ne pouvez pas vous enfuir, c'est ridicule. Vous sortez de la maison, les larmes aux yeux et une douleur lancinante dans l'estomac. Ce n'est pas la première fois que Celynen vous accuse d'avoir tué Elizabeth. Ces derniers temps, il vous le reproche souvent. Et quand ce n'est pas votre faute, c'est celle de vos parents pour ne pas vous avoir aidés financièrement afin de vous permettre de ne pas travailler. Ce n'est jamais sa faute, il ne se sent jamais coupable. Pourtant, c'est lui qui avait insisté pour que vous travailliez avec lui, encore et encore. Mais vous, vous n'avez pas dit stop. Alors, oui, c'est votre faute, vous auriez dû dire stop. Comment pouvait-il savoir à quel point c’était dur pour vous ?
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Il gémit en posant une main sur sa blessure, mais vous le rattrapez par le col de son pull. Vous le tirez en avant et plantez vos dents dans sa joue. Il hurle encore plus fort et vous frappe pour se libérer. Il n'a pas conscience que vous ne ressentez plus rien, que la douleur n'a plus d'importance. Il a omis ce détail. Ce détail qui va complètement renverser l'issue de sa chasse, car vous ne le laisserez jamais vous prendre en vie et vous ne mourrez pas seule. Vous n'êtes plus et cette chose qui prend possession de votre corps pour vous protéger, ce n'est pas vous. Non, ce n'est pas vous qui plantez et plantez encore la lame dans son ventre. Ce n'est pas vous qui hurlez. Ce n'est pas vous non plus qui avalez son sang alors que vous serrez encore plus vos mâchoires contre sa joue. Enfin, et alors que vous sentez la chaleur de son sang traverser vos vêtements, il tombe sur vous, lourd et immobile. Vous le repoussez et roulez sur le côté.
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« Vous tournez la clef dans la serrure et vous le suivez jusqu’au lac.
Là, sur le ponton, vous vous revoyez des années en arrière, en train d’apprendre à Maggie, puis à Judith, à faire des ricochets. Vous étiez heureuse, sereine, surtout avec Judith, parce que vous pensiez que plus personne ne viendrait plus vous faire du mal. Vous aviez tort. »
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- Relax mum, il n'y a rien ici. Tu lis trop de romans policiers.
Vous hochez la tête en souriant. Vous ne lisez pas trop de romans policiers, vous n'en lisez pas du tout en fait. La vérité est bien plus cruelle que ces histoires de pacotille. Personne ne peut vous y préparez et surtout pas des auteurs dont le plus grand drame a été un jour de recevoir une critique négative. Mais vous hochez la tête tout de même, mieux vaut que votre fille croie que vous lisez trop, plutôt qu'elle ne croie que vous êtes folle à lier. Ou pire, qu'elle découvre la vérité.
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- Marion ?
Elle relève la tête vers vous. Vous posez une main sur son bras, vous ne voulez pas la faire paniquer encore plus, mais vous avez besoin de comprendre. Il est trop organisé. Ça colle et en même temps ça ne colle pas.
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